Faire un selfie avec son verre de muscadet, est-ce bien raisonnable.
Miroir, miroir...
"Lorsque s’éveillent les rêves
La vie s’achève.
Alors s’envolent les rêves.
S’envole la vie."
Richard Brautigan
En ces temps là le peigneur parlait à ses disciples:
"En notre temps de crise écologique, nous livrons un combat décisif. D'un côté, les gens qualifiés de droits, réguliers, carrés (cubiques et angulaires), classés, diplômés et payés pour l'être. [...]
De l'autre, les bohémiens, les flâneurs, les fous, les fantaisistes, les excentriques, les bienheureux, les prostituées, les vagabonds et les hippies.
Ceux-ci veulent goûter l'univers et vivre des trucs chouettes, rytmés ou extatiques, syncopés, flippants et psychédéliques.
Les premiers admirent les machines et rivalisent avec elles.
[...] Les seconds ont emprunté aux plantes et aux animaux leur organisation ondoyante et luxuriante."
Alan Watts
"Vous dire l'étrangeté de mes jours, si commune, si banale. Vous dire la lumière de ces jours d"hiver, si folle, si douce. Cette allure de printemps, soudain. Il semblerait que quelque chose ne puisse jamais finir...
Je ne sais rien de votre vie, des gens qui vous accompagnent, des mots qui vous protègent, des arbres ou des maisons ou de la couleur bleue que vous voyez par vos fenêtres. Je n'imagine rien. Je n'ai rien à vous dire que vous ne sachiez déjà. Si je vous écris c'est pour ne pas cesser d'écrire, jamais, et c'est pur chant, pure célébration du chant, de cette vibration de l'air contre le tympan du coeur.
Si je vous écris, c'est à partir de cette solitude, de ce silence qui mesure notre égalité, notre distance aussi bien. Cette donnée incontournable de la solitude. La mienne. La vôtre. Solitude toujours plus grande, illimitée."
Christian Bobin extrait de: "Souveraineté du vide" Editions Fata Morgana
« - Ils me demandent de faire des gants à trois doigts pour les petits
lépreux de Djakarta. C'est tout la Croix-Rouge ça ! Vous croyez pas que
j'aurais plus vite fait de faire des moufles ? - Entre nous Thérèse, une
bonne paire de chaussettes et hop ! Ohhh ! On dit de ces bêtises
parfois... »
(Le père Noël est une ordure)
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A voir le mercredi 21 décembre à Guérande/intra-muros:
"Ces mains bonnes à tout même à tenir des armes dans ces rues que les hommes ont tracées pour ton bien
Ces rivages perdus vers lesquels tu t´acharnes où tu veux aborder et pour t´en empêcher les mains de l´oppression
Regarde-la gémir sur la gueule des gens avec les yeux fardés d´horaires et de rêves
Regarde-là se taire aux gorges du printemps avec les mains trahies par la faim qui se lève
Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour et que l´on dit braqués sur les chiffres et la haine ces choses "défendues" vers lesquelles tu te traînes et qui seront à toi lorsque tu fermeras les yeux de l´oppression
Regarde-la pointer son sourire indécent sur la censure apprise et qui va à la messe
Regarde-la jouir dans ce jouet d´enfant et qui tue des fantômes en perdant ta jeunesse
Ces lois qui t´embarrassent au point de les nier dans les couloirs glacés de la nuit conseillère et l´Amour qui se lève à l´université et qui t´envahira
Lorsque tu casseras
Les lois de l´oppression
Regarde-la flâner dans l´œil de tes copains sous le couvert joyeux de soleils fraternels
Regarde-la glisser peu à peu dans leurs mains qui formerons des poings dès qu´ils auront atteint l´âge de l´oppression
Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour et que l´on dit braqués sur les chiffres et la haine ces choses "défendues" vers lesquelles tu te traînes et qui seront à toi lorsque tu fermeras les yeux de l´oppression."
"Tout bien considéré, il n'y a que deux sortes d'hommes dans ce monde,
ceux qui restent chez eux et les autres."
Rudyard Kipling
"Quand je me sens des plis amers autour de la bouche,
quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre,
et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus
que je dois me tenir à quatre pour ne pas descendre dans la rue
y envoyer valdinguer le chapeau des gens,
je comprends qu'il est grand temps de prendre le large;
ça remplace pour moi le suicide."
Herman Melville
"L'homme est toujours double. Aujourd'hui encore, c'est tout ce que je peux dire sur ce sujet. D'autres me relaieront, me dépasseront dans l'exploration de ce domaine. Et j'ose presque affirmer que, plus tard, on ira plus loin. On démontrera que l'homme est finalement une synthèse de nombreux individus, tous différents et indépendants les uns des autres. "
Robert-Louis Stevenson
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Pour opacifier sa vision des choses
LE QATAR-ACT
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"La croyance en une origine surnaturelle du mal n'est pas nécessaire. Les hommes sont à eux seuls capables des pires atrocités."
Sculpture en granit de Robert Vaillant réalisée en 1980 et installée en 2017 sur l'espace Amélie-Kerloc'h en hommage à l'ancienne maire de Plogoff (1980-1989)
"C'étaient les dernières minutes, maintenant. Puis chacune irait vers son
avenir. Déjà elles commençaient à percevoir cette sensation étrange:
découvrir soudain qu'on est seul."
"Le jour m'éblouit, Le soir m'apaise, La nuit m'enveloppe.
Dominer m'oppresse, Subir m'asservit, Etre seul me libère.
La chaleur me gêne, La pluie m'enferme, Le froid m'éveille.
Le tabac m'irrite, L'alcool m'endort, La drogue m'isole.
Le mal me surprend, L'oubli me manque, Le rire me sauve.
L'envie me porte, Le plaisir me déçoit, Le désir me reprend.
[...]
L'équilibre me tient, La chute me révèle, Le rétablissement me coûte.
[...]
Le temps me manque, L'espace me suffit, Le vide m'attire.
[...]
Le bord me tente, Le trou m'aspire, Le fond m'effraie.
Le vrai m'émeut, L'incertain me gêne, Le faux me fascine.
Le bavardage m'égare, La polémique m'enflamme, Le silence me rachète.
L'obstacle m'élève, L'échec m'endurcit, Le succès m'adoucit.
[...]
L'offense me surprend, La répartie me tarde, L'affection me rédime.
[...]
Le sermon m'irrite, L'exemple me persuade, L'acte me prouve.
Nettoyer m'ennuie, Ranger m'apaise, Jeter me délivre.
[...]
Savoir me grandit, Ignorer me nuit, Oublier me libère.
Perdre m'énerve, Gagner m'indiffère, Jouer me déçoit.
Nier me tente, Affirmer m'exalte, Suggérer me contente.
[...]
Dire m'engage, Ecouter m'apprend, Taire me tempère.
Naître m'advient, Vivre m'occupe, Mourir m'achève.
Monter m'est difficile, Descendre m'est facile, Stationner m'est inutile.
[...]
La menace me trompe, L'angoisse me meut, La peur m'exalte.
[...]
La fatigue me calme, La lassitude me décourage, L'épuisement m'arrête.
Construire m'obsède, Conserver m'apaise, Détruire m'allège.
[...]
Le groupe m'oppresse, La solitude me tient, La folie me guette.
Plaire me plaît, Déplaire me déplaît, Indifférer m'indiffère.
L'âge me gagne, La jeunesse me quitte, La mémoire me reste.
Le bonheur me précède, La tristesse me suit, La mort m'attend."
"Me croirez-vous si je vous dis qu'il existe un lieu à nul autre pareil où le soleil est présent jour après jour?
Jules fermait les yeux et se laissait envahir par un bien être intense. il faut se souvenir qu'à cette époque le monde s'était brusquement modifié: des éruptions volcaniques dans le Pacifique, une simple inflexion de l'axe de révolution de la terre, un petit décalage, avait bouleversé le climat local si bien que la température s'éleva en peu de temps de quelques degrés.
Ainsi, l'estuaire devint un paradis subtropical.
De nombreux bateaux de croisière faisaient escale dans le port. Le Norway et le Majestic of the Sea
s'amarraient le long des quais. des visiteurs fleuris des pieds à la tête, verres teintés sur les yeux, descendaient par grappes des ascenseurs de coupée des navires et rejoignaient la file des taxis.
Jules, au volant de sa limousine climatisé attendait patiemment; il regarda son programme d'excursions sur son ordinateur de bord. il pouvait se rendre au safari vendéen qui s'étendait sur les rives du lac de Grand-Lieu peuplées de flamants roses, d'ibis du Nil et de Guyane, de cigognes en migration, mais aussi de quelques crocodiles que les écologistes avaient introduits dans ses eaux pour préserver l'espèce. Leur prolifération était difficilement maîtrisée, au grand désarroi des pêcheurs, hommes d'affaires chinois venus s'adonner au calme ancestral de la pêche à la carpe au milieu des fleurs de lotus.
Il pouvait proposer la Grande Brière où des riziculteurs issus des populations émigrées d'Asie, s'étaient installés à force d'opiniâtreté.
Les Briérons de souche gardaient leurs réserves de chasse dans les zones marécageuses que rongeaient les salins de Guérande en grande extension. Ils vivaient toujours dans leurs chaumières ramassées. Dans ce périples très exotique, se succédaient d'authentiques villages asiatiques et des réserves d'irréductibles autochtones.
Le court voyage s'achevait à la station balnéaire de La Baule-Les-Palmiers: une baie magnifique en croissant de lune.
Vélocyclistes, skieurs et patineurs à roulettes, chevaux et cavaliers, petits trains d'estivants sillonnaient le front de mer dans leurs couloirs réservés sous les ombrages des mûriers et palmiers.
Sur la mer, les adeptes des sports de glisse se risquaient à leur nouvelle passion: le cerf-volant géant skis aux pieds. Au large, on régatait pour la coupe de l'América.
Les passants s'arrêtaient avec bonheur autour des kiosques à musique ou foulaient avec délice la promenade des Européens sous les branches étalées de quelques flamboyants.
Un festival mondial du cinéma rassemblait chaque printemps les plus jeunes et belles actrices dans les palaces du bord de mer lorsque la chaleur était encore clémente. Celui de Cannes avait définitivement fermé ses portes sous les assauts des tempêtes de vents et de pluies qui ravageaient régulièrement le sud de la France.
Jules reconnaissait aisément le clients anglophones et nordiques, amateurs d'eau et de lumière, planche de glisse sous le bras. Il les emmenait sur les immenses plages de sable de la côte d'Amour, découvrant au passage les étendues sauvages des marais de Loire, gigantesque réserve naturelle. En prenant la piste plus au sud, ils traversaient des plantations de canne à sucre avant d'arriver sur les bords de mer à l'ombre des filaos et des raisiniers."
Patrick Chevalier extrait de: "Et si!" -"Petites nouvelles de Loire"
"Seulement quelques vivants jouissent d'un sexe alors que tout, dans le
monde inerte ou vif, est muni d'un sens. Celui-ci va plus loin, plus
profond, que celui-là. Gauche et droite se disent de plus de choses que
mâle ou femelle et séparent plus universellement que le genre ne
distingue."
C’était l’automne il y a 10 ans et il pleuvait comme jamais.
Le
16 octobre 2012, après avoir déployé un millier de gendarmes et détruit
une série de longères et cabanes, le préfet, persuadé d’avoir terrassé
les quelques dizaines d’habitant.es sans droit ni titre qui s’étaient
installé.es dans le bocage, déclare en conférence de presse : « À 10
heures, tout était terminé. ».
C’était
l’automne 2012 et ce fut le moment où, brusquement, tous les regards se
tournèrent vers cette lutte contre un projet d’aéroport, qui devait
atterrir sur près de 1650 ha de zones humides, fermes et terres
agricoles. Nous gardons le souvenir encore vif de ce que cet automne-là a
bouleversé en chacun de nous, qui avons alors été happés, de près comme
de loin, par le cours intense des événements.
Le
17 novembre 2012, après quatre semaines de destructions et de
barricades, de solidarités inimaginables la veille encore et de
ravitaillements, de nuits blanches, de boue partout et de combats, les
flics s’effacent du paysage. Ils laissent place à une marée humaine de
40 000 personnes et à la construction fourmillante d’un hameau apporté
en kit par des centaines de tracteurs. Ce soir-là, nous sommes une foule
à repartir avec le sentiment d’avoir tordu le cou à César et renversé
le cours de l’histoire, et beaucoup à ne plus pouvoir repartir du tout.
Les
23 et 24 novembre, lorsque l’État donne un nouvel assaut, il est trop
tard : la forêt de Rohanne s’insurge de 1000 nouveaux corps fiévreux,
les ponts de la région se bloquent, Nantes entre en émeute et 40
tracteurs s’enchaînent autour de la Chat-teigne. Le gouvernement sonne
piteusement la fin de l’opération. La revendication « non à l’aéroport »
s’est transformée en une certitude dont nous ne démordrons pas pendant
les années bouillonnantes qui suivront et jusqu’à l’abandon : « Il n’y
aura jamais d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes."
C’était
l’automne il y a 10 ans et il pleuvait comme jamais. Cette saison-là a
concentré un nombre incalculables d’histoires, de gestes fous, de vies
déviées de leurs trajectoires. Elle a fait ressurgir dans le pays un
espoir insolent, celui qu’il n’y ait pas de fatalité à se faire écraser
par les tractopelles et la police. Elle a été sur ce bocage l'ouverture
d'une longue séquence pendant laquelle nous avons traversé une foule
d'autres épreuves et moments de grâce, d'attachements forcenés et de
fractures, de renforcements quotidiens de nos ancrages sur ces terres et
d'attaques renouvelées pour nous en arracher. Mais une histoire
collective continue de s'éprouver ici après tout, de se déployer entre
les fossés, d'un lieu de vie à l'autre, et nous en sommes tellement
redevables à la magie de cet automne là.
10
ans après, il nous importe de célébrer – sur la zad – la résistance à
l’opération césar. Nous souhaitons y inviter celles et ceux d’entre vous
qui en ont été parties prenantes, qui ont nourri les comités à travers
le pays, celles et ceux qui souhaitent que cette histoire vive et se
partage. Nous ne doutons pas qu’elle puisse encore alimenter les luttes
qui nous engagent aujourd’hui autant que les frayeurs des aménageurs du
désastre.
Ce
sera le week-end du 19 et 20 novembre 2022, et il sera grand temps de
se retrouver autour d’un repas, de marches, de danses, de fêtes,
rituels, cabarets, sons, images, récits... Ce moment là est encore en
construction ici et vous pouvez lui apporter vos suggestions. Et si vous
venez de loin, nous vous conseillons fortement de pouvoir être là dès
le samedi 12h pour vivre pleinement la journée, et de nous prévenir à
l’avance si vous souhaitez que l’on puisse vous loger. Pour tout cela,
et pour que l’on puisse anticiper le bon nombre de couverts, il est
possible de nous écrire dès maintenant à l’adresse 10anszadvscesar@riseup.net
Nous
en profitons aussi pour regrouper les traces disséminées de l’époque et
les récits, et nous vous invitons donc d’ici là à nous faire parvenir
des photos, vidéos, sons et écrits autour de la résistance à l’opération
César à cette même adresse.