samedi 29 février 2020

une rafale de secondes


[.../...]
Pendant ces mille ans, j'ai appris la terre. M'installer dans un appartement sans un jardin pour me dire les saisons et le rythme des choses, non autant m'emfermer dans une prison.
Il me faut le sol et les plantes, les soins que je leur prodigue, le fruits et les beautés qu'elles me donnent en échange.
Lorsque je voyageais aux quatre coins du monde, je croisais la route de voyageurs étonnants. ils vivaient des aventures mille fois plus palpitantes que les miennes. Une bière à la ,main, ils étaient Sinbad, Gulliver et Kerouac. Le verre vide, ils reprenaient la route, sans se retourner.
Quand parfois, ils revenaient chez eux, ils n'avaient rien à dire, pas grand-chose à faire. Certains essayaient d'aimer, de se fixer, mais non. Bien vite le monde les happait pour les balloter au gré de ses humeurs. Ils étaient des parteurs, pas des reveneurs.
C'est difficile de revenir. De redevenir un être ordinaire alors que la distance vous rend exotique donc remarquable aux yeux des peuples lointains. De voir l'eau couler à flots dans l'évier alors qu'ailleurs, des villages meurent de soif; de voir les poubelles des restaurants débordantes de restes jetés sans respect alors que la faim massacre des populations entières. D'entendre les gens râler parce que le chômage tombe en retard alors qu'au loin, des familles entières vivent les unes à côté des autres le long des rues, avec des enfants qui n'ont jamais vu un toit sur leur tête, qui ne savent même pas que les salles de bain existent. Difficile de ne pas considérer l'Occident comme la planète des enfants gâtés, difficile de ne pas leur en vouloir de tout exiger ans comprendre que notre pays nous offre des miracles.
Recevoir tant et n'éprouver aucune reconnaissance.
Compter tout le temps et partager si peu.
Prendre tout en ne même pas imaginer que la seule manière de réparer une irréparable injustice, c'est peut-être de cultiver le plaisir, afin qu'il s'inscrive dans la balance du monde.
Enfermés en eux-mêmes, les parteurs reprennent la route.
Les reveneurs reprennent leur vie, la façonnent d'une autre manière parce que leur regard a changé. ils repartent souvent, retrouvent la même colère au retour, mais ils la calment parce qu'elle ne mène nulle part. il n'est pas nécessaire d'écrire ou de parler à la radio pour donner ce que le voyage enseigne. porter en soi moins de haine, plus d'émerveillement, c'est ajouter un peu des conscience à l'air du temps. Le voyage n'a aucune utilité si le voyageur n'en fait pas quelque chose. il est une proie que le chasseur ramène à sa meute et sa meute la dévore, s'en nourrit, parfois sans  même le savoir.
Le premier geste du dictateur consiste à interdire le nomade: il bouscule l'ordre établi en semant des miettes d'ailleurs, disperse dans les sociétés qu'il frôle des rêves, des idées, des vérités qui les font grandir, au risque des les transformer.
Le tyran arrête l'espace et le temps.
 Le voyageur leur ouvre la porte.
Je suis persuadée que les voyageurs de ma génération qui pont sillonné les routes du Moyen-Orient et d'ailleurs pendant les années 1970, sans le savoir, ont mené une lutte très efficace contre le racisme. nous allions nous promener dans des pays où vivaient de supposés sauvages. Et lorsque nous revenions, nous racontions: ils sont différents, bien sûr, je ne me vois pas vivre comme eux, mais eux n'ont pas du tout envie de vivre comme moi. leur société est solide et leur façon de penser cohérente, même s'ils ne partent pas des mêmes bases que les nôtres.
Ils ont été gentils? Bien sûr.
Ils m'ont violée? Non, pourquoi?
nous avons été quelques-uns et quelques-unes à nous balader loin, à revenir du bonheur dans le coeur et cela se voyait;
L'idée que l'homme d'une autre couleur de peau est respectable, a grandi dans notre société et, chez beaucoup,le racisme a reculé.
Aujourd'hui, le monde a peur de tout, la moindre différence est une père de repères, alors les faibles
suppriment tout ce qui risque de changer. ils tuent.
Et voilà, j'ai encore pris une rafale de secondes.
Etre vieille, c'est savoir qu'on a vécu une autre époque.
[...]"
Anne-France Dautheville extrait de: "La vieille qui conduisait des motos" Editions Payot











Z'ai bien dansé maintenant:




"Travaille comme si tu n'avais pas besoin d'argent.
Aime comme si tu n'avais jamais souffert.
Danse comme si personne ne te regardait."
Satchel Paig




"La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie; c'est la vie elle-même."
Henry Havelock Ellis




"Mon costume glazik" la suite en entrant dans la danse chez KUB

"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaines d'or d'étoile à étoile, et je danse."
Arthur Rimbaud 


"J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours"

Colette Magny
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
La mort me hante
La vie m'épouvante
Dans ces limites acceptées
Je vivrais pleinement ma vie
En douleurs attentives
En plaisirs épanouis
L'autre me fait chier
J'ai moins d'espace
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
Mais qu'est-ce que je ferais toute seule ?
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
J'aurais tant aimé danser
Jusqu'à la fin de mes jours
ÀToulon le vent d'Est ramène les bois flottés
L'étoile juive y est inscrite
Il a bien fallu que je relève la tête
Il a bien fallu que je relève la tête.
https://lyricstranslate.com
                                                      
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Des nouvelles de la ZAD 
 


z'avions reçu ceci:


Zad – Réaction suite à l’incendie au hangar de l’avenir

communiqué d'habitant.es de la zad suite à l'incendie du hangar de
l'avenir à la ferme de Bellevue.


" Au cours de la nuit du 26 au 27 février un incendie allumé
volontairement a détruit partiellement un appentis dans le « hangar de
l’avenir » sur la ferme de Bellevue. Heureusement, une personne a vu le
départ de feu.  Les pompiers sont intervenus mais il s’en est fallu de
très peu que la charpente principale prenne entièrement feu et que
l’ensemble du bâtiment soit détruit. Des personnes vivent et dorment
juste à côté dans les espaces contigus et auraient pu se trouver pris
dans l’incendie.

Le « hangar de l’avenir » a été construit à la main par des dizaines de
charpentières et charpentiers. Il a été levé comme un défi le 8 octobre
2016, au moment où le gouvernement menaçait de venir raser la zad
quelques semaines plus tard. Des dizaines de milliers de personnes
l’entouraient alors en affirmant qu'elles le protégeraient. Des
centaines de main se sont relayées depuis 4 ans au cours de « chantiers
écoles » réguliers pour achever petit à petit sa construction. Le «
hangar de l’avenir » est un espace qui sert aujourd’hui entre autres à
construire des habitats et infrastructures pour les différents
habitant.e.s et activités de la zad. Grâce à cet espace, le mouvement
maintient aussi une prise en charge collective de la forêt de Rohanne,
empêchant ainsi que cette dernière soit réintégrée dans une
planification forestière classique.

Alors que nous avons arraché ces lieux aux menaces d’expulsion, ce n’est
pas l’État qui a tenté cette fois-ci de détruire les infrastructures
communes mais fort probablement des individus animés par de mauvaises
fables politiques. Il y a un an, le tractopelle qui servait à réaliser
les travaux sur les différents lieux de vie a été incendié. Plus
récemment, des véhicules l’ont aussi été juste devant des maisons alors
que leurs habitants dormaient. Ce nouvel incendie survient alors que des
réseaux sociaux vecteurs de haine diffusent de manière incessante des
récits calomnieux sur la zad post-abandon. Depuis quinze jours, les
réactions suite aux conflits d’usages (causé par des chiens non tenus,
menaces avec arme...) au Rosier sont déformées et montées en épingle en
ce sens.

Des espaces comme le site Nantes Indymedia, se sont employés, au cours
des dernières années et encore très récemment, à relayer divers appels
et commentaires invitant à « brûler la zad » et ses habitant.e.s. Ces «
médias » (1) colportent avec un zèle de procureur un récit diabolisant
et des mensonges factuels sur de soit-disant « traîtres » et « collabos
». Ceci à propos de personnes qui ont résisté durement sur le terrain
face à la répression d’État et ont opté entre les expulsions du
printemps 2018 pour une négociation collective - alimentée par un
rapport de force constant - afin d’obtenir des baux stables sur les
terres, plutôt que de se résoudre à la destruction de l’ensemble des
lieux de vie de la zad. Ces personnes ont tout fait pour que le plus de
lieux habités soient préservés et pour maintenir une communauté large et
hétérogène. Elles ne sont en tout état de cause pas responsables des
choix tactiques différents qui n'ont malheureusement pas permis - face
aux tanks - de faire réellement obstacle à l'expulsion de certains lieux
de vie.

Nous sommes conscient.e.s que la zad est un espace qui a incarné une
telle somme d’espoir qu’elle a aussi engendré des déceptions et des
douleurs. Mais il est temps aujourd'hui de sortir du binarisme stérile
des catégories fantasmées de "légalistes" ou d'"invendus". Les personnes
et lieux de vie que des pamphlets appellent à lyncher, attaquant par là
tout le mouvement pour l’avenir de la zad, résistent encore aujourd’hui
pour continuer à faire de ce territoire un espace de mise en commun face
aux destructions du vivant, de solidarité face au monde marchand,
d’habitats collectifs autoconstruits et une base de soutien aux luttes.
Ce territoire est toujours sous pression mais sans cesser pour autant de
déborder des normes dans lesquelles les institutions voudraient
l’enserrer. Il suffit de passer un peu de temps sur place pour s’en
rendre compte.


Pourtant il apparaît une fois de trop aujourd’hui que certains individus
sont animées par un désir de dégradation vengeur et sortent parfois des
méandres des réseaux sociaux pour le concrétiser lâchement, en se
trompant d’ennemis. Nous sommes profondément affligés, après avoir
défendu la zad pendant des années face à Vinci et à l’État, d’avoir à le
faire aujourd’hui face au nihilisme de certains individus. Nous sommes
atterrés par la complaisance de certains à alimenter de loin des
fictions haineuses, avec toutes les conséquences dramatiques que cela
peut avoir ici comme dans d’autres combats. Nous voulons pouvoir nous
consacrer à nous battre contre les institutions et corporations qui
bousillent la terre et enchaînent les vies plutôt que de devoir se
protéger de personnes qui s’emploient à saboter les rares possibilités
de communauté de vie et de lutte durables.

Nous appelons les multiples personnes et collectifs avec qui nous nous
sommes liés dans ce combat et pour qui l’avenir de la zad a toujours un
sens à la plus grande attention et au soutien. Nous appelons à continuer
à construire un monde désirable sur la zad face à ces nouvelles
attaques.

{Des habitant.e.s de la zad réuni.e.s suite à l’incendie au hangar de
l’avenir.}

(1) Il est nécessaire de clarifier à ce sujet le rôle joué par le compte
facebook « nonaeroportNotreDamedesLandes / zone à défendre de Notre Dame
des Landes». Ce compte qui cherche à maintenir l’apparence d’un compte «
officiel » du mouvement et de la zad est actuellement tenu par une/des
personnes qui n’y habitent absolument pas, qui se targuent d’une forme
d’impartialité, mais dont le parti-pris malveillant ainsi que la
propension à relayer sans aucune vérification mensonges et appels
haineux est largement avérée."


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vendredi 28 février 2020

le temps qui passe sans rien dire


"Métèque, ce mot accolé à tout ce qui n'est pas d'ici, à tout ce qui fait peur, à l'exotisme, à l'aventure, à la méfiance, à la traîtrise, au déracinement, ce mot tranquillement balancé aux visages trop burinés, aux mains calleuses, aux esprits libres, aux athées, aux juifs, aux Noirs, aux métis, aux Arabes, aux étrangers, aux vagabonds, aux clochards, est l'un des plus beaux mots du monde.
C'est un mot qui me console, qui me rappelle que je flotte, que je ne possède que les racines que je me suis dessinées, que j'aurais beau m'accoler une nationalité, visible sur mes papiers d'identité, une langue parfaitement maîtrisée, une vie d'autochtone, je ne serais jamais qu'une métèque.
C'est un mot qui fait peur, métèque, mais c'est aussi un mot de charme.
C'est un mot qui dit l'ailleurs, mais aussi le ver dans le fruit.
C'est un mot qui fait trembler les frontières, les réactionnaires, les conservateurs.
C'est un mot qui pourrait être le synonyme de cosmopolite, mais jusque dans le cosmopolitisme les castes prédominent, et le métèque joue souvent l'intouchable.
C'est un mot qui raconte la honte, le mouvement, la liberté et la solitude.
Métèque, le mot qui dit joliment l'ambition créatrice, les pieds dans la merde et la tête dans les étoiles.
Je suis une métèque, je participe de cette longue histoire de vagabondage, de larmes, de vol, de peur, d'ostracisme, de combat, de pas de côté. C'est ma mémoire et mon futur, c'est le seul lieu qui m'est permis, le seul lieu dont on ne pourra jamais me virer. Métèque est mon identité et ma poésie, ma chair et mon rire, ma force et ma faiblesse.
Faire l'éloge du métèque, c'est dire mon amour des sans-frontières, des sans pays, des sans terre.
Mais c'est aussi raconter la souffrance et la solitude, les destins brisés et les cris perdus, c'est dire la xénophobie, c'est faire la nique aux préjugés, c'est accepter de ne jamais s'attacher à une terre.
Métèque, ce mot qui me définit et qui raconte une très longue histoire de passions, de départs sans retour, de splendeur, de suspicions, d'impossible et de liberté.
[...]


[...]
Car s'il me faut choisir en ces temps où chacun est sommé de se présenter un drapeau à la main, disant son origine nationale, ethnique, religieuse, sexuelle, ses préférences, le passé dont il se réclame, je choisis le métèque.
Dans ce choix, il y a tout d'abord le refus absolu du déterminisme, social, historique, sexuel ou religieux; ensuite, une passion pour la liberté qui demeure, à mes yeux, la seule voie possible vers l'autonomie. Et c'est ici que le bât blesse. Accéder à l'autonomie, c'est l'enfer: il est plus aisé d'être dépositaire de ses gènes que de se réinventer et de ses choisir. 
Je crois que l'homme est naturellement porté à la paresse, et la proposition du métèque est un long chemin, solitaire et escarpé.
Mais je refuse d'être mon ADN, je refuse de n'être qu'une suite de cellules héritées de mes parents,
je refuse d'être entravée par la tradition, de n'être qu'une partie d'une communauté organique, faite de culture et de langue.
Je refuse de n'être que le fruit pourri d'un déterminisme historico-génétique qui honnit le doute et la liberté. 

si je choisis de me définir comme comme métèque, ce n'est pas seulement une provocation, c'est un sacerdoce et le plus beau chant d'amour que je connaisse.
Ma seule idéologie est la liberté, ma seule ambition le monde, ma seule maison celle que je construis au fil de mes désirs.
Je suis et resterai une métèque, car rien ne pourra jamais mieux définir la somme de tous les morceaux dont je suis faite, au gré de ce dont j'ai hérité, de ce que j'ai appris, rejeté, aimé, pensé, désiré.
Je suis une métèque et c'est le plus bel hommage que je peux rendre à tous ceux qui trainent la nostalgie d'une terre où ils sont nés et qui n'aura jamais le visage qu'ils fantasment; à ceux qui vagabondent entre les rives en espérant y découvrir un refuge; à ceux qui savent que rien ne définit mieux l'Homme que ses choix; à ceux qui sont tombés pour des nations hier inconnues à leur coeur, pour défendre une idée toute simple: que chacun puisse vivre, respirer, choisir, selon le flot de ses désirs sans être limité par le sang, le nom ou la tradition
Je suis une métèque, car personne ne me permettra jamais d'être autre chose. C'est peut-être le plus beau cadeau que m'a fait l'exil; devenir cet être difforme, mais libre."


 Abnousse Shalmani extrait de: "Eloge du métèque" Editions Grasset














Photo: Marc Racineux
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