samedi 28 février 2009
l'élysée comme si on y était ..ou presque
vivre et mourir
Ben dis-donc! robert,
vendredi 27 février 2009
renaissance
jeudi 26 février 2009
y'a bon bwana
MON ILE PAPILLON AU CŒUR DE VOLCAN
Crie et hurle ta souffrance
O mon peuple !
Aux sons de voukoum, Akyo et les autres
Qui le ka, dansent.
Mugis et rugis ton indignation,
Vaillant peuple de Guadeloupe volcan,
Devant les agissements turpides de nombre de tes élus
Qui n’ont pour toute ambition ,
Que d’assurer les mandats à prendre ou déjà acquis,
Tandis que certains autres,
En s’abritant derrière les légitimes
Revendications contre la cherté de la vie,
Dans l’ombre,
Combinent en caressant leurs désirs de se passer de,
Ou pire encore,
De Forcer ton droit de libre choix,
Sur le changement du statut politique régissant ton île !
Gronde peuple de Guadeloupe Papillon
Superbe île volcan
Qui depuis trop longtemps croule,
Sous l’exploitation et les profitassions !
Mais, tout en brandissant tes revendications,
En tous points, saches malgré tout, garder raison !
Lève toi de ta léthargie, masse mélangée imbriquée et parfaite
D’hommes et de femmes de lignées issues tant de :
Ignace, Delgrès que Lafayette et la Mulâtresse Solitude et,
En déboulées rythmées et bien ordonnées,
Tes droits, en réclamant , chante et Danse !
O ma Guadeloupe éternelle,
Extirpe enfin de ton âme à vif écorchée,
Tes grandes douleurs, depuis trop de siècles,
Accumulées !
Excise de ton imaginaire populaire,
Les séquelles-héritage de l’esclavage qui,
En alourdissant injustement et, inutilement ton présent,
Vers des horizons nouveaux, plus sereins, plus radieux,
T’empêchent en peuple mur, d’avancer ,
Tout en conservant intact dans ta mémoire collective,
Pour transmission aux générations futures,
L’exactitude et l’inhumanité des faits de ton histoire !
Crie et hurle ta peine, ton indignation et ton refus
Pour ta jeunesse, ta force vive, ton devenir que,
Encore au vingt et unième siècle,
par la drogue, le chômage, la désespérance et la ségrégation,
En silence feutré et lumières tamisées, l’on assassine !
Que les pas des milliers de tes enfants martelant les rues,
En chantant « la Gwadloup sé tan nou »
Et la voix de tous les autres qui à eux, de cœur sont unis ,
Tout en apportant les nouvelles
A nos, pères, mères, frères et sœurs ,
Pour l’éternité, couchés à deux mètres sous terre,
Explicitent enfin ce que depuis si longtemps, certains crient
Et que les profitants ne veulent point entendre :
Mieux vaut mourir libres et dignes,
Que de vivre exploités et méprisés !
Crie et hurle ô mon peuple,
Ton refus du chômage, de l’indigence,
La mendicité, la « captivité électoraliste » ou la carrière de R.M-iste
Que l’on offre pour seules perspectives d’avenir,
A des milliers des tiens, tes anciens et à tes enfants en devenir ;
Sous le regard complaisant de l’Etat lointain et paternaliste qui,
Trop souvent sur le terrain,
Est absent ou inerte pour être réellement efficace,
Tant dans le choix, l’adaptation, l’application que,
Dans les contrôles de lois justes et conformes,
A la constitution et aux réels intérêts supérieurs de la nation,
Devant régir dans son ensemble,
Un Etat de droits en perpétuelles évolutions !
Fulmine et éructe à la face du monde, île volcan,
Pour que les oreilles de la France
Viennent enfin à entendre,
Le cri de tes multiples et riches composantes
Qui gémissent de désespérance,
Devant leurs droits, leurs capacités et leur dignités, reniées ou bafouées et,
Leurs perspectives d’avenir, aux pieds, foulées,
Par le règne des combines et de la rapacité
Tant de ceux qui, une fois les richesses produites,
Ne veulent et ne savent équitablement les partager,
S’accaparant de la presque totalité,
En ne laissant que les miettes à ceux qui,
De leurs mains et, avec leur sang,
Leurs forces et leurs sacrifices, les ont crées !
Que de tous ceux aussi qui, sans vergogne,
T’affublent à tort, du qualificatif de danseuse de la France,
Alors que, conditionnés et aveuglés,
ils ne voient pas ou feignent de ne pas comprendre et admettre que :
Avec les autres entités de l’outre-mer,
Vous constituez en fin de compte, pour la France et l’Europe,
Une immense et enviable chance
D’être en toute légalité, implantées sur les cinq continents,
Les rendant par là,
Détentrices et bénéficiaires de grandes possibilités,
Et de richesses inépuisables et non négligeables des diversités !
Crie et hurle de joie ô mon peuple
Qui pour la première fois de ton histoire,
Dans un inévitable, violent et salutaire choc de légitimités,
Tant que par l’intermédiaire d’une si longue et massive mobilisation,
Que par ta discipline, ton unité et ta détermination,
A su éviter que, sur ton sol, pas une goutte de sang,
de part et d’autre, ne soit versée !
Danse, crie, hurle et Fulmine,
Peuple de Guadeloupe volcan !
Saisis et branle en cadence, une fois pour toute ,
Le cocotier des profiteurs et exploiteurs !
Puis, en kombites et lyannaj dignes et unifiés,
En toute équité, avec l’ensemble des tiens, à l’aune de l’égalité,
Partage les fruits qui viendront à tomber !
Crie et hurle ô chaud et pacifique peuple,
Composite et métissé,
Que face aux injustices,
Les risques et menaces des balles de l’oppression,
La poitrine de tes enfants ,
En guise de bouclier tu offres,
Pour la défense et la sauvegarde
De tes espérances en un avenir plus juste pour,
Sans distinction de race, couleur ou origine, chacun des tiens !
Crie, hurle, mugis, rugis, chante et danse
Peuple de Guadeloupe volcan,
Sur les sons et rythmes de voukoum, akyo et tous les autres qui ,
sous l’apparence de défilés carnavalesques,
Riches et épicés en chants, couleurs, races, rires et dignité
Et revêtant une grande empreinte de solennité
Qui prend date dans le film sans fin et troublé de ton histoire,
T’ont permis de dire sans peur et sans violence en investissant la rue,
L’existence et l’inacceptation de trop de négatives différences et d’injustices,
Sur cette portion de terre en Amérique, incluse,
Au sein de l’Etat de droits qu’est la France
Puissent enfin tes pas, le ka et ta voix,
En rythmes synchronisés,
Au monde entier et, surtout à la France affirmer,
Que jamais plus, tu n’accepteras pour toi et pour quiconque,
Sur un sol nourricier, voir continuer à se perpétuer
Les situations héritées de l’ère esclavagiste,
Avec leurs cortèges d’exploitation,
De profitassions et de condamnation de femmes, d’enfants et d’hommes,
A la mendicité, l’indigence, la perte de dignité
Alors que le monde est en mouvement de recherche,
De sauvegarde et de l’universalisation des vraies valeurs que sont :
La justice, l’égalité, la liberté, la fraternité et que,
Tes hommes et femmes imprégnés,
De ces principes et droits inaliénables,
affirment que :
Le jour où ils devront se mettre à genoux,
Par le créateur de l’univers,
N’a pas encore été planifié !
Pour tout cela, en te servant de tes souffrances
Qui au prix de grands sacrifices
Tu transcendes,
Crie, hurle, chante, marche et danse
ô « peuple-mur » de Guadeloupe,
Mon île papillon au cœur de volcan ,
Que la Guadeloupe est à toi et non à eux !
Et que sur elle ne sera fait
Que ce que toi, en peuple majeur et souverain , tu décideras,
Et ce, seulement quand tu le voudras !"
K.L BARBEU -texte publié sur le site du LKP
mercredi 25 février 2009
l'isle aux moines
la notion pelliculaire
et pour le clap de fin:
mardi 24 février 2009
merci facteur
Le tribunal rendra sa décision le 10 mars. Deux mois de prison avec sursis et une amende de 600 euros ont été requis hier à l'encontre de Sami Benméziane, jugé pour s'être « rebellé » lors de son arrestation en juin 2008. L'instituteur d'Indre, qui participait à « l'occupation pacifique » de l'inspection académique contre les réformes Darcos, aurait alors tordu le petit doigt d'un policier lors de l'évacuation musclée du bâtiment.
Hier après-midi, le tribunal a dû se faire sa propre idée, en visionnant vidéos et extraits de reportages télé. On y voit une foule compressée, dans la touffeur d'un couloir exigu, avec en fond sonore les roulements de tambour et percussions de trois manifestants. « Comme beaucoup, j'étais scandalisé par la brutalité de l'évacuation, et j'ai crié mon mécontentement », se rappelle le prévenu à la barre. « Mais, à aucun moment, je n'ai eu de geste délibérément violent à l'encontre des policiers. » S'ensuit alors un débat sémantique avec le procureur, sur la conception d'une « opposition active », que devra trancher le tribunal. A l'extérieur du palais de justice, plus de 700 enseignants et parents d'élèves font le pied de grue. « On aurait tous pu se trouver à la place de Sami », est convaincu Thierry Flora, professeur des écoles à Saint-Nazaire, qui participait à l'occupation de l'inspection académique. « Avec ce procès, il y a aussi volonté de faire croire à l'opinion publique que les gens qui manifestent sont de dangereux criminels, qu'il ne faut pas les fréquenter. » Au total, comme Thierry, 15 % des enseignants des écoles primaires publiques de Loire-Atlantique étaient en grève pour soutenir Sami Benméziane. "
Laure qui pense à tout nous propose quelques équipements pour les prochaines manifs
un cheveux humain peut supporter un poids de 3 kg.
le pénis d' un homme représente - en moyenne - 3 fois la longueur de son pouce.
l' os de la hanche est plus solide que le ciment.
le coeur d' une femme bat plus vite que celui d' un homme.
il y a environ mille milliards de bactéries sur chacun des pieds.
les femmes clignent des yeux 2 fois plus souvent que les hommes.
la peau d' un humain pèse 2 fois plus que son cerveau.
le corps utilise 300 muscles juste pour se tenir en équilibre debout
les femmes ont déjà fini de lire ce message.
les hommes sont encore en train de mesurer leur pouce ..." voilà c'est dit et il nous propose également un site...heu.... que voici
tu t'es vu quand t"as lu?
lundi 23 février 2009
c'est lundi aujourd'hui
dimanche 22 février 2009
vu de là-bas
"Mes chers amis
Nous sommes en grève générale depuis le 05.02.09, rien n'avance car la grande distribution et le gouvernement n'en ont rien à foutre de nous.
Beaucoup de nos compatriotes métropolitains nous crachent dessus sur les forum du figaro, de libération, du monde en nous traitant d'assistés, en disant que nous ruinons la métropole par nos attitudes de tous les jours...
Perso, je suis enseignante et malgré mes 40% de plus je ne peux même pas faire un prêt immo de plus de 110 000€ qu'achète t-on avec ça ?? un studio ?? lol
Quand je fais des courses pour le mois en prenant quelques produits frais et les moins chers..... que de la viande congelée, des pâtes du riz; quelques yaourts je suis à 400€ de courses environ.... l'essence c'est 300€ par mois en sachant que je bosse à côté de chez moi et que je monte seulement 1/semaine chez mes parents qui habitent à 40km.....
Un exemple édifiant : le gros pot de nutella nous coûte 7,50€ oui !!! j'en passe les meilleurs !!
Nous ne grévons pas par complaisance mais par nécessité.... contrairement à ce qui est dit sur les forums, beaucoup de métros sont dans la rue tous les jours pour manifester leur mécontentement et la détresse dans laquelle nous sommes....
La désinformation faite sur les chaînes de télé française est hallucinante... nous sommes tous les jours plus de 10 000 dans les rues sachant que l'essence est rationnée et que certains ne peuvent pas venir manifester..... notre manifestation est pacifiste, il en est de même en Guadeloupe, or les crs ont chargé en traitant les manifestant de "sale nègre" !! Oui il y a eu des jets de pierres, mais je pense que vous ne seriez pas non plus restés là sans bouger à prendre des coups..... Pourquoi la réponse du gouvernement à nos revendications est elle la répression ??
Pourquoi la grande distribution qui fait des marges énormes, revient-elle aujourd'hui sur l'accord et déclare ne pouvoir baisser de 20% les prix que sur 54 familles de produits (dans lesquels seront pris en compte 0 à 3 produits) en mettant en avant que les magasins et grandes surfaces feraient faillite s'il fallait baisser de 20% 100 familles de produits.... le litre de lait candia coûte 1,50€ alors je pense qu'on peut baisser ce prix de 20% pour permettre aux gens de s'en sortir....
Même la caf et le rmi et le smic ne sont pas les mêmes qu'en métropole !!
Vous le découvrez sans doute mais beaucoup de chaînes tété en parle : itélé, lci, c dans l'air etc...... tf1, france 2 s'emploient à faire de la désinformation, même rfo martinique (ils ont pr obligation d'envoyer les reportages en métropole avant de les diffuser donc ils ne diffusent plus rien).
Certes nous avons fait des erreurs, surtout en matière de tourisme, je trouve ça dommage..... mais faut-il nous laisser là, comme le fait le gouvernement ??
Qu'est ce que cela leur coûte d'instaurer un contrôle, et d'obliger la grande distribution de s'aligner sur la continuité territoriale ??
Ne laissez pas ce mail pourrir sur votre boîte mes amis, je vous le demande par amitié et par solidarité, transférez-le à vos amis pour qu'ils sachent qu'on grève parce qu'on se moque de nous, de nos valeurs, de nos besoins.....
je vous donne rdv sur http://www.bondamanjak.com/ ou encore http://collectif5fevrier.blogspot.com/ pour avoir les bonnes infos...
Cette grève est née d'un ras le bol de la classe moyenne et "pauvre" de la martinique :
- enseignants
- employés
- petits commerçants
etc....... il y a parmi eux toutes les races puisqu'on parle de problème de race sur les chaînes télé.... je suis dans la rue et je les vois tous chanter comme moi, alors sincèrement il n'y a pas de problèmes de races !!
Je vous fais confiance et je sais que vous ne nous laisserez pas tomber !!
Eliette Pennont
Enseignante - Gréviste
tag à croire
et on la publie sur son blog...Voilà, bon ben c'est sur, que ça risque pas de gagner un prix au festival de la photo de saint andré des eaux, mais bon j'ai joué le jeu, c'est bien la sixième- et les pellicules sur le cliché c'est juste qu'il tombait un peu de neige- quoi! c'est flou! E!h oh! un! bon! C'était le matin, chez nadine et enriqué, dans le nord aveyron et je l'ai prise de la terrasse où je me gelais les cacahouettes, c'est ptêt pour ça le flou, ou alors y'avait du brouillard un peu aussi, en tout cas c'était très beau-(en nature s'entend)- Mais comptez pas sur moi pour vous donner l'adresse, c'est paumé et c'est tant mieux comme ça! tabernacle! Bien après dans le ptit jeu, faut également tagger 6 autres bloggeurs (tagger des bloggeurs dame! si on m'avait dit y'a 20 ans que je causerais un jour comme ça...) et là, ça me gène un peu, jsuis timide moi, et j'veux pas déranger...et si ça se trouve ils ont déjà donné ou ils aiment pas ça! et puis comment ils vont savoir? Ah faut ptêt qu'ils viennent chez moi et si c'est pas le cas hein(g) ben ils sauront pas...et! y'a pas mort d'homme non plus, c'est pas comme avec les 500 euros... allons respire et je refile le bébé à: marie, karregwenn , que ma joie demeure , damon fishturn (et là comme on dit "y'a pas photo" -humour-) et enfin sophie - vous en faîtes "comme voulez bon vous semble", moi! ça m'a fait plaisir de mettre un lien vers votre blog et c'est déjà ça!
samedi 21 février 2009
sur la route du macabou
du poétique en politique
Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion
« il n’y a jamais eu de peuple ici »,
le peuple qui manque est un devenir, il s’invente,
dans les bidonvilles et les camps, ou bien dans les ghettos,
dans de nouvelles conditions de lutte auxquelles un art nécessairement politique doit contribuer »
Gilles Deleuze, L’image-temps
"Cela ne peut signifier qu’une chose :
non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir,
mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes."
Aimé Césaire, Lettre à Maurice Thorez.
"C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime. Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui, jusqu’alors, s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle, à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales…
Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj - qui est d’allier et de rallier, de lier, relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé - est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes se rapetissent et se condamnent.
Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair, le prosaïque), et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair, le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre pour vivre, tout comme le vivre pour soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner à vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires - non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d’épuration éthique » (entendre : désenchan-
tement, désacralisation, désymbolisa-tion, déconstruction même) de tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation antisociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.
Alors quand le « prosaïque » n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire, nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les « produits de première nécessité » d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité ».
Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie.
Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ?
C’est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grande scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s’obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses. L’imbroglio des pseudo-pouvoirs région-département-préfet tout comme cette chose qu’est l’association des maires ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, toute victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudo-pouvoirs.
Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux sous-traitances. La question béké et des ghettos qui germent ici où là est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement… Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi… La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouvent l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat, mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « marché » et par tous ces mécanismes que crée un nuage de voracités (donc de profitations nourries par « l’esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer ne sauraient endiguer.
Il y a donc une haute nécessité à nous vivre Caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser Américains pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production seraient des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » - chefs d’entreprise, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes - incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.
Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.
On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement.
On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout-automobile.
On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous.
On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile…) ne saurait ni ne pourrait y résister.
Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi.
Là aussi, il nous faut déterminer la haute nécessité.
Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main-d’oeuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main-d’oeuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.
Quant à l’idée du « plein emploi », elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation.
Nous sommes maintenant au fond du gouffre.
Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aideront à transformer la valeur travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement…
Il s’envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ».
Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création - créaconsommation.
En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.
Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans « manman » de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture… Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et des collèges, des universités et de tous les lieux de connaissance et de formation… Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du tout-monde… C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire… C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes…
Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre ensemble ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain.
Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise, guadeloupéenne, guyanaise, réunionnaise, nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau.
Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.
An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.
Nous appelons donc à ces utopies où le politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète…
Alors voici notre vision :
Petits pays, soudain au coeur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés postcapitalistes, capables de mettre en oeuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant…"
- Ernest Breleur, artiste plasticien.
- Patrick Chamoiseau, écrivain.
- Serge Domi, sociologue.
- Gérard Delver, écrivain.
- Édouard Glissant, écrivain.
- Guillaume Pigeard de Gurbert, professeur de philosophie.
- Olivier Portecop, directeur du centre de ressources informatiques (université Antilles-Guyane).
- Olivier Pulvar, maître de conférence à l’université Antilles Guyane.
- Jean-Claude William, professeur de science politiques à la faculté de droit de Martinique.