"Il y a partout dans les campagnes de ces endroits qu’on appelle le bout
du monde, qui vous laissent croire à une imminence de l’infini. C’est
une route vers le haut de sa côte, une arête de rochers à l’horizon, un
plan de cailloux vibrant comme un plateau de balance où se pèsent des
tonnes de soleil concassé. Chacun, en outre, a fait de bonne heure sa
propre expérience dans ce domaine : dans le couloir d’un appartement, au
coin d’une rue, tout au fond du jardin sous les petites dragées de
l’ortie blanche, partout. Car le monde à vrai dire n’est fait que de
bouts du monde, mais il faut de l’entraînement pour s’en rendre compte
et s’y accoutumer."
Jacques Réda
"La grande famille universelle des humains est une utopie digne de la logique la plus médiocre."
"Je crois qu'on ne peut pas rester lucide et croire en Dieu"
Boris Vian
"Une intrigue lente, enchevêtrée, toute en nuances, où évoluent des personnages dont, comme souvent dans la vie, les mobiles profonds nous échappent; pleine de notations psychologiques subtiles, et baignant dans un lyrisme mélancolique qui fait une aussi large place au sentiment de la nature qu'à celui de l'impermanence des choses et de l'imprévisibilité des êtres."
"Ce sera par un jour d'automne
avant que le froid ne revienne
Nous franchirons toutes les haies
et traverserons la ville
avant que sur la plaine brûlée
ne se ferment les logis humains
Nous irons à deux vers l'ouvert
ouverts à ceux qui comme nous
rient et pleurent, comme nous portés
par le souffle qui ici nous lie
Souffle aussi ardent qu'un rayon
que le soir ne résorbe point
qui parmi tant d'ailes trouant le ciel
de feuilles ensanglantant le sol
sera seul à tout prendre encore
Seul à prendre de court la mort."
François Cheng
"La politique oscille ainsi entre deux pôles, soit qu’on la trouve
politicienne et sale, soit qu’on la trouve idéaliste et un peu ridicule.
On n’a jamais trop envie d’y croire, mais on n’a pas non plus envie de
lui laisser croire qu’on n’y croit pas, ça la rendrait trop dangereuse."
"Il y a le temps qui passe Il y a ta voix, il y a ton sourire Que je me remémore, comme ça Soudain Sans avertir J'te vois je crois je crois qu'je te vois
Il y a toute la peine Qui reste J'essaie d'en faire une danse Que je pourrais offrir comme ça Une jolie révérence Je reste là, au plus près de toi
Et tu voles, au-dessus de nous Ton envol, il est libre et doux Après tout là tout près du ciel Et tu voles, au-dessus de tout Tu es l'oiseau, vois comme c'est beau C'est ton cœur, dans le projecteur
Il y a ton absence Qui pèse lourd, ça dépend des jours Mais toujours ton regard posé sur moi C'est une chance Une histoire d'amour et tous les beaux jours
Et tu voles, au-dessus de nous Ton envol, il est libre et doux Après tout là tout près du ciel Et tu voles, au-dessus de tout Tu es l'oiseau, vois comme c'est beau C'est ton cœur, dans le projecteur
l'enfer serait donc le lieu où l'on comprend, où l'on comprend trop."
Emil Cioran
"Au fond de chaque chose un poisson nage.
Poisson, de peur que tu n'en sortes nu
je te jetterai mon manteau d'images.
Lanza del Vasto
"Mais, on est là, mais on est là
Oulalala......
" Il est d' USAGE de brûler des pneus pendant les manifestations cela
permet d'en signaler a grande distance, avec le panache noir, la
présence .
Ce que beaucoup négligent ou ignorent (?) c'est que ces particules sont
du noir de carbone fabriqué spécialement pour cet usage: il a été
mélangé au caoutchouc pour le renforcer.
Le caoutchouc brûle et libère le noir de carbone. Il contient une très grande quantité de particules fines et ultra fines générant une pollution qui est bien PIRE que celle d'un feu de bois.
Les feux de matières plastiques libèrent aussi des poussières de carbone. Remarque si vous brûlez du plastique et que vous voyez une fine frange verte dans la flamme
cela signifie que c'est du Chlorure de Polyvinyle et qu'il se dégage du
gaz acide chlorhydrique (sitôt qu'il rencontrera de l'humidité il
formera des gouttelettes d'acide.
Accessoirement le caoutchouc des pneus contient du SOUFRE dont l'incinération formera du Dioxyde de soufre gaz suffocant acide.... Conclusion on peut AUSSI se préoccuper d'environnement et de santé pendant les manifestations."
" L’Histoire n’est pas un fil rouge tendu entre le passé et le présent mais un élastique.
Si vous l’étirez vers une seule vérité , il vous revient à la figure » …."
Franck Pavloff
"Je ne veux pas gagner ma vie, je l'ai."
Boris Vian extrait de: "L'écume des jours".
" Personne n'est propriétaire du bonheur, on a parfois la chance d'avoir
un bail, et d'en être locataire. Il faut être très régulier sur le
paiement de ses loyers, on se fait exproprier très vite."
Marc Lévy
"Chaque jour il faut danser, fût-ce seulement par la pensée."
"Un être vivant ne peut alors se réduire à sa seule structure visible. Il représente une maille du réseau secret qui unit tous les objets du monde."
François Jacob extrait de: "La logique du vivant".
« ...il faut bien considérer comme le résultat d'un bricolage cosmique
ce qui reste à la fois le problème le plus déconcertant et le conte le
plus étonnant : la formation d'un être humain ; le processus qui, par la
fusion d'un spermatozoïde et d'un ovule, met en route la division de la
cellule-oeuf, qui devient deux cellules, puis quatre cellules, puis une
petite boule, puis un petit sac. Puis, quelque part, dans ce petit
corps en croissance, s'individualisent quelques cellules qui se
multiplient jusqu'à former une masse de quelques dizaines de milliards
de cellules nerveuses. Et c'est grâce à ces cellules qu'il devient
possible d'apprendre à parler, à lire, à écrire et à compter. C'est avec
ces cellules qu'il est possible de jouer du piano, de traverser une rue
sans se faire écraser, ou d'aller faire une conférence à l'autre bout
du monde. Toutes ces capacités sont contenues dans notre petite masse de
cellules, toute la grammaire, la syntaxe, le géométrie, la musique. Et
nous n'avons pas la moindre idée sur la manière dont tout cela se
construit. Pour moi, c'est l'histoire la plus étonnante qu'on puisse
raconter sur cette Terre. Beaucoup plus étonnante que n'importe quel
roman policier ou de science-fiction. »
François Jacob extrait de: "Le jeu des possibles-essai sur la diversité du vivant".
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"L'homme se tient debout sur ses pattes de derrière pour recevoir moins de pluie et pouvoir accrocher des médailles sur sa poitrine."
Jean Giraudoux
Monsieur le Ministre,
C’est chez mon ami Jules Dupré, à l’Isle-Adam, que j’ai appris
l’insertion au Journal officiel d’un décret qui me nomme chevalier de la
Légion d’honneur. Ce décret, que mes opinions bien connues sur les
récompenses artistiques et sur les titres nobiliaires auraient dû
m’épargner, a été rendu sans mon consentement, et c’est vous, Monsieur
le Ministre, qui avez cru devoir en prendre l’initiative.
Ne craignez pas que je méconnaisse les sentiments qui vous ont guidé.
Arrivant au ministère des beaux-arts après une administration funeste
qui semblait s’être donné à tâche de tuer l’art dans notre pays, et qui y
serait parvenue, par corruption ou par violence, s’il ne s’était trouvé
çà et là quelques hommes de cœur pour lui faire échec, vous avez tenu à
signaler votre avènement par une mesure qui fit contraste avec la
manière de votre prédécesseur [le maréchal Vaillant, ministre de la
Maison de l’empereur et des beaux-arts]. Ces procédés vous honorent,
mais permettez-moi de vous dire qu’ils ne sauraient rien changer ni à
mon attitude, ni à mes déterminations.
Mes opinions de citoyen s’opposent à ce que j’accepte une distinction
qui relève essentiellement de l’ordre monarchique. Cette décoration de
la Légion d’honneur, que vous avez stipulée en mon absence et pour moi,
mes principes la repoussent. En aucun temps, en aucun cas, pour aucune
raison, je ne l’eusse acceptée. Bien moins le ferai-je aujourd’hui que
les trahisons se multiplient de toutes parts, et que la conscience
humaine s’attriste de tant de palinodies intéressées. L’honneur n’est ni
dans un titre, ni dans un ruban : il est dans les actes, et dans le
mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constitue la
majeure part. Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma
vie : si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le
signe.
Mon sentiment d’artiste ne s’oppose pas moins à ce que j’accepte une
récompense qui m’est octroyée par la main de l’État. L’État est
incompétent en matière d’art. Quand il entreprend de récompenser, il
usurpe sur le droit public. Son intervention est toute démoralisante,
funeste à l’artiste, qu’elle abuse sur sa propre valeur, funeste à
l’art, qu’elle enferme dans des convenances officielles et qu’elle
condamne à la plus stérile médiocrité. La sagesse pour lui est de
s’abstenir. Le jour où il nous aura laissés libres, il aura rempli
vis-à-vis de nous tous ses devoirs.
Souffrez donc, Monsieur le Ministre, que je décline l’honneur que vous
avez cru me faire. J’ai cinquante ans, et j’ai toujours vécu libre.
Laissez-moi terminer mon existence, libre ; quand je serai mort, il
faudra qu’on dise de moi : celui-là n’a jamais appartenu à aucune école,
à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à
aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté !
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, avec l’expression des sentiments
que je viens de vous faire connaître, ma considération la plus
distinguée. Gustave Courbet.
" C'est la mort d'une espèce qui est grave. L'individu, lui, est condamné."
Jean-Marie Pelt
" Depuis le début de la révolution industrielle, la quantité de
combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) brûlés par
l’homme a ajouté quelque 365 milliards de tonnes de carbone à
l’atmosphère. La déforestation en a fourni 180 milliards de tonnes
supplémentaires. Chaque année, nous en rejetons dans l’air environ 9
milliards de plus, une quantité qui s’accroît de 6 % annuellement, ce
qui est énorme. Il en résulte que la concentration de gaz carbonique
dans l’air aujourd’hui (un peu plus de 400 parties par million) est plus
élevée qu’elle ne l’a jamais été au cours des 800 000 dernières années,
et même très probablement au cours des derniers millions d’années. Si
la tendance actuelle se maintient, la concentration de CO2 dépassera, en
2050, 500 parties par million, soit environ le double de son niveau à
la période préindustrielle. On s’attend à ce que cet accroissement
conduise à une élévation de la température moyenne sur la planète de 2 à
4 degrés Celsius, ce qui déclenchera toute une série d’événements
modifiant la géographie du globe, par exemple la disparition de la
plupart des glaciers restants, l’inondation des villes côtières et des
îles dont le relief dépasse peu le niveau de la mer, ainsi que la fonte
de la calotte polaire arctique. Mais ces événements ne représentent que
la moitié de l’histoire en train de s’écrire. Les océans couvrent 70 %
de la surface de la Terre, et partout où l’eau et l’air entrent en
contact, des échanges se produisent. Les gaz de l’atmosphère sont
absorbés par l’océan, et les gaz dissous dans l’océan sont libérés dans
l’atmosphère. Lorsque les deux phénomènes sont en équilibre, les
quantités absorbées sont grosso modo identiques à celles qui sont
libérées. Si on change la composition de l’atmosphère, comme on est en
train de le faire, l’échange se déséquilibre : la quantité de gaz
carbonique entrant dans l’eau devient supérieure à celle qui s’en
dégage. Autrement dit, l’homme ajoute sans cesse du CO2 à l’eau des
océans, à la manière des évents évoqués plus haut, mais cet ajout
s’effectue depuis le haut et non plus par le bas, et ce, à l’échelle de
la planète. En 2014, les océans ont absorbé 2,5 milliards de tonnes de
carbone, et, en 2015, on s’attend à ce qu’ils en absorbent encore la
même quantité. Chaque jour, chaque citoyen américain injecte, en fait,
un peu plus de 3 kilos (près de 7 livres) de carbone dans la mer. En
raison de cette accumulation de CO2 dans les océans, le pH de leurs eaux
de surface a déjà baissé, passant d’une moyenne de 8,2 à 8,1. De même
que l’échelle de Richter (pour les séismes), l’échelle des pH est
logarithmique, ce qui signifie qu’une minuscule variation numérique
représente un très grand changement dans l’environnement. La diminution
de 0,1 point de pH signifie que les océans sont maintenant 30 % plus
acides qu’ils ne l’étaient en 1800. En admettant que l’homme continue à
brûler des combustibles fossiles, les océans continueront à absorber du
gaz carbonique et à s’acidifier de plus en plus. Si les émissions de CO2
restent inchangées (scénario du « on continue comme d’habitude »), le
pH de la surface des océans descendra à 8,0 d’ici 2050 et à 7,8 à la fin
du XXIe siècle. À ce stade, les océans seront 150 % plus acides qu’ils
ne l’étaient au début de la révolution industrielle."
Elizabeth Kolbert extrait de: "La 6e extinction"
"Il faut sortir de l'idée que pour exister il faut produire et consommer."
Cyril Dion
"Que crève le capitalisme, mes amis ! Que crève cette baudruche immonde,
ce monstre stupide, cet ivrogne insatiable, ce meurtrier insensible, ce
violeur impénitent, cette ganache ventripotente, ce concept délirant,
cette histoire subclaquante, mais oui, qu'il crève, ce fatum puant, ce
cauchemar de toxicomane, qu'il disparaisse, le capitalisme, corps malade
éventré des plaies de la Terre, ver immonde qui ne survit que de
l'anéantissement de la vie, tumeur métastatique, élixir trompeur des
rêves impossibles, virus mortifère, gredin, chenapan, criminel, boudin
gras et suintant, bulldozer métallique et sans pitié, cyber caché et
pervers, qu'il crève, et que vivent les sans-abri, que dorment les
sans-logis, que se rassasient les affamés, que coure le léopard, que
transpire la jungle, que sourie la mère, que vive enfin le monde, que
l'horizon s'éclaire, que la lumière revienne, que se lève un avenir qui
ne serait pas de catastrophe, de chaos, d'étouffement, de lutte pour une
survie misérable, que vive enfin l'humanité libérée des rets
tentaculaires de l'argent qui veut décider de tout.
"
Hervé Kempf
MOSCOU AUJOURD'HUI:
" Il suffit de jeter un coup d’œil aux affiches et aux répertoires des
théâtres pour voir que de nombreux spectacles sont reportés sine die. “Bientôt on n’aura que des femmes pour monter sur scène”,
ironisent certains directeurs. Un miroir de l’époque shakespearienne où
les hommes jouaient les personnages féminins. Seuls certains théâtres
municipaux dont les metteurs en scène sont proches du pouvoir pourront
peut-être obtenir l’annulation de la mobilisation de leurs comédiens…"
Zoïa Zvetova Journaliste-écrivaine russe vivant à Moscou invitée comme jury au prix Bayeux des correspondants de guerre
Fabienne Raphoz extrait de: "Ce qui reste de nous"
"Comment traduire "avec dextérité" en langue oiseau, plus agile du bec que de la main droite?"
Fabienne Raphoz extrait de: "Parce que l'oiseau"
"[... ] l'oiseau a été dans l'histoire du lyrisme une sorte de champ de bataille, le sujet d'un affrontement qui ne le concerne pas (il n'a rien demandé!) entre des idées très différentes de la poésie et de ce qu'on peut en attendre.
Aujourd'hui, il interroge le poème sur sa propre portée dans un monde asphyxié, sur ce qu'il est capable d'y déposer à son tour. Cest là, pour les poètes, bien plus que le rappel à un motif privilégié ou l'occasion d'éprouver l'harmonie de leur propre musique: c'est l'occasion (l'exigence) de renouer avec une véritable vocation écologique."
Marielle Macé extrait de: "Une pluie d'oiseaux"
"Que l'on évoque le nom de la cité navale, surgissent des tréfonds de la mémoire collective à la conscience publique les images de navires gigantesques parcourant les océans;
Certains audacieux précisent même: les plus grands du monde.
Ce monde industriel est bien là!
Mais il n'occulte en aucune manière la poésie des lieux, la singularité du site ou l'univers de la mer flirte avec celui de la terre. L'architecture des paysages est taillée, ciselée avec le talent d'un orfèvre.
Des tableaux insolites surgissent, joyaux uniques, bucoliques, sertis dans leur écrin naturel aux parures multiples; ils s'animent, tissent le fil de l'horizon en reliant hier, aujourd'hui et demain."
Jean-Yves Bellego extrait de: "Voyage en presqu'île guérandaise- Saint-Nazaire-
Les monstres marins s'exhibent sur la promenade des américains:
Ces mondes et leurs histoires se mélangent, se bousculent, s'interpellent
et s'ignorent tantôt
ou se rejettent
la faute.
Ces mondes s'imbriquent à merveille et... adviennent que pourra.
Ils sont faits de fierté, d'orgueil, de superlatifs et de sauve qui peut.
La démesure s'acoquine avec les fantasmes et les interprétations.
Chacun fait ses comptes mais les calculs ne sont jamais les mêmes.
Ils sont la rançon de personne et de tous,
des hauts,
des beaux parleurs, et des sans voix ni lois d'airain.