dimanche 2 décembre 2018

je marche dans la parole plurielle


"Je marche dans la parole plurielle
d'un pays de haut vol
qui m'enveloppe au-delà de moi-même
dans l'ivresse des paluds et les vents

En ce théâtre de grèves et de dunes
aux rappels incessants des vents et des lunes
la mer ravale sa bave
dans une épilepsie de baleine

Errer, les sens et le corps en éveils
Bretagne que je cherche
avant de me perdre dans ce monde
d'antiquaires, de folkloristes

Sur la grève la nuit des veuves de marins
déambulent dans le silence, s'évaporent à l'aube
les marées emportent leurs pas
les vents leurs douleurs

La vie se mesure dans le hard rock permanent
des vagues au tumulte des talus bas
des chemins languissants
aux cahotements de charrette invisible

La coagulation de l'hiver
l'apoplexie des fermes retiennent le temps
avec la cornemuse des goélands
quand se taisent les grandes orgues des tempêtes

Les pierres imitent les animaux la  nuit
chaque taillis semble avancer sournoisement vers soi
les roseaux comme de fines flûtes de cristal
captent les vents dans un silence chantant

Une oie sauvage surgit des entrailles de la tourbe
pour filer droit dans un rai de lumière
ange facteur qui livre au ciel
la supplique des suicidés

Les mouvances des vagues ne sont-elles
que des prières perpétuelles?
revenir ici dans le vacarme sourd et continu
écouter la longue respiration du monde

Je marche dans la parole plurielle
d'un pays de haut vol
qui m'enveloppe au-delà de moi-même
dans l'ivresse des paluds et des vents"
Louis Bertholom "Bréviaire de sel"





"Nulla dies sine linea." Horace

Prendre (arracher) le temps
                         saisir (sauter sur) l'occasion
                                                  mettre en scène...
un cérémonial qui n'appartient qu'à moi m'aime
et qui d'ailleurs n'aurait aucune utilité chez mon Albert Régo.
Tant qu'il y aura de l'encre à couler dans l'armor
et ses peines
Askell!  Askell!
les ailes du vent debout.
Je veux m'écrire à la pluie noire des seiches,
au pollen des abeilles drapées de noir.
J'entends les murmures, les colères, l'aber
noster 
et je me demande
d'où vient le vent
qui cogne dans cette cornemuse
à filer le bourdon
le dimanche soir en demi-saison,
où je me demande
lec'h all
si  l'âme a toujours autant d'amertume ?
lec'h all
si le noroît courbe aussi les arbres ?

lec'h all






                   photos: Marc Racineux



mercredi 28 novembre 2018

et si




"Et si la nature était bleue,
et les forêts faites de ciel,
sur les plages de l'horizon,
on aurait toujours les yeux
remplis de lointains et de Vosges,
de Voix lactées, d'étoiles bées,
sous no paupières closes,
et d'autres dieux, d'autres démons,
professionnellement profonds,
comme la gorge d'un Mystère,
et des Barbares vieux,
et des Donjuan veufs,
pourquoi pas: des tabliers neufs,
pour étudiantes militaires,
aux joues de flamme,
au cul de feu,
aux airs de baptême,
 fuyant les matins blêmes,
les onctions extrêmes,
n'aimant des mots que les poèmes,
de la vie, que le bleu
de son Jeu...

Et si la nature était noire,
comme une orange sans espoir,
sans Gagarine,
sans Eluard...
Philippe Léotard 









Perdre ses repaires
 et mer
qui vous entoure de 
sa grande sollicitude 
au point 
d's'en chatouiller les côtes.

 Tu sais,
la baie bête
qui monte
qui monte...


    Claude Prigent
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