lundi 4 novembre 2019

comme un bras de côté







Le blog de Gwenaëlle Abolivier








                                                  \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\{{{{{{{{{{{{{



"Aimant beaucoup la retraite, j'en veux beaucoup à ceux qui la battent."
Jean-louis Auguste Commerson


 illustration kiki Picasso pour Lundimatin

"Le 5 décembre 2019 prochain va commencer la bataille des retraites. Ce n’est pas une simple bataille syndicale pour la défense d’acquis sociaux, encore moins une bataille corporatiste de certains secteurs de travailleurs « privilégiés », c’est une bataille cruciale pour un choix de société, pour un choix de vie.
Pour la plupart des gens en France et dans les pays occidentaux (ce n’est pas le cas pour la majorité de la population dans le Monde) la retraite représente aujourd’hui le Paradis sur terre. Après une vie de souffrances, de dur labeur, de privations, pouvoir finalement être libéré du travail, de ses contraintes hiérarchiques, de ses rythmes, signifie profiter ici-bas de ce que les Religions promettent une fois qu’on sera mort. Qu’on soit croyant ou mécréant, tout-le-monde s’accorde à considérer que passer quelques années voire au mieux deux-trois décennies libéré des contraintes et oppressions liées au travail, est une juste récompense et un droit inaliénable.
Cette idée et cette conviction sont récentes et encore minoritaires dans la plupart des Pays du Monde. La plupart de l’humanité est encore aujourd’hui obligée non seulement de travailler jusqu’à l’épuisement pour gagner sa vie, mais aussi de subvenir aux vieux jours de leurs parents qui ne peuvent plus travailler. Prendre sa retraite représente aujourd’hui prendre sa place au Paradis, goûter les fruits défendus, s’enivrer des boissons interdites, jouir des sensualités et des sexualités. En attendant, pour ceux qui y croient, le bonheur absolu au Paradis céleste après la mort, passer quelques années libérés du travail et de ses contraintes est l’espoir de tout-un-chacun. A la mer, à la montagne, en ville ou à la campagne, sous le soleil, la pluie, la neige, pouvoir choisir son lieu de vie et ses occupations.
La retraite n’est pas seulement le juste repos du travailleur après une vie de dur labeur, c’est une partie de la vie soustraite au travail, à ses hiérarchies, à l’oppression d’autrui, à la pénibilité. De tout temps, esclaves, serfs, travailleurs salariés ont lutté pour leur liberté, pour être dignement récompensés pour le travail fourni et pour avoir du temps libre, pour eux. Pour faire leur potager et leur vigne, pour prendre du bon temps et aller jouer aux cartes buvant un coup avec les amis à la taverne. Depuis le XIXe siècle, les luttes du mouvement ouvrier ont porté, outre que sur les salaires et les conditions de travail, sur le temps de travail. Ces luttes se sont déclinées par la réduction de la semaine et des heures de travail journalier, par les congés payés, par la couverture maladie et par la retraite. Tout temps gagné par les travailleurs pour vivre mieux leur vie, chacun à ses relations humaines, ses passions, ses désirs.
La conquête de la période de retraite en Occident est en effet récente. Si quelques groupes d’employés de l’Etat (militaires, marins), des mineurs et des cheminots en bénéficiaient déjà auparavant, souvent après des luttes, la généralisation du système des retraites date de la fin de la deuxième guerre mondiale, 75 ans, trois petites générations seulement. Aujourd’hui, en France, tout le monde bénéficie de la retraite, même avec des disparités de cotisations et de pensions d’un secteur d’activité à un autre, et une certaine répartition et solidarité existent permettant en partie de réduire les inégalités, notamment entre femmes et hommes. Au cours du temps, des travailleurs comme les cheminots, les égoutiers, les mineurs, les agents de la RATP, ont lutté, négocié, conquis des droits à la retraite plus avantageux que dans le régime général, sur les fondements de la pénibilité du travail effectué, d’une espérance de vie bien plus courte, des horaires et du rythme de travail perturbants, des conditions d’exercice (sous-terre, la nuit, dans le bruit, en déplacement constant). Des professions libérales, comme les avocats et les notaires, se sont aussi construit un régime spécifique de retraite avec leur propre caisse et administration. Quant aux élus de la République, ils se sont taillés leur propre régime spécial, sans luttes ni négociations, et ont créé les régimes avantageux de retraite de leurs serviteurs en armes, policiers, gendarmes, militaires, sans lesquels ils seraient destitués.
Mettant en avant une exigence de justice et d’égalité entre tous les citoyens, la réforme que Macron et son monde veulent faire s’attaque tout d’abord à ces 42 régimes spécifiques de retraite, présentés comme des privilèges corporatistes injustifiés ou obsolètes (« les cheminots ne doivent plus remplir la chaudière à charbon … »). Avec un bémol : le gouvernement Macron a déjà rassuré militaires, gendarmes, policiers et gardiens de prison qu’ils seront largement épargnés par le nivellement à la hausse de l’âge de départ à la retraite, histoire de câliner les serviteurs de l’Etat qui seront envoyés briser les grèves et les manifestations des travailleurs en colère.
Les cheminots, les mineurs, les égoutiers, les travailleurs du métro et des transports, seraient-ils des privilégiés, confortablement assis sur leurs acquis sociaux ? Pourquoi serait-il juste et équitable d’aligner leur régime de retraite vers le bas ? Pourquoi au lieu de mettre en cause les difficultés et les nuisances de leur métier, ne serait-il pas plus juste d’élargir ces critères à d’autres professions ? Aux livreurs des plateformes de distribution, par exemple, qui respirent les gaz d’échappement à longueur de journée, et dont le risque de mourir dans l’exercice de leur métier est bien supérieur à celui encouru par les policiers et les militaires. La liste des métiers de l’économie de la distribution, de l’alimentation et des soins, qui comportent des risques sanitaires, devrait être élargie aux cuisiniers dans les caves des restaurants, aux infirmières et aides-soignantes, aux femmes de ménage d’hôtels et bureaux qui travaillent tôt le matin et tard le soir, à tous ces invisibles qui remplissent les rayons de nos commerces, déposent nos commandes dans nos boites aux lettres, à celles et ceux qui prennent soin des retraités et leur permettent de finir leur existence dignement se coltinant des heures de transports du domicile au boulot, charges physiques et charges mentales.
Présenter la réforme Macron des retraites sous le signe d’une nécessaire égalité est plus qu’une fumisterie et une escroquerie, c’est un cynisme de classe aisée. On nous explique qu’il faut faire une égalité universelle face aux retraites, dans un système social et de genre où tout est inégalitaire, de la naissance à la mort, en passant par la scolarisation, les revenus du salaire et du patrimoine. Eh bien non : au lieu d’uniformiser, vers le moins disant, les conditions de la retraite, il faudrait poser le principe de les diversifier selon les métiers exercés.
Le cœur soi-disant égalitaire de la reforme Macron tient dans la formule « un sous cotisé, un sous récupéré ». Vaste blague quand on sait que les ouvriers ont en moyenne sept ans d’espérance de vie en moins que les cadres, et que donc leur taux de recouvrement en est d’autant réduit. Sans oublier que beaucoup d’ouvriers qui ont fait des travaux durs et préjudiciables pour leur santé arrivent à la retraite dans des mauvaises conditions, brisés, usés.
Aux Etats-Unis où la retraite par capitalisation est structurelle depuis des années, s’est récemment développé un mouvement appelé Fire (« indépendance financière, retraite précoce ») : des jeunes à peine entrés dans la vie active et gagnant un bon salaire se mettent à économiser et investir leur capital pour devenir rentiers et prendre la retraite à 40 ans. Une démarche capitaliste hors de portée de la masse des salariés qui n’arrivent à rien économiser et sont à découvert le 15 du mois. Une démarche néanmoins qui en dit long sur les aspirations des individus : être libérés le plus tôt possible du travail.
La réforme du régime des retraites que Macron veut imposer va à contre-courant du désir de libération installé dans la tête des gens. Il veut tuer l’idée qu’après une période de formation, puis une période de travail, la vie comporte une période de repos et de « dolce farniente ». Gageons que les travailleuses et les travailleurs ne se laisseront pas déposséder de leur part de paradis et se battront pour la faire grandir."
 Allessandro Stella & Eric Beynel-Source: Lundi Matin- "La retraire=le paradis sur terre"






 " La retraite ramène l'homme à lui-même, aux plaisirs faciles de la nature. Dans le sein de la société, les préjugés, les devoirs fatiguent ; les inquiétudes, l'ambition vous agitent, et vous pressent en tout sens ; dans la solitude, l'âme respire, se repose, jouit du sentiment intime de son existence, elle dépose, pour ainsi dire, les vaines illusions comme l'eau dépose au fond d'un vase tranquille le sédiment qui la troublait."
Etienne-François de Lantier 
Les voyages d'Anténor en Grèce et en Asie (1798)


                                                               |||||||||||||||||||||||||||||||||||############







                                                     \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\##########



"Être blotti là 

entre l'infiniment petit et

l'infiniment grand et

penser à 

tout autre chose"
###################### 
du 14 au 17 novembre à Savenay




[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[[~~~~~~~~~~ 
Comme un bras de côté
 
Doigts levés au ciel
dans le sens de l'histoire
d'un vent
à peine dérangé dans sa course
par un caillou 
dans la chaussée.
Une ile
dans l'air du temps
et
 toujours au courant.
Havre de baies
et de minéral arthritique.
Ultime refuge en montagne océanique

 {{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{{###########
photo source: "La rue ou rien" 



vendredi 1 novembre 2019

j'y vois gouttes




"Il faut être l'homme de la pluie et l'enfant du beau temps."
René Char


"Le rire, comme les essuie-glaces, permet d'avancer même s'il n'arrête pas la pluie."
Guy Bedos 

"Quand le baromètre se passe la patte derrière l'oreille c'est que le chat est à la pluie."
Léo Campion
 
 
"Il n'y a pas si longtemps, c'était magnifique d'être le vent. Vous apportiez des senteurs selon les saisons, effeuilliez des roses, courbiez des blés, faisiez faire des loopings aux oiseaux, arrachiez les feuilles mortes, séchiez le linge. C'est aussi vous qui faisiez grincer les girouettes, claquer les oriflammes des champs de bataille et dans certains pays tourner des moulins. Certains jours, plus polisson, vous emportiez les chapeaux et souleviez les jupes mais, surtout, pendant plus de deux mille ans c'est vous qui emmeniez les bateaux. Pas un voyage sur la mer sans vous, pas de Christophe Colomb, pas d'Amérique, pas d'Australie, pas de Polynésie. Jusqu'il y a cent ans, pas un grain de café ni une lettre d'amour qui ne soit arrivé sans votre aide."
Olivier de Kersauson

 

                                                |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||########################
ça se passe près de chez vous 

 Chez KUB



                                                          \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\[[[[[[[[[[[[


Entre les oreilles:











".../...Ici, dans cette lumière aquatique, je ressens ce que j'appelle l'extase géographique, qui est ma petite éternité matérielle, éphémère, mon épiphanie des jours ordinaires; oui l'extase géographique, c'est le bonheur soudain de sortir de soi, de s'ouvrir de tous ses pores, de se sentir traversé par la lumière, d'échapper quelques instants à la dialectique infernale du dehors et du dedans.
pourquoi aimer autant les fleuves et les rivières, pourquoi les aimer davantage que la mer?
La mer, trop frontale, trop vaste, trop calme ou trop violente, nous renvoie toujours à la mort alors que la vue, même éphémère, même fugace, d'un fleuve aux flots vifs nous apaise ou nous dynamise et redonne sens à nos efforts: comme lui nous savons que nous sommes mortels, mais comme lui nous espérons nous élargir avec l'âge, chaque année nous gagnons en sérénité; comme lui, nous nous souvenons de notre source sans nous languir pour autant de l'avoir désertée; comme lui chaque épreuve nous élargit.
.../...Le fleuve ne vient pas les bras vides jusqu'au rivage; il apporte les preuves de son labeur; il arrive les bras chargés d'alluvions, qu'il offre comme un présent au continent qui le retient et comme un défi à la mer qui le délivre."
Emmanuel Ruben extraits de: "Sur la route du Danube" Editions Rivages









Mais d'où vient le vent?

   photo Kalon-Eusa

 de chez Ondine?
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...