jeudi 31 janvier 2019

locaterre


Ne pas oublier
de
lever les yeux
afin  d'estimer le monde
et ses vénérables arborescences,
 éminences feuillues,
sages protectrices
 de notre si fragile et irremplaçable existence.

Ne pas oublier:
Nous sommes juste de passage
Ici et Maintenant 
LOCATERRE


"Je suis pour l'augmentation du goût de la vie"
Marie Sarah


"C'est l'aventurier que je suivrai dans sa solitude. il a vécu jusqu'au bout une condition impossible: fuyant et cherchant la solitude, vivant pour mourir et mourant pour vivre, convaincu de la vanité de l'action et de sa nécessité..."
Jean-Paul Sartre








mardi 29 janvier 2019

le vent nous portera


un ptit coin de parapluie pour un coin de paradis




M'enfin!
 quand même
faire ça
dans la rue
devant tout le monde...







 poète dans le vent


Histoire de grève 


Le vent nous portera





 

lundi 28 janvier 2019

climatorium




A peine Martin quittait nos côtes que Gabriel pointait le bout de son nez.

 " Gabriel(le), tu flottes dans mon cœur, c'est une illusion de douceur
Et tu chantes, c'est la voix d'une enfant
Avec laquelle tu glaces mon sang
Je veux t'expliquer, tu confonds et le jour et la nuit.../..."


Comme quoi, contrairement au dicton bien connu:  à l'ouest y'a (toujours) du nouveau...


"Climat: c'est la première fois que l'homme se bat contre lui-même." 
Alexandre Bolla

Dimanche, plusieurs centaines de personnes se retrouvaient sur la Grande plage de Saint-Nazaire
pour symboliquement écrire de manière éphémère et Z'Humaine (gilets jaunes, écologistes et tout un chacun réunis) , le mot CLIMAT sur le sable.




"Agir contre la détérioration du climat et de la qualité de la vie va de pair avec la lutte contre les inégalités sociales. Il est plus facile de demander aux gens de faire des efforts pour limiter leur consommation d'énergies non-renouvelables et de ressources naturelles si ces efforts sont partagés de façon égale."
Denis Langlois 


« C'est ce qui n'est pas Homme autour de lui qui rend l'Homme humain.... Plus sur Terre il y a d'hommes, plus il y a d'exaspération »
Henry Michaux

   


"Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre temps. Il change déjà nos vies quotidiennes, à l‘échelle mondiale. Chacun d’entre nous est impacté. Et si nous ne faisons rien, nos enfants vont connaître un monde de migrations, de guerres, et de pénuries. Peu importe où nous vivons, nous partageons la même responsabilité : Rendez à notre planète sa grandeur !  Make the planet great again"

Emmanuel Macron (juin 2017)


 
"L'homme a été doué de raison et de force créatrice afin de multiplier ce qui lui a été donné. Mais jusqu'à présent il n'a rien fait. .. que détruire ! Il y a de moins en moins de forêts !. .. Les rivières se dessèchent ! Le gibier disparaît ! Le climat se détériore !. .. de jour en jour la terre devient de plus en plus pauvre et de plus en plus laide. .."
 Anton Tchekhov extrait de "Oncle Vania"


« La réduction à l’homme seul, pour autant qu’il est distinct de tout le reste de la nature peut seulement signifier un rétrécissement et même une déshumanisation de l’homme lui-même […] Dan une optique véritablement humaine, la nature conserve sa dignité propre qui s’oppose à l’arbitraire de notre pouvoir. »
 Hans Jonas



"Nos enfants n’auront pas le temps de débattre des changements climatiques. Ils devront vivre avec les effets. De simplement nier le problème trahit l’esprit de notre pays."
Barack Obama 

 « L’homme n’a aucun droit d’utiliser la biosphère selon sa fantaisie au gré de son profit et de son divertissement ; le faisant il abuse d’un droit qu’il s’est attribué à lui-même et qui s’apparente au droit du plus fort c’est à dire au plus abominable des droits. »
Jean Claude Nouët


« Va prendre tes leçons dans la Nature.»
Léonard de Vinci 

 « Aujourd’hui la seule condition de survie réside dans l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète. »
Alain Gras


« Parler de l’homme dans la nature revient presque aujourd’hui à parler de l’homme contre la nature."
Théodore Monod 


« L’un des pires démons de la civilisation de technologique est la soif de croissance. »
René Dubos 


dimanche 27 janvier 2019

pas trop de vent derrière?


Babel- Ouest
 se fige
 dans un  ciel  ébouriffé 
par des humeurs Atlantique
et Roger, goéland de la darse
qui prit pour habitude de s'en faire un perchoir,
s'en trouva fort dépourvu
quand il dut lutter
contre vents et marées.


"Pour trouver, il faut avoir longtemps cherché sans trouver. Il faut être un chercheur qui trouve au demeurant."
 Tounou Taffo Tchuente


" Un chercheur est celui qui risque sa vérité et qui se casse la figure."
Michel Serres


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" c'est arrivé près de chez vous"
Jacques au bain



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mercredi 23 janvier 2019

un monde sensible

                                         illustration source: Toile

Lu dans Marianne n°1140:

[...]
"Grand débat...
En France quand on affuble un geste ou un évènement de l'épithète
"grand", il faut immédiatement y entendre la voix de l'Etat.
Seul l'Etat a le droit de qualifier ce qui est "grand" et ce qui ne l'est pas.
Les "gilets jaunes" ne sont pas officiellement considérés comme un "grand" mouvement.
Pourtant il l'est. Mais sans l'imprimatur de l'Etat qui donne ou refuse le label "grand" ils ne peuvent être que des "petits", des "pauvres", "ces gens-là", "le petit peuple".
Le débat dit à la française est en réalité un sous-produit du dialogue social qui lui-même est une technique de management et de résolution interne des conflits.
C'est une langue technicienne à visée managériale de l'opinion." 

Les gilets jaunes "doivent-ils participer à ces réunions? 

"Non, certainement pas. Leur pouvoir est justement dans une parole différente. Voilà pourquoi le régime veut imposer son langage, avec son vocabulaire et sa syntaxe.
Les" gilets jaunes" doivent au contraire déclarer un différend radical et proposer eux-mêmes le cadre et les termes du débat, et exiger de l'Etat que celui-ci s'y soumette.
Pourquoi? 
Parce qu'il y a une crise de légitimité. Je vous rappelle 1789:
L'Etat impose un cadre et un langage, celui des états généraux, et un type particulier de débat: le clergé parle, la noblesse parle, le peuple parle, tour à tour, et puis on vote, chaque groupe, une voix.
Résultat de ce "grand" débat: deux contre un.
Le petit peuple, le tiers état, la troisième roue de la charrette à bras, dit non: nous sommes la majorité numérique, nous sommes le peuple, vous n'êtes que des agents de l'Etat, donc nous prenons la parole, et vous, vous acceptez.
Danton, vous connaissez?
il en est sorti la Révolution. Ils ont refusé le cadre imposé et renversé la table.
Les "gilets jaunes" devraient établir leur propre réseau de "petits débats", et y inviter les élus locaux, et les agents de l'Etat-préfets, magistrats, officiers de gendarmeris. Bref, démontrer qui a la légitimité de la parole.
Si c'est cela qu'ils veulent." 

Pourquoi est-il si difficile de débattre en France? 

Parce que la France n'est plus une démocratie depuis 1958. En France, la nation se fond dans l'Etat, c'est une particularité française, magnifiée et assénée par la Constitution actuelle qui, ne l'oublions pas, est la fille adultérine d'une révolte militaire et d'une situation d'exception.
L'Etat tel qu'il s'est réorganisé depuis 1958, dans la frayeur d'un autre coup, militaire ou communbiste,
donne au pouvoir administratif et à ses agences désignées le rôle de micro-organiser cette domination, à l'exemple de la fameuse Commission nationale du débat public, par exemple.
Le résultat est qu'au même titre que la force de frappe, la rhétorique est devenue  peu à peu une prérogative essentiellement présidentielle, avec tous les montages et les effets d'autorité possibles.
Si la France était une démocratie à l'anglaise, la révolte populaire ne passerait pas par la rue, mais par le Parlement.
Voyez la vivacité des débats, de vrais débats, à la Chambre des communes!
Le parlementarisme anglo-saxon est en prise directe avec la rue, ce qui fait que la rue est à la fois très présente et justement représentée.
Si notre Parlement n'était pas une chambre d'enregistrement et de distribution de privilèges, avec des orateurs assez restreints (des singes au larynx de perroquet" disait l'abbé Sieyès), les "gilets jaunes" n'existeraient pas ou pas comme ça.

Les autres pays réputés pour leur qualité rhétorique, l'Angleterre et les Etats-unis, sont-ils toujours au bon niveau et comment? 

Ils sont au niveau qui sied à leurs institutions politiques. Il existe aux Etats-Unis (et même encore, mais différemment, en Angleterre) une formation véritable et soutenue à la prise de  parole et à la prise de débats des citoyens.
Aux Etats-Unis l'élection règle quasiment tous le niveaux de la vie politique, du juge local, du procureur ou du commissaire de police au président. 
Avec des mandats très courts: un député, deux ans. Un tel appareillage, avec ses millions d'élus, et d'élus dont la mandature est courte et sujette à rappel parfois, et des référendums de routine ou des propositions faites par les citoyens de base, a fait que la pratique rhétorique de la parole publique ets forte, alerte, sagace."

Que faire pour que la France redevienne une grand nation éloquente? 

Vaste question, comme dirait l'autre.
Les Français étaient reconnus, durant tout le Moyen Age, la Renaissance et jusqu'au XIX siècle, comme des orateurs hors pair. Nous étions considérés comme les héritiers, par la civilisation gallo-romaine, de l'éloquence du forum romain. On parlait de nous comme des "Hercule gaulois" dont la force était celle de la parole, assénant des coups de massue oratoire aux peuples voisins. On disait que nos rois étaient "à la langue dorée". Nos ordres religieux formaient à l'éloquence et avec brio des générations de grands prédicateurs classiques comme de tonitruants orateurs de la Révolution.
L'apprentissage de la rhétorique n'existe plus depuis plus d'un siècle. Considérée comme une diabolique invention jésuite de persuasion, elle a fait les frais de la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905.
Par anticipation, l'enseignement secondaire l'avait supprimée de ses programmes dès 1902.
Avec le "grand oral" prévu par Jean-Michel Blanquer, comme épreuve reine du baccalauréat, on a peut-être amorcé un changement. 
Demander à des adolescents de pouvoir en vingt minutes faire une explication cohérente et argumentée sur un sujet qu'ils ont préparé est une excellente idée. On espère que les députés et ministres en prendront de la graine. Mais, une fois qu'on a formé disons deux générations à la rhétorique, à ce pouvoir contrôlé, intelligent, fort, honnête, de l'argument persuasif en politique, il faut prévoir ce qui sera en aval: des millions de "giltes jaunes" qui, au lieu d'endosser une autre visibilité désordonnée, sauront endosser une autre visibilité: celle de savoir argumenter, en remontrer, et faire baisser pavillon à l'Etat et à ses agences d'administration.
Ces nouveaux citoyens, formés à la rhétorique politique, la vraie, pas ces trucs de singe savant  des communicants, et bien ces nouveaux iotoyens ne pourront plus écouter les paroles en préfabriqué de l'Etat. Leur révolte sera alors d'une magnitude nouvelle. Beaucoup de petits Danton et, qui sait, des Robespierre."
Philippe-Joseph Salazar  philosophe propos recueillis par Emmanuel Lemieux- Marianne"Entretien"


 pour alimenter le GDB 

                illustration source: Toile


 "Cette part de nous que l'on ne montre pas, qui raconte à l'autre ce qu'il est prêt à entendre, prêt à imaginer. La vie est faite de conversations parallèles."
Noumeda Carbone


                         illustration source: Toile

[...]
 montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
ces bijoux merveilleux faits d'astres et d'étehrs.

nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
Faites, pour egayer l'ennui de vos prisons,
passer sur nos esprits, tendus come une toile,
vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons."

Dites, qu'avez-vous vu?

Baudelaire  extrait: "Le voyage"

 
          



 

lundi 21 janvier 2019

les battements du bocage


samedi 19 janvier  Le Liminbout
depuis la terrasse des "Q de Plomb"



 



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Happy Birthday

 

"Le vent de janvier nous glace et s’engouffre en hurlant sous les ardoises du hangar de l’avenir. Sur le sol froid, nous dessinons une épure, la première que la dalle à peine finie sentira sur son dos. Petit à petit s’esquisse, tout de bleu, notre avion. Treize mètres de hauteur, soutenus par une armature solide et lourde. Dans un champ détrempé proche de la ferme de Bellevue, nous plantons de petits piquets qui étayent notre imagination : il se dressera là, au centre d’un cercle vide, et il y brûlera. Son gigantisme est à la hauteur de l’événement : l’abandon de ce maudit aéroport. Il fallut bien des débats pour savoir si notre aéroplane de carnaval serait en position de décollage ou le nez enfoncé dans le sol. La seconde option ressemblant par trop à un crash, il regardera donc vers le ciel, posé sur ses grandes ailes effilées. Un concorde de bois, bardé de palettes provenant…d’Airbus. Première ironie d’une histoire qui en connaîtra d’autres.
.../...



 photo source ZADIBAO

.../...
Si l’aéronef symbolise l’ennemi abattu, il nous faut également un objet représentant la lutte. Nous tombons d’accord sur une salamandre. Elle sera cachée au cœur du brasier, et lorsque s’écroulera la structure, elle apparaîtra toute de fer vêtue, rougeoyante, à sa place. Une équipe de soudeurs nazairiens relève le défi : construire en moins d’un mois cet imposant objet, dans leur atelier maritime. Le canevas de la fête se coud patiemment, avionneurs et salamandriers travaillant de concert pour la symphonie finale. Arcs bleutés et ciseaux à bois s’activeront sans voir se réaliser l’œuvre de l’autre, devant la construire en esprit, se délectant déjà de la surprise.
Le champ est habité, désormais, d’apprentis charpentiers assemblant ce qui ne ressemble pas encore à un avion. Le ballet de leurs brouettes s’enlisant dans la boue ne cesse qu’à la nuit. Bientôt une forme émerge du tas de planches. Couchée, longue, octogonale à défaut d’être ronde, elle grandit. La pluie de février n’aura pas raison de sa métamorphose.
Ailleurs, d’autres bêtes voient le jour. Pour la bataille finale contre l’avion, nous avons demandé à des luttes « territoriales » de construire un objet représentant ce contre quoi ils se battent, ou rappelant leur mouvement. Il nous en faut un également. Ce sera un triton de tissu. Parmi les patients travailleurs, une femme venue passer ses vacances à la zad, après la fin de son contrat de costumière à l’opéra de Paris, et le début de celui au Moulin Rouge. Assurément, le triton étincellera…
Mais pour l’heure, c’est la salamandre qui arrive de la mer. Nous sommes émerveillés en la découvrant, de tôles et de chaînes, imposante et finement ciselée. Il faudra cinquante personnes pour la porter, dans les chaos boueux, jusqu’à l’avion. Elle ne pourra se loger dedans, comme imaginé, trop complexe. Elle sera donc à ses côtés, mais seule restant debout après l’incendie. Lui, il a une tête fuselée maintenant, au-dessus de son corps massif bourré de paille. Le temps de son levage est venu. La tension monte, les machines arrivent : un tracteur, le tractopelle de la zad et un manitou. Tandis que le tractopelle retient la structure, le manitou la lève, et les cordes tendues aux quatre coins maintiennent l’équilibre général, grâce aux nombreuses mains qui les tendent, et aux tours morts sur des piquets plantés profond. Cela commence. Petit à petit, il se lève, impressionnant. Le voilà presque à la verticale, avec tous nos yeux accrochés à son faite. Mais insensiblement d’abord, il vacille vers la droite. « Tenez bon ! » Le tir à la corde débute pour ceux qui retiennent à gauche, en ligne, anxieux, mais empêchant pour un temps le vacillement. « Retenez à droite ! » C’est à ceux d’en face de prendre le relais, car il penche désormais de l’autre côté. Ils s’agrippent, leurs mains gantées chauffent, mais personne ne lâche. Personne…excepté le poteau qui se relève peu à peu dans le sol détrempé du champ. L’édifice tangue dangereusement, la corde glisse le long du piquet, les tireurs hurlent mais personne ne comprend. « Ça va lâcher ! » Le tractopelle se recule devant le danger imminent. La corde est maintenant tout au bout du piquet qui s’affaisse, et d’un coup, elle file. Un instant, l’avion de bois reste ainsi, comme suspendu, avec un des cordistes qui refuse de desserrer son étreinte, seul au bout du filin, voulant croire encore qu’il peut retenir cette masse gigantesque. Mais c’est impossible, et dans un fracas l’avion s’écrase. Au sol s’étale un mikado de planches éparses, le corps est béant, ses entrailles de paille débordent. Tout est brisé, en morceaux. Nous sommes le 9 février, la veille de la fête.
L’édifice ne sera pas relevé, car il était dit qu’aucun avion, même de carnaval, ne narguerait le bocage de sa grandeur. Un sort avait été jeté, que l’abandon du projet n’avait pas conjuré. Alors nous avons arrangé comme nous avons pu l’amas de bois, l’avons légèrement relevé, avec anxiété, avons rafistolé le nez fuselé, avons placé les grandes ailes, caché les trous béants sans nous arrêter jusqu’au lendemain, épaulés par des fêtards en avance sur l’horaire. Vous qui participiez à la fête, avez-vous compris que cet énorme objet n’était que le débris d’un crash mémorable ? Avez-vous perçu l’étrange magie noire qui l’avait frappé ? Nous osons espérer qu’il avait tout de même de l’allure, lorsque le triton, le crocodile rennais et le dragon limousin, après avoir dansé autour de lui, l’ont enflammé. Un center parks de liteaux, un transformateur aveyronnais, un écoquartier dijonnais, une usine à gaz et une poubelle nucléaire ont enfin rejoint les flammes, devant les 20.000 personnes occupant toute la surface du champ. Ce dernier a ensuite subi l’assaut des danseurs jusqu’à l’aube, avant de retrouver le calme de l’hiver, et bientôt les labours, promesse d’ensemencement prochain.
 .../...


 photo source: ZADIBAO

.../...
Pour cette année, ce furent des tournesols. Cet été, ils ont élégamment habillé le grand champ, offrant à la salamandre un lit chatoyant. Après la moisson, leurs graines ont été pressées, et l’huile fait désormais frire les cuisines de la zad. Y a succédé l’engrais vert, qui ondule comme l’herbe le faisait l’an passé. Et au printemps prochain, ce sera le sarrasin qui y étalera ses fleurs discrètes, pour la farine de nos futures galettes ou miches, dégustées au quotidien ou lors de fêtes et de rassemblements. Puis peut-être encore de l’engrais vert, du tournesol, de l’herbe, des haricots, de l’engrais vert, du tournesol… Le mot « culture » vient de l’indoeuropéen « kel », tourner en rond. À l’heure où le carnaval fait déjà voir aux impatients le bout de sa panse, nous comprenons que le cycle n’est pas réservé qu’à la terre, et même qu’à bien y réfléchir, il est bien délicat de délier culture et agriculture, lorsque cette dernière n’est pas perçue comme une chaîne de production, mais comme à la fois la résultante et l’origine d’une cosmogonie circulaire.
Lorsque nous mangeons les haricots qui ont poussé dans ce champ, nous nous souvenons immanquablement des récits qu’ils renferment dans leurs gousses. Nous revoyons cette nuit du 9 avril, veillée d’armes fébrile, où ils furent triés pour la semence prochaine par ceux qui étaient de garde dans la maison de la Rolandière à l’aube des expulsions. Geste d’avenir dans l’obscurité.
À l’inverse, chaque gousse ne pourra ignorer à la prochaine récolte qu’elle est le résultat, de pistil en butinage, d’un savoureux mélange. En effet, tandis que nous subissions un assaut gendarmesque, le comité de soutien de Bressuire décidait de semer 2000 mètres carrés de mogettes pour la zad, parallèlement à la construction d’une cabane qui parviendra à passer sous les radars des contrôles policiers quelque temps plus tard. Ces haricots et les nôtres ont été battus ensemble le 29 septembre dernier lors de la mobilisation bien nommée Terres Communes. Graines solidaires et graines de la zad, bientôt joyeusement hybridées. Bientôt et comme toujours. Nature ou culture ? Agriculture ou combat ? Qui sait le dire, et qu’importe.
Il nous plaît d’imaginer que la grande parcelle, qui a vu tant de choses cette année, en sait long sur nous, porteuse qu’elle est de la marque de nos souvenirs. Tous ici la nomment désormais « le champ de la salamandre ». Elle a été témoin des plans fourbis afin de transporter Gourbi 6 le long de ses sillons, puisqu’elle offre à présent un point de rendez-vous évident, avec sa statue de fer au beau milieu. Alors que des milliers de personnes attendaient qu’un itinéraire soit trouvé pour que la structure se faufile, elle a humé notre angoisse et notre espoir, un peu fou mais finalement réalisé, de passer entre les lignes de CRS avec une charpente entière. Elle a senti, au cœur des combats, nos mains chercher sur son sol nu des pierres trop rares. Les récoltes qu’elle donnera feront entendre, nous en sommes certains, les échos des batailles et des partages, s’il est possible de séparer les deux…
Sur le sol un peu moins froid du hangar de l’avenir, nous observons le palimpseste des dizaines d’épures dessinées puis à demieffacées. Une année s’est écoulée. À carnaval nous mangerons, comme c’est la tradition, ces haricots chargés de nos vies, témoins de nos douleurs, et surtout, surtout, symboles de résurrection."
L'année de la salamandre source ZADIBAO "Les battements du bocage "
17 janvier 2019
édition spéciale anniversaire de l'abandon


dimanche 20 janvier 2019

du duvet dans les poches


écorce burinée
au dessus d'une Vilaine
offrant son bassin
à qui veut bien s'y frotter
jusqu'au prochain océan.


 
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                         Programmation

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INFOS  
                                                            
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BOUGE


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samedi 19 janvier 2019

homo y rictus



"Que personne, parce qu'il est jeune, ne tarde à philosopher, ni parce qu'il est vieux, ne se lasse de philosopher; car personne n'entreprend ni trop tôt ni trop tard de garantir la santé de l'âme."
Epicure
(de rappel)



"Moi qui effectivement ne sait rien, je ne vais pas m'imaginer que je sais quelque chose.
En tout cas, j'ai l'impression d'être plus savant en ceci qui représente peu de chose:
je ne m'imagine pas savoir ce que je ne sais pas."
Socrate
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à Saint-Nazaire marathon littéraire.
  Le Samedi 19 Janvier 2019 de 10h à 22h au Salon République.











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 Des hauts et débat









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"Un jour à l'hôpital psychiatrique militaire de ma réforme définitive, un breton, versé malgré lui dans la marine, interné parce qu'il s'était jeté à la mer du haut de son croiseur, m'a dit:
"Je veux bien être soldat, mais pas marin. Mon père, mon grand-père et mon oncle, tous pêcheurs, sont morts en mer. Pour moi, la mer est une tombe.
Je suis breton mais j'ai la mer en haine. et je hais les touristes qui se baignent sans soucis dans mon cimetière."
De qui la mer est-elle le cimetière?
De marins, de pêcheurs, d'aventuriers, de voyageurs, de réfugiés, d'immigrés, de pauvres, de riches, d'insouciants , de suicidés volontaires ou non. et d'enfants. D'enfants des uns et des autres.

au lycée mon prof de philo m'a appris le concept de "sensibilité kilométrique". Tuer à la baïonnette, ou du haut d'un bombardier à 10 000 mètres d'altitude.
Tu vois, tu sens ce que tu fais, la résistance de la peau du ventre, ou tu ne vois ni ne sens rien. A la rigueur, tu vous le panache de l'explosion, en bas, au loin, derrière, ailleurs.
 On peut "vivre" la mort d'un(e) proche. Pas celle d'un(e) inconnu(e) au loin. Pour qui on ne peut que savoir. être l'acteur ou...le spectateur?
Le "regardeur"?
Le témoin lointain?
La personne qui sait et ne fait rien. Impuissante. Sauf à s'en émouvoir ou pas. et ensuite agir parce que c'est insupportable. Ou ne pas agir.

Ecrire ce texte ou faire un dessin n'est pas agir.
Vivre est difficile. Très difficile pour certains, parfois impossible.
Moi ça va, je suis épargné. J'ai et j'ai eu beaucoup de chance. J'ai des dons et on m'a tendu la main, même quand je ne savais pas le vouloir.
J'ai admis que l'être humain ne l'est qu'avec son inhumanité. Nous sommes les deux. Ambivalence et ambiguïté.

"Qu'est ce que vous voulez qu'on y fasse, il faut s'y faire" 
Je pourrais dire: "Hé je ne m'y fais pas!"
Mais, petit à petit, une grande partie de moi s'y est faite. L'autre partie renâcle encore. Transige.
Mes choix étaient simples: ne pas être militaire, ni juge, ni juré, ni électeur.  
si je ne pouvais rien y faire, au moins je ne pouvais pas le faire. Ni en être. Jusqu'au Front National.
Depuis je vote. Mais je ne peux toujours rien y faire. Protester, s'insurger, est si vain. Puisque la guerre, économique, militaire, religieuse, d'expansion, coloniale, de libération, est inévitable.
"Si humaine"
On tourne en rond."
Claude Ponti extrait de "Un dessin"  Bienvenue! 34 auteurs pour les réfugiés Editions Points




 
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