vendredi 30 octobre 2020

au passage

 


"Devant un enfant on ne parle ni d'argent, ni d'amitié trahie, ni d'amour déçu, ni de vieillesse à charge. Ni de la fin de l'enfance. Il vaut son poids d'or et de ciel, ce droit de penser, agir, rêver sans conséquence."
Jean-François Deniau



- On affirme souvent que « tout le monde peut écrire ».
Jean Rouaud : - Je l’ai moi-même cru longtemps, et j’ai été plutôt enclin
à inciter à écrire tous ceux qui en manifestaient le désir. On est tous,
tout le temps dans l’écriture – d’un rapport, d’une carte postale, pour
laquelle on essaie de trouver une tournure un peu fine, un peu drôle.
Et on est tenté de se dire qu’il suffirait d’allonger la phrase pour lui
faire porter une histoire, et que, ma foi, de la carte postale au roman,
il n’y aurait qu’une question de temps et d’énergie.
En fait, je crois de plus en plus que ce saut de la carte postale au livre,
c’est l’engagement de toute une vie. Ce n’est pas quelque chose qui
se fait impunément. Il y a un prix très lourd à l’écriture, qui consiste
à abandonner, en fait, quasiment toute ambition sociale." 
Jean Rouaud extrait de: "Les champs d'honneur" 
 

"
Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. Je les appelle des mots magiciens : utopie, radieux, jovial, maladrerie, miscellanées, mitre, méridien, pyracantha, mausolée, billevesée, iota, ire, parangon, godelureau, mauresque, jurisprudence confiteor, et tellement d'autres que j'ai retenu sans effort, pourtant sans connaître leur sens."
Franck Bouysse extrait de: "Né d'aucune femme". 
 
 
La plage sortait masquée
et à distance raisonnable
pour ne pas contaminer par ses gouttelettes de sable
un océan désarmé.
 



L'histoire d'un pays qui brille de mille feux et que tout le monde peut rejoindre. Il y a des mots pour ça : eldorado, mirage, paradis, chimère, utopie, Lampedusa. C'est l'histoire de ces bateaux qu'on appelle ici kwassas kwassas, ailleurs barque ou pirogue ou navire (…). C'est l'histoire de ces êtres humains qui se retrouvent sur ces bateaux et on leur a donné de ces noms à ces gens-là, depuis la nuit des temps : esclaves, engagés, pestiférés, bagnards, rapatriés, Juifs, boat people, réfugiés, sans papiers, clandestins."
Nathacha Appanah
 
 

"La vie est ainsi faite, on n'y peut rien. Grandir, c'est apprendre à calculer, dans tous les sens du terme. Mais ce que l'on ne vous dit pas à l'école, c'est que vous y perdrez vos rêves au passage."
Patrick Bauwen 
 

 

jeudi 29 octobre 2020

clichés au kilomètre

 



 
"La mer s'en va. Elle quitte les côtes, leur cède l'espace d'une marée l'éphémère victoire du terrain, offre aux coquillages qui pourraient ne jamais les voir les nuages, le soleil ou les étoiles.La mer s'en va pour une ronde au large, portée par le clapot du courant du jusant.
Toi, le marin, qui l'aime d'un amour si profond qu'il t'en vient parfois de la maudire, de la haïr et de l'insulter, les fibres de ton appel vibrent au rythme du flot et du jusant. La mer monte, descend, vient, repart ainsi que fait ton sang dans ton coeur pour alimenter ton corps.
Je pourrais t'écrire des Nourritures océanes , assis au café du Port, face à un verre de rhum dont le fond ferait trace sur la page blanche.
J'ai goûté à la mer, et elle avait un fameux goût.
L'initiation à la générosité des immensités salines est aisée: il suffit d'aimer.
Sans jamais oublier que les grandes amours sont souvent impitoyables et que les poètes de la rive qui se laissent emporter par le courant de jusant peuvent y laisse des rimes. Car ce courant porte vers le large, et regagner la terre n'est pas toujours facile."
Gérard Janichon extrait de: "Voyages sans escale"
 

 

"La nostalgie, c'est comme les coups de soleil : ça fait pas mal pendant, ça fait mal le soir."
Pierre Desproges 
 
 


mercredi 28 octobre 2020

épisode

 

Quelques pieds de tomates
résistent encore
 frôlant le ridicule de leurs branches effeuillées.
Le ciel est un peu saoul
ou gris
des saucées successives qui ont parcouru le jour
dans les bagages d'un vent d'est débridé.
Le thé est un peu froid
dans le fond
on pourrait allumer le poêle 
ou
attendre
pour ne pas ébrécher
l'épisode.
 

 

Ma mère

"Elle est assise
dans ses quarante kilos
devant la mer

vaste
comme les questions
qu’elle se pose

j’imagine
devant la mort.

Elle est assise
sous ses yeux
et sous le ciel

ses yeux regardent
et gardent ce qu’ils regardent

dans sa main
qu’elle dépliera de l’autre côté

comme un enfant montre ses billes
au soleil

et à ses copains.

Elle entraine ses yeux
à l’horizon

elle s’entraine
au point de non retour.

Assise
dans ses quarante kilos
dans ses quatre-vingt-deux ans

elle vérifie une dernière fois
le tour de la terre
par la mer

avec ses yeux
elle marche sur l’eau.

Elle cogne à l’horizon
pour ouvrir
à la mer

la porte du ciel.

Elle se prépare
pour être la première
le dernier jour."

  Yvon Le Men                                         

 


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      Une bande dessinée pour dénoncer le scandale de l'enfouissement des déchets  nucléaires.
 
 
 
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 "Le chemin des Brumes"
carnet de voyages dans les monts d'Arrée
 de Xavier Liebard
source KUB`
 

 

                                             LE FILM EN ENTIER

                                                         |||||||||||||||||||||||||||||################~~~~

 



lundi 26 octobre 2020

plus tard

 

Nous regardions le monde se figer en noir et blanc.
La couleur briguant
en apparence
 le vivant subtil de nos quotidiens d'après
et d'avant
 ou encore l'inverse.
Tout se mélange.
 
             photo source: Riko
 
A quelques années d'indifférence
nous regardions, dans la même direction.
le nez pointant vers la place et son rond point.
Dans mes années d'enfance on y cherchait son chemin
un peu plus tard on y su l'heure,
grâce à l'installation de quatre horloges -sic-
reproduction de celles qui trônaient au même emplacement avant guerre
sur la place de Nantes devenue depuis place des quatre Z'Horloges,
face à la rue Villès-Martin devenue depuis Avenue De Gaulle.

Nous regardions le monde se figer de nous
 plus tard.
sur quelques clichés jaunis.
Tu vois, la couleur n'est jamais vraiment loin

 
"Et ceux qui dansaient furent considérés comme fous par ceux qui ne pouvaient entendre la musique."
 Friedrich Nietzsche
 



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 illustration source: Lundimatin
 
"Je ferme enfin les yeux. Je ne dors pas mais mes yeux sont fermés. La lumière du jour perce à peine, des taches de couleur flottent au-dedans, indistinctes. J’entends tout ce qui bouge, respire. Tout. Rien n’échappe à mon ouïe. Les différents groupes électrogènes du quartier, le sifflement d’une bouilloire, le bourdonnement d’une mouche qui me nargue, une voiture qui s’éloigne, une autre qui s’approche, des klaxons lointains, un avion de ligne qui passe au-dessus, quelques aboiements, aigus, rauques, un tapis qui se fait battre, le cri d’une sirène, l’énième grondement circulaire des avions de chasse de Tsahal, une scie électrique au travail, la matière qui cède, une sonnerie de téléphone, quelques notes d’un piano, une voisine qui appelle le concierge, qui insiste, une série télévisée doublée, des gémissements, les notes de piano qui reviennent, tentent d’élaborer, le chat qui s’avance sur le haut du dossier du canapé, au-dessus de mon crâne dégarni, qui me tapote d’une patte, griffes rentrées, le troisième ou le quatrième appel à la prière du muezzin, puis le trou.

Mes yeux ont dû se rouvrir d’un coup, je ne sais plus. Je me suis retrouvé dans la rue, ces mêmes rues et places conquises l’automne précédent, j’ai failli écrire libérées, mais nul autre, ni les camarades, ni les indécis, ni les misérables, ni les tentes dressées, ni ce poing géant et ce drapeau de parade, ni la flicaille, ni la soldatesque, ni les mouchards, ni les gaz, ni les irritations, ni les ambulances, seuls les graffitis, les murs, les blocs, les barbelés et mon corps figé. Et ce tract à mes pieds, retourné, un peu chiffonné. Un nuage vient m’offrir un répit d’ombre, progressivement il couvre tout ce supposé centre-ville. Il bouge lentement, lourdement. Je finis par lever la tête. Rien de particulier de prime abord, un des gratte-ciel avait semble-t-il éclipsé le soleil, sombre menhir érigé. L’air cependant. Chaque molécule, chaque atome, ou presque. À peine visibles. Un instant je les avais confondus avec de la poussière. Ils ne bougeaient pas eux aussi. Ce n’est que quand je me suis mis à enfin me mouvoir qu’ils se mirent à en faire de même. On aurait dit qu’ils m’accompagnaient, que j’en faisais partie. J’avais hésité à me pencher et retourner le tract, un peu de rouge et de noir transparaissaient. J’avais tout autant hésité dans la direction à prendre. Mes pas décidèrent pour moi, ils ne me menèrent pas bien loin. Un vaste parking aérien puis un autre traversés, juste un véhicule, vraisemblablement abandonné, les quatre pneus à plat, un maladroit vous tous barrant le pare-brise arrière, et la mer qui s’étalait derrière d’autres barbelés. Deux navires jumeaux mouillaient, côte à côte, du bleu et du blanc, bleu de cobalt. Nul pavillon. Avaient-ils un nom ? Les bateaux en ont-ils obligatoirement un ? Ils avaient l’air intact, flambant neuf. Leur proue me faisait face. C’est si imposant, si rassurant, un navire à quai, deux navires identiques côte à côte, encore plus. Colosses étendus. On en oublierait ce qui les attend. J’étais resté à distance, la route entre nous, cinq cent mètres, huit cent peut-être. Les molécules et les atomes s’épaississaient, prenaient une forme de moins en moins abstraite et, en même temps, ils ne ressemblaient à rien. Ils semblaient m’attendre. Je tendis une main, la gauche je crois bien. Je l’agitais assez grotesquement au bout d’un moment. Ils ne réagissaient pas pour autant. Points obstinément fixes. De même le soleil derrière le gratte-ciel. De même les jumeaux, le bassin dans lequel ils avaient jeté l’ancre, tout autour, au-delà, l’horizon, aussi loin que mes yeux pouvaient distinguer, la moindre entité pour tout dire. Résolument fixes. Je ne savais plus s’il fallait en rire ou si je devais tout simplement m’en aller. J’avais le choix, côté ouest, ou le sens inverse, côté nord, ou encore faire machine arrière. Je me disais que les gens allaient forcément commencer par apparaître, ne serait-ce que l’un après l’autre. Cela allait se dissiper, il ne pouvait en être autrement. C’est à cet instant précis que j’entendis ce son lointain. Cela dura quelques secondes. Quelques autres secondes et cela se répéta. Toujours aussi lointain, toujours la même durée. Ce n’était pas un cri. De nouveau, après quelques secondes. Et de nouveau. Encore. Tel un métronome. Je ne parvenais pas à reconnaître ce son, sa nature. Au-dessus, le ciel s’était figé entre jour et nuit. Il ne basculait pas, ni d’un côté ni de l’autre. Il ne pouvait. La mer était son miroir.

Ce n’est qu’au bout de la neuvième fois que je me rendis compte que cela s’approchait. La même cadence, la même mesure. Une voix humaine assurément. Un chœur ? Un accord peut-être. Cela se rapprochait très lentement. Était-ce des mots scandés, un tambour qui les accompagnait ? Pour chaque mot, chaque vocable, un coup. Je pouvais les compter, mais je ne distinguais pas les paroles, pas encore. Cela n’en finissait plus de s’approcher.

C’est seulement au contact que se découvrent l’ami et l’ennemi. Une situation politique ne procède pas d’une décision, mais du choc ou de la rencontre entre plusieurs décisions. Qui part du proche ne renonce pas au lointain, il se donne juste une chance d’arriver. Car c’est toujours depuis l’ici et maintenant que se donne le lointain. C’est toujours ici que le lointain nous touche et que nous nous en soucions. "
Ghassam Salhab source: Lundimatin 
 
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 "Récapitulons : un professeur est décapité en France par un islamiste convaincu que montrer un dessin du trou de balle du prophète mérite la mort. Et, en réaction à cet attentat, de nombreux musulmans dans le monde, boycottent la Vache qui rit et le Caprice des Dieux pour dénoncer l’"islamophobie" présumée de la France.
 

Pour les auditeurs qui n’auraient pas suivi l’évolution du monde ces dernières années, il s’agit de faits réels et pas du résumé du prochain film de Sacha Baron Cohen.

Alors c’est vrai qu’on pourrait s’interroger sur la logique qui pousse des musulmans à se lancer dans ce genre de boycott, quand on connaît l’attachement des Arabes pour la Vache qui rit et le Caprice des Dieux (que je partage) et surtout quand on connaît l’indifférence quasi-totale du monde musulman au sujet du massacre des Ouïghours par la Chine et celui des yéménites par l’Arabie saoudite. Comme quoi certains attachent plus d’importance à un dessin qu’à la vie de ceux qu’ils considèrent comme "leurs frères". Ce qui donne tout son sens au mot famille et la folle envie d’en faire partie… ou pas.

Comme si ça ne suffisait pas, après qu’Emmanuel Macron ait promis à Samuel Paty que la France ne renoncerait pas aux caricatures, le premier ministre pakistanais et le président turc, ont : 

Traité le Président français d’“islamophobe“ pour l’un 
Et invité à passer un examen de santé mentale pour l’autre.
 

Je sais que d’habitude ces incitations à la haine à peine voilées, sous couvert de dénonciation d’une “islamophobie“ présumée de Charlie Hebdo, de Mila, de la France, des laïcs et du modèle français, étaient plutôt le fait de militants communautaristes, d’animateurs télé, ou encore de stars de la téléréalité légitimant la haine sous couvert de compassion. 

Mais là, il s’agit d’un président et d’un Premier ministre en exercice désignant ouvertement la France comme cible, ce qui est assez différent. 

C’est simple, pour retrouver ce niveau d’indécence, il faudrait recenser l’ensemble de ceux qui n’ont rien trouvé de mieux que de continuer à qualifier les dessins de Charlie Hebdo d'"islamophobes" après que sa rédaction ait été décimée. Si, si, je vous assure, il y en a. 

Franchement, à ce niveau de haine à l’égard du modèle laïc français, on pourrait presque parler de koufarophobie. Oui la koufarophobie, la haine de tous ceux qui défendent un autre modèle que l'islamisme. C’est la stigmatisation de tous les mécréants, mais aussi de tous les musulmans qui considèrent que ce n’est pas un dessin qui leur fera, ni un deuxième trou au derrière, ni renoncer au Caprice des dieux. 

Comme d’habitude, ces appels à la haine et ces incitations à commettre des attentats s’abritent pudiquement derrière la défense de pauvres musulmans choqués par un dessin, pour mieux condamner à mort ceux qui préfèreraient en rire.  

Jamais les appels au meurtre lancés par ceux qui passent leur temps à qualifier la France et le modèle français d’"islamophobes" n’auront été aussi clairs et, je le crains, aussi dangereux. 
 Ce qui est dommage, parce que s’il s’agissait d’un échange apaisé et constructif nous pourrions comparer sereinement le modèle français avec le modèle de liberté d’expression à l’iranienne, la saoudienne, la koweitienne, la turque et la pakistanaise juste histoire de voir, lequel on préfère. Moi, personnellement j’ai choisi."
 
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 "Souffrir de la solitude est mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude."
Friedrich Nietzsche


"Nous n'avons le choix qu'entre des vérités irrespirables et des supercheries salutaires."
Emil-Michel Cioran
 

dimanche 25 octobre 2020

ouvert

 

 Prise de vue
brise de rues.
 
Une histoire de pieuvre géante qui s'attaquerait à un phare
T'imagines...
Personne en a voulu du manuscrit
même avec le bandeau "OUVERT" écrit en gros sur la couverture
pour dire que l'on avait le droit de changer la fin
et même le début
Tu vois!
C'était ouvert.
Trop peut-être.
Mais je suis sur un autre truc maintenant,
moins
enfin plus...positif,
 peut-être:
L' histoire d'un joueur de flûte au bord de l'océan
qui empêche une fille d'écouter la radio
et c'est le début d'une rencontre et d'un départ futur en bateau, vers les îles.
C'est bien comme trame non?
Faut que je travaille encore un peu le scénar mais là je sens que c'est porteur.
 


 




 


 

samedi 24 octobre 2020

what's up

 


 "Si la matière grise était plus rose, le monde aurait moins les idées noires."
Pierre Dac 
 
 

"Il nous en coûte de le reconnaître mais nos directeurs de conscience en activité, ce sont les vedettes du showbiz dont le nom s'affiche au bas des pétitions."
Régis Debray exytrait de "Lettre ouverte de Régis Debray à Pierre Nora-L'OBS/idées-n°2020 
 

 


 

 "Les journaux ne parlèrent plus que de cela.
  Les éditoriaux flambèrent, les grandes consciences tempêtèrent;
le public, lui en redemanda, dès la première diffusion.
L'émission, qui s'appelait sobrement "Concentration", obtint une audience record.
Jamais on n'avait eu prise si directe sur l'horreur.
"Il se passe quelque chose", disaient les gens.
La caméra avait de quoi filmer. Elle promenait ses yeux multiples sur les baraquements où les prisonniers étaient parqués: des latrines, meublées de paillasses superposées. Le commentateur évoquait l'odeur d'urine et le froid humide que la télévision, hélas, ne pouvait transmettre.
Chaque Kapo eut droit à plusieurs minutes de présentation.
Zdena n'en revenait pas. La caméra n'aurait d'yeux que pour elle pendant plus de cinq cents secondes.
Et cet oeil synthétique présageait des millions d'yeux de chair.
-Ne perdez pas cette occasion de vous rendre sympathiques, dit un organisateur aux kapos. Le public voit en vous des brutes épaisses: montrez que vous êtes humains.
-N'oubliez pas non plus que la télévision peut être une tribune pour ceux d'entre vous qui ont des idées, des idéaux, souffla un autre avec sourire pervers qui en disait long sur les atrocités qu'il espérait les entendre proférer.
Zdena se demanda si elle avait des idées.
Le brouhaha qu'elle avait dans la tête et qu'elle nommait pompeusement sa pensée ne l'étourdit pas au point de conclure par l'affirmative.
Mais elle songea qu'elle n'aurait aucun mal à inspirer la sympathie.
C'est une naïveté courante: les gens ne savent pas combien la télévision les enlaidit, Zdena prépara son laïus devant le miroir sans se rendre compte que la caméra n'aurait pas pour elle les indulgences de son reflet."
Amélie Nothomb- extrait de: "Acide sulfurique"


 


 


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Huxley ou Orwell ?
Bon choix monsieur, bon choix madame...
A voir sur ARTE TV 
 

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 "Comment préparer le monde d'après ? Comment aménager nos territoires pour répondre aux enjeux actuels et à venir ? Que faire en tant que citoyens, d'autant plus en tant que jeunes ? L'épicerie associative La Locomotive en partenariat avec le Ciné Malouine posent ces questions et organisent en avant-première la projection du film documentaire DOUCE FRANCE, à Saint Malo de Guersac, vendredi 6 novembre à 20h30. La projection sera suivie d'un échange rassemblant maraîchers, élus locaux et associations. Un bouillonnement de réflexions et d'initiatives qui fera écho à la belle dynamique en cours partout en France. Ce film documentaire a reçu le prix internationale du film de l'environnement."


 

 source  " LA LOCO" des Potes au Roz
 

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mercredi 21 octobre 2020

barre avant toutes

 

"C'est la roue qui tourne"
Pensée volatile

        Séance de yoga sur le port de La Turballe

                                      
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"Nous n'irons plus dans la forêt"

J’ai appris ce matin que la maison et la forêt de la romancière Jean Hegland, dépeinte dans son très beau roman Dans la forêt, avait été détruite cet été par les incendies qui ont ravagé la Californie. Une source d’inspiration, de beauté et de vie, réduite en cendres… J’en ai été bouleversée. C’est tragique naturellement, mais pourquoi cette perte me touche-t-elle autant ? Examiner la succession des catastrophes est devenu la litanie de nos journées et des incendies, malheureusement, il y en a maintenant toute l’année. En Californie, en Australie, au Brésil ; le monde n’en finit pas de brûler et ce n’est pas la première fois que je me confronte au sujet. Mais on est toujours plus percuté par les drames qui touchent une personne ou un lieu qu’on connaît, qu’on a appris à aimer, que ce soit par l’expérience vécue ou en imagination.

C’est ainsi que je me suis sentie particulièrement touchée récemment par les projets de travaux menaçant les étangs de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). Ces balades qui nous faisaient partir le dimanche dans la Simca familiale constituaient mes échappées au vert de gamine parisienne, qui tentait pleine d’espoir de faire germer quelques glands, au retour, dans un verre. Je ne préfère même pas savoir ce que devient le bois de Meudon où je passais une grande partie de mes étés en centre aéré, m’initiant au judo et à la construction de cabanes, découvrant les différentes espèces de champignons, arpentant en cachette la « carrière » où on dénichait encore parfois, tout excités, de vieux restes de douilles et de munitions.

S’évader l’espace d’un instant au cœur de la jungle

J’ai appris en revanche la destruction programmée des magnifiques serres d’Auteuil [à cause de l’extension de Roland-Garros], dont il suffisait de pousser la porte pour pénétrer dans un autre univers, soudainement enveloppée d’une touffeur gorgée d’humidité, du silence teinté du ruissellement des gouttelettes de condensation, entourée de fleurs majestueuses, envoûtantes et vaguement inquiétantes. Où l’on pouvait, entre le boulevard périphérique et Roland-Garros, s’évader l’espace d’un instant au cœur de la jungle, de la selva et se prendre pour une exploratrice, serrée au sein de l’armature aérienne « bleu Formigé », du nom de son architecte, un contemporain du Conrad de Au cœur des ténèbres et du Théâtre Amazonas, l’opéra de Manaus… Peut-être est-ce de cette époque que date mon goût pour la fin du XIXe siècle et les plantes tropicales, qui sait ? J’aimerais tant que d’autres petits Parisiens puissent eux aussi écarquiller les yeux devant les noms latins, s’abandonner à la charge de la moiteur qui pénètre chacun de vos pores, se perdre en tremblant dans les allées en se demandant si y vivent aussi des araignées géantes et des serpents venimeux, et s’y forger leurs propres rêves..../...

 

Jean Hegland déplorant la destruction de sa maison à cause du changement climatique.

 .../...

Cette maison, cette forêt de Jean, nous sommes nombreuses à les avoir symboliquement parcourues en suivant Nell et Eva. J’ose à peine imaginer ce que représente une telle perte. Et pourtant, plus près de nous, les images cataclysmiques de la vallée de la Roya nous obligent à ne pas détourner le regard. Comment pourrions-nous assister au spectacle désolant et terrifiant de ces maisons emportées par les flots sans y penser ? Il faudrait être dépourvu tout à la fois de lucidité, d’imagination et d’empathie pour ne pas se projeter… Si le Vercors s’écroulait, emportant nos maisons, patiemment aménagées et peuplées de tous nos souvenirs, dans un amas de roches, si la forêt alentour finissait en cendres, si nos rivières de la Drôme s’asséchaient, si chacun de ces cols dont on connaît le nom disparaissait, si on ne voyait plus les chevreuils aller et venir en bordure des champs, si nos paysages familiers étaient ainsi aplatis, gommés, détruits… C’est ce qui se passe pourtant déjà dans de nombreux pays, ce qui s’est toujours passé nous rétorquent les « rassuristes », mais qui est en train de s’accélérer selon tous les scientifiques.

Que tout ce qui semble étranger devienne familier 

Et parfois, donc, la catastrophe vient s’incarner dans un lieu ou un visage ami. C’est le cas pour Jean, que j’ai eu la chance de rencontrer à Paris et sa forêt, qu’elle nous a donnée à partager. Il se trouve que c’est dans le même comté de Sonoma, en Californie, que Jack London avait situé la fin de son roman Radieuse aurore et qu’il avait construit, à Glenn Ellen, sa « house happy » qui brûla en une nuit. Ce fut un lieu ami encore cet été qui partit en fumée avec la belle pinède de Chiberta, à Anglet, où mon fils allait se promener avec ses grands-parents quand il était petit. Et c’est le souvenir qui m’étreint, insoutenable, à la vue des images qui nous arrivent du Rojava et de ses habitants, à feu et à sang… La catastrophe devient alors intime et concrète, douloureusement.

« On ne défend bien que ce qu’on a appris à aimer, appréhendé par l’esprit et intégré par les sens. Non à la manière d’un scientifique disséquant les caractéristiques communes entre l’espèce humaine et le reste du monde vivant, ni du mathématicien posant les interdépendances en équations, mais à la manière de ce que l’on saisit par l’épreuve, entendue dans son sens originel et non dans son acception judéo-chrétienne : l’épreuve qui permet de juger la valeur d’une idée, d’un paysage, d’une relation. » Cette conviction que j’exprimais dans Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, l’importance de l’attachement par les sens pour redouter et ressentir la perte, n’a fait que se renforcer depuis.

Il ne s’agit évidemment pas de s’infliger une solastalgie anticipée, de ce terme qui recouvre la « douleur de perdre son habitat, son refuge, son lieu de réconfort », mais de s’attacher et s’assurer, par ces liens, que les lieux et visages amis ne disparaîtront pas sans qu’on se soit battus pour eux. Cela doit nous inciter à reconsidérer ce qui semble aller de soi, à en questionner la permanence, à savourer la présence des merveilleux insignifiants du quotidien et profiter, chaque jour, de ce qui est encore là. Cela doit aussi nous convaincre de favoriser et multiplier, chaque fois que c’est possible, les points de contact et de rencontre pour que tout ce qui semble étranger devienne familier, une chose à laquelle on tient, parce qu’elle est entrée dans notre petit monde intime de plain-pied."
Corinne Morel-Darleux  source: REPORTERRE
 
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"Larguer les amarres, l'illusion du port d'attache. Cap sur la réalité. Barre avant toutes."
Sylvestre Coussegal 




ON PEUT SIGNER Z'ICI MËME


 

Et un peu de publicité (pour une noble cause...) :



mardi 20 octobre 2020

potage velours

 

"Inquiète et libre à la fois, la sensibilité cherche des stimulants et des ivresses. Le salut est dans le rapprochement de toutes ces âmes avides, de ces cœurs anxieux. La sociabilité devient l'unique et providentielle dimension de l'homme."
Robert Mauzi ~
 
 
 
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 photo Source
 


Kid Francescoli En concert VIP au LIFE de Saint-Nazaire -le 30 octobre à 21H

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 Plat du jour:
Un vieux môle
au deuxième degré
en sa cage d'escalier. 
 
mais encore:

 ou alors
un glorieux postérieur
sous quelques cordes à linge
 

"A force d'entrer dans les détails du passé, on se rend le présent tolérable."
Maxime Du Camp 
 
 

     « Il avait eu le temps de voir
    Le temps de boire à ce ruisseau
    Le temps de porter à sa bouche
    Deux feuilles gorgées de soleil

    Le temps de rire aux assassins
    Le temps d’atteindre l’autre rive
    Le temps de courir vers la femme
    Juste le temps de vivre. »
   
Boris Vian, « l’Evadé », 1954



 
 
Tout petit déjà...
Beaucoup d'histoires commencent ainsi
dans la perspective d'un chemin
bordant la plage.
Premiers pas de côté
premiers pas côtiers 
en laine de barboteuse.
 



 

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