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Garance et moi, c'étaient deux visions du monde qui s'opposaient.
La sienne était naïve et poétique, la mienne lucide et cynique.
A un moment, je me suis engouffré dans une brèche et comme le fleuve tumultueux j'ai fait craquer les digues. Je savais ce qu'Edith pensait de mes petits numéros. Je n'ai eu aucune peine à passer du coq à l'âne. Je leur ai servi ma métaphore du moment et puis j'ai développé sur le thème sans que quiconque ne cherche à m'interrompre.
notre espèce pourrait s'avérer au final moins intelligente qu'une herbe folle. Quel intérêt avions-nous ? J'avais la certitude que nous étions programmés pour la destruction et que, depuis longtemps, l'espérance de vie de l'humanité était en baisse.
Pendant quelques semaines, Jupiter avait été visible dans le ciel. A la jumelle, on voyait très bien ses satellites. La lune brillait aussi. C'était la première fois que depuis mon bout de planète, j'en observais aussi nettement deux autres. Cela m'avait incité à consulter une carte de notre galaxie. La Terre n'était presque rien dans le tout, et ce presque rien, nous les hommes, prétendument humains, sensibles et avisés, nous étions en train de le foutre en l'air !
Edith souriait. Quel intérêt donc?
En attendant de détruire la planète, nous n'avions pour elle d'autre intérêt que de perpétuer l'espèce.
C'était l'inique sens, morbide, à la vie.
Nous avions cette force et ce serait notre perte.
Si seulement nous avions conscience des circonstances tellement hasardeuses de notre présence sur Terre, cela nous rendrait peut-être plus humbles, et moins néfastes.
Chacun, autour de la piscine, était au fond de lui d'accord avec moi, mais l'optimiste dans lequel ils aimaient à baigner comme dans du sirop d'érable les empêchait de l'avouer.
"L'illusion que le monde se formule normalement ne durera pas", ai-je lancé pour finir.
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Trois jours que je buvais avec beaucoup d'application.
"Le mots sont la magie qui nous empêche de nous suicider", avait écrit Charles Bukowski dans son journal.
D'en appeler souvent, pour exprimer ce que je pensais, aux auteurs que j'avais enseigné ne constituait pas une posture, une forme de snobisme, un genre que je me donnais, mais plutôt la preuve manifeste de ma paresse désormais.
J'étais depuis longtemps dans l'incapacité de mettre des mots sur mes sentiments.
Les écrivains que je n'avais pas connu dans la vie réelle, le faisaient tout simplement à ma place. Je m'exprimais par procuration car à mon sens aussi, bien que j'eusse été le seul à pouvoir en juger, il n'y aurait eu aucun mérite à chercher à les égaler.
A la vôtre, Carver! Banks! Abbey! il y avait les écrivains et Chopin que j'écoutais en boucle dans mes phases de lucidité. Je me lassais de Villa-Lobos, l'aria de Bachianas était par trop attachée à de beaux moments avec Elsa qui me manquait.
Régulièrement, dans ma vie, je revenais à Chopin, c'était un long périple que j'avais effectué à travers l'Europe plus de deux décennies auparavant. La Yougoslavie était sur le point de partir en morceaux et je me promenais seul avec dans mon sac à dos
L'usage du monde de Nicolas Bouvier.
Déjà, j'avais besoin des écrivains pour me définir et être compris, espérais-je. J'étais fier de mes références. Je m'en remettais à la poésie alors que le monde se déchirait, qu'il y aurait bientôt la révélation des pires horreurs que les humains puissent infliger à leurs semblables, on pensait pourtant que cela ne se reproduirait plus jamais. L'horreur s'accomplissait et j'écoutais Chopin. Je croyais que l'art singularisait l'humain et que malgré tout il finirait par le sauver.
Le sauvetage avait commencé avec moi. Chaque fois que je traversais une période dépressive, je me raccrochais à un auteur. Ce fut ainsi, régulièrement aussi, Blaise Cendrars ou Charles Bukowski.
Aujourd'hui, j'affligeais peut-être mes amis, mais s'il n'y avait pas eu ces recours sensibles, j'aurais commis l'irréparable. Ces livres sur mes murs demeuraient mes plus surs garde-fous.
Nicolas Bouvier a écrit ceci: "Un voyage se passe de motifs. il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."
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Pascal Dessaint- Extraits de "Maintenant le mal est fait."
Editions Rivages
"Pouët-pouët.
Les historiens devraient user plus souvent de ce genre d'onomatopées.
Pouët-pouët . Tut-tut. Bip-bip.
Surtout dans des moments graves : juste après un massacre ou quand un terrible fléau menace d'anéantir une nation entière.
C'est à de pareils moments qu'un mot comme pouët-pouët serait utile, et même salutaire."
Raymond Carver
"C'est dans ce que les hommes ont de plus commun qu'ils se différencient le plus."
Blaise Cendrars
"Nous étions tous des atomes provenant de la fission de familles nucléaires et nous cherchions de nouveaux noyaux à recomposer."
Russel Banks
" Nous avons besoin de la nature, que nous y mettions le pied ou non. Il nous faut un refuge même si nous n'aurons peut-être jamais besoin d'y aller. Je n'irai peut-être jamais en Alaska, par exemple, mais je suis heureux que l'Alaska soit là. Nous avons besoin de pouvoir nous échapper aussi sûrement que nous avons besoin d'espoir; sans cette possibilité, la vie urbaine pousserait tous les hommes au crime ou à la drogue ou à la psychanalyse."
Edward Abbey
Ma Bretagne résiste encore et encore,contre vents et marées aux fachos d'opérette, de disette, de vinaigrette pour mauviettes, de renvois de mogettes, de chiures de mouette, de pas bien dans leur assiette .
Ma Bretagne, pas trop bête,
chère crevette:
je te trinque
Ton bleu va bien avec le vert
RépondreSupprimerici tout est marron triste
et désespérant !
Les couleurs sont toujours capricieuses, versatiles
SupprimerPhotographies de l'instant.
Belle journée
:-)