jeudi 7 septembre 2023

la ruse de l'histoire

 

 

Quand l'instant philosophe rejoint l'inoffensif
ils composent des poésies
que l'on quitte sur la pointe des pieds, pour ne pas contrarier
l'élégance de la vie.
 

Les murs se déguisent,les murs s'inventent d'autres rôles.
Les murs s'adaptent aux genres et aux lieux...
Les murs se font l'écho  passager du soleil
qui papillote à vue et à dia.
 

                                
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                 en détails
 
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" J'appartiens à cette génération de l'immédiat après-guerre où forcément tous ceux qui nous entouraient émargeaient aux Compagnons de la Libération. De l'instit' au curé, du bedeau au fossoyeur, pas un qui n'eût fait zapater les viaducs, pancho-villé les convois de munitions et ouradourer du Boche. Des héros ! Mômes, il nous suffisait de laisser traîner les oreilles dans les arrière-salles de bistrots pour en avoir le cœur net. Des Roland à Roncevaux, des Bonaparte à Arcole, j'en ai côtoyé toute ma prime jeunesse qui se tartarinaient le passé immédiat à l'heure du Pernod et du belote et re et dix de der. C'est très récent cette mode d'exhumation de nazillons carte vermeil. Pendant une quarantaine d'années, nous avons vécu avec les "toughs" des héros comme voisins de palier. C'était à fin de cohésion nationale. Il fallait ou-bli-er. Ils devaient être si peu à rien avoir à se reprocher que l'amnésie collective avait été le seul Ausweis possible vers l'avenir." 
Luc Baranger extrait de: "Visas antérieurs"

 

 juste une apparence
dans le champ
 

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                                                illustration source: Toile
 
 FNSEA: Moins de loups plus de glyphosate

"Lors de la conférence de rentrée de la FNSEA, le syndicat majoritaire du monde agricole est revenu sur les problèmes auxquels font face les agriculteurs - que le modèle productiviste défendu par la fédération contribue à renforcer.

On n’est jamais déçu avec la FNSEA. Jeudi 31 août, le syndicat agricole, majoritaire dans la profession, tenait sa conférence de presse de rentrée. Au programme : l’état des lieux de la « ferme France », selon l’expression d’Hervé Lapie, secrétaire général du syndicat, polyculteur et producteur de porcs dans la Marne. Pour résumer le propos, on peut dire que la récolte 2023 est « beaucoup plus en tension » qu’en 2022, mais pas si pire que ça non plus.

Mais, comme il est de bon ton de gémir pour mieux se faire entendre des pouvoirs publics, Hervé Lapie a rapidement entamé la litanie des difficultés du monde agricole : aléas climatiques – le Nord qui s’est pris trop de pluie, le Sud qui meurt de soif –, tensions sur les prix, charges des exploitations agricoles qui explosent… Des problèmes bien réels pour le monde paysan dans son ensemble, et que le modèle productiviste, horizon indépassable de la FNSEA, renforce au lieu de régler.

 

Mais, pour Hervé Lapie, les coupables sont ailleurs : les ­menaces sur les agriculteurs et l’horrible « convoi de l’eau », qui a pourri l’été des agro-industriels malheureux de ne pas pouvoir irriguer en paix, voilà le danger. Heureusement, le grand « syndicat républicain » qu’est selon lui la FNSEA a su gérer au mieux la manifestation des activistes de l’eau grâce à « la capacité [du syndicat] à maintenir [ses] troupes ». ­Manière de dire que s’il n’avait pas contenu les velléités de certains agro-­industriels, l’été aurait pu être marqué par de violentes confrontations entre militants écolos alertant sur les canicules récurrentes et professionnels du siphonnage des nappes phréatiques.

Le loup, coupable facile

Après le constat est venue l’heure de la vision politique. À la modeste tribune, devant deux kakemonos clamant fièrement « Ma nature, mon futur, l’agriculture », Arnaud Rousseau, le tout nouveau président de la FNSEA, prend la parole. L’homme a l’allure d’un chef d’entreprise. Ce qu’il est, d’ailleurs. Diplômé d’une école de commerce, producteur d’oléagineux, maire du village de Trocy-en-­Multien, en Seine-et-Marne, où il exploite près de 700 ha de culture1, ­Arnaud Rousseau creuse le même sillon que Xavier Beulin, l’un de ses prédécesseurs.

Comme lui, il est aussi à la tête du puissant groupe agro-industriel Avril. Autant dire que lorsque Arnaud Rousseau prend la parole, ce n’est pas pour parler des abeilles ou des lombrics qui disparaissent. Compétitivité, souveraineté alimentaire, refus des taxes supplémentaires pour les agriculteurs et lobbying politique forment le corpus de sa pensée. Entre deux données chiffrées sur le « déclin de l’agriculture  », «  le besoin du volontarisme de l’État », « l’importation de 55 % de la viande ovine en France  », il s’énerve subitement contre le loup, coupable tout trouvé des malheurs des éleveurs.

De même, quand il discourt sur la santé et le renforcement des sols, c’est pour vanter les vertus des herbicides pour la terre qui, « selon tous les spécialistes, a besoin d’un litre et demi de glyphosate par an ». Bref, fidèle à elle-même, la FNSEA. Dans son grand numéro de lobbying aussi. Au programme : un ­rendez-vous dans la foulée avec la nouvelle secrétaire d’État à la Biodiversité pour discuter du « sujet loup » puis, le 7 septembre, avec le président de la République en personne pour que la France porte, devant l’Union européenne, la nécessité de la réhomologation du glyphosate. Qui veut parier sur les prochaines grandes lignes de la politique agricole française ?

1. Quand la moyenne des exploitations de grandes cultures en France tourne plutôt autour de 80 ha.
Natacha Devanda Source CharlieHebdo.fr
 
                              
  illustration source: Toile
 
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" Ou que, l’histoire étant la ruse de la raison, le pouvoir, lui, serait la ruse de l’histoire – celui qui toujours gagne ?"
Michel Foucault

mercredi 6 septembre 2023

la roue tourne

" Justement parce qu'il détruit la vieille trinité État-nation-territoire, le réfugié, cette figure apparemment marginale, mérite d'être considéré, au contraire, comme la figure centrale de notre histoire politique. Il ne faut pas oublier que les premiers camps furent construits en Europe comme les espaces de contrôle pour les réfugiés et que la succession camp d'internement/camp de concentration/camp d'extermination représente une filiation parfaitement réelle.
(...) La survivance politique des hommes n'est pensable que sur une terre où les espaces auront été ainsi "troués" et topologiquement déformés, et où le citoyen aura su reconnaitre le réfugié qu'il est lui-même."
Giorgio Agamben 
 

" Il faut choisir de faire une société inégale avec des hommes égaux ou une société égale avec des hommes inégaux. Qui a quelque goût pour l’égalité ne devrait pas hésiter : les individus sont des êtres réels et la société une fiction. C’est pour des êtres réels que l’égalité a du prix, non pour une fiction. Il suffirait d’apprendre à être des hommes égaux dans une société inégale. C’est ce que veut dire s’émanciper. "
Jacques Rancière


T'es beau comme un vélo jaune
et si tu t'appelles bicyclette
alors, t'es belle
comme la roue qui tourne.


"Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation"
Guy Debord


"Comme dans un film américain
Elle est descendue à 9 heures
De sa voiture décapotable
Elle a dîné d'un hamburger
Et d'un ice-cream jambon-banane
Comme dans un film américain
Je me suis allumé du cigare
J'ai travaillé sous mon chapeau
En me disant mon vieil Edgar
Cette nana tu l'as dans la peau
Comme dans un film américain
Comme dans un film américain

Comme dans un film américain
Dans son rocking-chair Ségalot
Elle a pris un cocktail indien
En croisant les jambes si haut
Qu'on lui voyait le bout des seins
Comme dans un film américain
Je m'approchai d'elle à pas de loup
Je lui dis baby I love you
Elle m'a répondu :
Mais moi j't'emmerde
Tout comme dans un film français."
Hubert-Félix Thiéfaine-"Court-métrage" 



 Possédants en espérance
 
 
Les porte-paroles sont fatigués
La voix enrouée.
On ne les entend plus,
ou à peine
derrière les mobiles du vent.
 
Les rideaux bougent à peine
 

 

"Le nihilisme fait le jeu des barbares. Mais il y a deux types de barbarie, qu'il importe de ne pas confondre: l'une irréligieuse, n'est qu'un nihilisme généralisé ou triomphant; l'autre, fanatisée, prétend imposée sa foi par la force.
Le nihilisme mène à la première, et laisse le champ libre à la seconde."
La barbarie nihiliste est  sans programme, sans projet, sans idéologie. Elle n'en a pas besoin. Ceux-là ne croient en rien: Ils ne connaissent que la violence, l'égoïsme, le mépris, la haine. Ils sont prisonniers de leur pulsions, de leur bêtise, de leur inculture. Esclaves de ce qu'ils prennent pour leur liberté. Ceux-là sont barbares par défaut de foi ou de fidélité: ce sont les spadassins du néant.
La barbarie des fanatiques a une autre allure. ils ne manquent pas de foi, bien au contraire!
Ils sont plein de certitudes, d'enthousiasme, de dogmatisme: ils prennent leur foi pour un savoir. Ils sont prêts, pour elle, à mourir et à tuer. Ils ne doutent pas. Ils n'hésitent pas. Ils connaissent leVrai et le Bien. Qu'ont-ils besoin de sciences?  qu'ont-ils besoin de démocratie?
Tout est écrit dans le Livre. Il n'y a qu'à croire et obéir. Entre Darwin et la Genèse, entre les droits de l'homme et la charia, entre les droits des peuples et la Thorah, ils ont choisi leur camp, une fois pour toutes. Ils sont du côté de Dieu. Comment pourraient-ils avoir tort? Pourquoi devraient-ils croire en autre chose, se soumettre à autre chose? Fondamentalisme. Obscurantisme. Terrorisme. Ils veulent faire l'ange; ils font la bête et le tyran. Ils se prennent pour les Chevaliers de l'Apocalypse. Ce sont les janissaires de l'absolu, qu'ils prétendent posséder en propre et qu'ils réduisent à la dimension, singulièrement étroite, de leur bonne conscience. Ils sont prisonniers de leur foi, esclaves de Dieu ou de ce qu'ils prennent- sans preuve- pour sa Parole ou sa Loi, Spinoza sur eux a dit l'essentiel: "Ils combattent pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut." Libre à eux, tant qu'ils n'empiètent pas sur notre liberté. Mais qu'ils n'essaient pas de nous soumettre.

Ce que nous pouvons craindre de pire? La guerre des fanatismes. Ou bien (ce pourrait être les deux) que nous n'ayons rien d'autre à opposer, aux différents fanatismes des uns, que le nihilisme des autres.
La barbarie, alors,  ne pourrait que l'emporter, et peu importe qu'elle vienne du Nord ou du Sud, d'Orient ou d'Occident, qu'elle se réclame de Dieu ou du Néant. Il est douteux, dans tous les cas, que la planète y survive.
.../..."
André Comte-Sponville -extrait de: "L'esprit de l'athéisme."





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