dimanche 31 mars 2024

et que tu n'aies rien à craindre

 
 
 Chacune, chacun a ses maux pour le dire
et dans les points de suspension
tout autant.
Tu te souviens de cet écrivain -bel homme-dans son costume d'écrivain,celui qu'il enfilait pour le mieux coller au personnage envisagé,
et faire l'acteur en papiers (auditionné dans une célèbre maison),
lorsqu'il rencontrait avec sa  souriante et délicate morgue (au nez des autres) ,
les laborieux que nous étions dans un atelier d'écriture pour travailleurs sociaux et assimilés.
Lui,  il n'aimait pas la ponctuation; d'ailleurs dans ces romans il n'y en avait pas.
Il avait raison, non?
Monsieur traquait sans merci, dans nos écrivailles que vaille,
la moindre virgule et comble de l'horreur absolu, les points de suspension.
Certains avaient essayé-avec leur ptite pointe de bic- de lui traduire,qu'il s'agissait de silence, de respiration, de soupirs et de doutes aussi...pas de quoi en faire son lard de vivre...
Mais l'auteur,de toute sa Hauteur n'en démordait pas,
de plein d'autres choses aussi afin de faire  de notre "travail" (sic)" un objet littéraire" .
L'objet en question -collectif- est paru un jour et je n'y ai pas retrouvé l'âme (renvoi culturel)
de nos débats d'idées et émotions avant qu'il ne débarque, introduit par une responsable en pâmoison. 
Mais voilà, on devait être fier de nous avec nos noms en couverture,
une couverture servant me disais-je alors, à couvrir tout le reste.
 

 "Je déplore le sort de l'humanité d'être, pour ainsi dire,
en d'aussi mauvaises mains que les siennes."
Julien Offray de La Mettrie


 
 
" .../...
Je suis un déçu de l'humanité, comme d'autres le sont du socialisme ou du capitalisme.
Depuis belle lurette, je sais que le navire de notre espèce ira par le fond. L'arche de Noé ne touchera pas d'autre mont Ararat. On peut exprimer cette idée de diverses façons: la dernière goutte fera déborder le vase. Le bolide percutera le mur. Nous fonçons vers le précipice en nous réjouissant de notre vitesse prodigieuse, que nous nommons "croissance"...Chaque métaphore est éculée, mais pertinente.
.../..." 
Yves Paccalet
 
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UN BREF RÉPIT POUR JULIAN ASSANGE… 

"Voici une information qui n’a pas rempli les « Unes » des journaux (on met à part L’Humanité qui fait toujours le boulot !), n’a pas occupé les boucles des chaînes d’intox pendant 24 heures : La Haute Cour britannique a rendu sa décision ce mardi concernant la recevabilité de l’ultime appel au Royaume-Uni pour empêcher l’extradition vers les États-Unis de Julian Assange.  

 

L’information principale (à court terme) : Julian Assange ne sera pas extradé dans les semaines qui viennent, mais les États-Unis ont jusqu’au 20 mai pour remettre une pièce dans le juke-box… décidant encore des règles, selon son bon vouloir, avec la complicité des juges britanniques. Le jugement de 66 pages n’est pas facile à interpréter, selon les spécialistes de l’affaire, mais il témoigne encore de la perversion de la procédure, qui atteint des niveaux de sadisme à faire pleurer les idéalistes sur l’état de nos démocraties. Cette détention arbitraire de Julian Assange à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans des conditions moyenâgeuses depuis 5 ans, alors qu’il n’est même pas condamné, est une forme lente de torture, comme l’avait déjà pointé Nils Melzer, l’ex-rapporteur de l’ONU sur les tortures. Le labyrinthe juridique est là pour masquer ce qui est, avant tout, une affaire politique, un moyen de mettre à genoux et de « tenir sage » l’ensemble des journalistes qui pourraient être tentés de croire en la nécessité de révéler des vérités sur le pouvoir. Malheureusement, trop d’entre eux se contentent de commenter un feuilleton judiciaire comme si tout était normal (ou même de ne pas en parler, c’est encore plus simple !).

 

Le fond de l’affaire : Les États-Unis et ses alliés donnent en permanence des leçons au reste du monde, mais n’aiment pas que soient révélées les vérités sur leurs agissements, comment nos dirigeants gèrent les affaires, provoquant des guerres en notre nom, avec ses crimes atroces, ses tortures, ses intérêts cachés, ses erreurs criminelles, ses conséquences terribles pour les populations, une volonté constante de les soumettre par la propagande et la violence si la propagande ne suffit pas, le tout dans une immense arrogance et en souriant. Ces sourires pleins de dents blanches nous rappellent l’avertissement que l’historien américain Howard Zinn nous avait fait, peu avant sa mort, sur sa vision de l’avenir de nos démocraties : « Friendly fascism » ! (qu’on pourrait traduire en français par « fascisme convivial » ou « bienveillant » plutôt, puisque c’est le terme à la mode).

Cependant, le vétéran bombardier de la Deuxième Guerre mondiale, devenu fervent militant pacifiste après Hiroshima, portait toujours une lueur d’espoir dans ses mots. Il le faisait avec raison, car il avait aussi une très bonne connaissance de l’histoire des luttes et de la puissance des peuples qui se lèvent, s’organisent et font vaciller les certitudes des gouvernants autoritaires et des plus pessimistes d’entre nous. « L’histoire nous réserve des surprises et elles ne sont pas toutes mauvaises ! » répétait Zinn qui, de concert avec son ami Noam Chomsky disaient que « celles et ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu ! » 

 

La lutte continue donc : La décision de la Haute Cour britannique permet de garder espoir et surtout de continuer le combat pour libérer Julian Assange du calvaire judiciaire qu’il subit depuis 14 ans. Le combat consiste à s’informer correctement, informer par tous les moyens et venir aux rassemblements autant que possible. "

Source: "Les mutins de Pangée"

 


                                  
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"L'humanité n'a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui fredonne. No future : elle est comme une droguée - avide et déjantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation, asservie à ce qu'elle imagine être la "croissance" ou le "progrès, et qui sera sa perte. Si elle ne s'autodétruit pas dans une guerre atomique..."
Yves Paccalet  extrait de: "L'humanité disparaîtra, bon débarras!"
Editions Arthaud




Superbe série à voir en replay sur France2 pour ceux qui l'ont manquée.

Une pensée pour tous les amis disparus... de Aides, d'Act-Up et de Sida Info Service...



jeudi 28 mars 2024

sa vocation d'être humain

 

 "Quand tu liras cette lettre, tu auras dépassé la quarantaine. A mi-chemin de la vie, tu te retourneras pour regarder le parcours effectué. Mais te souviendras-tu de ce que la Loire m'a déjà appris? de tout ce que tu lui devras alors? Te souviendras-tu qu'il est vain de vouloir remonter à la source et qu'il faut rêver l'estuaire lointain où la vie se jette comme un fleuve à la mer.
.../...
 
.../...Assis sur les pavés disjoints de la cale, je regarde le fleuve, les grèves et le pont...et je m'interroge: dis-moi, auras-tu toujours cette impression de passer une frontière à chaque fois que tu franchis le pont? Dis-moi, me croiras-tu si je te dis que mes parents, pour leur première rencontre, se sont retrouvés sur ce pont?
 
Depuis des années, je suis tiraillé entre la rive droite et la rive gauche et je n'ai jamais su choisir...
 
Certes, j'habite la rive nord .  Cette rive paternelle de la Bretagne à l'Anjou, où deux générations ont aligné leurs ardoises de mur en mur, de toit en toit, de maison en maison, jusqu'à couvrir le ciel d'écailles bleutées. Mon enfance n'y a vu que des jardins clôturés de hauts murs . Mon enfance n'y a lu que la loi gravée au coeur de la pierre. Mon enfance n'y a roulé que sur des routes droites fuyant à l'horizon.
Mais, j'ai toujours rêvé de revenir sur la rive sud. Cette rive maternelle où je suis né...où le tuffeau des maisons marie sa blancheur à l'ardoise et à la tuile. Là, les portes et les fenêtres ouvrent sur les jardins, les jardins ouvrent sur les chemins et les champs. Mon enfance y peint toujours des soleils rouges dans les arbres. Mon enfance s'y cache encore dans les chemins creux où des oiseaux sont prêts à s'envoler.

Dis-moi, auras-tu oublié tout cela? Auras-tu  choisi?
.../..."
Joël Gaillou extrait de: "Lettre à qui je fus" Désirs d'estuaire- Editions Siloë
 


 


 

 "Voir la mer
dans ce tournant
puis plus rien

Marée au galop
dans le roulis des galets
le soleil en grains

pas tranquilles
sur le sentier des douaniers
l'éclat de la lune

le soleil radieux
il plonge dans la mer...
où périssent les migrants"
Dominique Chipot "pas tranquilles"

 

                                            Découvert chez "La Vie"

           

                                    "L'homme est un animal métaphysique." 
                                                  Arthur Schopenhauer
 
 

 

 Quand on voit ce qu'on croit voir
depuis son perchoir
ce n'est pourtant pas la Loire à boire
et autres déboires...
Seulement qui croire ?
dans ce flot continu des nouvelles au courant
des ptits clapots et des grosses vagues 
à vous embobiner noir de chez noir.
Sur les radeaux zoziaux  (le grand entonnoir) ça pépie, 
ça rauque à rebours, ça artificialise le peu d'intelligence
qu'il nous reste pour essayer de comprendre sans trop faire d'histoires,
dans la grande mare aux nanars,
souvent un grand urinoir... 



"Si je me demande aujourd'hui pourquoi j'aime la littérature, la réponse qui me vient spontanément à l'esprit est : parce qu'elle m'aide à vivre.
Je ne lui demande plus tant, comme dans l'adolescence d'épargner les blessures que je pourrais subir lors des rencontres avec des personnes réelles ; plutôt que d'évincer les expériences vécues, elle me fait découvrir des mondes qui se placent en continuité avec elles et me permets de mieux les comprendre. Je ne crois pas être le seul à la voir ainsi. Plus dense, plus éloquente que la vie quotidienne mais non radicalement différente, la littérature élargit notre univers, nous incite à imaginer d'autres manières de le concevoir et de l'organiser. Nous sommes tous fait de ce que nous donnent les autres êtres humains : nos parents d'abord, ceux qui nous entourent ensuite ; la littérature ouvre à l'infini cette possibilité d'interaction avec les autres et nous enrichit donc infiniment. Elle nous procure des sensations irremplaçables qui font que le monde réel devient plus chargé de sens et plus beau. Loin d'être un simple agrément, une distraction réservée aux personnes éduquées, elle permet à chacun de mieux répondre à sa vocation d'être humain."
Tzvetan Todorov extrait de: "La littérature en péril"



 

 

mardi 26 mars 2024

je n'ai pas d'autre fonction

 

"Tous ces mots terribles qui font des chansons
parlant de misère , d'ennui , de prison
ne sont que des leurres chassant nos démons
bâillonnant la peur , pendant un moment .
Chanter, c'est pas vivre , mais c'est l'espérer.
Chanter, c'est survivre , quand on est vidé
vidé de ses illusions, tout nu et tout con
essoré, déboussolé, cassé, piétiné.
Je ne suis ni meilleur, ni plus mauvais que vous
contre vents et marées, envers et contre tout
j'ai chevillé dans le cœur un rêve de bonheur
un jour nouveau qui se lève chasse mon chagrin
un geste, un regard, un mot, un ami qui vient
deux arbres dressés dans le ciel, la lune et la nuit

Deux amoureux dans un champ font comme leurs parents
Une fille qui revient d'un voyage très loin
Tous ces mots terribles qui font des chansons
Une fille qui revient d'un voyage très loin."
François Béranger


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Appel à la raison

Voici le texte de l’appel, rendu public en avril 2010, qui est à l’origine du mouvement européen JCall. 

Citoyens de pays européens, juifs, nous sommes impliqués dans la vie politique et sociale de nos pays respectifs. Quels que soient nos itinéraires personnels, le lien à l’État d’Israël fait partie de notre identité. L’avenir et la sécurité de cet État auquel nous sommes indéfectiblement attachés nous préoccupent.

Or, nous voyons que l’existence d’Israël est à nouveau en danger. Loin de sous-estimer la menace de ses ennemis extérieurs, nous savons que ce danger se trouve aussi dans l’occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est, qui sont une erreur politique et une faute morale. Et qui alimentent, en outre, un processus de délégitimation inacceptable d’Israël en tant qu’État.

C’est pourquoi nous avons décidé de nous mobiliser autour des principes suivants :

1. L’avenir d’Israël passe nécessairement par l’établissement d’une paix avec le peuple palestinien selon le principe «deux Peuples, deux États». Nous le savons tous, il y a urgence. Bientôt Israël sera confronté à une alternative désastreuse: soit devenir un État où les Juifs seraient minoritaires dans leur propre pays, soit mettre en place un régime qui déshonorerait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile.

2. Il importe donc que l’Union Européenne, comme les États-Unis, fasse pression sur les deux parties et les aide à parvenir à un règlement raisonnable et rapide du conflit israélo-palestinien. L’Europe, par son histoire, a des responsabilités dans cette région du monde.

3. Si la décision ultime appartient au peuple souverain d’Israël, la solidarité des Juifs de la Diaspora leur impose d’œuvrer pour que cette décision soit la bonne. L’alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il va à l’encontre des intérêts véritables de l’État d’Israël.

4. Nous voulons créer un mouvement européen capable de faire entendre la voix de la raison à tous. Ce mouvement se veut au-dessus des clivages partisans. Il a pour ambition d’œuvrer à la survie d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d’un État palestinien souverain et viable.

C’est dans cet esprit que nous appelons tous ceux qui se reconnaissent dans ces principes à signer et à faire signer cet appel.

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Guerre à Gaza : la France équipe en secret des mitrailleuses utilisées par l’armée israélienne

La France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d’au moins 100 000 pièces de cartouches destinées à des fusils mitrailleurs susceptibles d’être utilisés contre des civils à Gaza. Révélations de Disclose et Marsactu sur une cargaison expédiée en secret, et en totale contradiction avec les engagements du gouvernement.

Lire l'enquête 

 

           Peinture de Marwan Rechmaoui source:Lundimatin
 



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"Solitude.
Un si merveilleux mot.
Isolement.
Elle était là, la connexion, dans le dictionnaire, qui me sautait aux yeux.
Ne pas vivre en un lieu isolé ou à l'écart ; mais faire un îlot de ce lieu ; être séparé, détaché ou rompre ses liens avec le reste du monde, s'isoler....
Je voulais la mer pour moi toute seule, là, emprisonnée. Printemps, été, automne, hiver, pouvoir la regarder changer. Matin et soir, isolée de sa réalité. Craquements, fracas, éclats de tessons et d'éclisses en colère. Vent violent labourant ses sillons dans des eaux profondes et d'un gris transparent. Je peux contempler. Je sais que ma solitude est là dans cette contemplation. Je n'ai pas d'autre fonction."
Jernnifer Johnston  extrait de: "Un homme sur la plage"
 

samedi 23 mars 2024

je remercie

 



 "Le matin, pour peu qu'il ait plu, pour peu que les fenêtres soient ouvertes sur une odeur de terre, le soleil hissé dans un ciel rincé, avec à la radio des airs qui donnent l'envie de chanter les jingles des publicités, on peut dire qu'on avait tout.
D'ici on voyait les Pyrénées, à trois cents kilomètres de là. Entre eux et nous une terre au calme plat, bleutée comme dans l'atlas, et au bout de ça les neiges éternelles dressées dans leur oxygène.
Le soir on était bien à jouer  dans la cour après manger. On jouait en fonction de ce qu'on avait vu à la télé. On se marquait des buts après France-Angleterre, on faisait Roland-Garros avec des fausses raquettes et le Tour de France avec des vrais vélos. Mais pour les gagner sans cesse ces épreuves-là, pour démonter chaque fois l'Angleterre et arriver premier en haut des cols, on ne nous voyait jamais à la télé. Pourtant tout y était, on portait le nom de nos vedettes, on mimait tous leurs gestes, on reprenait leurs travers, au fond il n'y a guère que les supporters qui manquaient. Ceux-là ils n'étaient jamais là. Les performances avaient beau être à la hauteur, les enjeux cruciaux et les défis chaque fois relevés, le public ne venait pas.
Puisqu'il n'y a pas le moindre plaisir à gagner seul, chez nous c'est la haie qui faisait le public, et même si elle bruissait bien certains soirs, même si des feuilles montait une clameur...cela dit elle le faisait même quand on ne jouait pas.
Le plus fort c'est qu'on entendait les commentateurs, avec ces phrases toutes faites des gens de la télé, des formules à l'emporte-pièce qui nous donnaient des ailes, des enthousiasmes qui nous exaltaient, nous décuplaient, jusqu'à ce que la voix de la cuisine nous ordonne de rentrer.
.../..." 
Serge Joncour extrait de: "Vu" 
 

 

 "Il fallait commencer
juste avant que ça commence
entre la poubelle et la lumière
réveiller les oiseaux
déplier les ravines
trier les épis des épines
tâcher de gratter
le ventre tiède du mensonge
sans le réveiller
une goutte de sang jaune
dans les yeux aveuglés
pour continuer
à ne jamais conclure." 
Thomas Vinau "Continuer" extrait de: "Debout dans les fleurs sales" 365 poèmes à déployer-Editions "Le Castor Astral 
 

 


 

 "Je me demande qui tu es
celui ou celle qui veut advenir 
et qui m'a choisie pour première demeure

un grain de grenade
imperceptible mais présent
comme les premiers pas du printemps
que l'on devine derrière la tempête de neige

Tu me fais pleurer et aussitôt sourire
comme le vent glacial cède la place au soleil
en ce début du mois de mars

Quelle joie de se sentir grenadier parvenu à maturité
et de faire croître ce grain qui contient déjà
feuilles racines troncs fleurs
et des milliers d'autres grenadiers

Quelle fierté de devenir maison
pour la personne qui  plus tard deviendra ma maison
pour le reste de ma vie."
Ella Yevtouchenko "grenadier" extrait de: "Grâce..." livre des heures poétiques

 


 



 "Je remercie le temps perdu
les amours gâchés
les non-dits et les faux sourires 
je remercie les rendez-vous manqués
les instants gaspillés
les ruines et les effondrements
les interstices
les trous dans le jean
les doigts dans le trou
je remercie le compte à rebours
et les horloges d'église bloquées
les fruits talés
la popote des jours
les restes du frigo
les nuits mal fagotées
je remercie les éboueurs
et les boites à livres
les petits gestes
et les petits espaces
une bonne vieille soupe
de matins et de nuits
de vin et de café
ce qui tient bon
ce qui nous tient
la solidarité
le sursis
l'indulgence des miens
l'Amour
et le flegme morne des bêtes
de toutes les bêtes
dans les fleurs sales."
Thomas Vinau



lundi 18 mars 2024

la vie ne suffit pas


Mon premier est un lundi
une semaine qui s'annonce en gare du petit-jour.
Mon second est sur le pont
  où il cherche tant bien que mal,
sa mer cachée derrière la brume.
Mon troisième a pris les couleurs
du froid, des pluies et arc en ciel mélangés.
Mon quatrième est arrivé à temps
pour distribuer ses cartes aux autres.
Mon cinquième, dans ses rêves d'Armorique
hisse la voile pour délaisser le port,
dont il a déjà oublié les ombres fugitives,
tellement il s'empresse de suivre le large.
Mon sixième a droit pour lui tout seul
à une symphonie de lumières
qui incendie le ciel, cap à l'est.
Mon septième ne parle plus
ou alors il faudrait vraiment prêter l'oreille;
mais ici tout se vend finalement
et surtout son âme.
Mon huitième n'a plus d'adresse
il liquide et s'efface dans la vague.
Mon neuvième fait ses prières
au vent, à la lune et aux sirènes.
Et mon tout forme un ensemble
qui n'a strictement rien à voir
sauf peut-être un dauphin, loin devant, qui trace pour lui
Mais en est-il vraiment sur?

 


 


 


    Source 
 
 

 

"Les philosophes sont ici-bas [...] pour inquiéter les esprits, comme les poètes pour inquiéter les imaginations et les cœurs. Qui ne veut que vivre tranquillement peut se passer des philosophes et des poètes, mais on ne se passe pas d'eux quand on veut vivre avec dignité."

Pierre Ernest Bersot
 
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BESTIAIRE ÉROTIQUE

"Des caps pris en beauté malgré les déferlantes,
Larguée, un peu cramée, quarantaines rugissantes,
Se laisser glisser pour ressurgir en grande orque,
Une ode au punk à l’aube des cinquantièmes hurlantes.

Envie folle d’un bestiaire érotique et braque,
D’alexandrins stylés qui déchirent et qui claquent.
D’un poème utérin sur fond de ménopause,
De plombs fondus, fantasmes, et de métamorphoses.

Loin des mines compassées, de la pondération,
Des salons trop feutrés, de la mort des saisons.
Le délire situé d’une nature ni douce, ni con.

Y fourrer l’illusion de complétude visuelle,
Qui défait le réel et oxyde la raison.
Un brin de rêves mystiques et de cauchemars séquelles,
Raptus anxieux passé sous les démangeaisons.

Canines vulpines, cauchemars, corps de chiens mutilés,
Avenir radieux fuyant à vives et grandes foulées.

L’hystérie née d’esprits tordus de mâles pétés,
Imagine les fureurs viscérales d’un loir,
Bestiole en quête de sang, s’agitant tard le soir
De la tête à la vulve de la femme infertile,
Fou de manque, vomissant l’aménorrhée, fébrile.
Vives bouffées de chaleur, subite mélancolie,
Bûchers, internements, vapeurs et insomnies.

Musculosité crasse et flambées d’urticaire,
Herbacées maléfiques et vipérine vulgaire,
Hermaphrodite velue, érigée, narcotique,
Mucosités visqueuses et rêv(es) fous de mastic.

Là, des licornes en joie chient des paillettes dorées,
De petites chattes bourgeoises suc(ent) des cadavr(es) rongés,
Une foule de galériens accrochée à leurs pieds.

La glande supra-caudale de renardes violettes,
La danse d’animalcules sur une peau offerte,
Créatures de ténèbres, de chimères, de nuées -
Noms féminins pluriel aux racines emmêlées.

Les flashs lubriques de mille lucioles dévergondées,
Leur désir débridé, palpitant et veiné
Luminescences fiévreuses pleines de luciférine
Diaboliques femelles déguisées en ballerines.

La flamboyance de nos crises clastiques et cosmiques,
L’endurance inouïe de la manie psychotique.
Imperturbablement. « Le jour, le soir, la nuit ».

Orques ménopausées au mitan de leur vie,
Lourdes globicéphales, bélugas aquatiques,
Libérées des contraintes et rapports domestiques,
Menant leur espèce en cheffes claniques respectées.
Elles arborent au melon, comme un grand vit dressé,
Une palanquée d’humaines pleurant leur puits séché.

Un troupeau de mille poulpes, cerveau tentaculaire,
Et des pieuvres mourantes qui ne seront qu’une fois mères.
Des castors résistant à la binarité,
Munis d’un habile trou polyactivités,
L’œuvre d’un dieu foutraque, nommée pseudo cloaque.

Le moine d’Alexandra David-Neel au Tibet,
Enfanté de rêves zen et de méditation,
Le Morel de Gary et sa Mademoiselle
Repeuplant les bloks d’un camp de concentration.
Les mésanges de Rosa, le lierre de Cyrano,
Les mouches de Jack London et de son vagabond,
Des tulpa, des chenils, des égrégores, des vifs,
Notre insatiable besoin d’une consolation..."
Corrine Morel Darleux-Masto

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"La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. "
 Fernando Pessoa
 



jeudi 14 mars 2024

il va falloir monter sur son dos

 "Il y a un côté réfractaire, un ralentisseur. La Bretagne est le dos d'âne de l'histoire, c'est à dire qu'elle demande au temps de ralentir un peu."
Sylvain Tesson
 
 

 "J'aime beaucoup cette idée que le celte est celui qui, vivant devant le coucher du soleil, est à la fois un être d'extrême mélancolie et d'espoir."
Sylvain Tesson  source: Bretons n°206

 



 
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"Tu ne sais pas d'où tu viens.
Peut-être es-tu née en route?
tu n'as pas d'autre pays que les bras de ta mère, pas d'autres racines que ses jambes qui vous ont portées jusqu'ici.
Tu ne sais d'où tu viens, ni où tu vas.
Tu as appris à marcher en chemin.
Tu joues avec des cailloux sur la plage immense et vide.
Tu attends sans poser de questions.
Tu fais des tas, des petits murs qui s'écroulent, tu imagines que tu te construis une maison qui pourrait vous abriter toutes les deux. Une maison si solide que le vent n'y entrera pas ni le sable ni la chaleur ni la douleur ni les larmes ni les vagues.
Tu t'appliques, mais, malgré ta patience et les jours de labeur, rien ne tient jamais et il faut recommencer sans fin.
Le soleil arrose ton monde de lumière sèche, tu as soif et tu as peur de regarder la mer.
Tu lui tournes le dos depuis que tu l'as vue pour la première fois, tu lui tournes le dos pour l'oublier. Mais tu l'entends...
Tu entends son souffle, elle s'avance,puis se retire.
Sa langue d'eau salée tente de t'attraper. Langue liquide, plus large que la plage, langue énorme qui claque, qui lèche le sable, qui rampe jusqu'à toi.
La mer est une bête et ta maman dit qu'il va falloir monter sur son dos.
.../..."
Carole Martinez extrait de: "SOS Méditerranée-Les écrivains s'engagent" Editions Gallimard

 

"La liberté c'est de savoir danser avec ses chaînes."
Friedrich Nietzsche
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