jeudi 28 mars 2024

sa vocation d'être humain

 

 "Quand tu liras cette lettre, tu auras dépassé la quarantaine. A mi-chemin de la vie, tu te retourneras pour regarder le parcours effectué. Mais te souviendras-tu de ce que la Loire m'a déjà appris? de tout ce que tu lui devras alors? Te souviendras-tu qu'il est vain de vouloir remonter à la source et qu'il faut rêver l'estuaire lointain où la vie se jette comme un fleuve à la mer.
.../...
 
.../...Assis sur les pavés disjoints de la cale, je regarde le fleuve, les grèves et le pont...et je m'interroge: dis-moi, auras-tu toujours cette impression de passer une frontière à chaque fois que tu franchis le pont? Dis-moi, me croiras-tu si je te dis que mes parents, pour leur première rencontre, se sont retrouvés sur ce pont?
 
Depuis des années, je suis tiraillé entre la rive droite et la rive gauche et je n'ai jamais su choisir...
 
Certes, j'habite la rive nord .  Cette rive paternelle de la Bretagne à l'Anjou, où deux générations ont aligné leurs ardoises de mur en mur, de toit en toit, de maison en maison, jusqu'à couvrir le ciel d'écailles bleutées. Mon enfance n'y a vu que des jardins clôturés de hauts murs . Mon enfance n'y a lu que la loi gravée au coeur de la pierre. Mon enfance n'y a roulé que sur des routes droites fuyant à l'horizon.
Mais, j'ai toujours rêvé de revenir sur la rive sud. Cette rive maternelle où je suis né...où le tuffeau des maisons marie sa blancheur à l'ardoise et à la tuile. Là, les portes et les fenêtres ouvrent sur les jardins, les jardins ouvrent sur les chemins et les champs. Mon enfance y peint toujours des soleils rouges dans les arbres. Mon enfance s'y cache encore dans les chemins creux où des oiseaux sont prêts à s'envoler.

Dis-moi, auras-tu oublié tout cela? Auras-tu  choisi?
.../..."
Joël Gaillou extrait de: "Lettre à qui je fus" Désirs d'estuaire- Editions Siloë
 


 


 

 "Voir la mer
dans ce tournant
puis plus rien

Marée au galop
dans le roulis des galets
le soleil en grains

pas tranquilles
sur le sentier des douaniers
l'éclat de la lune

le soleil radieux
il plonge dans la mer...
où périssent les migrants"
Dominique Chipot "pas tranquilles"

 

                                            Découvert chez "La Vie"

           

                                    "L'homme est un animal métaphysique." 
                                                  Arthur Schopenhauer
 
 

 

 Quand on voit ce qu'on croit voir
depuis son perchoir
ce n'est pourtant pas la Loire à boire
et autres déboires...
Seulement qui croire ?
dans ce flot continu des nouvelles au courant
des ptits clapots et des grosses vagues 
à vous embobiner noir de chez noir.
Sur les radeaux zoziaux  (le grand entonnoir) ça pépie, 
ça rauque à rebours, ça artificialise le peu d'intelligence
qu'il nous reste pour essayer de comprendre sans trop faire d'histoires,
dans la grande mare aux nanars,
souvent un grand urinoir... 



"Si je me demande aujourd'hui pourquoi j'aime la littérature, la réponse qui me vient spontanément à l'esprit est : parce qu'elle m'aide à vivre.
Je ne lui demande plus tant, comme dans l'adolescence d'épargner les blessures que je pourrais subir lors des rencontres avec des personnes réelles ; plutôt que d'évincer les expériences vécues, elle me fait découvrir des mondes qui se placent en continuité avec elles et me permets de mieux les comprendre. Je ne crois pas être le seul à la voir ainsi. Plus dense, plus éloquente que la vie quotidienne mais non radicalement différente, la littérature élargit notre univers, nous incite à imaginer d'autres manières de le concevoir et de l'organiser. Nous sommes tous fait de ce que nous donnent les autres êtres humains : nos parents d'abord, ceux qui nous entourent ensuite ; la littérature ouvre à l'infini cette possibilité d'interaction avec les autres et nous enrichit donc infiniment. Elle nous procure des sensations irremplaçables qui font que le monde réel devient plus chargé de sens et plus beau. Loin d'être un simple agrément, une distraction réservée aux personnes éduquées, elle permet à chacun de mieux répondre à sa vocation d'être humain."
Tzvetan Todorov extrait de: "La littérature en péril"



 

 

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