"Hassani est née en Iran en 1988 de parents afghans originaires de
Kandahar. Elle se passionne pour le dessin depuis son enfance, mais il
ne lui est pas possible de développer son talent immédiatement. En Iran,
en effet, les études artistiques sont interdites aux réfugiés afghans.
Elle a donc étudié en autodidacte et, à son retour en Afghanistan en
2009, elle s’est inscrite au cours d’art traditionnel à l’université de
Kaboul. Cependant, le véritable tournant s’est produit en 2010,
lorsqu’elle s’est inscrite à un cours organisé par Combact Comunications
et tenu par l’artiste de rue anglaise Cha. À cette occasion, elle a
appris les bases de l’art du graffiti et sa production artistique, à
partir de ce moment, s’est principalement concentrée sur les murs en
plein air.
Elle comprend immédiatement, en fait,
les avantages de ce tournant artistique. Les outils de création de ses
œuvres deviennent plus accessibles économiquement et, enfin et surtout,
ses propres œuvres deviennent accessibles à tous ceux qui passent par
là. Un facteur à ne pas sous-estimer dans un pays comme Kaboul, qui est
déchiré par la guerre et où il y a un manque d’espace pour le partage
artistique. A partir de ce jour, Hassani a commencé à voir les rues de
sa ville comme des galeries en accès libre, ses toiles privilégiées
devenant des ruines, des murs qui s’effondrent, des coins de rue oubliés
qu’elle peut faire revivre avec ses dessins.
Ses œuvres, en effet, ne passent pas
inaperçues, car elles se caractérisent par un fort pouvoir évocateur et
communicatif. Hassani, inspirée par le style métaphorique de Banksy,
crée des dessins dans lesquels, à partir de la combinaison inhabituelle
d’éléments simples, une narration émerge. Elle ne se limite pas à
dessiner principalement des femmes, mais les représente dans des moments
profondément magiques et évocateurs : des femmes qui chatouillent les
fenêtres des immeubles avec leurs doigts, les transformant en clavier de
piano, les fissures qui s’ouvrent sur les murs deviennent dans ses
images des horizons, d’où partent des routes qui mènent ailleurs, les
molécules de Covid, tremplins pour la poursuite d’une fleur traînée par
le vent.
Il est certain que sa vie n’est pas facile, en tant que femme qui peint
et en tant que femme qui peint dans la rue. Ses mouvements peuvent
corrompre les yeux des passants avant même les images qu’elle propose. En fait, bien que l’art de rue ne soit pas illégal en Afghanistan,
son travail a été considéré comme offensant pour la morale du pays.
C’est pourquoi Hassani doit toujours être très rapide dans la
réalisation de ses dessins. Mais, malgré les difficultés, son combat se
poursuit sans relâche dans les rues de Kaboul, où les femmes qu’elle
dessine dansent, chantent et jouent, résistant au nom d’une certitude
indéniable qu’aucune loi, aucune interdiction, au nom d’aucune morale,
ne pourra jamais interdire aux femmes de rêver et de dessiner."
Ilaria Paluzzi extrait de: "Un art de résistance aujourd'hui" -suite de son article dans KEDISTAN