vendredi 6 novembre 2020

il y a toujours

 

 Epitaphe
à la va -comme-je-te-pousse.
 

Marcher sur l'eau.
Chemin de traverse
quand l'averse
remplit la baignoire sur Loire
C''est pas encore 
mais... presque;
Au fond du verre
la mer à boire

 

L'avenue de la Rép-étition générale 
et son
courant d'air dans le sens de l'histoire.

C'est pas une manif, c'est une procession raillait un choeur adolescent
 enfilant ses premiers bleus à l'âme
 
 
 Histoire courte
 
Avec Mamie, j'aime bien
aller faire les courses à la Ruche.
La caissière, qui plaisante toujours , lui donne des timbres qu'elle collera soigneusement ensuite
dans un catalogue, ouvert sur la table de la cuisine.
On peut ainsi gagner des cadeaux. 
Plus on attend, plus ils sont beaux. 
Des draps, des couvertures, serviettes de table
mouchoirs de Cholet...



  " Il y a toujours une ville, des traces de poètes
Qui ont croisé leur destinée entre ses murs
L’eau coule un peu partout, ma mémoire murmure
Des noms de ville, des noms de gens, trous dans la tête
Et c’est toujours la même histoire qui recommence,
Horizons effondrés et salons de massage
Solitude assumée, respect du voisinage,
Il y a pourtant des gens qui existent et qui dansent.
Ce sont des gens d’une autre espèce, d’une autre race,
Nous dansons tout vivants une danse cruelle
Nous avons peu d’amis mais nous avons le ciel,
Et l’infinie solitude des espaces;
Le temps, le temps très vieux qui prépare sa vengeance,
L’incertain bruissement de la vie qui s’écoule
Les sifflements du vent, les gouttes d’eau qui roulent
Et la chambre jaunie où notre chambre s’avance."
    Michel Houellebecq  - lu chez: "Lézardes et Murmures."      




Tous les chemins ici-bas partent de l'émotion et mènent à l'émotion-Rome n'est qu'une escale!


" Toute la beauté tient dans l'éloge d'un lieu non atteint. L'utopie est, justement, la part de ce rêve que l'homme n'est pas encore préparé à vivre.
Ou à revivre, si je m'en tiens à la parole de ce conte hindou:
Autrefois, dit une vieille légende, tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le trouver. Le grand problème fut de choisir une cachette.
L'assemblée des dieux mineurs convoquée à un conseil pour résoudre ce problème proposa:
"Enterrons la divinité de l'homme dans la terre."
Brahma répondit : "Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera."
Alors l'assemblée répliqua: "Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans."
Mais Brahma répondit à nouveau: "Non, car tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour il la trouvera et la remontera à la surface."
Alors l'assemblée conclut qu'il ne semblait pas exister un endroit que l'homme ne puisse atteindre un jour.
Ainsi l'ordonnateur Brahma décida de cacher la divinité de l'homme au plus profond de lui-même, car, pensa-t-il, "c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à la chercher".
Et depuis, conclut la légende, l'homme explore, escalade, étudie, plonge et creuse à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.
Malgré nos connaissances accumulées dans les domaines scientifiques, politiques, économiques, sociaux, etc; il est remarquable de constater aujourd'hui à quel point nous manque l'essentiel: plus que jamais l'homme peine à vivre son humanité. Plus que jamais nous demeurons à la lisière de l'immense parcelle qu'est la vie-la vie, cette offrande qui chaque matin renouvelle ses énigmes et ses merveilles, afin que nul être ne puisse la conquérir entièrement.
Mais comment nous éloigner de ce qui nous éloigne du sens de la vie?
Afin que nous nous approchions de nous-mêmes, de ce moment divin caché en nous? Toute question n'est pas promesse de réponse. Cependant il est temps que l'homme veille sur la fragile beauté de l'univers qui l'entoure- car le monde entier repose sur les genoux d'une fourmi.
Par temps d'extrême obscurité, c'est tout naturellement que l'homme s'en tient uniquement aux bruits de son coeur pour éviter l'égarement et cheminer.
Etant donné que le coeur bat dans la langue de l'émotion, elle est, par conséquent, la première peau, la première cellule, le premier sang, le premier neurone de l'homme. Il n'est donc pas juste, comme il est enseigné, que l'intelligence soit au-dessus de l'émotion. tout les chemins ici-bas partent de l'émotion et mènent à l'émotion-Rome n'est qu'une escale!
Entre l'âme et la pensée, les battements du coeur acheminent la bonté de l'existence, l'harmonie, la promesse de l'équilibre du pouvoir dire...
L'étoile de l'homme réside dans l'enclos ouvert de son coeur, nulle autre part! Parole de poète."
 
 

 
  

 

 

jeudi 5 novembre 2020

tant qu'à faire


Faire attention où l'on met les yeux
afin de changer
un peu
son regard.
Faire silence momentanément,
dans l'intervalle,
Faire pour le mieux;
et le plus doux;
 
Tant qu'à faire.
 


 

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"Je regrette mon premier confinement ; ces beaux vieux temps, au printemps. Je regrette mon angoisse, ma peur, ma stupeur, ma surprise, mon incrédulité, ma haine, que j’ai partagées avec tant, tant d’autres. Je regrette la rage, la violence, le changement qu’il a représenté, ce confinement. Je regrette le vocabulaire déplacé - la guerre - je regrette les héros, les applaudissements. On y croyait - enfin, pas moi, mais peu importe -, certains y croyaient et s’y retrouvaient, dans ce discours, dans leur dépossession.

Ils étaient là, ensemble, à 20h, le soir sur les balcons. Et c’était bien. Maintenant on ne les entend plus. C’est peut-être parce qu’il fait un peu froid…mais finalement, pas tant que ça. Peut-être bien qu’il y a quelque chose, quelque chose d’autre, qui s’est tiédie ? Je ne sais pas. Je sais que je le regrette. Je le regrette, mon premier confinement. Je regrette les queues de quinze minutes à la boulangerie, les pannes de farine - maintenant les rayons sont pleins ! Je regrette le silence, les corbeaux, l’absence de sens que l’on découvrait - maintenant, elle est partout. Je regrette que l’on regrette le temps d’avant. Maintenant on ne regrette rien, et en plus, on est presque contents. De plus en plus, on se contente, et de miettes. Oui, ça va. Ça va mieux et je regrette. Je regrette le soulagement que j’ai eu à l’époque. Je me disais qu’au moins, on n’était plus obsédés avec l’islam. Mais ce temps-là il est passé. Maintenant on a les deux. Se confiner est tellement banal que l’on peut le faire sans rien changer, en bien gardant nos vieilles obsessions. Confinés, on ne les oublie pas, au contraire. Peut-être même que se confiner permet de les solutionner ? Peut-être que, confinés, on sera plus “protégés” ? Je n’ose même pas y répondre. Mais je le regrette. Je regrette le premier confinement. Oui, on le dit souvent, et c’est vrai : on a bien raté le déconfinement. Mais ce n’est pas très grave : on l’a raté pour bien le réussir, le reconfinement. Et iI est bien là, il arrive, il est tout doux, il est comme un soulagement. Il est la voie bénie, en fin d’année. C’est celui que l’on attendait, c’est notre Messie. Et nous r’voilà résignés, assignés à la maison. Mais maintenant on n’a plus grande chose à foutre, maintenant on s’en fiche. On ne le respecte même plus tellement ce confinement, il est devenu à notre manière. On s’adapte. Et la vie continue. Et elle est presque belle. Et elle est presque bien. Elle est presque comme avant. Oui, il est à regretter, lui. Et je le regrette. Je regrette ce premier confinement. Maintenant, il n’y a plus de surprise. C’est juste : on se confine. Et bof. Il n’y a plus ces tonnes d’écrivains et de philosophes avec leurs théories de ceci ou de cela. Plus les optimistes qui disent que l’on se découvre à la maison, ou bien ceux qui nous voient en 1984, ou pire encore, et que Foucault ceci, que Foucault cela, et le numérique et blabla. Non, nous ça va, on est bien là, en télétravail. Au moins les gosses vont à l’école. On ne cultive plus le potager, on ne fait plus le pain, et on ne voit pousser que notre bide. Plus d’impro au reconfinement, maintenant c’est du sérieux, et on sait faire. C’est du confinement “normal”. On vit comme on voulait, sans changer. Je le regrette, bon Dieu. Je le regrette, bon sang. Je le regrette, putain ! Oh, comme je le regrette, mon premier confinement. Va savoir, mais les vents sifflent que les parcs resteront ouverts, vous imaginez cela ? On pourra même y aller à notre pause café. Café à emporter. Oui, il y en a. Oui, c’est trop bien. Et il ne faut pas qu’une Hidalgo ou un Lallement nous gâchent tout, car “eux”, en haut, ils l’ont bien réussi. Ils ont bien réussi ce reconfinement. Et moi je regrette. Je regrette mon premier confinement. Laissons-nous tranquilles. Laissons-nous tranquilles à la maison. On est bien parti pour y rester. Merci, Macron, merci Castex. Après l’affaire des masques, après les élections, vous entendre dire “on ne va pas reconfiner” c’était presque comme entendre une promesse. Des vœux d’amour pervers que l’on murmure à notre oreille. Ah, les coquins, c’est notre petit jeu…et vous avez bien tenu à nous donner ce plaisir, cet éclair de lucidité terminale pendant l’été et les premiers mois de la rentrée : un regain d’énergie comme celle qui arrive aux moribonds pour mieux y passer. Et ça a été trop bien de l’avoir aperçue. Oui, on l’a vue, la liberté. On s’est rappelé de sa beauté…et c’était comme un rêve. C’était bon, c’était très bon. Au soleil…et vous pouvez y aller, faites-moi autant de reproches que vous voulez, car je l’avoue : avec d’autres, c’est bien vrai, je l’ai baisée à fond. Oui, on a jouit ! Et nous avons aussi vu, nous avons bien vu qu’elle ne nous appartenait pas. Elle ne nous appartient plus. La vérité est qu’on ne savait plus vraiment comment s’y prendre. Masqués, et tout, couvre feu, et tout, distance, un mètre, deux sièges, il faut, il ne faut pas, tout ça, bof. C’était bizarre. On a eu du mal à s’y plonger, quoi. Parce qu’on le savait bien déjà. On savait que c’était fini pour nous et on n’y a pas vraiment cru. On n’était plus au niveau. On était maladroits. Mais peu importe. Finalement, c’est mieux comme ça. On est devenu trop laids, trop moches. Trop glauques. On pue. Moi, maintenant, depuis, je pue. Mieux vaut lui dire adieu, à la vie, et s’adapter. Faire comme vous voulez. On ne sait plus rien et on sait que vous n’avez pas raison. Mais on s’en fout. Au moins vous nous laissez encore un peu respirer. Et rêver. Et se rappeler. Moi, je me rappelle. Et je le regrette. Je regrette mon premier confinement. Je la regrette encore, la naïveté de mon premier confinement.."

Pérola Milman est directrice de recherche en physique quantique au CNRS.-source:LUNDIMATIN

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" J'attends à  la rivière
Je surveille le chemin
Je n'ai rien d'autre à  faire
Mais rien ne vient
J'attends le nez en l'air
Je n'me tords pas les mains
On gagne ou bien on perd
Mais c'est plutôt bien
Je m'en irai tout à  l'heure
Je reviendrai demain
On n'sort pas du désert
On tourne sans fin
Le jour tombe et l'enfer
N'est pas aussi lointain
Mais je n'suis pas amer
Toujours on en revient

Et les blessures se ferment
Et attendre n'est rien
Et les larmes sont vaines
Et c'est le même refrain
Je garde les bras ouverts
Le vent passe entre mes mains
C'est l'heure de la prière
Mais rien ne vient
On finit par s'y faire
Avec un peu d'entrain
On sait bien qu'nos misères
Ne prennent jamais fin
Et les blessures se ferment
Et attendre n'est rien
Et les larmes sont vaines
Et c'est le même refrain
J'attends à  la rivière
Je surveille le chemin

Je n'ai rien d'autre à  faire
Mais rien ne vient."
Stephan Eicher 
 
 

 
                                                                   Aujourd'hui encore

" Je tiens la main à nos terreurs 
le temps coule sur nos joues
que devrais-je faire aujourd'hui
la fatigue nous tient debout

Je te ferai une soupe pour ce soir mon amour, et je commencerai le poulailler dans le jardin, j’enlèverai l'énorme merde du chemin, je ferai bien déjeuner les enfants, leur ferai prendre des force et des rires, je les aiderai à jouer debout, je réparerai la maison, je ferai de grandes brassées de gestes dans la danse des feuilles mortes, je m'occuperai de la paperasse, j'économiserai l'argent que nous n'avons pas, je penserai aux gens qui se font déchiqueter, je penserai aux réfugiés, je penserai aux infirmiers, je penserai aux malades, je désinfecterai mes mains, et mon visages, et mon cœur, je rangerai la maison, je m'occuperai des vieilles bêtes, je nettoierai l'agonie du chien , j'essaierai d'écrire un poème, je prendrai des nouvelles des autres, je cueillerai la beauté où elle est, j'en prendrai soin pour qu'elle grandisse, je n'écouterai pas la traitrise de mon corps, j'irai les chercher à l'école, je m'occuperai d'eux, je vous ferai un feu, et puis je vous écouterai, et puis je vous ferai rire, je ferai de la nuit un cadeau, j'aimerai même la mort, front haut et mains ouvertes, je râlerai un peu mais pas trop, je boirai un peu mais pas trop, je fumerai un peu mais pas trop, je pleurerai un peu mais pas trop, ce n'est pas vrai bien sûr ce n'est pas vrai, ça ne se passera pas aussi bien, mais je te promets d'essayer, aujourd'hui encore, je te promets d'essayer, et demain

 Je tiens la main à nos terreurs 
le temps coule sur nos joues
que devrais-je faire aujourd'hui
la fatigue nous tient debout"
Thomas Vinau dans: "ETC-ISTE"
 
 
 


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