lundi 26 octobre 2020

plus tard

 

Nous regardions le monde se figer en noir et blanc.
La couleur briguant
en apparence
 le vivant subtil de nos quotidiens d'après
et d'avant
 ou encore l'inverse.
Tout se mélange.
 
             photo source: Riko
 
A quelques années d'indifférence
nous regardions, dans la même direction.
le nez pointant vers la place et son rond point.
Dans mes années d'enfance on y cherchait son chemin
un peu plus tard on y su l'heure,
grâce à l'installation de quatre horloges -sic-
reproduction de celles qui trônaient au même emplacement avant guerre
sur la place de Nantes devenue depuis place des quatre Z'Horloges,
face à la rue Villès-Martin devenue depuis Avenue De Gaulle.

Nous regardions le monde se figer de nous
 plus tard.
sur quelques clichés jaunis.
Tu vois, la couleur n'est jamais vraiment loin

 
"Et ceux qui dansaient furent considérés comme fous par ceux qui ne pouvaient entendre la musique."
 Friedrich Nietzsche
 



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 illustration source: Lundimatin
 
"Je ferme enfin les yeux. Je ne dors pas mais mes yeux sont fermés. La lumière du jour perce à peine, des taches de couleur flottent au-dedans, indistinctes. J’entends tout ce qui bouge, respire. Tout. Rien n’échappe à mon ouïe. Les différents groupes électrogènes du quartier, le sifflement d’une bouilloire, le bourdonnement d’une mouche qui me nargue, une voiture qui s’éloigne, une autre qui s’approche, des klaxons lointains, un avion de ligne qui passe au-dessus, quelques aboiements, aigus, rauques, un tapis qui se fait battre, le cri d’une sirène, l’énième grondement circulaire des avions de chasse de Tsahal, une scie électrique au travail, la matière qui cède, une sonnerie de téléphone, quelques notes d’un piano, une voisine qui appelle le concierge, qui insiste, une série télévisée doublée, des gémissements, les notes de piano qui reviennent, tentent d’élaborer, le chat qui s’avance sur le haut du dossier du canapé, au-dessus de mon crâne dégarni, qui me tapote d’une patte, griffes rentrées, le troisième ou le quatrième appel à la prière du muezzin, puis le trou.

Mes yeux ont dû se rouvrir d’un coup, je ne sais plus. Je me suis retrouvé dans la rue, ces mêmes rues et places conquises l’automne précédent, j’ai failli écrire libérées, mais nul autre, ni les camarades, ni les indécis, ni les misérables, ni les tentes dressées, ni ce poing géant et ce drapeau de parade, ni la flicaille, ni la soldatesque, ni les mouchards, ni les gaz, ni les irritations, ni les ambulances, seuls les graffitis, les murs, les blocs, les barbelés et mon corps figé. Et ce tract à mes pieds, retourné, un peu chiffonné. Un nuage vient m’offrir un répit d’ombre, progressivement il couvre tout ce supposé centre-ville. Il bouge lentement, lourdement. Je finis par lever la tête. Rien de particulier de prime abord, un des gratte-ciel avait semble-t-il éclipsé le soleil, sombre menhir érigé. L’air cependant. Chaque molécule, chaque atome, ou presque. À peine visibles. Un instant je les avais confondus avec de la poussière. Ils ne bougeaient pas eux aussi. Ce n’est que quand je me suis mis à enfin me mouvoir qu’ils se mirent à en faire de même. On aurait dit qu’ils m’accompagnaient, que j’en faisais partie. J’avais hésité à me pencher et retourner le tract, un peu de rouge et de noir transparaissaient. J’avais tout autant hésité dans la direction à prendre. Mes pas décidèrent pour moi, ils ne me menèrent pas bien loin. Un vaste parking aérien puis un autre traversés, juste un véhicule, vraisemblablement abandonné, les quatre pneus à plat, un maladroit vous tous barrant le pare-brise arrière, et la mer qui s’étalait derrière d’autres barbelés. Deux navires jumeaux mouillaient, côte à côte, du bleu et du blanc, bleu de cobalt. Nul pavillon. Avaient-ils un nom ? Les bateaux en ont-ils obligatoirement un ? Ils avaient l’air intact, flambant neuf. Leur proue me faisait face. C’est si imposant, si rassurant, un navire à quai, deux navires identiques côte à côte, encore plus. Colosses étendus. On en oublierait ce qui les attend. J’étais resté à distance, la route entre nous, cinq cent mètres, huit cent peut-être. Les molécules et les atomes s’épaississaient, prenaient une forme de moins en moins abstraite et, en même temps, ils ne ressemblaient à rien. Ils semblaient m’attendre. Je tendis une main, la gauche je crois bien. Je l’agitais assez grotesquement au bout d’un moment. Ils ne réagissaient pas pour autant. Points obstinément fixes. De même le soleil derrière le gratte-ciel. De même les jumeaux, le bassin dans lequel ils avaient jeté l’ancre, tout autour, au-delà, l’horizon, aussi loin que mes yeux pouvaient distinguer, la moindre entité pour tout dire. Résolument fixes. Je ne savais plus s’il fallait en rire ou si je devais tout simplement m’en aller. J’avais le choix, côté ouest, ou le sens inverse, côté nord, ou encore faire machine arrière. Je me disais que les gens allaient forcément commencer par apparaître, ne serait-ce que l’un après l’autre. Cela allait se dissiper, il ne pouvait en être autrement. C’est à cet instant précis que j’entendis ce son lointain. Cela dura quelques secondes. Quelques autres secondes et cela se répéta. Toujours aussi lointain, toujours la même durée. Ce n’était pas un cri. De nouveau, après quelques secondes. Et de nouveau. Encore. Tel un métronome. Je ne parvenais pas à reconnaître ce son, sa nature. Au-dessus, le ciel s’était figé entre jour et nuit. Il ne basculait pas, ni d’un côté ni de l’autre. Il ne pouvait. La mer était son miroir.

Ce n’est qu’au bout de la neuvième fois que je me rendis compte que cela s’approchait. La même cadence, la même mesure. Une voix humaine assurément. Un chœur ? Un accord peut-être. Cela se rapprochait très lentement. Était-ce des mots scandés, un tambour qui les accompagnait ? Pour chaque mot, chaque vocable, un coup. Je pouvais les compter, mais je ne distinguais pas les paroles, pas encore. Cela n’en finissait plus de s’approcher.

C’est seulement au contact que se découvrent l’ami et l’ennemi. Une situation politique ne procède pas d’une décision, mais du choc ou de la rencontre entre plusieurs décisions. Qui part du proche ne renonce pas au lointain, il se donne juste une chance d’arriver. Car c’est toujours depuis l’ici et maintenant que se donne le lointain. C’est toujours ici que le lointain nous touche et que nous nous en soucions. "
Ghassam Salhab source: Lundimatin 
 
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 "Récapitulons : un professeur est décapité en France par un islamiste convaincu que montrer un dessin du trou de balle du prophète mérite la mort. Et, en réaction à cet attentat, de nombreux musulmans dans le monde, boycottent la Vache qui rit et le Caprice des Dieux pour dénoncer l’"islamophobie" présumée de la France.
 

Pour les auditeurs qui n’auraient pas suivi l’évolution du monde ces dernières années, il s’agit de faits réels et pas du résumé du prochain film de Sacha Baron Cohen.

Alors c’est vrai qu’on pourrait s’interroger sur la logique qui pousse des musulmans à se lancer dans ce genre de boycott, quand on connaît l’attachement des Arabes pour la Vache qui rit et le Caprice des Dieux (que je partage) et surtout quand on connaît l’indifférence quasi-totale du monde musulman au sujet du massacre des Ouïghours par la Chine et celui des yéménites par l’Arabie saoudite. Comme quoi certains attachent plus d’importance à un dessin qu’à la vie de ceux qu’ils considèrent comme "leurs frères". Ce qui donne tout son sens au mot famille et la folle envie d’en faire partie… ou pas.

Comme si ça ne suffisait pas, après qu’Emmanuel Macron ait promis à Samuel Paty que la France ne renoncerait pas aux caricatures, le premier ministre pakistanais et le président turc, ont : 

Traité le Président français d’“islamophobe“ pour l’un 
Et invité à passer un examen de santé mentale pour l’autre.
 

Je sais que d’habitude ces incitations à la haine à peine voilées, sous couvert de dénonciation d’une “islamophobie“ présumée de Charlie Hebdo, de Mila, de la France, des laïcs et du modèle français, étaient plutôt le fait de militants communautaristes, d’animateurs télé, ou encore de stars de la téléréalité légitimant la haine sous couvert de compassion. 

Mais là, il s’agit d’un président et d’un Premier ministre en exercice désignant ouvertement la France comme cible, ce qui est assez différent. 

C’est simple, pour retrouver ce niveau d’indécence, il faudrait recenser l’ensemble de ceux qui n’ont rien trouvé de mieux que de continuer à qualifier les dessins de Charlie Hebdo d'"islamophobes" après que sa rédaction ait été décimée. Si, si, je vous assure, il y en a. 

Franchement, à ce niveau de haine à l’égard du modèle laïc français, on pourrait presque parler de koufarophobie. Oui la koufarophobie, la haine de tous ceux qui défendent un autre modèle que l'islamisme. C’est la stigmatisation de tous les mécréants, mais aussi de tous les musulmans qui considèrent que ce n’est pas un dessin qui leur fera, ni un deuxième trou au derrière, ni renoncer au Caprice des dieux. 

Comme d’habitude, ces appels à la haine et ces incitations à commettre des attentats s’abritent pudiquement derrière la défense de pauvres musulmans choqués par un dessin, pour mieux condamner à mort ceux qui préfèreraient en rire.  

Jamais les appels au meurtre lancés par ceux qui passent leur temps à qualifier la France et le modèle français d’"islamophobes" n’auront été aussi clairs et, je le crains, aussi dangereux. 
 Ce qui est dommage, parce que s’il s’agissait d’un échange apaisé et constructif nous pourrions comparer sereinement le modèle français avec le modèle de liberté d’expression à l’iranienne, la saoudienne, la koweitienne, la turque et la pakistanaise juste histoire de voir, lequel on préfère. Moi, personnellement j’ai choisi."
 
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 "Souffrir de la solitude est mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude."
Friedrich Nietzsche


"Nous n'avons le choix qu'entre des vérités irrespirables et des supercheries salutaires."
Emil-Michel Cioran
 

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