jeudi 19 décembre 2019

poursuite






Ce jour là
j'ai voulu faire grève.
L'océan m'a tout emporté.


Cinq minutes     
et                      je reviens.


lundi 16 décembre 2019

ma pelle et mon seau



"j'avais oublié
 - Etait-ce vraiment un oubli?-
- Sur la ligne de démarcation toute goémonée, d'une ancienne marée- deux trois affaires maritimes, que je trimballais, sans doute un peu  par habitude , figé  à la case souvenir  et  bien avant que la masse des courants nébuleux et salés s'accorde vraiment et en toute liberté avec mes  doutes les plus surs.

 Remis à plus tard l'idée de refaire le monde puisqu'il était assez vaste pour s'en dépatouiller tout seul et puis...franchement, vous me voyez moi et mes petits bras prendre l'initiative de lendemains qui s'enchantent (avant de repasser des plats réchauffés).
A l'entracte peut-être?

J'avais raté toutes les occasions  attifées comme du neuf, les cérémonies éclairées aux bougies pour donner du sens aux mornes cires qui coulaient de source sure.
Pour sur,
j'avais du pain sur la planche  dans un monde qui marche à la baguette et fait des mouillettes, avec le gage d'en être ou pas
suivant comment on se faisait tri-côter à l'argus.


Pourtant,
J'avais encore  des prétentions, des pousse-toi que je m'y miettes,
des érosions matinales dites  normales;
des fréquences modulées
en  envies passagères et  clandestines;

quelques phrases en réserve pour les jours maigres
et des rendez-vous avec de drôles d'histoires...


Aussi, 

un contrat sur la tête de la poésie
où les mots tendres sont si durs
à pleurer
qu'ils vous laissent complètement desséchés
au retour d'une  phrase,
dans un virage mal négocié
où tu finis forcément

 dans la marge..

De quoi la rime?
 






Une tasse pour prendre la mer;
 pas de bol, c'était son heure de relâche.
Restait bien un peu d'eau salée au fond mais à peine de quoi y tremper ma plume pour y trouver une maritime inspiration.


Une  prochaine fois, je prendrais mon seau, et  puis ma pelle aussi.
Du haut de ses culottes courtes un petit garçon sérieux comme un baigneur dans ses pensées d'avant-hier  répétait  à l'envie :  "c'est bien  pratique d'avoir une pelle et un seau à la plage, c'est bien pratique..."

En effet !
On peut faire des châteaux en Bretagne et y enfermer son crabe qu'en pince pourtant pour  l'en dehors.
On peut aussi s'associer avec l'océan  ou une de ses filiales et créer  une entreprise d'import-export en coquillages.
On pourrait également organiser le grand prix des puces de mer sur un circuit  homologué et sponsorisé par les ptits sablés de Retz.
On peut sans doutes confier à l'Anémone le soin de retrouver sa bonne étoile.
On prend aussi des dispositions pour faire une vague sieste et du bout des pieds battre la mesure des marées.
Et puis, surtout- ne rien faire- ou alors,
raconter  juste une blague de marin pour iriser son rainbow et ensuite  mettre les voiles quand le soleil fait son lit-quide.
Une pelle et un seau, n'en déplaise aux garants de l'orthodoxie virile, c'est quand même plus pratique que sa bite et son couteau et particulièrement sur la plage où l'on se met du sable partout, où y'a pas besoin non plus de couper les cheveux des algues en quatre, ni de déboucher une  bouteille vu qu'elle sont déjà toutes parties chez leur mer, pas plus  que de hisser la grande vergue de misaine, ni faire son perroquet.

Dans le fond de la tasse, en soulevant mes bésicles  pour y voir  d'un peu plus près, j'ai découvert un petit garçon qui pleurait fort parce qu'il avait peur du bruit des vagues.
Alors, forcément, il a bien fallu d'urgence dissiper les quiproquos et surtout faire les présentations - le petit garçon, sa pelle, son seau, mesdemoiselles les vagues anciennes et nouvelles aussi etc etc
Et depuis... je vous assure, et particulièrement aux équinoxes , on comprend pas vraiment ce qu'ils se disent mais du  haut de la dune, on les entend  drôlement bien se marée.



              illustration source: Toile











dimanche 15 décembre 2019

où vont les souvenirs




"Où vont les souvenirs après qu'ils nous visitent?
Rentrent-ils sagement dans leur boite climatique jusqu'à ce que s'offre encore la permission de revenir?

Ont-ils vraiment besoin de notre accord pour débarquer n'importe comment et de préférence quand on ne les sollicite pas?
Font-ils preuve de lucidité ou au contraire sont-ils le pâle reflet du passé décomposé?
Ont-ils encore et toujours le goût, l'odeur, la vue...ou s'habituent-ils, au fur et à mesure qu'ils prennent de l'âge,  à ne ressembler à  plus grand chose ou à perdre les sens ?
Ont-ils quelque idée de la hiérarchie, du devoir, de l'histoire?
Comment se comportent-ils en société alors qu'en général ils préféraient la solitude?
Pourquoi sont-ils  si douloureux ou joyeux ou pénibles ou...?
 Pourquoi parfois  le passé prend-il  le parti du présent jusqu'à lui piquer la place?
Pourquoi  n'arrivent-ils pas ces foutus souvenirs à se faire oublier comme on le voudrait  tant, alors qu'à d'autres moments  ils s'effacent, même si on aurait bien voulu qu'ils restent encore un peu?
Sont-ils un luxe, un boulet ou autant de racines,
une maladie d'en trop avoir ou de ne plus rien savoir?
Peut-on leur faire confiance?

...Ainsi,
vois-tu,
je m'interroge!






 illustration source: Bibliothèque des inventeurs d'incroyances






"Un jour quelqu’un m‘a dit que je lisais trop. Ma première réaction a été de prendre cet individu pour un imbécile. C’était la meilleure celle-là. Pour qui se prenait-il ? J’étais surtout vexée comme un pou, car derrière cette assertion s’en cachait une autre : je ne savais pas vivre.
Enfin si : je savais manger, boire, dormir, aller travailler, rencontrer des gens, donner mon opinion, faire la fête, aller et venir dans la société, faire un enfant même, mais est-ce que je m’étais déjà posé les bonnes questions sur la vie, sur ma relation aux autres et à moi-même ? Est-ce que je m’étais déjà arrêtée deux secondes pour me voir vraiment, voir les autres ? Est-ce que la somme de textes que j’avais lus, que j’avais ingurgités, les formules apprises par cœur, les belles citations copiées-collées, ma bibliothèque pleine, m’avaient aidée à vivre, à donner du sens, à comprendre quelque chose et à faire de moi un être en conscience ?
Vous vous souvenez de la question de Clarisse à Montag dans Fahrenheit 451 : " Etes-vous heureux ?". Elle est bête. Elle révolutionne tout.
Il m’aura fallu cinq années entre cette remarque et sa prise en considération progressive pour sentir s’opérer un vraiment virement en moi. Pour comprendre que l’on peut se donner l’illusion de vivre pendant très longtemps et, ce, en toute bonne foi. Qu'on peut passer une vie à se mentir à soi-même, à se voir tel qu'on a envie de se voir, à se mystifier pour rester dans une zone de confort satisfaisante pour l'égo. Qu’on peut passer toute une vie à lire, à donner des cours, à faire des conférences, à fréquenter des milieux culturels, à avoir des avis sur tout sans faire bouger un iota de sa propre humanité. Qu’on peut passer sa vie dans une recherche d’idéal, dans un fantasme, dans un rêve éveillé, qu’on peut passer sa vie « en littérature » sans jamais toucher terre.
Ce n’est évidemment pas le fait de lire qui est problématique en soi mais l’idée de croire qu’une vie passée à lire est une vie passée à vivre. Ça peut être vrai, mais ça peut être faux. Si une autre dimension n’émerge pas à un moment donné. Pour faire passer les « carpe diem », et autres citations à tatouage, à une mise en pratique effective et réelle, pour passer du slogan mécanique « Tous ensemble, tous ensemble » à l’Essence même de la formule. Y a du sacré boulot. Y a du boulot sacré. Ô Yeah."
source: "La Mare Rouge" 

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 «À ceux qui, inquiets, frustrés, oppressés, éructent contre le destin, les dieux, les démons, les princes, le triomphe de la masse et de la technique, je préfère ceux qui chuchotent, en passant, cette simple phrase : "Je ne sais plus où j'en suis."»
Roland Jaccard  extrait de: "La tentation nihiliste" 

 





Chez: Le Marquis de l'Orée
 
 " Ne pensez pas qu'un jour il vous sera permis
De vous dire " je suis de moi-même l'ami ",
Et de faire avec vous la paix définitive
Vous resterez livrés à vos alternatives
Quand vous verrez demain vous méconnaîtrez hier
Vous vous renierez avant qu'il fasse clair."
(Arthur Cravan)






vendredi 13 décembre 2019

mots croisés


J'ai des envies  très port,
d'enfumés bistrots, les orteils pris  dans l'eau-salée-
de tables lourdes et boisées,
ornées de cartes étranges
et
improbables,
sur lesquelles, tous sexes confondants, l'on referait le monde
dans de délicates et tonitruantes chimères,
des impressions du moment aussi justes et perfectibles que l'existence 

aussi propices à la déraison, aux chants beuglés,
au solo trémolo qui fait éclore de lourdes larmes
 au buriné visage marin, revenu du tout et de rien.
"In dublin's fair city"
J'ai des envies de Vent
qui décoiffe les blanches crinières,
de ride traçant  sans vergogne leur chemin de vie;
de moitié de chacun reliant sa chacune
et toutes combinaisons dehors,
 sans aucun droit d'auteur

mais
prenant son impossible double par le cou
pour
lui susurrer dans l'oreille, des intentions notables,
de franches fragilités,

pour ne plus faire la cour,
quand l'espace est immense
et
qu'il reste plutôt, à conquérir un devoir de se tromper
d'effacer le catalogue des vérités  convenues
et
de ne posséder
finalement
que des envies fugaces d'être
bien
et là
ensemble.


Au jeu
du
ni gagnant, ni perdant
mais
où  toutes  les grâces
seraient permises.





Consomme.
Vois
Elles :




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"[...]
Je me tenais au milieu du même café dans son paysage onirique récurrent.
Pas de serveuse, pas de café. J'étais obligé d'aller à l'arrière, de moudre du café et de le passer moi-même.
il n'y avait personne alentour, hormis le cow-boy.
Je remarquais qu'il avait une cicatrice, comme un petit serpent descendant le long de sa clavicule. Je nous ai servi à l'un et à l'autre une tasse fumante mais j'ai évité de croiser son regard.
-Les légendes grecques ne nous apprennent rien, disait-il. Les légendes sont des histoires. Les gens les interprètent ou en tirent des leçons de morale.
Médée ou la Crucifixion, on ne peut les déconstruire.
La pluie et le soleil arrivèrent simultanément et engendrèrent un arc-en-ciel. Médée trouva les yeux de Jason et sacrifia ses enfants. Ces choses-là arrivent, voilà tout, l'indéniable effet domino inhérent au fait de vivre.
Il est allé se soulager tandis que je contemplais la Toison d'or selon Pasolini. Je me suis approchée de la porte et j'ai scruté l'horizon. Le paysage poussiéreux était interrompu par des collines rocailleuses dépourvues de végétation. Je me suis demandé si Médée avait gravi de tels rochers, une fois sa rage assouvie.
Je voulais savoir qui était le cow-boy. Une sorte de vagabond homérique, imaginais-je.
J'ai attendu qu'il sorte des WC, mais il prenait trop de temps. Des signes annonçaient que les choses étaient sur le point de changer: une horloge fantasque, le tabouret de bar qui tournoyait et une abeille à l'agonie qui lévitait  au-dessus d'une petite table recouverte d'émail couleur crème.
J'ai envisagé d'aller à sa rescousse, mais il n'y avait rien à faire. Je m'apprêtais à partir sans payer mon café, puis je me suis ravisée, et j'ai laissé quelques pièces sur la table à côté de l'abeille mourante.
De quoi payer le café et une modeste boite d'allumettes en guise d'enterrement.
Je me suis extirpée de mon rêve, me suis levée, débarbouillée, je me suis fait des tresses, j'ai trouvé mon bonnet et mon calepin, et suis sortie en pensant aux divagations du cow-boy sur Euripide et Apollinius.
Au départ il m'avait irrité mais je devais reconnaître que sa présence récurrente m'apportait un certain réconfort.
Quelqu'un que je pouvais retrouver, si nécessaire, dans ce paysage à la lisière du sommeil.
[...]"
Patti Smith- extrait de: M Train" Editions Gallimard 

                      photo source: New-York Times


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Tenir les rennes...



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Mots croisés
pour faire le mur:






mercredi 11 décembre 2019

dans mon rétroviseur



La nuit prêtant son oreille compère aux cris du silence, l'oeil battant paisible les rythmes d'un coeur de lune, je me suis appuyé un moment contre son épaule nue et fraîche qui mêlait à l'herbe mouillée, les vapeurs de l'océan et mes pas de solitude sur un carrelage symétrique. La rumeur avait filé sans demander son reste en sachant très bien qu'une fois passée, elle laisserait forcément un souvenir comme le sillage cotonneux d'un navire et la houle qui l'accompagne. Pour l'heure, chacun avait retrouvé place et fonction dans le grand -je- des illusions, du devant de la scène aux anonymes coulisses.



 C'est un jardin d'automne en attendant l'hiver
un jardin des plantes et qui se planque en faisant le dos rond,
sous la pluie océane en douce et demi-sel.
La nature a rangé ses costumes trop voyants
Il lui reste à attendre des instants plus propices,
pour croitre et multiplier comme disait la chanson,
et s'éponger sans chaleur apparente
mais l'émotion demeure sous la terre fertile
à ses souhaits.
C'est un jardin qui s'accroche aux branches,
distingué sous la rafale,
délicat aux intempéries, conjuguant le gris anthracite et travaillant au noir avec distinction.
C'est un jardin guère prétentieux qui fait front à la mer et demande son reste d'envolée lyrique et de gorge dénudée.
C'est un jardin qui roule et tangue,
à force d'avoir des pieds en sous-entendu marin.
Quand il tombe averse il se relève toujours et sourit de plus belle, à l'avenir et la saison clémente qui attendra tranquillement l'année prochaine;
Si tout veut bien.
C'est un jardin présentement en service minimum
qui prend des cours de grève
à bon marché,
se fait porter pâle pour se mettre au vert.
C'est un jardin public-relation,
au siècle des lumières et sa perfide Albion.
C'est un jardin qui s'adapte et n'en pense pas moins...


Un jardin si le coeur nous en dit



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Le monsieur dans le poste:



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"il faut non pas se poser mais se déposer;
faire un acte de déposition, au sens où l'on parle de rois déposés.
Cette déposition de la souveraineté par le moi, c'est la relation sociale avec autrui." 
Emmanuel Levinas






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Dans le journal (Marianne): 






"Encore un jour à se lever En même temps que le soleil La face encore un peu poquée D'mon 4h de sommeil yeah J'tire une couple de puffs de clope Job done pour les vitamines Pis un bon café à l'eau de moppe Histoire de s'donner meilleure mine Yeah J'prend le Florida Turnpike Pis demain soir j'ta Montmagny Non trucker s'pa vraiment l'Klondike Mais tu vois du pays Yeah Surtout que ça te fait réaliser Que derrière les beaux paysages Y'a tellement d'inégalités Et de souffrance sur les visages La question que j'me pose tout le temps Mais comment font tous ces gens Pour croire encore en la vie Dans cette hypocrisie C'est si triste que des fois Quand je rentre à la maison Et que j'park mon vieux camion J'vois toute l'Amérique qui pleure Dans mon rétroviseur Moi je traîne dans ma remorque Tous les excès de mon époque La surabondance surgelée, shootée suremballée, Yeah Pendant que les voeux pieux passent dans le beurre Que notre insouciance est repue C'est dans le fond des conteneurs Que pourront pourrir les surplus La question que j'me pose tout le temps Mais que feront nos enfants Quand il ne restera rien Que des ruines et leur faim C'est si triste que des fois Quand je rentre à la maison Et que j'park mon vieux camion Je vois toute l'Amérique qui pleure Dans mon rétroviseur Sur l'interstate-95 Partent en fumée tous mes rêves Un char en feu dans une bretelle Un accident mortel Yeah Et au milieu de ce bouchon Pas de respect pour la mort Chacun son tour joue du klaxon Tellement pressé d'aller nulle part La question que j'me pose tout le temps Mais où s'en vont tous ces gens Y'a tellement de chars partout Le monde est rendu fou C'est si triste que des fois Quand je rentre à la maison Et que j'park mon vieux camion Je vois toute l'Amérique qui pleure Dans mon rétroviseur Un autre truck-stop d'autoroute Pogné pour manger d'la schnoutte C'est vrai que dans la soupe du jour Y'a pu tellement d'amour yeah On a tué la chaleur humaine Avec le service à la chaîne À la télé un autre malade Vient d'déclencher une fusillade La question que j'me pose tout le temps Mais comment font ces pauvres gens Pour traverser tout le cours D'une vie sans amour C'est si triste que des fois Quand je rentre à la maison Pis que j'park mon vieux camion Je vois toute l'Amérique qui pleure Dans mon rétroviseur Rien n'empêche que moi aussi Quand j'roule tout seul dans la nuit J'me demande des fois ce que je fous ici Pris dans l'arrière-pays yeah J'pense à tout c'que j'ai manqué Avec Mimi pi les deux filles Et j'ai ce sentiment fucké D'être étranger dans ma famille La question que j'me pose tout le temps Pourquoi travailler autant M'éloigner de ceux que j'aime Tout ça pour jouer la game C'est si triste que des fois Quand j'suis loin de la maison Assis dans mon vieux camion J'ai toute l'Amérique qui pleure Quelque part au fond du coeur"
Les cowboys fringants 


 
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 Retraitons, retraitons...il en restera toujours quelque chose:

illustrations découvertes chez: "Le journal de Jane"
et chez: "Les déraisons du Docteur Burz"







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Découvert chez: "Tout est littérature (et même le reste)" 
et
chez: "Ma petite boite à musique"




lundi 9 décembre 2019

et puis l'on recommence



                                              GIF source: Toile


"Tout ce qui manque pour réussir une vie, comme dans une recette légèrement foirée.
trop de sucre ou trop salée

un peu grasse trop sèche
-allez!
manque de sauce!
quelques grumeaux, pas assez fouettée?
au galop la cuisson -
Ou-là! trop fort -
on en mijoterait quelques rancoeurs à feu doux.


Changement de décors et costume d'hiver

 badigeon à tribord et cuisine équipée!
J'ai pris la tasse mais dans l'évier elle n'a pas demandé son reste
d'un fond de thé
d'un fond de thym
infusion du soir, nouvelle en chemin?

Tout ce qui m'interroge et mon verbe irrégulier
à sortir du frigo trop tard!
à la place on se fera des pâtes comme d'habitude
là au moins, on sait où l'on va
tout droit à la colle
soluble dans l'alcool?
la parole déliée avec un peu de crème de cassis pour remplir les blancs
gros-plant-muscadet ...

c'est compris dans le menu faudrait pas se priver,

Tout ce qui peut faire passer
un bac sur la Loire un puits dans la purée
du sable en chaussettes et la pièce épurée
au théâtre des deux ânes qui se feraient bien la tête et le bonnet avec pour compenser.

Tout ce qui reste à comprendre
Tout ce qu'on ne dira jamais
Tout le mal qu'on se donne et le bien que l'on se fait
Tout l'art de l'esquive et du spectacle à rejouer
trop tard!
le réalisateur a pourtant dit : "Moteur"
Zut!
la pellicule s'est grippée.
Mais tôt ou tard! l'inconnu chassera les nuages comme on souffle sur les mauvaises idées
les bougies allumées de terribles anniversaires qui vous comptent à rebours.

C'est la rentrée pour l'écriture et je protège mes cahiers
des vers et de la froidure
du vent dans l'étier
du sel sur les pieds
des mots croisés
des rimes fléchées.

Tout ce que l'océan prendra dans ses marées
l'amour et ses filets en tranches citronnées
des salades à s'en faire tout un plat
du rôti au soleil et les vapeurs de l'âge.

Tout ce qui tiendra pour mettre les voiles
à hisser les vergues
fixer le risque au taquet
et prendre une volée de pois vert.

et tout ce qu'il faut dans la marge pour rassurer le correcteur et son stylo rouge
comme la révolte qui se bedonne à force d'être inspirée
expirez!
on retient!
on souffle!
et puis, l'on recommence..."



                                                \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[[[[[[[
  "On ne sait jamais"
Sur le seuil, provisoire

"Nous irons à Mossoul

Nous irons à New York

Nous irons au Bataclan

Nous irons dans ce petit village de la Dordogne où l'on plume les oies vivantes pour en faire des doudounes de luxe, où la police des champignons patrouille et vous confisque votre panier si vous n'êtes pas dans ses petits papiers.

Nous irons à Alep, chercher du savon de Marseille, nous n'irons pas à Calais,

Circulez !

Nous irons en Suisse, bien sûr, pays de la liberté neutre et propre, où les bottes bien cirées ne demandent qu'à marcher

Nous serons là, sur le pas de la porte, à humer le vent, à déduire son orientation, à admirer la lumière de Novembre sur le bouleau doré et plein d'oiseaux qui regardent le monde de plus haut.

Nous mettrons un pied sur la première marche de l'escalier qui se dérobe, travaillé dans ses minces fondations par les racines des arbres qui se sont plantés là, tous seuls, comme des arbres émigrés.

En fait nous resterons là sur le seuil, la valise au bout du bras qui s'allonge sous son propre poids de valise, jusqu'à la laisser reposer sur le palier. Les mains pendantes

Au seuil de quitter cette maison, nous aurons une pensée pour ceux qui sont venus de loin, l'ont habitée avant nous, l'ont construite, même. Nous aurons une pensée pour ces gens, venus du Sud ou de l'Est de l'Europe, ces crève-la-faim chercheurs d'eldorado preto, transformés en taupes le temps d'attraper la silicose, ressortis à l'air libre quand leurs poumons ne pouvaient plus l'aspirer. Nous aurons une pensée pour ces esclaves importés par la Compagnie de la Méditerranée qui pensaient retrouver la mer et se sont retrouvés sous terre.

Nous resterons sur le seuil à écouter les doubles discours apportés par le vent dans le criaillement des étourneaux

Nous penserons qu'un jour la Terre n'était/ne sera/ n'est - qu'un seul pays. "On tourne en rond, y a rien à faire, c'est la malédiction du système solaire" chantais-je, il y a longtemps.

Nous consulterons le Dictionnaire des migrations, fascinées par les flèches rouges, vertes, bleues, aux mouvements puissants et incurvés.

Des flèches pour les peuples errants, des flèches du Sud vers le Nord, de l’Est vers l'Ouest, mais toujours à la lisière du méridien de ceinture, au-delà duquel il fait froid, il fait nuit, il fait océan.

Nous étions prêtes à partir, à quitter, à décamper, à fuir,

Parce que le chef ne nous convenait pas, parce que les petits cons sous nos fenêtres nous pourrissaient la vie, parce qu'il y avait décidément trop de vent à présent, pas assez de neige, passablement de moustiques et énormément de pyrale du buis. Nous étions prêtes à déménager parce que les loyers étaient devenus exorbitants, le voisinage trop 4/4 ou pas assez.

Dans la valise nous avions mis quelques doudous, des bonnets de rechange et des paires de lunettes aussi. Des crayons et des cahiers, de l'aspirine et du pain dur.

La valise est légère, elle est vieille et rafistolée, elle a beaucoup servi. Voyages d'agréments, « escapades », tourisme professionnel. Une valise dorée qui a connu les soutes, les compartiments non fumeurs, les plate formes d'où l'on peut passer ses appels téléphoniques, et le garage du dessus de l'armoire.

Nous irons à Mossoul voir les djihadistes entraîner dans leur « martyr » des martyrs non volontaires, et les libérateurs de rue faire des omelettes avec des œufs humains.

Nous irons à New York défiler avec les Américains -qui n'ont pas voté…

Nous irons à Lampedusa, à Lisboa, à Lesbos

Nous irons à Saint-Petersbourg, à Libreville, à Istanbul, à Reykjavik, à Papeete. Et si nous allions « là-bas » ?


Nous resterons sur le seuil, ma petite fille et moi, à humer encore le vent et puis nous resterons là, car il n'y a nulle part où aller."

Marie Bipe Redon "OUI MES MOI journal de mes minorités"


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 en occitanie:

De la convergence des luttes:
  "un sapin gilet-jauné pendu à une éolienne"


"Incroyable, mais vrai : qui donc a réussi à accrocher un sapin avec un vêtement gilet jaune dans la nuit de jeudi à vendredi, à la cime d’une éolienne de 60 mètres ?!
La question turlupine les gendarmes de la compagnie de Béziers et les exploitants du parc éolien Lou Puech, sur le plateau isolé du tranquille village de Dio-et-Valquières, à l’ouest de Lodève. Et à 70 km au nord-ouest de Montpellier."
source





Amassada:
quel chantier...


Amassada - Chantier #1 from Ferdinand Griffon on Vimeo.





dimanche 8 décembre 2019

balises


"La moralité n"est bien souvent qu'une affaire d'éclairage et tu es le gardien de ton propre phare."
Marcel  Jouhandeau 


Balise
fruit du balisier
mais aussi
celui qui craint, qui s'angoisse, qui s'inquiète
ou encore
pour se repérer dans le noir. les hauts fonds...

Au propre
comme au figuré
le chemin est semé d'embuches
de Noël?

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     illustration source: Kedistan

 

"En Turquie, bien que le journalisme indépendant soit criminalisé, et que règne l’auto-censure, quelques articles osent encore la critique sociale du règne de la violence, à lire entre les lignes. Voici la traduction de l’un d’entre eux.
Par Hasan Baki Kaya, publié en turc, sur Toplumsal Bellek (Mémoire sociale), le 22 octobre.

Lorsque les hommes commencent à raconter leurs souvenirs de service militaire, vous avez l’impression que la fin ne viendra jamais. Les événement les plus ordinaires sont racontés en rajoutant plusieurs couches. Aucune limite à l’exagération. Même les sanctions les plus déshonorantes, les tabassages subis, sont déformés, tordus, rendus plus amusants à raconter.
Il n’y en a pas un, qui lors de son service militaire, n’aurait signé aucun acte héroïque. Chacun a une patrie qu’il a sauvée.
Ces derniers temps, ceux qui ont fait/font leur service militaire dans l’est ou le sud-est [de la Turquie] se  positionnent tout autrement. La place de chacun est une chose, la leur en est une autre
J’ai rencontré deux d’entre eux dernièrement, à quelques jours d’intervalle. Des “souvenirs” racontés sur le seuil, sans fioriture, m’ont pétrifié le sang.
Deux jeunes, l’un serveur, l’autre employé de boucherie. L’un a commencé à raconter pendant le repas, en échangeant vite fait, l’autre pendant les courses.
Lorsque j’ai dit au serveur qui venait d’annoncer qu’il avait fait son service militaire dans le sud-est “ça a du être difficile“, il m’a rétorqué, sans aucune hésitation “nooon, ça n’a pas été difficile du tout. J’ai commencé à tuer, directement“.
Quant à l’employé de la boucherie, après avoir exprimé, couteau en main, qu’il avait tué des dizaines de “terroristes”, il a posé le couteau sur le billot, et a tenté de me montrer sur son téléphone portable, ses photos prises avec ceux et celles qu’il avait tuéEs.  Déboussolé, sans vraiment savoir quoi dire, je me suis ressaisi difficilement et j’ai pu dire “laissez, je ne veux pas les voir“. J’ai reposé la viande hachée et le bourguignon que j’avais fait préparer et j’ai quitté la boucherie. Je me suis jeté sur la rive. J’ai bu deux café sans sucre l’un après l’autre, et me suis laissé aller à la brise venant de la mer. C’est seulement après que j’ai pu revenir un peu à moi.
Il y a un jour ou deux, d’autres paroles se sont baladées sur les réseaux sociaux : les paroles d’un homme qui répondait à un chauffeur de taxi l’interpellant par un “frère tu es tout badigeonné de sang“, avec un “j’ai dépecé un animal“, alors qu’il avait fui en laissant derrière lui, une femme égorgée, qui criait dans un bain de sang “je ne veux pas mourir“, et sa fille qui suppliait “maman, s’il te plaît ne meurs pas“…
Je n’ai pas eu le courage de regarder ces images. Je me suis contenté de lire.
Le lendemain de l’assassinat, une femme [dans un restaurant] assise à une table à côté, s’exprimait ainsi “cet assassin, faut l’attraper et le pendre illico !“. Un autre lui objectait,  “non, il faut l’attacher et arracher, chaque jour, un morceau de sa chair !“. Ce n’est pas fini ; un Président de la République annonçait “si la peine de mort vient devant moi, je la signerai“, une politicienne, une présidente de parti disait “si le projet de loi arrive au parlement, nous le supporterons“…
Ce pays est celui de ceux qui tuent les femmes, qui réclament la peine de mort, de ceux qui sont pour la pratique de la torture, un pays de violence.


Cela fait très longtemps que nous parlons ainsi aisément de la mort… De donner la mort.
Je passe sur les séries télévisées, et ne parle que des informations annonçant le nombre de “terroristes” tués, tous les jours. Dans les meetings électoraux, on quémande des voix, en se vantant du nombre de “traitres”, de “terroristes” tués. Ou encore, la mort est sacralisée, avec le martyr des soldats qui périssent. On demande aux mères de se tenir têtes hautes parce que leur fils est “tombé martyr”, et même de s’en réjouir. Celles qui hurlent leur douleur sont lynchées.
L’Etat a utilisé ces 40 dernières années, sans interruption, le langage de la violence.
Ce langage machiste, dominateur, est devenu le langage dominant du pays, avec les politiques de tension et de division sociale de l’AKP. Ce langage qui se nourrit de la paranoïa qui dit que les Kurdes “trahissent” l’Etat, et qu’ils veulent se “séparer”, peut devenir très facilement et sans aucune hésitation belliqueux et répressif, se transformer en violence ouverte… et être source de massacre.
Ce langage machiste et dominateur dont l’Etat use, influence tout le monde, mais surtout les hommes. Il se reproduit dans la vie de tous les jours, comme la langue des hommes. Ils ne font pas que de la reproduire entre hommes, mais la retournent, contre l’épouse, l’amie, la camarade, l’enfant, la collègue, qu’ils accusent de les avoir “trahis”.
source Kedistan 

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 La fête
 27em édition































THE programme complet

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 C'est dimanche et je me gratte l'éphémère



"Qu'aurais-je à raconter de mes nuits sur la plage de l'intime puisque les nuits, semble- il , seraient faites pour cela. Sauf que dans la sombre matrice habitent aussi des ombres qui accrochent la lumière. Elles sont de nature opposable et complices comme chat et souris , elles répondent désir à principe et peur en place de compassion. Elles sont parfois difficiles à cerner tant la pudeur de l'aube et ses révélations peut transformer une nature humaine. Choisir son camp sous la pâle lueur d'une lampe de bureau et reconnaitre une certaine classe à la mauvaise fois évidente. Mes visiteurs nocturnes ont souvent de la brume dans les cheveux, leur promenade crépusculaire les renvoie fatigués, un peu éblouis par la lumière vive qui se déclenche à l'orée de la maison- Les paroles qui vont suivre sont taillées pour la ouate même si on ne le comprend pas toujours lorsqu'on se sent déporté dans les virages et il faudra alors comme un don de fakir et un peu d'inconscience aussi parfois pour marcher sur les oeufs sans trop faire de casse. En sourdine comme très loin se joue la musique qui colle au décor, des instruments à corde, une voix et sa guitare, ballade sous les étoiles, qui rapproche l'infréquentable, qui brise l'incassable. Et s'il fallait dire encore des coup de pompe pas perdus qui plombent les paupières et l'air vif du dehors pour réveiller l'ardeur. Et les pensées qui filent dans le courant des aiguillages, le vent qui se joue des noctambules, la pluie qui casse le rythme et le silence plein de vie. Il faut passer dans l'autre moitié pour comprendre, le royaume des fantômes, des vampires et des anges. Il faut être joueur dans les nuances, sincère avec la colère et bon comme du pain blanc..."


 

vendredi 6 décembre 2019

pour oublier qui nous sommes







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"installe-toi
mange et bois
les oiseaux
encore
à l'orée
mais eux
ne savent pas

...

nous ne sommes d'aucun état
et d'aucune nation
invention de misère

qu'on nous fasse croire
que notre sang porte la couleur du drapeau
balivernes
il n'a qu'une seule couleur

ce sang
de ce sang dont s'abreuve les pitres

qui nous font croire encore
à cet état-nation
qui ne sert que l'or

la couleur
rouge
de ce rouge qui mute 

noir
à force de couler


nous sommes peuples de la terre
comme le puma disparu
comme l'abeille qui se meure
sous nos gestes de force et nos pouvoirs
nous ne sommes d'aucun état
d'aucune nation
nous sommes brefs et lents
petites particules
soumises aux vents cosmiques
et à nos toutes fins proches
mondes
nous sommes
instants et résidus
et nulle différence
entre l'arbre et nous
la pierre et nos artères
entre l'orbe du soleil
et le flux des étoiles
nous disparaîtrons ainsi
que toutes les comètes

alors
se dire
enfin
nous ne sommes d'aucun état
et d'aucune nation

...

Il nous faut ce jardin. Il nous faut pieds nus sur terre. Il nous faut mains dans l'herbe. Il nous faut fruits, légumes et fleurs, arbres et libres animaux. Il nous faut, sans le temps, prendre le temps de la parole, vive parole.
Il nous faut ce jardin.



Et de l'eau pour nos terres."
                                                    \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\~~~~~~~~~~~~~~~~ ~

Agrégé de nuit
à venir
Couverture
en apesanteur.
 et
circonstance
atténuante.  
 


           Décembre
                                Bouquet final
 Les voeux de la rampe.
                                             |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||##############
"Nous venons de trop loin pour oublier qui nous sommes." 
une installation de d'Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin
au LIFE  jusqu'au 19 janvier 
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Louise, huit ans, et sa jeune mère Marianne sont fusionnelles. Quoiqu'un peu moins ce soir de fest-noz, éloignées par la danse et un danseur troublant.. Lire la suite sur KuB : https://www.kubweb.media/page/danse-poussin-clemence-dirmeikis-estran-6/
" Louise, huit ans, et sa jeune mère Marianne sont fusionnelles. Quoiqu'un peu moins ce soir de fest-noz, éloignées par la danse et un danseur troublant."

le court métrage en entier chez KUB
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