dimanche 3 mars 2019

d'ici et d'ailleurs



Je suis d'ici et d'ailleurs
atome de la voix
du nord
en
noyau atomique
de ma mère
et d'un père-manganate
de sodium
dilué
au  marais-cage
briéron

Je suis,
tout ce qui s'en suit
et s'enfuit
sans surprise
vers la mer;
dans le sens  de l'histoire du Brivet,
dernière station
avant le grand plongeon océanique.

Je suis breton par correspondance
des émotions
et
français d'une raie publique jacobine
par force...
 d'occupation.

Je suis ressortissant du monde
qui m'entoure,
 quidam
le pion pour de  rire
...
spectateur,
badaud,
observateur,
témoin que rien
ne bouge
assurément,
quand l'hétéro gêne
aux entournures.

Je suis visiteur d'un soir
et matin chagrin;
juste de passage
sans aucune envie de marquer mon territoire
et  me pincer afin que j'existe.

Pour quoi faire?

D'ailleurs,
je suis d'ici et maintenant
et déjà une vielle histoire
à dormir deux bouts





















"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit"
François de La Rochefoucauld

 



vendredi 1 mars 2019

vouloir libère


Grand rassemblement le 4 mars dès 9h30 à Blain pour soutenir les habitant.es convoqué.es à la gendarmerie

 

 

 

L’attaque judiciaire de la zad qui a commencé le 22 janvier avec l’arrestation de cinq personnes s’est poursuivie jeudi 14 février avec la convocation d’une dizaine d’habitant.es de la zad. Le 4 mars, à la gendarmerie de Blain, nous ne les laisserons pas seuls face à la justice et appelons à un rassemblement de soutien dès 9h30 et toute la journée. Un banquet sera servi à midi.
Jeudi 14 au matin, les gendarmes sont venus notifier à au moins une dizaine d’habitantes et habitants de la zad leur convocation à la gendarmerie de Blain le 4 mars prochain. Ils ne sont pour l’instant pas mis en examen mais convoqués en tant que témoins, à la suite des arrestations du 22 janvier. Toutefois, nous devons rester extrêmement vigilants, car nous savons que le juge ou les gendarmes pourraient vouloir les inculper, eux ou d’autres habitants. En effet, le dossier repose sur des dénonciations calomnieuses ayant déjà entraîné trois mises en détention sur la simple foi de témoignages sous X ou du récit de Kévin B., celui-là même qui assume avoir donné des coups de hache à Greg, paysan à la ferme de Bellevue. C’est pourtant ce dernier qui a été mis en examen et incarcéré durant deux semaines dans cette affaire. Dans le cadre d’un tel retournement de situation, on ne sait donc pas qui pourrait encore être la victime de ces délations malveillantes…
De plus, l’accusation d’association de malfaiteurs, abandonnée par la juge, était à nouveau signifiée, contre X, sur les convocations. Ce chef d’inculpation est tristement célèbre dans les luttes pour être une des armes utilisées par l’État en vue de briser les résistances.
Ce montage en épingle arrive à point nommé pour tenter de fragiliser l’avenir qui se construit à la zad. Il serait insupportable que de nouvelles personnes se retrouvent mises en examen, incarcérées ou interdites de territoire dans cette affaire. Parmi cette dizaine de personnes convoquées, la plupart sont impliquées dans les activités artisanales et agricoles de la ferme de Bellevue, dont le fonctionnement collectif se trouverait extrêmement mis à mal par de nouveaux emprisonnements ou contrôles judiciaires. Tout le mouvement est concerné par leurs auditions, c’est pourquoi nous appelons à se rassembler le 4 mars devant la gendarmerie de Blain pour les soutenir. Et pour soutenir également Ben et F., toujours en prison, et Sarah et Guillaume, injustement éloignés de la zad, de leurs maison, de leurs activités, de leurs amis, de nous.
Des habitant.es de la zad, NDDL Poursuivre Ensemble, COPAIN 
source: ZADIBAO




Lettre de Greg, l’un des inculpés du 22 janvier

22 février 2019, Saint-Jean-du-Tertre
Amis, camarades,
J’ai reçu il y a quelques jours les lettres, les cartes et les dessins destinés à me parvenir en prison. À défaut de pouvoir répondre à chacun, c’est pour moi l’occasion de tous vous remercier : ceux que je n’ai pas encore croisés depuis ma sortie, ceux qui par modestie n’ont pas entendu ma gratitude.
Si je n’avais pas été remis en liberté, j’aurais accroché les cartes postales, les poèmes, les dessins de la crèche, les témoignages de soutien, les communiqués et les photos des chantiers collectifs aux côtés des photos de mes enfants sur le mur de la cellule.
Ces mots et ces images ont soulagé mes proches, et permis que nous restions soudés et plutôt confiants face à une action judiciaire obscure et agressive.
Libre, je retiens ces gestes parmi ceux qui me guideront dans les moments difficiles.
Que nous vivions ici ou plus loin, nous avons défendu ce petit bout de territoire collectivement, pendant des années, comme s’il s’agissait de notre jardin. C’est-à-dire en nous sentant responsables de ce qu’il en adviendrait. Ça ne s’est pas passé sans difficultés, nous avons fait de nombreuses expériences, a fortiori de nombreuses erreurs. Même lorsqu’elles ont été commises par d’autres, nous nous en sentons responsables, et en effet toutes nous concernent : c’est la nature délicate et exigeante d’une lutte collective et de son bilan. La façon dont nous avons pris en charge les conflits et les épreuves, quelle qu’en soient l’origine, fait partie de cet héritage, que nous qui continuons de chérir ce jardin ne pouvons simplement céder à l’arbitrage d’un tribunal ou dénoncer d’un trait de plume. Les gestes de soutien portés durant mon incarcération me démontrent que nous sommes encore nombreux à ne pas rejeter cette responsabilité-là.
Ces gestes me rappellent ainsi ma responsabilité envers vous.
Il me semble juste de rappeler ici ce en quoi consiste cet engagement.
Il y a un an et demi, avant l’abandon de l’aéroport, donc, j’ai demandé à devenir l’exploitant officiel de certaines parcelles prises en charge par le mouvement de lutte. Il s’agissait, en faisant reconnaître à l’administration mon travail au sein du collectif Grand Troupeau Communal et du groupe vache à Bellevue, d’obtenir un statut qui me permettait d’éviter, déjà, une incarcération inutile liée à une manifestation anti-aéroport. Devant une assemblée de paysans défenseurs de ces terres, j’ai donc scellé un contrat moral, c’est-à-dire que nous nous sommes dit les choses, que nous nous sommes regardés, et que l’on m’a fait confiance. Ce n’est pas rien, la confiance, parce que personnellement, on m’a plus souvent dit que j’étais une merde que « on t’accorde notre confiance ». Elle a infiniment plus de poids, cette parole donnée, que tous les papiers à en-tête officiels du monde.
Je me suis donc engagé à ce que ces terres auxquelles mon nom est associé dans d’obscurs fichiers administratifs demeurent communes. La responsabilité engagée dans cette parole donnée dépasse ce que les termes d’un contrat écrit pourraient recenser, en ce sens que pour moi tous les autres acteurs du mouvement en sont les témoins. À ce moment où notre avenir était en sursis, ça pouvait aussi bien vouloir dire que mon nom s’effacerait plus tard au profit d’un nouvel installé, ou encore que ces quelques parcelles rejoindraient un pot commun sur lequel les administrations auraient le moins de prise possible. Aujourd’hui, alors que j’ai signé une convention d’occupation précaire, bientôt transformée en bail, cet engagement implique que l’usage agricole des terres qui me sont rattachées demeurent soumis à la décision des producteurs réunis en assemblée, tout comme l’usage des bâtiments, siège de notre activité, demeure soumis au collectif d’usagers de la ferme. Au-delà de ces fonctionnements déjà existants, il y a une responsabilité plus profonde, pour nous qui avons au quotidien la charge et la jouissance de ce morceau de terre, qui consiste à ce qu’il serve un commun plus grand que nous. La constance, la loyauté désintéressée de ceux qui continuent à se mobiliser pour l’avenir de l’ex-zad, est là pour nous le rappeler.
Nous avons une responsabilité envers ce territoire, en participant à renforcer les solidarités, les outils de mutualisation, en se battant via de nouvelles installations pour qu’il ne soit pas soldé au profit de l’agrandissement de quelques exploitations opportunistes ou de tout autre projet destructeur.
Nous avons une responsabilité à nourrir, à notre mesure, les projets de transformations sociales qui naissent dans la chaleur d’autres luttes, tout comme des résistances passées ou présentes ont apporté ici de leurs outils, de leurs histoires.
Nous en avons une envers les autres êtres vivants avec qui nous partageons ces terres, que ce soit la buse ou le crapaud avec qui nous avons sympathisé, le chêne ou l’ajonc qui bordent nos parcelles.
Nous avons à trouver des modes d’organisation de vie et de travail qui nous donnent de la joie. C’est là une fidélité envers nous-même à laquelle nos enfants grandissant ici nous rappellent sans cesse.
Je pourrais écrire des pages sur ce qui, très concrètement, se fait ou se projette dans ces quatre différents registres. La période de semi-autonomie de la zone à défendre a ouvert de nombreuses pistes, en a fermé d’autres. À mon sens, la fin du projet d’aéroport nous permet d’approfondir l’exercice de ces responsabilités. Nous ne sommes qu’au début du chemin, alors, avant de reprendre la route, permettez-moi de vous le dire à nouveau : merci.
Greg Minday
source: ZADIBAO



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