De ce côté-ci du pont, le ciel du jour s'apparente à l'image de notre moi de profundis
CQFD: légèrement tourmenté.
Et en face, me diras-tu
Ne seraient-ils pas logés à la même enseigne?
Tu penses que le fleuve, qui fait si grise mine , aurait réussi à laver leurs doute aux autres les sudistes de la Loire?
Tu crois ça toi?
Hier, c'était journée mondiale de la philosophie.
Et alors?
Ben!
On attend la suite.
De la poudre aux yeux
Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius dit toujours -DASH- lorsqu'il cause des ostrogoths de qui vous savez.... Je me demande si ce léger lapsus n'est pas en relation avec le souvenir de sa maman qui lorsqu'il était encore Lolo lavait ses ptites affaires -et sans déborder s'il vous plait- avec
DASH bien sur.
j'ai lu ceci:
« Pourvu que ce ne soient pas des musulmans »
"Je n’ai réellement pas dormi la nuit du 13 novembre 2015. La première question que se pose toute personne ou presque vivant sur un territoire attaqué, ou du moins le souhait qu’elle formule en premier, est en général « j’espère que je n’ai pas de proches touchés ». Mais moi, la première chose qui me vient à l’esprit, ma première hantise est « Pourvu que ça ne soit pas des musulmans qui ont fait ça ». Pourquoi ? Et bien parce que si c’est le cas, c’est ma vie mais aussi celle de tou-t-es musulman-e-s de ce pays qui va, une fois de plus, basculer comme elle l’a fait tellement de fois, après Mohamed Merah mais également après les attaques de Charlie Hebdo début janvier. Pour moi, c’est le ventre noué que je sors de chez moi, c’est le cœur serré que je regarde la télévision ou lis les journaux. Car l’islamalgame (l’amalgame avec l’islam) se lit en filigrane à travers tant de paroles – quand elle n’est pas, le plus souvent, clairement exprimée. Je me dis que nous allons encore avoir droit à des agressions verbales voire physiques dans la rue, des regards désobligeants dans les transports en commun, et qu’on va encore se donner le droit de me demander de "rentrer chez moi". Il me sera demandé, ainsi qu’à tou-te-s mes concitoyen-ne-s musulman-e-s, de nous désolidariser des personnes responsables de ces attaques, parce qu’on suppose que nos sommes forcément solidaires de supposés coréligionnaires.
Mais dans cette logique, puisque je suis noire, je devrais être responsable et solidaire de tout ce que les Noirs font dans le monde, surtout quand c’est blâmable, car la solidarité n’est en général envisagée que lorsque les actes sont horribles.Je devrais également être responsable et solidaire de tout ce que des femmes font de mauvais dans le monde puisque je suis une femme.
Pourquoi devrais-je être solidaire et/ou responsable ? Tous les hommes sont-ils présumés responsables et solidaires des violeurs ?
Tous les ministres sont-ils présumés solidaires et responsables de Cahuzac ?
Tous les blancs sont-ils présumés solidaires de Breivik ?
De Dylann Roof, le tueur de l’église de Charleston ?
J’aimerais interroger d’autres responsabilités, celles de nos différents présidents de la République dans les différentes guerres qu’ils ont initiées, ralliées ou entretenues, en Afghanistan, en Irak, au Libye, au Mali, au Congo… et la liste n’est pas exhaustive. Deux attentats ont eu lieu à Beyrouth au Liban la veille des attentats français. Combien de morts innocents dans ces pays sont à déplorer ? Qu’en est-il des familles des victimes ?
Je suis fatiguée d’être interrogée, rendue responsable de choses qui me sont complètement étrangères, alors que les vrais responsables ne le sont presque jamais. Pire, ils peuvent même s’en sortir le blason redoré, comme François Hollande après les interventions au Mali, ou encore après le 7 janvier 2015, alors qu’il était au plus bas des sondages. Nous devrions d’ailleurs nous sentir davantage responsables des décisions politiques de ce président de la République puisque nous sommes supposés lui avoir donné son mandat et qu’il déclare des guerres en notre nom – alors que les tireurs de ce vendredi 13 novembre n’ont été désignés par aucun collège électoral musulman.
Comment est né l’État Islamique ?
Qui leur fournit leurs armes ?
Pourquoi des Français s’engagent dans cette armée ? Cette guerre ?
Telles sont les vraies questions que nous devons nous poser, et poser à nos responsables politiques et exiger de vraies réponses pour espérer arriver à bout des ces violences et tueries.
En tant que musulmane, quand un attentat a lieu, c’est une double angoisse qui me traverse : comme tout le monde, je me demande si un membre de ma famille, un-e ami-e, une sœur ou un frère de lutte, un-e voisin-e, est touché-e, mais cette question est systématiquement précédée d’un profond souhait que l’auteur ne soit pas de ma communauté religieuse. Car les conséquences pour moi et pour tou-te-s les musulman-e-s de France seront lourdes sur nos vies, des vies de plus en plus insupportables à mener dans ce pays où l’on ne rate aucune occasion de nourrir l’islamophobie ambiante.
C’est une narration des événements qui me met, qui nous met, à chaque fois, au ban d’une société où nous vivons sans jamais vraiment pouvoir en faire partie. Ce sont des frustrations, des violences intérieures et extérieures qui sont nourries à chaque événement, à chaque occasion, sans qu’on en voie le bout. Car les premières victimes de ces attentats, après évidemment les défunt-e-s et leurs proches (qui sont d’ailleurs musulman-e-s pour une part), ce sont tou-te-s les musulman-e-s ou présumé-e-s tel-le-s, qui vont dans les temps à venir se retrouver, une fois de plus, dans le viseur de la stigmatisation, du soupçon, des représailles aveugles, bref : de la violence raciste."
-Ndella Paye- texte publié le 16 novembre dans: "Les mots sont importants.net"
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