mercredi 18 mai 2016

ce provisoire des merveilles



"Est-ce ma faute si, 
                                    alors que je faisais paître la  vache,
je me suis mis à regarder le ciel du jour, puis de la nuit,
ce qui a semé en moi le concept de l'infini, de l'éternité, de l'Inconnu."
Edward Stachura




"Cinq, six maisons, une route au milieu.
La première église, la première école à trois kilomètres à pied, entre chien et loup, pour les enfants;
à vélo, puis plus tard à mobylette, à pas d'heure, pour les parents.
L'école pour grandir sur la terre, l'église pour monter au ciel et un jour y enterrer ses parents.
Mon pays, c'est le pays de mes tombes.
Mon pays, c'est le pays de mes rêves qui passaient par la lucarne de la cuisine, en bleu et blanc comme les cygnes sauvages quand ils traversaient les nuits de mes premières lectures, une pile électrique sous les draps.
Sans ciel, pas de terre;
sans terre, pas de ciel.
.../..."
Yvon Le Men- extrait de: "Une île en terre" 




"Même le temps est accepté
ce provisoire des merveilles." 
Jean Malrieu 

 

lundi 16 mai 2016

la natte humaine


"Faune et flore:
Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux!
Que faire?
Essayons du grand air,
peut-être y pourrais-je quitter ma funeste pluralité!
Et tandis que la lune,
par-delà les marronniers,
attelle ses lévriers,
et, qu'ainsi qu'en un kaléidoscope,
mes abstractions élaborent les variations des accords de mon corps,
que mes doigts collés au délice de mes clés
absorbent de fraîches syncopes,
sous des motions immortelles vibrent mes bretelles;
.../...
Arthur Cravan- extrait de "Hie!"








source Emilia Lagiewska



"En deçà et au-delà
de nos identités originales
de nos appartenances communautaires,

en deçà et au-delà
de nos langues détournées, transgressées,
de nos noms reconnus, ressourcés,
des terres de nos îles morcelées, archipélagées, dispersées,

en deçà et au-delà
de nos ruptures, brisures, cassures,
des clans guerriers, clans paroles, clans écritures,
clans mémoire, clans histoire,

en deçà et au-delà
des mélopées funèbres, désespérances de nos béances,
manques dans nos corps, de l'âme et de l'esprit en nos sociétés multiples,

en deçà et au-delà
de tout ça qui fonde et nourrit nos interventions et écritures particulières,

nous gardons et emporterons dans nos bagages quelque essence qui est:

sur nos chemins de partage,

l'apport par chacun de son brin de conscience,
de réflexion, d'humanité,
pour commencer à dire ensemble,
avec nos mots, nos sonorités, nos musiques intérieures,

la chose à transmettre,
l'esprit de juste mémoire:

Tailler, ajouter, renouer, rénover,
aplanir,étendre et retresser la natte humaine." 
Flora Aurima Devatine-"Adresse" 









source Emilia Lagiewska
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