mercredi 9 février 2022

quel est cet instant?

Regarder la vie d'en face.
Se supposer dans le paysage 
des autres
N'être jamais finalement
 du bon côté de l'histoire.
Estruairez-vous disaient-ils
sur un flyer on the stone
A la saison des premiers mimosas
je franchis le Rubicon;
sous les pieds
le seul bac passé et repassé
au temps des humanités
celui de Mindin

Tu te souviens?
 

 

 

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   Photo source: Lundi Matin
 
 Quel est cet instant?

Lorsque la nature sociale de l’homme a été une fois dérangée et contrainte de se jeter dans l’individualisme, elle en vient à être si profondément bouleversée qu’elle use à présent son énergie sur cette séparation d’avec autrui et s’entête jusqu’à la folie dans l’affirmation de sa particularité ; car la folie n’est rien d’autre que la séparation achevée de l’individu par rapport à son espèce…
GWF Hegel

Près d’un an maintenant, peut-être moins, peut-être plus, mais qui compte encore, que j’écris, ou du moins que je commence plus d’un texte, griffonné ou tapé, dépassant à peine une page, la plupart mis de côté, pour ne pas dire à la poubelle, m’évertuant de les éliminer au plus vite, définitivement, des fois que l’envie de récupérer ces quelques bribes me prenne. À quoi bon encore ? Je suppose que plus d’un d’entre nous se surprend de murmurer à part soi ces mêmes mots. Plus d’une fois par jour, à toute heure, d’autant plus quand on s’apprête d’entreprendre quoi que ce soit, de quelque ordre. À quoi bon encore ? Ce n’est pas tant que le doute se soit instauré à un point culminant tel qu’il m’est désormais impossible d’aller jusqu’au bout, le doute a toujours été pleinement partie constituante, compagnon de vie, de toute action, de toute réflexion, de toutes les transitions, furent-elles enivrantes ; ce n’est pas tant non plus que l’élan, le ressort, se soit définitivement ou quasi définitivement brisé, ou encore que les départs autour de moi, de nous tous, se démultiplient – et sans ce virus persistant, cloisonnant encore plus cet atterrant monde, Beyrouth, le pays entier, se serait considérablement dépeuplé. Peut-être est-ce tout cela à la fois, peut-être rien de tout cela, qu’il ne sert à rien de vouloir à tout prix mettre des mots là où ils n’ont eu de cesse d’échouer, tant ils n’ont plus de portée, plus la moindre résonnance. Ni nous-mêmes, ni nos amis, encore moins nos adversaires, ne les recevons encore ; nous autres plus qu’absorbés par les tâches élémentaires de notre quotidien plus médiocre que jamais, englués pour tout dire, et nos si ruineux adversaires qui n’en finissent plus de s’agripper, de rebondir, de s’affronter, de se neutraliser et de se rabibocher, tout à la fois, oui, tout à la fois, sans cesse réinventant et sans cesse défaisant les principes d’Archimède et d’Euclide, toujours nous méprisant bien entendu, éperdument. Même l’horizon n’est plus ce mot qui ouvre, qui fascine ou qui effraie, l’œil ne s’y égare plus. Images répertoriées désormais. Même l’obscurité ne cache plus rien, tout au plus nous fait-elle trébucher. Les rues délaissées se rient de nous, elles n’ont plus rien ni de l’ordre du public ni de l’ordre du privé ; l’errance, la dérive, la spontanéité, sans évoquer la rébellion, n’y trouvent plus terrain, sinon dans un faire semblant, dans des ressassements. Même nos graffitis, même eux, nos mots, nos lignes, notre encre, nos couleurs, semblent s’être dilués dans les murs. Peut-être est-ce, en fait, un lent, minutieux, travail d’érosion, et qu’un matin, un beau matin, la ville s’éveillera enfin désobstruée, plus d’un mur, plus d’une façade, plus d’un édifice, tombés, partout où nos bombes de peinture, nos morceaux de craie, de fusain, nos mains, agirent. Mais serons-nous encore là ? Qui donc célèbrera ? 
.../...Ghassan Salhab la suite du texte chez: "Lundi Matin"

 

     Photo source: Lundi Matin

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Dessin Cécile Guillard pour Reporterre

"L’écofascime est déjà une réalité. En Europe comme en France, l’extrême droite s’accapare les fondements de l’écologie pour justifier ses discours identitaires et nationalistes. Qui sont les écofascistes ? Pourquoi se réapproprient-ils l’écologie ? Une alliance avec Éric Zemmour est-elle possible ? Reporterre a mené l’enquête, en deux parties."
 
 
 
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lundi 7 février 2022

toute la place


Ecrire sa mémoire
pour oublier le pluriel des événements. 
Les synapses n'ont pas de patrie.
Elles interfèrent comme bon leur semble
et la raison est leur point faible.
Trop fortes
pour nous
pauvres bêcheurs
de neurones.
Ecrire
pour oublier l'inexorable,
en jouer même,
comme si il n'y avait rien de vraiment  plus sérieux
à faire
que d'être son propre acteur 
dans la pièce du fond. 
 

 



" En période de désespoir, de peur et d'insécurité, les gens cherchent des sauveurs. N'importe qui peut faire l'affaire. À condition, si possible, qu'il apporte des solutions apparemment faciles et pour lesquelles d'autres paieront. Pourtant, un monde complexe exige des réponses complexes. (...) Pour une raison quelconque, nous avons cru qu'en nos temps modernes le fascisme serait déguisé sous des couleurs brillantes et affables et qu'il serait difficile à reconnaître. Mais il est reconnaissable. Le même rugissement quand parle le chef. La même haine de l'autre. La même violence. La même projection de virilité blessée."
Raoul Peck  
 

 
 
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   illustration KEDISTAN

Papillons du Rojava

"papillons
pansements sanglants
visages déterrés et crânes rasés
éponges traînées
papillons épuisés, sans souffle

dans le lac du ventre
le rossignol chante son désir
condamné par tous à mort

sabres dépecés
femmes dont la peau laisse voir les os
leurs ailes me terrifient
sequins d’or sur les cadavres

mes ailes veulent s’ouvrir
soulève-moi
brûle-moi

les tués sans nom vont s’agenouiller
et je cours
je fuis ce troupeau qui monte du rivage

mon poème
cet humble trésor laissé aux dents de la foule
l’oiseau qui se déchire aux vitres
son duvet colle encore aux étoiles

pour empêcher mon sang de geler
je compte les chevaux noirs
superbes et sans limites
qui ont connu l’énigme de n’être pas

pieds nus dans les décombres des villes
les articulations brisées une à une
bouillies, loques sous les bottes innombrables
la voix verrouillée dans la bouche
libres dans l’herbe
dormant dans mes veines
brûlant mon plancher d’insomnie

la lumière est cette attente folle
qui n’a jamais voulu être le deuil
face au canon du fusil
elle s’enroule dans la myrrhe et l’or
sur l’oreiller blanc des mots

notre cœur nous dépasse"
Delphine Durand publiée par Kedistan
 

 



PROGRAMME


                    dessin Xavier Marabout

                                           Illustration:Médecins du Monde Dominique Bloyet




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