Voltaire
illustration source Toile
Que reste t-il de nos atours?
Mais,
faudrait-il pour autant être malheureux comme les pierres ?
Question de point de vue sans doute.
On se joue des mots comme de l'indolence d'un paysage bucolique.
Un amas de questions tenant encore debout.
Pour combien de temps?
Se frotter aux éléments du vocabulaire
c'est forcément prendre des risques,
à en perdre la façade
et
jusqu'à voir midi à sa porte.
T'exagères!
Tu vas dans le décors.
Change de pièce.
Exemple:
éprouve la cuisine et mitonne une farce bien enlevée
à plusieurs interprètes de préférence.
A dieux!
Quel bon vent vous Amen.
Non, franchement ceux-là tu te les réserveras pour les fins de mission
au cas où tu serais à ce moment là
à cours d'inspiration
ou d'humour...
Essaye plutôt voir du côté des poètes-philosophes et inversement.
Laisse tomber les dogmateurs et autres chieurs
de vérité inoxydable,
ceux qui ont réponse à tout et réduisent ainsi la pensée à un pauvre et triste nombril.
Que reste t-il de nos atours ?
Des froufrous j'espère.
Des tissus nobles et fragiles.
Des rides fantastiques comme les courants contraires.
Des baumes de Venise à fendre la bise.
Des félicités passagères.
Des gentillesses en bouquets épanouis.
Des aventurismes, des auscultations , des impulsions magiques.
Un peu de la délivrance d'une vie qui accouche de ses tempêtes
dans un verre de Minervois.
Tu vois?
Pour le rabat-joie
"Insensée, dis-tu, cette euphorie,
comme ça sans raison.
Ah, tu ne comprendras jamais;
pour cela, mon ami, il n'y a absolument aucune théorie.
Les bêtes aussi sont heureuses,
as-tu dit,
le peu de bonheur qui soit n'est que manque d'imagination.
Pauvre lapin que tu es,
mon ami!
Mais cela, tu ne le saisiras jamais."
Hans Magnus Enzensberger
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