dimanche 29 novembre 2015

éléments essentiels


                 illustration source: Toile



Ses lèvres bougent à peine

"On est avec lui dans le bus. Enfin, avec lui...
Assis juste en face, il est ici, ailleurs, partout. Il a sept ans. Cours élémentaire première année.
Cette année, il sait vraiment lire. Tout à l'heure, à peine sorti de la librairie, il s'est emparé de ce petit album d'Yvan Pommaux  à la couverture bleu lavande et il s'est aussitôt embarqué, vaguement conscient de la réalité qui l'entourait-évitant les piétons un peu comme un skieur de slalom ferait pour les piquets. Souvent, en le croisant les gens souriaient, et on se sent plutôt fier d'avoir pour petit-fils un dévoreur de livres.
Maintenant, dans les soubresauts du trafic, on le regarde dans sa bulle, si loin, si près. Ce qui est fascinant, c'est l'imperceptible mouvement de ses lèvres. Il ne fronce pas le front ni les sourcils. Mais il ne glisse pas encore sans effort sur la piste. il lui faut ce déchiffrage pas tout à fait fluide, sublimé par l'envie, la passion, le désir émouvant de posséder ce monde où il veut s'évader.
On est sûr que si on lui lisait cette histoire il sourirait souvent. Mais il ne sourit pas. Son visage est pénétré, si grave. Il crée ses propres terres d'aventure, le secret silencieux de son éloignement. Ses lèvres bougent. Il boit à petits coups la magie difficile de l'échappée.
C'est un travail encore, et c'est déjà la liberté. Il y a un code; On ne va pas le déranger avec un "ça te plaît, c'est bien?". On sait qu'il ne faut pas brusquer l'embarquement des somnambules. On ne veut pas non plus le ramener à la réalité, la présence d'un grand-père avec son petit-fils dans un autobus bondé de fin d'après-midi. On vole de le regarder voler. On ne l'a jamais trouvé si beau. Ses lèvres bougent à peine."
Philippe Delerm-extrait de: "Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d'habiter sur terre."
Editions du Seuil 

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 à la découverte des arts du métal, de la mosaïque, du verre et de la terre
et de leurs artisans créateurs.
plus d'infos 

parmi les participant(e)s:



    William Geffroy


                                   Christian Pinault 

     Stéphanie Martin

    Bénédicte Vallet

      Françoise Nugier

      Vincent Germaneau

    Thibault Morise

                                                   \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[





Expo père et fils au musée de Batz-sur-Mer
 René Yves Creston artiste-ethnologue et Padraig Creston artiste peintre









faut vivre




Julien
Cela fait deux années déjà que tu as appareillé vers d'autres rivages qui t'appartiennent.
Ta colère, ta lucidité, ta réflexion sur le monde et ses soubresauts- mais aussi ta  grande tendresse- planquée derrière ton impressionnante carrure me manquent.

Aujourd'hui une de tes chères filles m'a envoyé cette photo.
Toi "le géant, le furieux, l'insolent" pour reprendre les paroles de tes enfants,
"Toujours insoumis" merci pour la leçon de vie.

Je t'embrasse
jj



samedi 28 novembre 2015

pas toujours





Aucun idéal
                       aucune cause

aucun combat...
                                même le plus aimable, 
le plus avantageux,
 le plus digne de confiance...
                                                    ne mérite que l'on s'y plonge éperdument.

 

envoyé par Chantal  de Paris

".../...Comme c’est étrange l’Histoire avec un grand H Avec cette Hache de guerre, cette épée de Damoclès, ce couperet de mort qui vous saisit n’importe où, n’importe quand à n’importe quel moment
Et oui extrêmement étrange que des événements tels que ces attentats à Paris, cette mort de ce qui existait qui n’existera plus, permette puisse permettre une « sorte" de renaissance. Born again ! Parler, se parler, réfléchir, se réfléchir
Parce que ça cause à tous les étages, à tous les âges, croyez moi, ça cause dans les familles, dans le hall de mon immeuble, entre « djeuns » ça parle, ça se parle
Verbatim du jour : « Eh toi, tu crois quoi ? Que ce mec qui se fait exploser il s’y connaît en explosifs, non mec, y’a des gens éduqués derrière ça, y’a des intellos… »
Et moi je parle avec mon fiston qui vit avec moi. Lui comme moi on a du mal à se sortir de l’actualité, mon gosse zappe de BFM à des enquêtes plus approfondies, moi je fouille avec frénésie l’actualité papiers. Il se construit… Je vérifie qui écrit, qui parle, j’approfondis, j’essaie Olivier Roy ? ouais j’ai déjà entendu parler de ce mec là. Que dit-il ? C’est important. De tous temps quand c’était compliqué, j’ai eu besoin de « penseurs », de passeurs de savoir. alors je me renseigne, celui-là oui il est ok, je crois ! Mais cette chronique dans Médiapart, vraiment ? à moitié ok ! Trop tôt, mal fait ? Incomplet ? Je ne sais pas trop, malaise en tous cas…
Et puis aussi bien sûr parler avec son cœur, avec sa douleur sortir ses tripes, offrir des fleurs. Alors ça oui c’est absolument nécessaire. Se rappeler, parler de ses souvenirs, d’événements que l’on a vécus, nous les plus âgés, semblables et… non pas tout à fait quand même ! Parler de ses nuits folles au Bataclan. De ses soirées jusqu’au bout de la nuit à refaire le monde, à rire, à s’aimer et se le dire aux terrasses de café Mêler l’affectif, l’intime et le politique, le « social » parce que c’est exactement AINSI que l’on est devenus ce que nous sommes et c’est exactement AINSI que s’est construit ma philosophie de la vie Et, c’est encore AINSI que je veux léguer, transmettre ce que j’en ai saisi, des points de repère, des points cardinaux, de la littérature, de la poésie, des images, des écrits, des films, de la musique, de l’Art. Une ouverture d’esprit. .../..."

"On ne peux pas toujours suivre le temps du monde."
Mathieu Riboulet

mercredi 25 novembre 2015

avec le dos de la cuillère



"Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent"
-Jules Renard-




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testé et approuvé:


Tant qu'à être dans le potage
autant qu'il soit bien velouté
dégainons donc nos cuillères et pour toutes les papilles (et les mamilles aussi) osons les grands SLURP!


CHABROT

"Il me faut maintenant convoquer mon grand-père, 
convoquer avec lui sa bouteille de vin,
convoquer son maintien et sa façon de faire,
que j'aimais admirer lorsque j'étais gamin.

Grandi Granier Etienne, parmi les vignes
du pays de Sommières. Monté à Saint-Etienne,
chassé par le mildiou, pour une vie plus digne,
il a, toute sa vie, bu d'un vin à l'ancienne.

Vin rouge à neuf degrés le dimanche,
à table, coupé d'eau, rosi par l'eau du bro,
(un cantis du Midi qui flanquait la boutanche),
violetti par l'eau à bulles de Parot.

Du vin bu pour la soif, servi pour la couleur,
bien dosé pour chacun selon sa hiérarchie
des âges et la maniaquerie d'un pinailleur,
lui seul servant, pour lutter contre l'anarchie.

Quand venait la fin de la soupe et que restait
un fond, seul il s'octroyait le droit de chabrot.
Le vin se mêlait aux légumes, les colorait,
y traçait des méandres dans un marigot.

Il aspirait le tout en renversant l'assiette.
Les soirs de soupe au lait, blznche de vermicelle,
le spectacle violet me détournait la tête
(cette couleur encore, m'est une varicelle).

C'est en petit dernier que venait le vin pur.
Demi-verre au dessert, toujours accompagné,
de navettes à l'anis ou autre biscuit dur,

croquant de Villaret, petit gâteau sablé.
Ecole de patience, le biscuit mollissait,
jusqu'au juste point mou que pépé espérait."

-Paul Fournel extrait de: "Le Bel Appetit-Editions P.O.L.-






                                                    
                                                                    illustration source: Toile







 C'était hier , un jour semblable à aujourd'hui et je me mettais sur mon 31,
pour oublier, pour rire aussi et disserter sur l'inexorable, le futile , l'irremplaçable...

Trente ans plus tard
je me mets sur mon 61.
avec un peu plus de ...
et  sans doutes un peu moins aussi...

  mais avec votre esprit!
Sapristi !

A la bonne votre
alors,
que je vous dis


lundi 23 novembre 2015

passer les grilles






L'arme du pauvre par Yvan Segré-source: LUNDIMATIN

"Un homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une médiation non de la mort mais de la vie."
-Baruch Spinoza-


"Posons que « l’arme du pauvre », ce n’est pas le terrorisme, c’est l’universalité générique : le frayage d’une forme dans le chaos des forces.
On peut s’accorder sur le sens du mot « terrorisme » : c’est le fait de cibler des populations civiles, afin d’en tuer le plus possible. Le crime est cependant aussi un moyen. L’« Etat Islamique » veut-il infléchir la détermination du gouvernement français à intervenir militairement aux côtés des américains en Syrie et en Irak ? Veut-il déstabiliser les démocraties européennes ? Veut-il assouvir sa haine des mécréants ? Sans doute tout cela à la fois. Mais la finalité immédiate, c’est donc de tuer. Le terroriste, parce qu’il célèbre l’acte de tuer des civils, témoigne qu’il jouit du meurtre, d’où sa violence froide, mécanique, implacable, obscène : jouissance « barbare » et, à la différence d’un lycéen américain psychopathe, jouissance collective maîtrisée et longuement préméditée. Car il faut des heures d’entraînement et une sévère planification pour mener des opérations telles que celles du vendredi 13 novembre à Paris. Le terrorisme de Daesh est donc une « barbarie » disciplinée.
De fait, les guerres menées par les appareils d’Etats occidentaux au nom de la démocratie, des intérêts supérieurs de l’économie de marché ou de la lutte contre le terrorisme, sont dix fois, cent fois, mille fois plus meurtrières. Elles sont pourtant « civilisées », les morts civils, hommes, femmes et enfants, étant rangés dans la rubrique « dommages collatéraux ». Ni les Israéliens, ni les Américains, ni les Russes n’ont fait de l’assassinat délibéré de populations civiles un mot d’ordre politique et militaire. On regrette sincèrement la mort de milliers de Palestiniens, de centaines de milliers d’Irakiens ou de Tchétchènes. On ne voulait pas qu’ils meurent. Du moins, on aurait préféré qu’ils ne meurent pas. La guerre est alors « civilisée », bien qu’objectivement dix fois, cent fois, mille fois plus meurtrière que la « barbarie » terroriste.
Le massacre discipliné, délibéré et massif de populations civiles est une très vieille histoire qui remonte notamment aux impérialismes assyriens et babyloniens des premiers millénaires avant J-C., et qui s’est poursuivie jusqu’aux impérialismes européens, notamment anglais et français, des XIXe et XXe siècles. Pour une part, la seconde Guerre Mondiale est une explication entre impérialismes européens : bombardements de Londres par les Nazis, puis de Dresde par les Alliés, pour citer ces deux exemples marquants. Avec Hiroshima et Nagasaki, la spécificité raciste du crime réapparaît, le fait d’user de l’arme nucléaire au détriment de populations asiatiques, plutôt qu’européennes, n’étant nullement le fait du hasard non plus que de quelque impératif militaire. Les chambres à gaz, en revanche, parce qu’elles n’étaient pas un objectif stratégique des Alliés dans leur guerre contre le nazisme, ne furent pas bombardées, ni les rails qui y menaient…
Il n’est pas inutile d’avoir ces faits en mémoire lorsqu’on sait que, ici et là, des analphabètes singulièrement xénophobes incriminent le Coran, œuvre puissamment poétique, et prophétique, qui en son acte de naissance, au VIIe siècle, fut à l’image d’une forme surmontant le chaos des forces.
...
Au lendemain des actes ignobles commis par des terroristes se revendiquant de l’islam, la réponse du gouvernement français fut conforme à celle des gouvernements israélien, américain ou russe : il faut éradiquer la « barbarie », autrement dit éradiquer la pulsion meurtrière de ceux qui jouissent de la mise à mort d’autrui. Comment ne pas être d’accord ?
Le problème est que, s’il est non seulement légitime, mais désirable que les forces de police françaises entreprennent, au péril parfois de leur vie, de mettre hors d’état de nuire des criminels de la pire espèce, il est par ailleurs acquis que l’appareil d’Etat policier qu’on va renforcer, étendre, développer, servira aussi une autre fin, celle-ci non seulement indésirable, mais illégitime. Cette autre fin, c’est une redéfinition stricte et implacable du champ de la politique, à savoir que sa fonction est principalement sécuritaire, bientôt exclusivement sécuritaire. Et en ce sens, le terrorisme des nazillons de Daesh est bel et bien une aubaine pour les appareils d’Etat occidentaux, dont la soumission béate aux lois du capital, et l’impuissance grotesque, ne cessent de s’exposer chaque jour plus dangereusement aux yeux de tous. L’écrasement de la résistance grecque en est le dernier épisode, sinon sanglant, du moins suffisamment limpide pour marquer les consciences au fer rouge.
Que le terrorisme soit au fond une aubaine pour nos gouvernements, rien ne l’atteste mieux que l’« affaire Tarnac ». En manque de terroristes, le gouvernement français eut la lumineuse idée d’en inventer. L’affaire, jusqu’à aujourd’hui, suit son cours, le parquet ayant fait appel afin de maintenir le chef d’accusation de « terrorisme », mot magique. L’« affaire Tarnac » est ainsi devenue la joyeuse farce qui, rétrospectivement, met en plein jour la tragédie : le terrorisme est une aubaine pour nos gouvernements.
C’est pourquoi, quand le terrorisme est non pas un fantasme, mais une réalité, ainsi qu’il le fut le Onze septembre 2001, on en use comme d’un attrape-nigaud : on mit donc l’Irak à feu et à sang, en prétextant la fable « si ce n’est toi, c’est donc ton frère ». Or nous savons tous que la politique étrangère du capitalo-parlementarisme occidental, qu’elle soit guerrière comme en Palestine, Irak, Tchétchénie, Afghanistan, Lybie, Mali, etc., ou amicale comme en Arabie Saoudite, Koweit, Qatar, etc., a engendré et nourri la « barbarie » terroriste plus qu’elle ne l’a combattue. On a donc le sentiment d’assister au sempiternel spectacle d’un serpent qui se mord la queue.
C’est comme si, au Proche et Moyen Orient (et au-delà), une alliance infernale avait été scellée entre la logique impérialiste d’appareils d’Etat plus ou moins démocratiques (Israël, Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Russie), la logique policière d’appareils d’Etat dictatoriaux (Moubarak, Assad, Hussein, Kadhafi, Abdallah), et la logique terroriste de groupes islamistes (Hamas, Hezbollah, Al Qaïda, Daesh). Au vu des désastres irakien et syrien, et peut-être libanais et libyen, déjà chiffrés en centaines de milliers de morts, on se prend à regretter le temps des pires régimes policiers, et à préférer le sort de l’Egypte à celui de la Syrie. On avalera d’autant mieux la pilule « sécuritaire » des démocraties parlementaires. Nous vivons des heures décidément bien sombres. Tâchons de ne pas sombrer avec elles.
...
Au lendemain des attentats du vendredi 13 novembre, le monde entier a rendu hommage à la France, depuis Rio de Janeiro jusqu’à Bombay. On peut, à juste titre, s’étonner du fait qu’une telle solidarité ne s’exprime pas également lorsque les victimes du terrorisme sont israéliennes, libanaises ou russes, et rappeler, avec le Talmud, que « ton sang n’est pas plus rouge que le sien ». Mais on peut aussi - on doit - y reconnaître l’exceptionnelle puissance symbolique de ce pays, celui de l’universalité révolutionnaire, dont le noyau messianique vibre encore dans le cœur des gens du monde entier.
Pour certains, cette universalité est inscrite dans les institutions républicaines, garantes de l’héritage révolutionnaire. Pour d’autres, les institutions républicaines sont lettres mortes, l’esprit révolutionnaire résidant ailleurs, dans telle création collective, dans telle pratique militante, dans telle œuvre singulière : l’« égalité » selon Rancière, la « vie » selon Deleuze, la « multiplicité générique » selon Badiou, ou encore, plus proche de nous, l’« insurrection » selon le Comité Invisible. Oui, c’est la ville des insurrections populaires qu’on a pleuré aux quatre coins du monde. Oui, c’est au frayage d’une forme dans le chaos des forces qu’on veut croire.
À l’heure où le traumatisme causé par des attentats particulièrement vicieux, cyniques, et nihilistes, risque de déterminer bien des esprits, il nous faut, plus que jamais, penser et agir en hommes libres, autrement dit faire sienne l’éthique de Spinoza, car c’est notre seul arme : « un homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ».
-Yvan Segré- 



Puisque nous sommes tous des victimes potentielles, c'est que nous sommes tous frères." 
-Jacques Julliard- 
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-Par quels mécanismes psychiques des individus sont-ils attirés par l'idéologie djihadiste?

"Les radicalisés ont, pour la grande majorité, entre 15 et 25 ans, ils ne dépassent pas les 30 ans. L'offre radicale s'adresse donc à des jeunes qui sont dans cette période de l'adolescence étendue, caractéristique de notre civilisation contemporaine- à telle enseigne qu'on parle de pré et de post adolescence. Cette partie de la vie est _une phase de mutation qui touche les aspects les plus cruciaux de l'existence. Car tous les idéaux de l'enfance, liés à la façon naïve dont l'enfant a de percevoir la vie, le monde, le bien, tombent.
L'enfant découvre que la société est faite de semblants, la vision du monde proposée par ses parents lui paraît mensongère. C'est la  "désidéalisation".
L'adolescent doit alors substituer de nouveaux idéaux à ceux qu'il a perdus: il vit une période d'avidité d'idéaux. Certains partent ainsi en quête de pureté ou de justice. Cette transformation est particulièrement difficile à réaliser pour des jeunes qui ont des troubles identitaires importants, soit parce qu'ils ont connu des accidents de la vie, soit à cause de défaillances de leur environnement familial ou social. Ils sont en attente d'une réponse ou d'une solution pour sortir d'un passage à vide et parfois même de l'errance. C'est sur cette faille que les discours radicaux opèrent.

-Que se passe t-il lorsque ce type d'adolescents perturbés rencontre l'offre radicale?

L'idéologie radicale, avec son explication totale et ses idéaux imparables, une croyance vraiment "béton", fonctionne une chape de plomb qui vient recouvrir tous leurs maux, combler toutes leurs failles. Tout à coup, il y a une sédation des tourments. Ils sont soulagés de leurs souffrances identitaires, et peuvent devenir des gens à tout épreuve. Et si on ne perçoit pas toujours à quel point ils sont perturbés-ces fameux voisins qui vous disent toujours après coup "il avait l'air normal, très gentil..."-, c'est parce que, une fois qu'ils ont rencontré cette idéologie, leurs symptômes sont abrasés. Je dirais même que l'idéologie radicale extrême offre à des jeunes en très grande difficulté une solution de "guérison" par une autre voie. Quand on y réfléchit, les mots "salut" et "santé" ont la même racine. Comment? Parce qu'ils perdent leur singularité, ils sont "désingularisés". On le voit bien, ils ont un côté automate, ils deviennent identiques à tout le groupe, parlent et agissent de la même manière. Or les symptômes psychiques sont liés à la singularité de l'humain.

-Comment comprendre le désir de mort de ces jeunes embrigadés?

Il est essentiel dans le djihadisme. Sur le plan idéologique, leur patrie, c'est Deathland. Tous ceux qui acceptent de s'y engager ont ce désir de mourir. Dans les entretiens que nous avons avec ces jeunes, ils le disent très clairement. On a de la peine à le concevoir, mais eux ne pensent pas la mort comme une fin, mais comme une matrice qui va les faire naître à une vie supérieure, les enfanter à nouveau dans un monde parfait. On arrive même à les convaincre que la mort n'est qu'un "pincement". Elle devient à leurs yeux un mode de transport vers une forme de d'immortalité, vers un monde de jouissance absolue. La jouissance absolue, c'est ce dont parle toute cette imagerie des vierges qui leur donneraient une extase infinie, elle participe à leur décision de se tuer et de tuer les autres. Dans le communiqué de revendication des attentas, vous remarquerez d'ailleurs que les tueurs sont présentés comme "un groupe ayant divorcé de la vie d'ici-bas". Il y a là une haine du monde considéré comme immonde. ça veut dire qu'ils ont choisi d'épouser l'autre monde, et choisir l'autre monde, c'est accepter de passer par la mort. Pour des gens désespérés d'eux-mêmes, la mort est finalement une façon de sortir d'un monde qu'ils ne trouvent plus supportable, et dans lequel il leur semble ne plus valoir la peine de vivre.
Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a beaucoup de tentatives de suicide chez les adolescents, or certains vous disent qu'ils ne voulaient pas mourir. Une patiente a dit un jour "Je voulais me tuer, mais pas mourir", elle voulait faire une traversée, "changer de peau".
Cette volonté de se fabriquer une nouvelle identité est aussi présente chez les radicalisés. Ils ne prennent pas seulement un pseudo, ils deviennent véritablement un autre individu.


-Quelle différence, dès-lors, entre le suicide et l'autosacrifice du Kamikaze?

L'autosacrifice sert à anoblir le suicide. C'est du reste la force dangereuse de cette idéologie. Elle attire beaucoup de délinquants, parce qu'ils y trouvent un anoblissement de leurs pulsions. Ils peuvent au nom d'une loi supérieure devenir hors-la-loi."

extrait d'un entretien entre Marie Lemonnier journalisete et Fethi Benslama- professeur de psychopathologie (L'OBS-n°2663-)









dimanche 22 novembre 2015

tu vois le genre



illustration source: "Cool creepy marionette"

J'appartiens à un genre.
Bon ou mauvais,
c'est selon,
 les genres
et la nature
                   en l'espèce.

J'appartiens à une histoire
deux en fait:
la mienne et l'universelle.
Celle
 qui me fait croiser d'autres histoires 
                          d'autres échantillons
de l'espèce.

J'appartiens au temps donné
en embuscade
                   ici
 ou là,
               demain,
un jour
j'appartiens à l'oubli aussi
qui sied si bien à la dégaine
en apparences
et
coups de théâtre
chez toutes les espèces cultivées
dans ton genre.





vendredi 20 novembre 2015

C.Q.F.D.




De ce côté-ci du pont, le ciel du jour s'apparente à  l'image de notre moi de profundis
CQFD:  légèrement tourmenté.
Et en face, me diras-tu 
Ne seraient-ils pas logés à la même enseigne?
Tu penses  que le fleuve, qui fait  si grise mine , aurait réussi à laver leurs doute aux autres les sudistes de la Loire?
Tu crois ça toi? 






Hier, c'était  journée mondiale de la philosophie.
Et alors?
Ben!
On attend la suite. 





De la poudre aux yeux

Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius dit toujours -DASH- lorsqu'il cause des ostrogoths de qui vous savez.... Je me demande si ce léger lapsus  n'est pas en relation avec le souvenir de sa maman qui  lorsqu'il était  encore  Lolo lavait ses ptites affaires -et sans déborder s'il vous plait- avec 
DASH bien sur.




                                                       
j'ai lu ceci:

« Pourvu que ce ne soient pas des musulmans »

 "Je n’ai réellement pas dormi la nuit du 13 novembre 2015. La première question que se pose toute personne ou presque vivant sur un territoire attaqué, ou du moins le souhait qu’elle formule en premier, est en général « j’espère que je n’ai pas de proches touchés ». Mais moi, la première chose qui me vient à l’esprit, ma première hantise est « Pourvu que ça ne soit pas des musulmans qui ont fait ça ». Pourquoi ? Et bien parce que si c’est le cas, c’est ma vie mais aussi celle de tou-t-es musulman-e-s de ce pays qui va, une fois de plus, basculer comme elle l’a fait tellement de fois, après Mohamed Merah mais également après les attaques de Charlie Hebdo début janvier. Pour moi, c’est le ventre noué que je sors de chez moi, c’est le cœur serré que je regarde la télévision ou lis les journaux. Car l’islamalgame (l’amalgame avec l’islam) se lit en filigrane à travers tant de paroles – quand elle n’est pas, le plus souvent, clairement exprimée. Je me dis que nous allons encore avoir droit à des agressions verbales voire physiques dans la rue, des regards désobligeants dans les transports en commun, et qu’on va encore se donner le droit de me demander de "rentrer chez moi". Il me sera demandé, ainsi qu’à tou-te-s mes concitoyen-ne-s musulman-e-s, de nous désolidariser des personnes responsables de ces attaques, parce qu’on suppose que nos sommes forcément solidaires de supposés coréligionnaires.

Mais dans cette logique, puisque je suis noire, je devrais être responsable et solidaire de tout ce que les Noirs font dans le monde, surtout quand c’est blâmable, car la solidarité n’est en général envisagée que lorsque les actes sont horribles.
Je devrais également être responsable et solidaire de tout ce que des femmes font de mauvais dans le monde puisque je suis une femme.
Pourquoi devrais-je être solidaire et/ou responsable ? Tous les hommes sont-ils présumés responsables et solidaires des violeurs ?
Tous les ministres sont-ils présumés solidaires et responsables de Cahuzac ?
Tous les blancs sont-ils présumés solidaires de Breivik ?
De Dylann Roof, le tueur de l’église de Charleston ?
J’aimerais interroger d’autres responsabilités, celles de nos différents présidents de la République dans les différentes guerres qu’ils ont initiées, ralliées ou entretenues, en Afghanistan, en Irak, au Libye, au Mali, au Congo… et la liste n’est pas exhaustive. Deux attentats ont eu lieu à Beyrouth au Liban la veille des attentats français. Combien de morts innocents dans ces pays sont à déplorer ? Qu’en est-il des familles des victimes ?
Je suis fatiguée d’être interrogée, rendue responsable de choses qui me sont complètement étrangères, alors que les vrais responsables ne le sont presque jamais. Pire, ils peuvent même s’en sortir le blason redoré, comme François Hollande après les interventions au Mali, ou encore après le 7 janvier 2015, alors qu’il était au plus bas des sondages. Nous devrions d’ailleurs nous sentir davantage responsables des décisions politiques de ce président de la République puisque nous sommes supposés lui avoir donné son mandat et qu’il déclare des guerres en notre nom – alors que les tireurs de ce vendredi 13 novembre n’ont été désignés par aucun collège électoral musulman.
Comment est né l’État Islamique ?
Qui leur fournit leurs armes ?
Pourquoi des Français s’engagent dans cette armée ? Cette guerre ?
Telles sont les vraies questions que nous devons nous poser, et poser à nos responsables politiques et exiger de vraies réponses pour espérer arriver à bout des ces violences et tueries.
En tant que musulmane, quand un attentat a lieu, c’est une double angoisse qui me traverse : comme tout le monde, je me demande si un membre de ma famille, un-e ami-e, une sœur ou un frère de lutte, un-e voisin-e, est touché-e, mais cette question est systématiquement précédée d’un profond souhait que l’auteur ne soit pas de ma communauté religieuse. Car les conséquences pour moi et pour tou-te-s les musulman-e-s de France seront lourdes sur nos vies, des vies de plus en plus insupportables à mener dans ce pays où l’on ne rate aucune occasion de nourrir l’islamophobie ambiante.
C’est une narration des événements qui me met, qui nous met, à chaque fois, au ban d’une société où nous vivons sans jamais vraiment pouvoir en faire partie. Ce sont des frustrations, des violences intérieures et extérieures qui sont nourries à chaque événement, à chaque occasion, sans qu’on en voie le bout. Car les premières victimes de ces attentats, après évidemment les défunt-e-s et leurs proches (qui sont d’ailleurs musulman-e-s pour une part), ce sont tou-te-s les musulman-e-s ou présumé-e-s tel-le-s, qui vont dans les temps à venir se retrouver, une fois de plus, dans le viseur de la stigmatisation, du soupçon, des représailles aveugles, bref : de la violence raciste."
-Ndella Paye- texte publié le 16 novembre dans: "Les mots sont importants.net"


mardi 17 novembre 2015

novembre et son moi profond



"Qu'a donc la mer, si tout le monde vient y chercher des réponses?"
-Victor Del Arbol-


" Les choses importantes n'ont pas besoin d'être dites pour être vraies.
Parfois le silence est la seule vérité possible" 
Victor Del Arbol

 


"Le moi profond reste le meilleur des masques antirides."
-Marcel Proust-

                                                                        \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\||||||||||||
virgule musicale proposée par Brigitte:
 


"La théologie c'est simple comme dieu et dieu font trois."
-Jacques Prévert-

lundi 16 novembre 2015

fleurs de peau



Il faut trouver des mots
pour dire
et faire
Oui mais
où et comment
et
 avec qui? 

Ici, maintenant,
Il s'agit de chercher du raisonnable 
dans la raison;
de la dignité dans l'oraison;
de la lucidité... tête dans les étoiles et  coeur toujours amoureux
de la Vie.

Il faut trouver des mots
mais aussi des silences
et les mettre en musique,
toutes les musiques
de tous les instruments
qu'ils soient nos armes
en principes
de clairvoyance.

Il faut trouver des rimes
et des proses,
en vers
et contre toute attente,
renvoyer  l'innommable
à ses ténèbres.

Il faut fêter les couleurs du temps
et en asperger l'infâme,
 le crapuleux, 
 manipulateur précoce,
agitateur de foire d'empoigne
ou
 Valkyrie des fosses septiques.

Il faut trouver des mots sensibles,
bons comme le pain partagé,
le plaisir revendiqué,
la fête à la somptueuse utopie de l'existence.

Il faut encore et encore inventer des verbes à la barbe des barbares
" humoriser"
"satirer"
 renouer ensemble tous les mots d'esprit 
dans toutes leurs langues
ironiser avec légèreté,
plaisanter avec Force
et Malice
et tous ceux qui  voudront  bien entrer dans la ronde.







"Se avessi tempo ti regalerei i miei denti
Per lasciarti comporre i miei sorrisi migliori
Dei fiori a spruzzo per un bacio dentro la pioggia
Da fotografare
Un obiettivo concreto
Per poterti disimpegnare
Un’altra crisi da non volere più pagare
Una lacrima sulla scarpa
Una bombola nella sciarpa
E una pellicola di cuore da lasciarti sbucciare
Ma dimmi com’è
Ma dimmi dov’è
Che bisogna scappare
Vorrei avere i baffi più scuri vorrei sembrare un vero uomo
Vorrei essere bello come mi credi
Vorrei
Che ti potessi sbagliare
Avere il successo di un principe delle balere di un segugio di donne facili
Di un sultano barzellettiere
Portarti dentro un letto e convincerti
Che è un astronave e stare in orbita
E mangiare solo mentine e bere solo aranciata
E tapparti il naso e dirti che si può vivere senza respirare
E chiuderti gli occhi e dirti che si può guardare il sole
Ma senza farsi male"


 “Seggiovia sull'oceano” - Lo Stato Sociale -source: Scorpiorosso






samedi 14 novembre 2015

miroir mon beau miroir




La veille:
journée mondiale de la gentillesse.
Comme si l'on avait parfois peur
 d'oublier
de renvoyer au miroir de l'humanité
 l'obligeance dont nous serions capable.




coeur tout rouge


Il est où le grand penseur (panseur) aujourd'hui,
tant désiré  pour apaiser nos blessures ?

3 heures d'attente pour offrir son sang dans un hôpital parisien.

C'est là qu'il réside
peut-être
ou
sans doute.

De tout son coeur
tout rouge

mercredi 11 novembre 2015

onze s'marre





"ça dépend de quel rire"

Bill, le ginkgo  du trottoir d'en face compte les écus
qu'il lui reste 
passés de mille à quarante
et  pour combien de temps encore?

Alors Bill est légèrement chafouin;
 même si cette année, il avait réussi à économiser plus que de coutume,
un peu moins tôt, un peu plus tard...
 au final, le résultat serait  le même.
Rasé sur la place publique,
après avoir fait les beaux jours du paraitre et de l'émerveillement.
Ses actions en baisse,
il serait lâchement oublié , empêtré dans ses branches nues et  inutiles, abandonné de tous, humains comme volatiles...  jusqu'à l'année suivante
où là... renaissant de ses dépressions hivernales
il se remplumerait, plus beau que jamais - prodigieuse résilience - en se faisant des cheveux pour le bonheur de la cité
et des précités. 
mais en attendant...

Seulement, Bill, qui n'est jamais rancunier
a une telle santé de fer que même dit-on "little boy"  grosse saloperie yankee tombée pour l'horreur et la  honte...n'aurait pas réussi à lui faire perdre son flegme nippon.
C'est dire...
Bill a bien appris la leçon:  "où y-a du mutagène y-a pas de plaisir"
et c'est ainsi que sans se faire trop de bile,
Bill assumé à la fesse du monde: résistant climatique et décoré comme tel
se marre des avatars d'un réchauffement bizarre,
car le Bill, "Abricot d'argent" pour les intimes, a de grandes chances de nous survivre,
et là , ha!ha!ha! on l'aura... dans l'écu.

Ainsi soit-il .



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 "La Bretagne illustrée" c'est le thème du 12em festival du Livre en Bretagne de Guérande -grande fille des marais-
Le président d'honneur en sera Nono, dessinateur breton  au Télégramme et partout ailleurs.
Demandons le programme




                                

             
                             ;;;;\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[[[[[^^^^^^^ 



dimanche 8 novembre 2015

forger sur la bigorne


Un dimanche dans ses habits gorneaux
légèrement poivré 
au moulin
avant
et pas trop de vent derrière. 

On résiste encore.
tout va bien.

vendredi 6 novembre 2015

ma rue





J'aime bien ma rue
et puis celle d'à côté aussi
et tout le pâté qui va bien avec.
Curieuse réflexion peut-être
un jour de pluie
où je m'en allais à la pharmacie.
Mais comme ma rue
je l'aime à toutes les saisons
avec plein de feuilles autour 
ou noyée de soleil,
emportée par le vent
ou bordée par la nuit
à quelque lampadaire discret.
 En somme,
je porte ma rue en estampille 
mais je suis le seul à le savoir.
Les autres,
 enfin mon voisinage, se raconte d'autres histoires.
Le rue est à tout le monde
et heureusement y-a pas trop de monde dans ma rue
sinon je me sentirais sans doute
 un peu perdu.

Ma rue elle est si  longue qu'elle change trois fois de nom
dans son histoire 
et pour la fuir tu as le choix entre trouver des rames ou ta voie ferrée
à moins que tu ne préfères la déambulation
d'un jour d'automne.
mais pas très loin,  juste on tourne au coin et ça va comme ça
pour aujourd'hui.

 Toute ébouriffée sous ses cheveux gris
elle est au taquet et belle de flaques ma rue
et pour la majorité des soldats et consorts
-inconnue-
oubliée,
perdue...
depuis déjà au moins  une palanquée d'années
et pas trop mal  recouverte depuis.

Pourvu que ça dure.





jeudi 5 novembre 2015

choisir nos régions et réunifier la Bretagne!





CHOISIR NOS REGIONS ET...

Rassemblement le 8 novembre à 10h Pont Eric Tabarly à Nantes
DIMANCHE 8 NOVEMBRE

À 10 HEURES

PONT ERIC TABARLY À NANTES

RENCONTRE ENTRE LES CANDIDAT-ES
ET LEURS SOUTIENS
« CHOISIR NOS RÉGIONS ET RÉUNIFIER LA BRETAGNE »
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