lundi 25 novembre 2019

C'est son mystère




On s'en parle

 

Lettre de Charles Baudelaire à Victor Hugo, 1859


Monsieur,
J’ai le plus grand besoin de vous, et j’invoque votre bonté. Il y a quelques mois, j’ai fait sur mon ami Théophile Gautier un assez long article qui a soulevé un tel éclat de rire parmi les imbéciles, que j’ai jugé bon d’en faire une petite brochure, ne fût-ce que pour prouver que je ne me repens jamais. — J’avais prié les gens du journal de vous expédier un numéro. J’ignore si vous l’avez reçu ; mais j’ai appris par notre ami commun, M. Paul Meurice, que vous aviez eu la bonté de m’écrire une lettre, laquelle n’a pas encore pu être retrouvée, L’Artiste ayant jugé à propos de la renvoyer à un domicile que je n’habite plus depuis longtemps, au lieu de la renvoyer à Honfleur, mon vrai domicile, où rien ne se perd. Il m’est impossible de deviner si votre lettre avait directement trait à l’article en question, et, quoi qu’il en soit, j’ai éprouvé un amer regret. — Une lettre de vous, Monsieur, qu’aucun de nous n’a vu depuis longtemps, de vous, que je n’ai vu que deux fois, et il y a de cela presque vingt ans, — est une chose si agréable et si précieuse ! — Il faut cependant que je vous explique pourquoi j’ai commis cette prodigieuse inconvenance de vous envoyer un papier imprimé sans joindre une lettre, un hommage quelconque, un témoignage de respect et de fidélité. Un des imbéciles dont je parlais (celui-là plein de trop d’esprit, je veux dire d’esprit pointu) me dit : Comment ! vous aurez l’effronterie d’envoyer cet article à M. Hugo ! Vous ne sentez donc pas que c’est fait pour lui déplaire ! — Voilà sans doute une énorme sottise. Eh bien ! Monsieur, quoique je sache que le génie contient naturellement tout l’esprit critique et toute l’indulgence nécessaire, je me suis senti intimidé, et je n’ai pas osé vous écrire.
J’ai donc maintenant quelques explications à vous donner. Je sais vos ouvrages par cœur, et vos préfaces me montrent que j’ai dépassé la théorie généralement exposée par vous sur l’alliance de la morale avec la poésie. Mais en un temps où le monde s’éloigne de l’art avec une telle horreur, où les hommes se laissent s’abrutir par l’idée exclusive d’utilité, je crois qu’il n’y a pas grand mal à exagérer un peu dans le sens contraire. J’ai peut-être réclamé trop. C’était pour obtenir assez. Enfin, quand même un peu un peu de fatalisme asiatique se serait mêlé à mes réflexions, je me considère comme pardonnable. L’épouvantable monde où nous vivons donne le goût de l’isolement et de la fatalité.
J’ai voulu surtout ramener la pensée du lecteur vers cette merveilleuse époque littéraire dont vous fûtes le véritable roi et qui vit dans mon esprit comme un délicieux souvenir d’enfance.
Relativement à l’écrivain qui fait le sujet de cet article, et donc le nom a servi de prétexte à mes considérations critiques, je puis vous avouer confidentiellement que je connais les lacunes de son étonnant esprit. Bien des fois, pensant à lui, j’ai été affligé de voir que Dieu ne voulait pas être absolument généreux. Je n’ai pas menti, j’ai esquivé, j’ai dissimulé. Si j’étais appelé à témoigner en justice, et si mon témoignage, absolument véridique, pouvait nuire à un être favorisé par la Nature et aimé par mon Cœur, je vous jure que je mentirais avec fierté ; — parce que les lois sont au-dessous du sentiment, parce que l’amitié est, de sa nature, infaillible et ingouvernable. Mais vis-à-vis de vous, il me semble absolument inutile de vous mentir.
J’ai besoin de vous. J’ai besoin d’une voix plus haute que la mienne et que celle de Théophile Gautier, — de votre voix dictatoriale. Je veux être protégé. J’imprimerai humblement ce que vous daignerez m’écrire. Ne vous gênez pas, je vous en supplie. Si vous trouvez, dans ces épreuves, quelque chose à blâmer, sachez que je montrerai votre blâme docilement, mais sans trop de honte. Une critique de vous, n’est-ce pas encore une caresse, puisque c’est un honneur ?
Les vers que je joins à cette lettre se jouaient depuis longtemps dans mon cerveau. Le second morceau a été fait en vue de vous imiter (riez de ma fatuité, j’en ris moi-même) après avoir relu quelques pièces de vos recueils, où une charité si magnifique se mêle à une familiarité si touchante. J’ai vu quelquefois dans les galeries de peintures de misérables rapins qui copiaient les ouvrages des maîtres. Bien ou mal faites, ils mettaient quelquefois dans ces imitations, à leur insu, quelque chose de leur propre nature, grande ou triviale. Ce sera là peut-être (peut-être !) l’excuse de mon audace. Quand Les Fleurs du mal reparaîtront, gonflées de trois fois plus de matière que n’en a supprimé la Justice, j’aurai le plaisir d’inscrire en tête de ces morceaux le nom du poète dont les œuvres m’ont tant appris et ont donné tant de jouissances à ma jeunesse.
Je me rappelle que vous m’envoyâtes, lors de cette publication, un singulier compliment sur la flétrissure que vous définissiez une décoration. Je ne compris pas très bien, parce que j’étais encore en proie à la colère causée par la perte de temps et d’argent. Mais aujourd’hui, Monsieur, je comprends très bien. Je me trouve fort à l’aise sous ma flétrissure, et je sais que désormais, dans quelque genre de littérature que je me répande, je resterai un monstre et un loup-garou.
Il y a quelque temps, l’amnistie mit votre nom sur toutes les lèvres. Me pardonnerez-vous d’avoir été inquiet pendant un quart de seconde ? J’entendais dire autour de moi : Enfin, Victor Hugo va revenir ! — Je trouvais que ces paroles faisaient honneur au cœur de ces braves gens, mais non pas à leur jugement. Votre note est venue qui nous a soulagés. Je savais bien que les poètes valaient les Napoléon, et que Victor Hugo ne pouvait pas être moins grand que Chateaubriand.
On me dit que vous habitez une demeure haute, poétique, et qui ressemble à votre esprit, et que vous vous sentez heureux dans le fracas du vent et de l’eau.
Vous ne serez jamais aussi heureux que vous êtes grand. On me dit aussi que vous avez des regrets et des nostalgies. C’est peut-être faux. Mais si c’est vrai, il vous suffirait d’une journée dans notre triste, dans notre ennuyeux Paris, dans notre Paris-New York, pour vous guérir radicalement. Si je n’avais pas ici des devoirs à accomplir, je m’en irais au bout du monde. — Adieu, Monsieur, si quelquefois mon nom était prononcé d’une manière bienveillante dans votre heureuse famille, j’en ressentirais un grand bonheur."
BAUDELAIRE

Découvert chez: Dissident


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marais
cages








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"Le chemin des brumes" en entier chez KUB



 Les Monts d'Arrée:

"Là-bas lorsque l'on est perdu c'est que l'on est bien arrivé"

                       
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 Quoi de neuf dans le bourg ?


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"Les yeux baissés, la main tremblante, il est à couper le souffle. Jamais on sait de son sourire, s'il est vrai ou pour l'invisible. Une vie troublée, la Sainte au mur. Il voit la neige qui fond. Ses mains, au fûr et à mesure, chassent les flocons qui tombent. Sa mer est ravagée, nomade, il ferme sa porte. Il cherche partout ses voix qui font signes aux baleines, et où il parle à ses sirènes. Il aime ces temps sauvages. C'est son mystère à lui: Être le héros de son histoire. Les yeux baissés, la main tremblante, il est à couper le souffle. Jamais on sait de son sourire, s'il est vrai ou pour l'invisible. Je suis à l'intérieur de toi, je flotte tes veines, je cours les rues illuminées de souvenirs sonores - ta ville m'amène aux top secret rivages Et j'aime ses temps sauvages. C'est son mystère à lui: Être le héros de son histoire. C'est son mystère" 
17 Hippies 

Là-bas lorsque l’on est perdu, dit la légende, c’est que l’on est bien arrivé. Les Monts d’Arrée dessinent un territoire unique, hors du monde, qu’ils soient plongés dans la brume, baignés par la pluie ou léchés par le soleil. Le rapport de l’homme au paysage est le fil conducteur de ce road-movie intimiste. Le cinéaste y suit six personnages, persuadé que chacun s’invente un paysage intérieur.. Lire la suite sur KuB : https://www.kubweb.media/page/chemin-brumes-monts-arree-xavier-liebard/

samedi 23 novembre 2019

et sinon?


Fuite de moût sur estuaire

 
J'avais pas pris mon téléphone
mais
je n'ai pas de téléphone
ni rien d'autre de portatif d'ailleurs
 qui fait de la lumière
genre briquet, flambeau, lampe frontale...
et puis
avec l'éclipse sur les yeux
(j'avais trouvé le nom)
 je ne comprenais plus grand chose au paysage.
Le monde m'apparaissait comme une bande dessinée
pour la nuit
dans laquelle je m'enfonçais peu à peu.
Le port
mon pote au noir

Tu m'avais dit: On fout le camp
et
présentement
 je suis tout seul
à cause du volet que j'avais oublié d'attacher,
aussi
 je suis retourné
et
là...
je te regarde partir
en faisant quelques vagues,
contre le mur de la jetée.


Regroupement à l'approche de l'hiver

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Z'avions reçu ceux-ci:

Des acquisitions enfin possibles
pour le fonds de dotation « la terre en commun » !


Depuis fin octobre 2019, il n’y a plus d’obstacles juridiques à la mise en vente par l’État d’au moins 13 lieux de ce territoire de Notre Dame des Landes sauvé du bétonnage. Certains de ces lieux sont emblématiques de ce qui s’est construit pendant les années de lutte : le hameau du Liminbout avec l’Auberge des Q de Plomb, la ferme de Saint Jean du Tertre, le Moulin de Rohanne, l’Ambazada… D’autres sont à réhabiliter ou à reconstruire.

Rappelons que Vinci avait obtenu, en 2010, la concession pour la construction et la gestion de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Ce contrat a été modifié, ce qui ouvre aujourd’hui la possibilité à l’État de vendre les lieux dont il est propriétaire.

S’étant positionné comme acquéreur depuis sa création en décembre 2018, le fonds de dotation « la terre en commun » devrait en toute logique pouvoir acquérir ces lieux pendant le 1er trimestre 2020.

Concernant les biens du Conseil Départemental nous avons pour le moment moins de visibilité mais nous vous tiendrons au courant. Une commission a travaillé d’arrache-pied à l’évaluation des biens afin de faire une proposition d’achat à l’État et au Conseil Départemental. Un rendez-vous avec ces interlocuteurs devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.

En moins d’un an, grâce à vous, nous avons pu lever près de 700 000€. C’est en accélérant la dynamique de cette levée de fonds que nous nous donnerons ensemble les moyens d’atteindre notre but (idéalement 1,5 millions d’euros en 2020). En effet, si la somme collectée est indéniablement une dimension cruciale de notre capacité à construire la propriété collective, le nombre de nos contributeurs et contributrices affirme l’ampleur du soutien à cette campagne.

Dans cette nouvelle étape qui s’ouvre, nous comptons encore et toujours sur vous, pour continuer à relayer l’appel à dons et distribuer les flyers (disponibles sur demande) autour de vous. Voici également le lien vers une chouette vidéo produite par un soutien du fonds de dotation https://encommun.eco/actualites/video-de-soutien-faire-tourner. N’hésitez pas à la faire tourner !

Chaque don exprime un soutien qui nous est précieux !


La Terre En Commun
www.encommun.eco
0766256659
Les Fosses Noires
44130 NDDL




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Quelques mots:










Et sinon:
les enfants,
le chat,
le chien ,
la tortue,
le temps...
  ça va?








" C’est un grand terrain de nulle part
Avec de belles poignées d’argent
La lunette d’un microscope
Et tous ces petits êtres qui courent
Car chacun vaque à son destin
Petits ou grands
Comme durant les siècles égyptiens
Péniblement
Porter mille fois son poids sur lui
Sous la chaleur et dans le vent
Dans le soleil ou dans la nuit
Voyez-vous ces êtres vivants
Voyez-vous ces êtres vivants
Voyez-vous ces êtres vivants

Quelqu’un a inventé ce jeu

Terrible, cruel, captivant
Les maisons, les lacs, les continents
Comme un Lego avec du vent
La faiblesse des tout-puissants
Comme un Lego avec du sang
Force décuplée des perdants
Comme un Lego avec des dents
Comme un Lego avec des mains
Comme un Lego

Voyez-vous tous ces humains
Danser ensemble à se donner la main
S‘embrasser dans le noir à cheveux blonds
À ne pas voir demain comme ils seront
Les capitales sont toutes les mêmes devenues
Facettes d’un même miroir
Vêtues d’acier, vêtues de noir
Comme un Lego mais sans mémoire


Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego

Facettes d’un même miroir
Vêtues d’acier, vêtues de noir
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego

Pourquoi ne me réponds-tu jamais
De ta retraite sous ton arbre
Depuis ce manguier de plus de dix mille pages
A te balancer seul dans une cage
A voir le monde de si haut
Comme un insecte mais sur le dos
Comme un insecte mais sur le dos

Comme un insecte

C’est un grand terrain de nulle part
A la lunette d’un microscope
On regarde, on regarde, on regarde dedans
On voit de toutes petites choses qui luisent
Ce sont des gens dans des chemises
Comme durant les siècles de la longue nuit
Dans le silence ou dans le bruit
Dans le silence ou dans le bruit
Dans le silence"

Gérard Manset




 
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