lundi 27 mai 2019

je te trinque



".../...
Garance et moi, c'étaient deux visions du monde qui s'opposaient.
La sienne était naïve et poétique, la mienne lucide et cynique.
A un moment, je me suis engouffré dans une brèche et comme le fleuve tumultueux j'ai fait craquer les digues. Je savais ce qu'Edith pensait de mes petits numéros. Je n'ai eu aucune peine à passer du coq à l'âne. Je leur ai servi ma métaphore du moment et puis j'ai développé sur le thème sans que quiconque ne cherche à m'interrompre.
notre espèce pourrait s'avérer au final moins intelligente qu'une herbe folle. Quel intérêt avions-nous ? J'avais la certitude que nous étions programmés pour la destruction et que, depuis longtemps, l'espérance de vie de l'humanité était en baisse.
Pendant quelques semaines, Jupiter avait été visible dans le ciel. A la jumelle, on voyait très bien ses satellites. La lune brillait aussi. C'était la première fois que depuis mon bout de planète, j'en observais aussi nettement deux autres. Cela m'avait incité à consulter une carte de notre galaxie. La Terre n'était presque rien dans le tout, et ce presque rien, nous les hommes, prétendument humains, sensibles et avisés, nous étions en train de le foutre en l'air !
Edith souriait. Quel intérêt donc?
En attendant de détruire la planète, nous n'avions pour elle d'autre intérêt que de perpétuer l'espèce.
C'était l'inique sens, morbide, à la vie.
Nous avions cette force et ce serait notre perte.
Si seulement nous avions conscience des circonstances tellement hasardeuses de notre présence sur Terre, cela nous rendrait peut-être plus humbles, et moins néfastes.
Chacun, autour de la piscine, était au fond de lui d'accord avec moi, mais l'optimiste dans lequel ils aimaient à baigner comme dans du sirop d'érable les empêchait de l'avouer.
"L'illusion que le monde se formule normalement ne durera pas", ai-je lancé pour finir.
.../...




".../...
Trois jours que je buvais avec beaucoup d'application.
"Le mots sont la magie qui nous empêche de nous suicider", avait écrit Charles Bukowski dans son journal.

D'en appeler souvent, pour exprimer ce que je pensais, aux auteurs que j'avais enseigné ne constituait pas une posture, une forme de snobisme, un genre que je me donnais, mais plutôt la preuve manifeste de ma paresse désormais.
J'étais depuis longtemps dans l'incapacité de mettre des mots sur mes sentiments.
Les écrivains que je n'avais pas connu dans la vie réelle, le faisaient tout simplement à ma place. Je m'exprimais par procuration car à mon sens aussi, bien que j'eusse été le seul à pouvoir en juger, il n'y aurait eu aucun mérite à chercher à les égaler.
A la vôtre, Carver! Banks! Abbey! il y avait les écrivains et Chopin que j'écoutais en boucle dans mes phases de lucidité. Je me lassais de Villa-Lobos, l'aria de Bachianas était par trop attachée à de beaux moments avec Elsa qui me manquait.
Régulièrement, dans ma vie, je revenais à Chopin, c'était un long périple que j'avais effectué à travers l'Europe plus de deux décennies auparavant. La Yougoslavie était sur le point de partir en morceaux et je me promenais seul avec dans mon sac à dos
L'usage du monde de Nicolas Bouvier.
Déjà, j'avais besoin des écrivains pour me définir et être compris, espérais-je. J'étais fier de mes références. Je m'en remettais à la poésie alors que le monde se déchirait, qu'il y aurait bientôt la révélation des pires horreurs que les humains puissent infliger à leurs semblables, on pensait pourtant que cela ne se reproduirait plus jamais. L'horreur s'accomplissait et j'écoutais Chopin. Je croyais que l'art singularisait l'humain et que malgré tout il finirait par le sauver.
Le sauvetage avait commencé avec moi. Chaque fois que je traversais une période dépressive, je me raccrochais à un auteur. Ce fut ainsi, régulièrement aussi, Blaise Cendrars ou Charles Bukowski.
Aujourd'hui, j'affligeais peut-être mes amis, mais s'il n'y avait pas eu ces recours sensibles, j'aurais commis l'irréparable. Ces livres sur mes murs demeuraient mes plus surs garde-fous.
Nicolas Bouvier a écrit ceci: "Un voyage se passe de motifs. il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."
.../..."
Pascal Dessaint- Extraits de "Maintenant le mal est fait."
Editions Rivages




"Pouët-pouët.
Les historiens devraient user plus souvent de ce genre d'onomatopées.
Pouët-pouët . Tut-tut. Bip-bip.
Surtout dans des moments graves : juste après un massacre ou quand un terrible fléau menace d'anéantir une nation entière.
C'est à de pareils moments qu'un mot comme pouët-pouët serait utile, et même salutaire."
Raymond Carver


"C'est dans ce que les hommes ont de plus commun qu'ils se différencient le plus."
Blaise Cendrars





"Nous étions tous des atomes provenant de la fission de familles nucléaires et nous cherchions de nouveaux noyaux à recomposer."
Russel Banks 




" Nous avons besoin de la nature, que nous y mettions le pied ou non. Il nous faut un refuge même si nous n'aurons peut-être jamais besoin d'y aller. Je n'irai peut-être jamais en Alaska, par exemple, mais je suis heureux que l'Alaska soit là. Nous avons besoin de pouvoir nous échapper aussi sûrement que nous avons besoin d'espoir; sans cette possibilité, la vie urbaine pousserait tous les hommes au crime ou à la drogue ou à la psychanalyse."
Edward Abbey 


 Ma Bretagne résiste encore et encore,contre vents et marées aux fachos d'opérette, de disette, de vinaigrette pour mauviettes, de renvois de mogettes, de chiures de mouette, de pas bien dans leur assiette .
Ma Bretagne, pas trop bête,
chère crevette:
 je te trinque



dimanche 26 mai 2019

circumunavigations



"Il faut comprendre que dans les circumnavigations de la vie ce qui est brise plaisante pour les uns
peut-être tempête totale pour les autres, tout dépend du tirant d'eau de l'embarcation et de l'état des voiles."
José Samarago

"Expliquer par d'autres points de vue un processus ne ruine en rien la valeur du processus.
C'est le vent dans les voiles qui conduit au pays.
Mais le vent n'est point le pays ni la voile."
Antoine de Saint-Exupéry


"J'écoute la mer, j'écoute le vent, j'écoute les voiles qui parlent avec la pluie et les étoiles dans les bruits de la mer et je n'ai pas sommeil."
Bernard Moitessier




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ZONES PORTUAIRES





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"Un homme qui a  plus d'esprit que de jugement, et comme un vaisseau qui a trop de voiles, et pas assez de lest."
William Penn 

"Nos rêves nous harnachent, et ils nous fouettent avec de doux fouets-oh, des fouets délicieux- et nous courons, nous courons, toujours à la même place parce que [...] les voiles jamais ne se déploient et le vaisseau jamais ne lève l'ancre."
Stéphen King



"Le pessimiste se plaint du vent, l'optimiste espère qu'il va changer, le réaliste ajuste ses voiles."
William Arthur Ward

(à propos des passions)  Ah! qu'elles sont funestes. Ce sont les vents qui enflent les voiles du vaisseau: elles le submergent quelquefois; mais sans elles l'homme ne saurait vivre."
Voltaire 


"Ne couvrez pas de voiles sinistres tout ce qui brille. Scrutez le miroir pour découvrir le fantôme qui s'y cache."
Anne Rice


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"Guidé par ton odeur vers de charmants climats, je vois un port rempli de voiles et de mâts.
Encor tout fatigués par la vague marine, pendant que le parfum des verts tamariniers, qui circule dans l'air et m'enfle la narine, se mêle dans mon âme au chant des mariniers."
Baudelaire

"Quand j'étais jeune et fier et que j'ouvrais mes ailes,
Les ailes de mon âme à tous les vents des mers,
Les voiles emportaient ma pensée avec elles,
Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers.

Je voyais dans ce vague où l'horizon se noie
Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin
Des continents de vie et des îles de joie
Où la gloire et l'amour m'appelaient de la main.

J'enviais chaque nef qui blanchissait l'écume,
Heureuse d'aspirer au rivage inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap qui fume,
J'ai traversé ces flots et j'en suis revenu.

Et j'aime encor ces mers autrefois tant aimées,
Non plus comme le champ de mes rêves chéris,
Mais comme un champ de mort où mes ailes semées
De moi-même partout me montrent les débris.

Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste,
Ma fortune sombra dans ce calme trompeur ;
La foudre ici sur moi tomba de l'arc céleste
Et chacun de ces flots roule un peu de mon coeur."

Alphonse de Lamartine







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LIVRE INSULAIRE "L'ARCHIPEL DES LETTRES"

                                                              

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