mardi 5 février 2019

maintenant, tu étais



".../...
Maintenant, le ciel est propre.

Maintenant, un ami m'interroge :
Qu'est le bonheur à présent ?
puis s'en va pressé, sans attendre la réponse.

Maintenant, entre hier et demain,
un isthme changeant et de passage.
Le temps s'arrête
comme s'il s'arrêtait un instant entre deux moments.
.../...


.../...
Maintenant,  notre passé
polit une icône lunaire de pierre.

Maintenant, nous vivons hier et demain
et nous partons dans deux directions
qui pourraient échanger un salut poétique.

Maintenant, le sens porte les griffures du présent
brisé comme la géographie.

Maintenant, durant la sieste du jeune temps,
la blanche éternité modifie les noms du sacré.
Pas de prophète sur la route littorale.
.../...


.../...
Maintenant, un poète naît en nous
qui pourrait choisir une mère
pour se connaître lui-même.
.../...

Maintenant, tu es deux, trois, vingt, mille,
comment sauras-tu qui es dans ta cohue?

Maintenant, tu étais.
Maintenant, tu seras.
Sache que tu seras...Peut-être."
Mahmoud Darwich extraits de "Maintenant"-"Le lanceur de dés et autres poèmes" Editions Actes Sud












"Tu ne dis jamais rien Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyable L'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pas Des fleurs dans des crayons Debussy sur le sable A Saint-Aubin-sur-Mer que je ne connais pas Les filles dans du fer au fond de l'habitude Et des mineurs creusant dans leur ventre tout chaud Des soutiens-gorge aux chats des patrons dans le Sud A marner pour les ouvriers de chez Renault Moi je vis donc ailleurs dans la dimension quatre Avec la Bande dessinée chez mc 2 Je suis Demain je suis le chêne et je suis l'âtre Viens chez moi mon amour viens chez moi y a du feu Je vole pour la peau sur l'aire des misères Je suis un vieux Bœing de l'an quatre-vingt-neuf Je pars la fleur aux dents pour la dernière guerre Ma machine à écrire a un complet tout neuf Je vois la stéréo dans l'œil d'une petite Des pianos sur des ventres de fille à Paris Un chimpanzé glacé qui chante ma musique Avec moi doucement et toi tu n'as rien dit Tu ne dis jamais rien tu ne dis jamais rien Tu pleures quelquefois comme pleurent les bêtes Sans savoir le pourquoi et qui ne disent rien Comme toi, l'œil ailleurs, à me faire la fête Dans ton ventre désert je vois des multitudes Je suis Demain C'est Toi mon demain de ma vie Je vois des fiancés perdus qui se dénudent Au velours de ta voix qui passe sur la nuit Je vois des odeurs tièdes sur des pavés de songe A Paris quand je suis allongé dans son lit A voir passer sur moi des filles et des éponges Qui sanglotent du suc de l'âge de folie Moi je vis donc ailleurs dans la dimension ixe Avec la bande dessinée chez un ami Je suis Jamais je suis Toujours et je suis l'ixe De la formule de l'amour et de l'ennui Je vois des tramways bleus sur des rails d'enfants tristes Des paravents chinois devant le vent du nord Des objets sans objet des fenêtres d'artistes D'où sortent le soleil le génie et la mort Attends, je vois tout près une étoile orpheline Qui vient dans ta maison pour te parler de moi Je la connais depuis longtemps c'est ma voisine Mais sa lumière est illusoire comme moi Et tu ne me dis rien tu ne dis jamais rien Mais tu luis dans mon cœur comme luit cette étoile Avec ses feux perdus dans des lointains chemins Tu ne dis jamais rien comme font les étoiles."
Léo Ferré


Dessine-moi une plume?
La petite maison
au coin du jardin
qui s'ouvre parfois un matin
d'épousailles,
entre verbe et rosée,
entre murmure d'une écriture rapée
et secrets
d'autres embouchures.
                                                          

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TRAVELLING A TRENTE ANS




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Mayra Andrade



Delgrès



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DañsFabrik#8 Teaser from Le Quartz, Brest on Vimeo.



                           photo source: Toile

dimanche 3 février 2019

un oiseau s'est posé


Tirer sur la corde
Trop!
Autour du cou.
Muscler ses cordes vocales
Trop!
Faire jouer la corde sensible
au tympan 
à fond la caisse
Trop!
Cordes sympathiques.
Maîtresse corde.




  "Le seuil de l'immortalité est assez haut, en pierre, avec des plantes.
On ne s'apercevait pas du tout qu'on le passait.
Mais de l'autre côté,
des tripotées
d'oiseaux sans ailes ni sans eaux
POUSSAIENT DES CRIS D'ECHIRAN"
Boris Vian extrait de "Cantilènes en gelée "



  illustration source: Toile


 "La volonté attend sans cesse
Un désir sans trouver.
Le cran d’arrêt passionne l’absence
de gaudriole.
Une cicatrice vers la nuit
profane la réflexion
II n’y a que détachement
incrédule.
On me fait souffrir
parce que je sais l’indifférence
Banalités embarquées sans cesse
sur elles-mêmes.
Les horizons attirent les yeux
de nos sentiments."

Francis Picabia 






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 "Factionnaire au bord d'un étang
C'est ptès de la mar guérite
Un clair matin, douleur subite
-Aube, épone- vous poinct souvent;"
Boris Vian





illustration:Boris Vian "Post-Scriptum Editions Cherche Midi



"Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire."

Tristan Tzara 




"Elle est tapie, là dans l'ombre
ne dit rien qu'un sourire distrait
et le passant distrait ne l'a pas devinée.

                         C'est l'ombre d'un tronc d'arbre de l'avenue?
                         c'est l'ombre au recoin de la brillante vitrine
                         c'est l'ombre d'un instant quelque part d'imprécis
                         Elle est là, ombre, et a un nom précis qu'elle tait.

Parfois elle surgit, crie
et le passant surpris se dit qu'elle est folle
ou bien étrangement qu'elle est une étrangère
et qu'il faut de tout pour faire un monde.

                            Elle est le monde entier montagne et mer, ciel et enfer
Elle est ombre et lumière, arbre et vitrine,
l'instant et la durée, aussi
elle vibre
pleure, sourit, se tait, crie, danse et chante liberté
se nomme poésie.

                                   Mais le passant a fui...
                                   Il est sérieux, lui, et très pris
                                   ...et c'est tant pris pour lui. "

Rémi Begouen extrait de "La maison de l'armateur"

 
      Photo Rémi Begouen







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