samedi 29 février 2020

une rafale de secondes


[.../...]
Pendant ces mille ans, j'ai appris la terre. M'installer dans un appartement sans un jardin pour me dire les saisons et le rythme des choses, non autant m'emfermer dans une prison.
Il me faut le sol et les plantes, les soins que je leur prodigue, le fruits et les beautés qu'elles me donnent en échange.
Lorsque je voyageais aux quatre coins du monde, je croisais la route de voyageurs étonnants. ils vivaient des aventures mille fois plus palpitantes que les miennes. Une bière à la ,main, ils étaient Sinbad, Gulliver et Kerouac. Le verre vide, ils reprenaient la route, sans se retourner.
Quand parfois, ils revenaient chez eux, ils n'avaient rien à dire, pas grand-chose à faire. Certains essayaient d'aimer, de se fixer, mais non. Bien vite le monde les happait pour les balloter au gré de ses humeurs. Ils étaient des parteurs, pas des reveneurs.
C'est difficile de revenir. De redevenir un être ordinaire alors que la distance vous rend exotique donc remarquable aux yeux des peuples lointains. De voir l'eau couler à flots dans l'évier alors qu'ailleurs, des villages meurent de soif; de voir les poubelles des restaurants débordantes de restes jetés sans respect alors que la faim massacre des populations entières. D'entendre les gens râler parce que le chômage tombe en retard alors qu'au loin, des familles entières vivent les unes à côté des autres le long des rues, avec des enfants qui n'ont jamais vu un toit sur leur tête, qui ne savent même pas que les salles de bain existent. Difficile de ne pas considérer l'Occident comme la planète des enfants gâtés, difficile de ne pas leur en vouloir de tout exiger ans comprendre que notre pays nous offre des miracles.
Recevoir tant et n'éprouver aucune reconnaissance.
Compter tout le temps et partager si peu.
Prendre tout en ne même pas imaginer que la seule manière de réparer une irréparable injustice, c'est peut-être de cultiver le plaisir, afin qu'il s'inscrive dans la balance du monde.
Enfermés en eux-mêmes, les parteurs reprennent la route.
Les reveneurs reprennent leur vie, la façonnent d'une autre manière parce que leur regard a changé. ils repartent souvent, retrouvent la même colère au retour, mais ils la calment parce qu'elle ne mène nulle part. il n'est pas nécessaire d'écrire ou de parler à la radio pour donner ce que le voyage enseigne. porter en soi moins de haine, plus d'émerveillement, c'est ajouter un peu des conscience à l'air du temps. Le voyage n'a aucune utilité si le voyageur n'en fait pas quelque chose. il est une proie que le chasseur ramène à sa meute et sa meute la dévore, s'en nourrit, parfois sans  même le savoir.
Le premier geste du dictateur consiste à interdire le nomade: il bouscule l'ordre établi en semant des miettes d'ailleurs, disperse dans les sociétés qu'il frôle des rêves, des idées, des vérités qui les font grandir, au risque des les transformer.
Le tyran arrête l'espace et le temps.
 Le voyageur leur ouvre la porte.
Je suis persuadée que les voyageurs de ma génération qui pont sillonné les routes du Moyen-Orient et d'ailleurs pendant les années 1970, sans le savoir, ont mené une lutte très efficace contre le racisme. nous allions nous promener dans des pays où vivaient de supposés sauvages. Et lorsque nous revenions, nous racontions: ils sont différents, bien sûr, je ne me vois pas vivre comme eux, mais eux n'ont pas du tout envie de vivre comme moi. leur société est solide et leur façon de penser cohérente, même s'ils ne partent pas des mêmes bases que les nôtres.
Ils ont été gentils? Bien sûr.
Ils m'ont violée? Non, pourquoi?
nous avons été quelques-uns et quelques-unes à nous balader loin, à revenir du bonheur dans le coeur et cela se voyait;
L'idée que l'homme d'une autre couleur de peau est respectable, a grandi dans notre société et, chez beaucoup,le racisme a reculé.
Aujourd'hui, le monde a peur de tout, la moindre différence est une père de repères, alors les faibles
suppriment tout ce qui risque de changer. ils tuent.
Et voilà, j'ai encore pris une rafale de secondes.
Etre vieille, c'est savoir qu'on a vécu une autre époque.
[...]"
Anne-France Dautheville extrait de: "La vieille qui conduisait des motos" Editions Payot











Z'ai bien dansé maintenant:




"Travaille comme si tu n'avais pas besoin d'argent.
Aime comme si tu n'avais jamais souffert.
Danse comme si personne ne te regardait."
Satchel Paig




"La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie; c'est la vie elle-même."
Henry Havelock Ellis




"Mon costume glazik" la suite en entrant dans la danse chez KUB

"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaines d'or d'étoile à étoile, et je danse."
Arthur Rimbaud 


"J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours"

Colette Magny
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
                                                      
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Des nouvelles de la ZAD 
 


z'avions reçu ceci:


Zad – Réaction suite à l’incendie au hangar de l’avenir

communiqué d'habitant.es de la zad suite à l'incendie du hangar de
l'avenir à la ferme de Bellevue.


" Au cours de la nuit du 26 au 27 février un incendie allumé
volontairement a détruit partiellement un appentis dans le « hangar de
l’avenir » sur la ferme de Bellevue. Heureusement, une personne a vu le
départ de feu.  Les pompiers sont intervenus mais il s’en est fallu de
très peu que la charpente principale prenne entièrement feu et que
l’ensemble du bâtiment soit détruit. Des personnes vivent et dorment
juste à côté dans les espaces contigus et auraient pu se trouver pris
dans l’incendie.

Le « hangar de l’avenir » a été construit à la main par des dizaines de
charpentières et charpentiers. Il a été levé comme un défi le 8 octobre
2016, au moment où le gouvernement menaçait de venir raser la zad
quelques semaines plus tard. Des dizaines de milliers de personnes
l’entouraient alors en affirmant qu'elles le protégeraient. Des
centaines de main se sont relayées depuis 4 ans au cours de « chantiers
écoles » réguliers pour achever petit à petit sa construction. Le «
hangar de l’avenir » est un espace qui sert aujourd’hui entre autres à
construire des habitats et infrastructures pour les différents
habitant.e.s et activités de la zad. Grâce à cet espace, le mouvement
maintient aussi une prise en charge collective de la forêt de Rohanne,
empêchant ainsi que cette dernière soit réintégrée dans une
planification forestière classique.

Alors que nous avons arraché ces lieux aux menaces d’expulsion, ce n’est
pas l’État qui a tenté cette fois-ci de détruire les infrastructures
communes mais fort probablement des individus animés par de mauvaises
fables politiques. Il y a un an, le tractopelle qui servait à réaliser
les travaux sur les différents lieux de vie a été incendié. Plus
récemment, des véhicules l’ont aussi été juste devant des maisons alors
que leurs habitants dormaient. Ce nouvel incendie survient alors que des
réseaux sociaux vecteurs de haine diffusent de manière incessante des
récits calomnieux sur la zad post-abandon. Depuis quinze jours, les
réactions suite aux conflits d’usages (causé par des chiens non tenus,
menaces avec arme...) au Rosier sont déformées et montées en épingle en
ce sens.

Des espaces comme le site Nantes Indymedia, se sont employés, au cours
des dernières années et encore très récemment, à relayer divers appels
et commentaires invitant à « brûler la zad » et ses habitant.e.s. Ces «
médias » (1) colportent avec un zèle de procureur un récit diabolisant
et des mensonges factuels sur de soit-disant « traîtres » et « collabos
». Ceci à propos de personnes qui ont résisté durement sur le terrain
face à la répression d’État et ont opté entre les expulsions du
printemps 2018 pour une négociation collective - alimentée par un
rapport de force constant - afin d’obtenir des baux stables sur les
terres, plutôt que de se résoudre à la destruction de l’ensemble des
lieux de vie de la zad. Ces personnes ont tout fait pour que le plus de
lieux habités soient préservés et pour maintenir une communauté large et
hétérogène. Elles ne sont en tout état de cause pas responsables des
choix tactiques différents qui n'ont malheureusement pas permis - face
aux tanks - de faire réellement obstacle à l'expulsion de certains lieux
de vie.

Nous sommes conscient.e.s que la zad est un espace qui a incarné une
telle somme d’espoir qu’elle a aussi engendré des déceptions et des
douleurs. Mais il est temps aujourd'hui de sortir du binarisme stérile
des catégories fantasmées de "légalistes" ou d'"invendus". Les personnes
et lieux de vie que des pamphlets appellent à lyncher, attaquant par là
tout le mouvement pour l’avenir de la zad, résistent encore aujourd’hui
pour continuer à faire de ce territoire un espace de mise en commun face
aux destructions du vivant, de solidarité face au monde marchand,
d’habitats collectifs autoconstruits et une base de soutien aux luttes.
Ce territoire est toujours sous pression mais sans cesser pour autant de
déborder des normes dans lesquelles les institutions voudraient
l’enserrer. Il suffit de passer un peu de temps sur place pour s’en
rendre compte.


Pourtant il apparaît une fois de trop aujourd’hui que certains individus
sont animées par un désir de dégradation vengeur et sortent parfois des
méandres des réseaux sociaux pour le concrétiser lâchement, en se
trompant d’ennemis. Nous sommes profondément affligés, après avoir
défendu la zad pendant des années face à Vinci et à l’État, d’avoir à le
faire aujourd’hui face au nihilisme de certains individus. Nous sommes
atterrés par la complaisance de certains à alimenter de loin des
fictions haineuses, avec toutes les conséquences dramatiques que cela
peut avoir ici comme dans d’autres combats. Nous voulons pouvoir nous
consacrer à nous battre contre les institutions et corporations qui
bousillent la terre et enchaînent les vies plutôt que de devoir se
protéger de personnes qui s’emploient à saboter les rares possibilités
de communauté de vie et de lutte durables.

Nous appelons les multiples personnes et collectifs avec qui nous nous
sommes liés dans ce combat et pour qui l’avenir de la zad a toujours un
sens à la plus grande attention et au soutien. Nous appelons à continuer
à construire un monde désirable sur la zad face à ces nouvelles
attaques.

{Des habitant.e.s de la zad réuni.e.s suite à l’incendie au hangar de
l’avenir.}

(1) Il est nécessaire de clarifier à ce sujet le rôle joué par le compte
facebook « nonaeroportNotreDamedesLandes / zone à défendre de Notre Dame
des Landes». Ce compte qui cherche à maintenir l’apparence d’un compte «
officiel » du mouvement et de la zad est actuellement tenu par une/des
personnes qui n’y habitent absolument pas, qui se targuent d’une forme
d’impartialité, mais dont le parti-pris malveillant ainsi que la
propension à relayer sans aucune vérification mensonges et appels
haineux est largement avérée."


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vendredi 28 février 2020

le temps qui passe sans rien dire


"Métèque, ce mot accolé à tout ce qui n'est pas d'ici, à tout ce qui fait peur, à l'exotisme, à l'aventure, à la méfiance, à la traîtrise, au déracinement, ce mot tranquillement balancé aux visages trop burinés, aux mains calleuses, aux esprits libres, aux athées, aux juifs, aux Noirs, aux métis, aux Arabes, aux étrangers, aux vagabonds, aux clochards, est l'un des plus beaux mots du monde.
C'est un mot qui me console, qui me rappelle que je flotte, que je ne possède que les racines que je me suis dessinées, que j'aurais beau m'accoler une nationalité, visible sur mes papiers d'identité, une langue parfaitement maîtrisée, une vie d'autochtone, je ne serais jamais qu'une métèque.
C'est un mot qui fait peur, métèque, mais c'est aussi un mot de charme.
C'est un mot qui dit l'ailleurs, mais aussi le ver dans le fruit.
C'est un mot qui fait trembler les frontières, les réactionnaires, les conservateurs.
C'est un mot qui pourrait être le synonyme de cosmopolite, mais jusque dans le cosmopolitisme les castes prédominent, et le métèque joue souvent l'intouchable.
C'est un mot qui raconte la honte, le mouvement, la liberté et la solitude.
Métèque, le mot qui dit joliment l'ambition créatrice, les pieds dans la merde et la tête dans les étoiles.
Je suis une métèque, je participe de cette longue histoire de vagabondage, de larmes, de vol, de peur, d'ostracisme, de combat, de pas de côté. C'est ma mémoire et mon futur, c'est le seul lieu qui m'est permis, le seul lieu dont on ne pourra jamais me virer. Métèque est mon identité et ma poésie, ma chair et mon rire, ma force et ma faiblesse.
Faire l'éloge du métèque, c'est dire mon amour des sans-frontières, des sans pays, des sans terre.
Mais c'est aussi raconter la souffrance et la solitude, les destins brisés et les cris perdus, c'est dire la xénophobie, c'est faire la nique aux préjugés, c'est accepter de ne jamais s'attacher à une terre.
Métèque, ce mot qui me définit et qui raconte une très longue histoire de passions, de départs sans retour, de splendeur, de suspicions, d'impossible et de liberté.
[...]


[...]
Car s'il me faut choisir en ces temps où chacun est sommé de se présenter un drapeau à la main, disant son origine nationale, ethnique, religieuse, sexuelle, ses préférences, le passé dont il se réclame, je choisis le métèque.
Dans ce choix, il y a tout d'abord le refus absolu du déterminisme, social, historique, sexuel ou religieux; ensuite, une passion pour la liberté qui demeure, à mes yeux, la seule voie possible vers l'autonomie. Et c'est ici que le bât blesse. Accéder à l'autonomie, c'est l'enfer: il est plus aisé d'être dépositaire de ses gènes que de se réinventer et de ses choisir. 
Je crois que l'homme est naturellement porté à la paresse, et la proposition du métèque est un long chemin, solitaire et escarpé.
Mais je refuse d'être mon ADN, je refuse de n'être qu'une suite de cellules héritées de mes parents,
je refuse d'être entravée par la tradition, de n'être qu'une partie d'une communauté organique, faite de culture et de langue.
Je refuse de n'être que le fruit pourri d'un déterminisme historico-génétique qui honnit le doute et la liberté. 

si je choisis de me définir comme comme métèque, ce n'est pas seulement une provocation, c'est un sacerdoce et le plus beau chant d'amour que je connaisse.
Ma seule idéologie est la liberté, ma seule ambition le monde, ma seule maison celle que je construis au fil de mes désirs.
Je suis et resterai une métèque, car rien ne pourra jamais mieux définir la somme de tous les morceaux dont je suis faite, au gré de ce dont j'ai hérité, de ce que j'ai appris, rejeté, aimé, pensé, désiré.
Je suis une métèque et c'est le plus bel hommage que je peux rendre à tous ceux qui trainent la nostalgie d'une terre où ils sont nés et qui n'aura jamais le visage qu'ils fantasment; à ceux qui vagabondent entre les rives en espérant y découvrir un refuge; à ceux qui savent que rien ne définit mieux l'Homme que ses choix; à ceux qui sont tombés pour des nations hier inconnues à leur coeur, pour défendre une idée toute simple: que chacun puisse vivre, respirer, choisir, selon le flot de ses désirs sans être limité par le sang, le nom ou la tradition
Je suis une métèque, car personne ne me permettra jamais d'être autre chose. C'est peut-être le plus beau cadeau que m'a fait l'exil; devenir cet être difforme, mais libre."


 Abnousse Shalmani extrait de: "Eloge du métèque" Editions Grasset














Photo: Marc Racineux

mercredi 26 février 2020

à vos souhaits



« Que reste-t-il d’étincelle humaine, c’est-à-dire de créativité possible, chez un être tiré du sommeil à six heures chaque matin, cahoté dans les trains de banlieue, assourdi par les fracas des machines, lessivé, bué par les cadences, les gestes privés de sens, le contrôle statique, et rejeté vers la fin du jour dans les halls de gare, cathédrales de départ pour l’enfer des semaines et l’infime paradis des week-ends, où la foule communie dans la fatigue et l’abrutissement ? (...) De la force vive déchiquetée brutalement à la déchirure béante de la vieillesse, la vie craque de partout sous les coups du travail forcé. » Raul VANEIGEM 

 Pépite

« J’avais pris l’habitude de regarder autour de moi, d’observer ceux que je côtoyais dans la rue, dans le métro, au petit restaurant où je prenais mes repas de midi. Qu’avais-je vu ? des gueules tristes, des regards fatigués, des individus usés par un travail mal payé, mais bien obligés de le faire pour survivre, ne pouvant s’offrir que le strict minimum. (...) Des êtres connaissant leur avenir puisque n’en ayant pas. Des robots exploités et fichés, respectueux des lois plus par peur que par honnêteté morale. Des soumis, des vaincus, des esclaves du réveille-matin. J’en faisais partie par obligation, mais je me sentais étranger à ces gens-là. Je n’acceptais pas que ma vie soit réglée d’avance ou décidée par d’autres. » Jacques MESRINE





« Il n’est pas d’individu plus fatalement malavisé que celui qui consume la plus grande partie de sa vie à la gagner. » Henry D. THOREAU : La vie sans principes.

« Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l’intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail - c’est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l’on travaille sans cesse durement, jouira d’une plus grande sécurité : et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême. » Friedrich NIETZSCHE : Aurore


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        photo source: Reporterre
      
« Réservoirs à virus », « bombes »... Les chauves-souris sont accusées de tous les mots. Et notamment d’être à l’origine de l’épidémie du coronavirus. Elles ont pourtant un rôle écologique fondamental selon Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, qui entend bien les dédiaboliser."
la suite de l'article chez: REPORTERRE



                        Illustration source: Marianne n°1196
                                        
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Découvert chez: "Vers du silence"




                                           

« Les pauvres croient [...] que le travail ennoblit, libère. La noblesse d’un mineur au fond de son puits, d’un mitron dans la boulangerie ou d’un terrassier dans une tranchée, les frappe d’admiration, les séduit. On leur a tant répété que l’outil est sacré qu’on a fini par les en convaincre. Le plus beau geste de l’homme est celui qui soulève un fardeau, agite un instrument, pensent-ils. "Moi, je travaille", déclarent-ils, avec une fierté douloureuse et lamentable. La qualité de bête de somme semble, à leurs yeux, rapprocher de l’idéal humain. Il ne faudrait pas aller leur dire que le travail n’ennoblit pas et ne libère point ; que l’être qui s’étiquette Travailleur restreint, par ce fait même, ses facultés et ses aspirations d’homme ; que, pour punir les voleurs et autres malfaiteurs et les forcer à rentrer en eux-mêmes, on les condamne au travail, on fait d’eux des ouvriers. Ils refuseraient de vous croire. Il y a, surtout, une conviction qui leur est chère, c’est que le travail, tel qu’il existe, est absolument nécessaire. On n’imagine pas une pareille sottise. La plus grande partie du labeur actuel est complètement inutile. Par suite de l’absence totale de solidarité dans les relations humaines, par suite de l’application générale de la doctrine imbécile qui prétend que la concurrence est féconde, les nouveaux moyens d’action que des découvertes quotidiennes placent au service de l’humanité sont dédaignés, oubliés. La concurrence est stérile, restreint l’esprit d’initiative au lieu de le développer. » Georges DARIEN : La Belle France






« Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l’homme a transformée en volupté. Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d’un effort qui ne mène qu’à des accomplissements sans valeur, estimer qu’on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant - voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d’intérêt de l’individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l’homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s’attacher à n’importe quoi : l’œuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d’extériorisation qui lui fait quitter l’intime de son être. Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité purement extérieure : aussi l’homme ne s’y réalise-t-il pas - il réalise. »

Emil CIORAN : Sur les cimes du désespoir

source des textes



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PROGRAMME

                                                     \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[


le malheur des uns...
                                                        [[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[.....



INFOS

mardi 25 février 2020

phrase bateau


"Ayant bu des mers entières nous restons tout étonnés
que nos lèvres soient encore aussi sèches que des plages
et partout cherchons la mer pour les y tremper sans voir
que nos lèvres sont des plages et que nous sommes la mer"
Attar


"Du vrai croyant à l'incrédule, je te le dis, il n'est qu'un souffle.
Du dogmatique à l'incertain, il n'est en vérité qu'un souffle
Dans cet espace si précieux, entre deux souffles, vis heureux.
La vie s'en va, la mort s'en vient, notre passage n'est qu'un souffle..."
Omar Khayyâm


"Il y a toujours un bateau en partance, regard qui te suit.
L'autre rive est en partance, le ciel est axiome inversé.
Dans l'entre-deux  des pictogrammes un fleuve coule
jusqu'à ton silence, la mouette alors est sémaphore blanc, musqué.
Marée basse, la lune traîne le nom du noyé.
Les poissons dominent le couchant, dans leurs yeux s'inscrit le phare.
Quand le miroir des jours enserre l'amont à l'odeur de vinasse
les ténèbres, plateau de fruits de mer, voguent à contre-courant.

La mer débute avec une question. elle dit: Où?
La maison tel un oiseau est perchée sur le mât.
Lieu aux murs flottants, orchestrant les cordes du pont.
Dans l'entre-deux des doigts, rien que l'eau immobile.
Ce qui est en partance: toi, toujours plus lointain que le lointain.
Regard qui suit le poème, infiltrant la chaleur des corps
qui va refroidissant, bleuissant. La brume est là, écluse de la nuit.
tu le sais: fermés les yeux, l'aurore est dans la mer."
Yang Lian





                                                            \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[

Découvert chez KUB:




                                           \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[



 PROGRAMME




                                              
                                                           \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[

                                       illustration source: Toile


 Sable.
           Un

sablement
à contre-courant .
vaguer
à ses chimères








dimanche 23 février 2020

objectif terre



"Dans la première pièce-un mouchoir de poche servant tout à la fois de chambre, de cuisine et de "salon" - s'entasse un invraisemblable bric-à-brac recouvert uniment d'une épaisse couche de poussière comme celle que la Belle au bois dormant a dû trouver à son réveil. Par une anfractuosité étroite (le mur a été éventré sans grand souci esthétique) qui nous oblige à passer en crabe, nous arrivons dans l'antre sacré de notre homme des bois: son bureau.
Un pupitre, qui porte de façon incongrue un ordinateur et un téléphone, trois chaises et des étagères de livres. Voilà pour le mobilier.
On sent que l'homme dans cette pièce est un roi. il explique que depuis un an il a confié sa parcelle de forêt à un ami.
Celui-ci l'exploite et lui verse la moitié des bénéfices qu'elle rapporte. C'est un ami de travail. Ses vrais amis, ceux de coeur et d'esprit, s'appellent Nietzsche, Hegel, Héraclite, Socrate. C'est avec eux qu'il vit, pour eux qu'il part en stop à Istanbul à la recherche de nouveau ouvrages qui lui parleront d'eux.
Sélim est un fou. Ou un sage. C'est souvent la même chose. Il n'a cure des apparences, ayant compris, tout au long de ses années solitaires dans la forêt, que ce qui est digne d'être vu est ce qui est caché, que rien n'existe en soi qui n'ait pas le besoin d'être interrogé.
"je veux sublimer ma vie par mon travail de recherche!" nous lance t-il comme un cri de victoire.
"Tout peuple doit avoir des héros qui le transcendent. Robin des Bois, Nelson Mandela, Jeanne d'Arc!" Et il lève, en disant cela, de grands bras que l'on devine noueux sous le chandail élimé.
Sélim n'est pas en colère contre le monde, ce n'est pas un tempérament agressif.Il est juste indigné par la veulerie qui partout semble régner. Ainsi, nous dit-il, la langue de son pays, qui s'est déjà sombrement abâtardie sous le règne de l'Empire ottoman, est en train de courir à sa perte.
Pas un journaliste, déplore t-il, n'est pas capable de la parler correctement. Même les travaux du professeur Höksalan l'ont déçu. A en croire notre ami, depuis Mehmet II, rien ne va plus pour ce qui est du langage. Plus de cinq siècles de dégénérescence linguistique! Il adresse, nous raconte t-il, ses remontrances aux signataires d'articles syntaxiquement fautifs. On pourrait sentir poindre chez un tel don quichotte une propension à devenir un affreux redresseur de torts...Mais non, nul venin ni aigreur chez cet homme innocent. Un côté Saint-Bernard plutôt, animé par une ferveur ardente, de celles qui vous transportent haut et peuvent vous faire devenir visionnaire. Car Sélim est un ermite qui aime les hommes. Alors, il estime de son devoir de leur crier: "Attention! vous empruntez un mauvais chemin! La langue, c'est le langage! Le langage c'est la pensée! La pensée, c'est le signe distinctif de l'humanité! Massacrer la langue revient à favoriser la part d'animalité qui est en l'homme..."
Bernard Ollivier- extrait de: "Carrnets d'une longue marche-Nouveau voyage d'Istanbul à Xi'an"




 





                                           illustration source: Toile





"Le Printemps des Poètes"




"Il faut avoir le courage de se faire face,
De regarder son âme dans cette glace,
Au travers de ses fissures et blessures,
De ses brisures et de toutes ses ratures.

Il faut trouver le courage de se faire face,
Tous les jours oeuvrer, demeurer coriace,
Chercher un moyen de relever le regard,
Se relever et avancer, sans rester hagard.

Il faut avoir le courage de se faire face,
Malgré ses échecs et ses disgrâces,
Essayer d’oblitérer son abjecte lâcheté,
Agir, réagir et ne jamais laisser tomber.

Il faut trouver le courage de se faire face,
De se pardonner ses mauvaises passes,
Ses fautes monumentales et ses erreurs,
Avec bienveillance, patience et sans peur.

Le courage est une bataille quotidienne,
Il n’est jamais acquis, et ainsi se construit,
En nous modelant; à chaque jour sa peine,
À chaque détour, le coeur se révèle et éblouit."

Nashmia Noormohamed, 


"Ces mains bonnes à tout même à tenir des armes
Dans ces rues que les hommes ont tracées pour ton bien
Ces rivages perdus vers lesquels tu t´acharnes
Où tu veux aborder
Et pour t´en empêcher
Les mains de l´oppression

Regarde-la gémir sur la gueule des gens
Avec les yeux fardés d´horaires et de rêves
Regarde-là se taire aux gorges du printemps
Avec les mains trahies par la faim qui se lève

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour
Et que l´on dit braqués sur les chiffres et la haine

Ces choses "défendues" vers lesquelles tu te traînes
Et qui seront à toi
Lorsque tu fermeras
Les yeux de l´oppression

Regarde-la pointer son sourire indécent
Sur la censure apprise et qui va à la messe
Regarde-la jouir dans ce jouet d´enfant
Et qui tue des fantômes en perdant ta jeunesse

Ces lois qui t´embarrassent au point de les nier
Dans les couloirs glacés de la nuit conseillère
Et l´Amour qui se lève à l´Université
Et qui t´envahira
Lorsque tu casseras
Les lois de l´oppression



Regarde-la flâner dans l´œil de tes copains
Sous le couvert joyeux de soleils fraternels
Regarde-la glisser peu à peu dans leurs mains
Qui formerons des poings
Dès qu´ils auront atteint
L´âge de l´oppression

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour
Et que l´on dit braqués sur les chiffres et la haine
Ces choses "défendues" vers lesquelles tu te traînes
Et qui seront à toi
Lorsque tu fermeras
Les yeux de l´oppression."
Léo Ferré-"L'Oppression"



                                        illustration source: Toile

 

samedi 22 février 2020

un petit coin du coeur




"Ce coin de bleu,
ce pan de couleurs si proches du bleu
n'est que cela: un coin de bleu,
 le vent vert de gris souffle comme prévu.
On dirait un tableau envoyé avant mariage
les gens sont arrivés près de l'eau, se sont arrêtés
papillons heurtant un mur de verre
face à l'abîme, ont gardé le silence
pour ne pas se perdre, ont sombré dans un plus grand vertige
ce n'est qu'un petit coin du monde, un petit coin du coeur

en Bretagne
à Saint-Nazaire

la mer, jamais tu ne l'avais aimée, jamais n'avais songé
à saisir les traces du vent
qui dérive avec elle
tu as pensé à ce mariage un samedi
à la façon de plier les serviettes sur la table du banquet
qui serait livrée le lendemain
de disposer cette table dans l'espace dégagé
où les marins avaient levé les couleurs

la mer et l'estran sont territoires voisins
sur la ligne qui les sépare, tu ne pourras trouver ton nom
ces sous-marins disparus au fond de l'eau
ces empreintes sans cesse momifiées 
es gens qui s'embrassent sur la plage
ces cartes dansantes, ces étals de maïs grillé,
ces manèges de chevaux de bois, ces accordéonistes se sont volatilisés,
seul un clown gauche est allongé sur la plage
désemparé

au matin la mer portait des bas blancs
le flux labial des vagues contait ses secrets
sa gorge allait s'enrouant
c'était une planète inconnue
vieille ou jeune tour à tour
tu as oublié les noms des dieux
mais te souviens de la respiration du phare
c'est suffisant, la vie est trop courte
pour qu'on éprouve de la honte

ce n'est pas Saint-Nazaire
ce n'est pas la Bretagne"
Wang Yin "Parce que"  traduit du chinois par Chantal Chen-Andro  Meet-2016- 


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DETAILS


"Je suis celle qu'on ne voit pas
Je suis celle qu'on n'entend pas
Je suis cachée au bord des larmes
Je suis la reine des drames

Quand tu veux dormir, je viens pour t'embrasser
Si tu veux courir, je rampe à tes côtés
Tu apprends, tu apprendras je sens ton cœur
Tu comprends, tu comprendras comment t'y faire

Je suis celle qu'on ne voit pas
Je suis celle qu'on entend pas
Je suis cachée au bord des larmes
Je suis la reine des drames

Là sous ta poitrine, je cogne pour t'abimer

Quand tu me devines, j'essaie de résister
Tu apprends, tu apprendras je sens ton cœur
Tu comprends, tu comprendras comment t'y faire

Je suis celle qu'on ne voit pas
Je suis celle qu'on entend pas
Je suis cachée au bord des larmes
Je suis la reine des drames

Avant de partir, de te laisser tomber
Je ne peux pas mourir et tout recommencer
Je t'attends, je t'attendrais toujours derrière
Mais va-t'en, va-t'en fais le détour soit fière

Je suis celle qu'on ne voit pas
Je suis celle qu'on entend pas
Je suis cachée au bord des larmes
Je suis la reine des drames"























                                                    [[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[#########



"Au fond avec quel organe rêvez-vous vraiment d'écrire vos textes? 

Avec l'oeil. L'oeil-burin. L'oeil-ciseau ( je songe bien sûr au ciseau du sculpteur).
Cet oeil qui interroge, fouille, force, palpe, dévore-puis ne retient que la quintessence de ce qu'il a absorbé.
Cet oeil qui s'emploie à sonder l'invisible, et qui, armé de sa vision, entreprend de l'inscrire ans la pierre du langage. une pierre pourrie, qui s'effrite, at qui pourtant, à considérer la résistance qu'elle m'oppose, semble être d'une dureté de granit.
Mais l'oeil ne saurait sculpter sans qu'interviennent la voix et l'oreille. (Ne seraient-ils ps tous trois un seul et même organe?) Ecrire, pour moi, c'est tenter de restituer ce que je sens, ce que je vois, ce que j'écoute. Le plus souvent, c'est donc m'apliquer à capter cette voix qui cherche à se faire entendre. et puisqu'il y a voix, il y a rythme.
Ecrire, c'est aussi me soumettre à un rythme. Un rythme dont les exigences sont absolument impérieuses.
En conséquence, et à l'inverse de ce que vous écrivez, je pense que l'oeil entend parfaitement ce que scande la voix qui sourd du sac des sons. Et j'aimerais conclure en affirmant qu'oeil et oreille travaillent la main dans la main." 
Charles Juliet extrait de: Accueils" 


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                                  LE GARAGE




                            

 
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