une semaine qui s'annonce en gare du petit-jour.
Mon second est sur le pont
où il cherche tant bien que mal,
sa mer cachée derrière la brume.
Mon troisième a pris les couleurs
du froid, des pluies et arc en ciel mélangés.
Mon quatrième est arrivé à temps
pour distribuer ses cartes aux autres.
Mon cinquième, dans ses rêves d'Armorique
hisse la voile pour délaisser le port,
dont il a déjà oublié les ombres fugitives,
tellement il s'empresse de suivre le large.
Mon sixième a droit pour lui tout seul
à une symphonie de lumières
qui incendie le ciel, cap à l'est.
Mon septième ne parle plus
ou alors il faudrait vraiment prêter l'oreille;
mais ici tout se vend finalement
et surtout son âme.
Mon huitième n'a plus d'adresse
il liquide et s'efface dans la vague.
Mon neuvième fait ses prières
au vent, à la lune et aux sirènes.
Et mon tout forme un ensemble
qui n'a strictement rien à voir
sauf peut-être un dauphin, loin devant, qui trace pour lui
Mais en est-il vraiment sur?
"Les philosophes sont ici-bas [...] pour inquiéter les esprits, comme les poètes pour inquiéter les imaginations et les cœurs. Qui ne veut que vivre tranquillement peut se passer des philosophes et des poètes, mais on ne se passe pas d'eux quand on veut vivre avec dignité."
BESTIAIRE ÉROTIQUE
"Des caps pris en beauté malgré les déferlantes,
Larguée, un peu cramée, quarantaines rugissantes,
Se laisser glisser pour ressurgir en grande orque,
Une ode au punk à l’aube des cinquantièmes hurlantes.
Envie folle d’un bestiaire érotique et braque,
D’alexandrins stylés qui déchirent et qui claquent.
D’un poème utérin sur fond de ménopause,
De plombs fondus, fantasmes, et de métamorphoses.
Loin des mines compassées, de la pondération,
Des salons trop feutrés, de la mort des saisons.
Le délire situé d’une nature ni douce, ni con.
Y fourrer l’illusion de complétude visuelle,
Qui défait le réel et oxyde la raison.
Un brin de rêves mystiques et de cauchemars séquelles,
Raptus anxieux passé sous les démangeaisons.
Canines vulpines, cauchemars, corps de chiens mutilés,
Avenir radieux fuyant à vives et grandes foulées.
L’hystérie née d’esprits tordus de mâles pétés,
Imagine les fureurs viscérales d’un loir,
Bestiole en quête de sang, s’agitant tard le soir
De la tête à la vulve de la femme infertile,
Fou de manque, vomissant l’aménorrhée, fébrile.
Vives bouffées de chaleur, subite mélancolie,
Bûchers, internements, vapeurs et insomnies.
Musculosité crasse et flambées d’urticaire,
Herbacées maléfiques et vipérine vulgaire,
Hermaphrodite velue, érigée, narcotique,
Mucosités visqueuses et rêv(es) fous de mastic.
Là, des licornes en joie chient des paillettes dorées,
De petites chattes bourgeoises suc(ent) des cadavr(es) rongés,
Une foule de galériens accrochée à leurs pieds.
La glande supra-caudale de renardes violettes,
La danse d’animalcules sur une peau offerte,
Créatures de ténèbres, de chimères, de nuées -
Noms féminins pluriel aux racines emmêlées.
Les flashs lubriques de mille lucioles dévergondées,
Leur désir débridé, palpitant et veiné
Luminescences fiévreuses pleines de luciférine
Diaboliques femelles déguisées en ballerines.
La flamboyance de nos crises clastiques et cosmiques,
L’endurance inouïe de la manie psychotique.
Imperturbablement. « Le jour, le soir, la nuit ».
Orques ménopausées au mitan de leur vie,
Lourdes globicéphales, bélugas aquatiques,
Libérées des contraintes et rapports domestiques,
Menant leur espèce en cheffes claniques respectées.
Elles arborent au melon, comme un grand vit dressé,
Une palanquée d’humaines pleurant leur puits séché.
Un troupeau de mille poulpes, cerveau tentaculaire,
Et des pieuvres mourantes qui ne seront qu’une fois mères.
Des castors résistant à la binarité,
Munis d’un habile trou polyactivités,
L’œuvre d’un dieu foutraque, nommée pseudo cloaque.
Enfanté de rêves zen et de méditation,
Le Morel de Gary et sa Mademoiselle
Repeuplant les bloks d’un camp de concentration.
Les mésanges de Rosa, le lierre de Cyrano,
Notre insatiable besoin d’une consolation..."
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Fernando Pessoa
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