"Je m’appelle Shawn. Je suis un photographe queer né en 1996 au nord de la Chine, et je vis aujourd’hui à Shanghai.
Dans
ma ville natale, les visions du genre sont très stéréotypées. On me
disait qu’un garçon devait être fort et masculin, et pas intello et
féminin comme moi. C’est pour cette raison que mes souvenirs d’enfance
sont pour toujours associés au harcèlement et à la violence, qui n’ont
cessé que lorsque je me suis forcé à avoir l’air cis et hétéro; j’ai
enfermé mon identité au fond de mon cœur pendant plus de 10 ans.
Heureusement,
les choses ont changé quand ma famille a déménagé à Shanghai. Comme la
plupart des métropoles, Shanghai est une ville libre, diverse, où l’on
encourage les gens à être eux-mêmes. J’ai appris à accepter la diversité
et l’inclusion, à aimer les gens et ma communauté, et à enfin accepter
mon identité.
Cependant,
tout le monde en Chine n’est pas aussi chanceux que moi. Beaucoup de
gens se trouvent dans des milieux conservateurs qui les forcent à vivre
dans le placard à cause de la stigmatisation et des préjugés. Au cours
des cinq dernières années, j’ai vu beaucoup de gens avoir du mal à vivre
pleinement leur identité, et se retrouver remplis de frustration et
d’impuissance. Leurs voix méritent d’être entendues dans le monde
entier. C’est pour cela que j’ai lancé le projet « Mieux ensemble ».
Le
nom de ce projet vient simplement de l’idée d’une camaraderie au sein
de la communauté LGBT+. Tous les humains ont besoin d’intimité. Le mot «
ensemble » veut dire beaucoup pour nous: force, compréhension, amour.
J’espère que je pourrai être la personne qui rassemblera les gens.
Avec
ce projet, j’ai écouté des personnes LGBT+ venues de tous les horizons.
Je souhaite aider les gens partout dans le monde à comprendre la
diversité et les spécificités de la communauté LGBT+ chinoise. Je veux
aussi lui donner des forces en laissant ses membres témoigner de son
histoire, sa vision, ses difficultés. Lorsque l’on rassemble toutes ces
histoires et qu’on les montre au grand public, en ligne ou hors ligne,
cela montre le pouvoir de la solidarité."
" Pour ce rythme inférieur dont t'informe la Mort
Pour ce chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes
Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port
Pour ce mouchoir à qui tes larmes font des signes
Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin
Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge
Pour l'oiseau descendu qui te tient par la main
Pour l'homme désarmé devant l'arme qui bouge
Pour tes jeunes années à mourir chaque jour
Pour tes vieilles années à compter chaque année
Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour
Pour l'orgue de ta voix dans ta voix en allée
Pour la perforation qui fait l'ordinateur
Et pour l'ordinateur qui ordonne ton âme
Pour le percussionniste attentif à ton coeur
Pour son inattention au bout du cardiogramme
Pour l'enfant que tu portes au fond de l'autobus
Pour la nuit adultère où tu mets à la voile
Pour cet amant passeur qui ne passera plus
Pour la passion des araignées au fond des toiles
Pour l'aigle que tu couds sur le dos de ton jeans
Pour le loup qui se croit sur les yeux de quelqu'un
Pour le présent passé à l'imparfait du spleen
Pour le lièvre qui passe à la formule Un
Pour le chic d'une courbe où tu crois t'évader
Pour le chiffre évadé de la calculatrice
Pour le regard du chien qui veut te pardonner
Pour la Légion d'Honneur qui sort de ta matrice
Pour le salaire obscène qu'on ne peut pas montrer
Pour la haine montant du fond de l'habitude
Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé
Pour ces milliards de cons qui font la solitude
Pour tout ça le silence"