samedi 2 décembre 2017

grand comme ça



"Par le vent d'ouest frappant à la porte
Par la mer houleuse de tous les bleus, les verts du monde
Les ramures dénudées se plantant dans le ciel
J'entends venir l'hiver

Par le temps des solitudes, le temps de la jachère
Pour ne plus rien mettre entre soi et son nouveau désir
Pour ne plus échapper au vent de la tourmente
J'entends venir l'hiver

Quand plus rien n'a d'importance
Que d'être ici, maintenant
Dans le petit matin frileux
Ou dans la ville qui s'éveille
Saisir dans le même verbe
La douleur des enfants de Beyrouth
Ou le bonheur du premier "Je t'aime"
Murmuré d'une voix lointaine

Par toutes ces blessures qui se ravivent
Par le souvenir d'un autre quand on se sent vieillir
A chaque fraction de temps, chaque bruissement d'herbe
J'entends venir l'hiver

Par le commencement, la parole initiale
Par cette plongée au fond de ses propres crevasses
Bruit de fond qu'aucun mot ne peut plus circonscrire
J'entends venir l'hiver
Retrouver cette genèse
Avant toute genèse
Qui stagne en nos abîmes
Quand l'hiver devient initiatique
Quand la saison du silence
Apporte un peu de force
Pour accueillir dès demain
Les turgescences du printemps


Ou le bonheur du premier "Je t'aime"
Murmuré d'une voix lointaine"

Morice Bénin


La face visible de l'iceberg

 Au cours de notre existence,
une infime partie de notre production de mots
pourra être interprétée par nos interlocuteurs.
Tout le reste du verbe nous appartient.
intitulé: jardin secret.
Des sentiments privés cultivés tout au long de l'histoire.
On peut imaginer que si l'on exprimait tout ce que l'on pense,
la face du monde en serait grandement changée.
En mieux.
En pire.
Les deux sans aucun doute.
La langue est chargée de balles et de bonnes intentions
et sa critique exécutoire
au champ des rencontres. 

                   archives perso 1916/1930
  


« Mais l'homme avait changé.
Il avait perdu le savoir et la pratique qu'il avait jadis.
Son esprit s'était ramolli comme un ballon dégonflé.
Il vivait au jour le jour, sans but.
Mais il avait gardé ses vieux défauts, il en avait fait des vertus.
Il croyait toujours que sa race était la seule qui comptât, son existence, la seule qui importât, il avait toujours l'égoïsme complaisant qui l'avait aidé à se proclamer le roi de la création. »
Clifford Simak extrait de: "Demain les chiens" 






      archives perso 1916/1930

Petit bonhomme ensablé
au beurre
deviendra grand
comme ça
avec des vagues à l'infini
 et les moteurs du cargo
comme berceuse.

Petit bonhomme
sauvé des dunes de l'oubli
 par un cliché 
qui prit l'eau
Hello! 

                         archives perso: 1916/1930

La roue qui tourne Captain  grand-père ..


                                          
Sortie du cadre

source:" Temps Contraires"


                  

   source:" Frédéric Schiffter, philosophe sans qualités"

jeudi 30 novembre 2017

transmettre


"On écrit depuis les lignes qui traversent notre vision lorsqu'on ne regarde plus celles qui traversent l'espace
l'arête des toits les pylônes la pointe des clochers les lignes ou s'impriment les allers
venues de la multitude des corps que l'on croise depuis
que l'on marche depuis
que l'on attend aux coins des rues sur les bancs
dans les halls de gare d'aéroport
le long ds voies ferrées routes autoroutes qu'il faut bien emprunter pour aller
aller dans le même
sens le même
bruit bouger son corps donner à ses mouvements l'apparence d'une histoire tenter
de faire un geste nous le rappelant aux autres en attendant
que quelqu'un
vienne que la chance nous sourit de commencer enfin
à vivre

alors que l'on a oublié le signe que faisait  pour nous les
rubans blancs que les avions tracent sur le ciel
que l'on regardait enfant visage
renversé
où s'accrochait l'infini de notre attente insupportable et
magnifique
maintenant trainées insignifiantes s'
effilochant
au dessus de nos têtes n'
augurant rien que le flottement de notre
ennui

 mais à quoi bon poser des mots infimes que l'infini à déserté
brouillant l'espace de notre désir que l'on ne sait plus
nommer
mots insignifiants les seul qui nous restent en bouche pour
bredouiller l'incertitude qui nous
serre
mots insipides que l'on postillonne emporté par l'étrange
cours que prend notre
existence
petits insectes vibrionnant dans la brume de notre fatigue que
l'on disperse d'
un geste
alors que l'on ne retrouve plus ce goût d'océan qui nous soulevait quand nous en colorions l'
immensité
alors que le monde est là empli de lumières et notre tristesse
plus lourde de ne pouvoir en prendre
possession"
Christine Bloyet
source: "Gare Maritime anthologie écrite et sonore de poésie contemporaine 2015-Maison de la poésie de Nantes



TRANSMETTRE
 disais-tu.

 Ce verbe
majuscule dans ta bouche
semblait te faire du bien,
te rassurer?
sur le sens à donner
le lien construit
entre toi et ta descendance.

Tu te voyais passeur
et ainsi marqueur du temps.
Un besoin tellement fort d'exister dans la mémoire des autres
comme une reconnaissance dans le grand théâtre d'une vie
qui roule, se cogne et s'échoue.

C'est chou non?

Transmettre...
inoculer de ton histoire et des gestes appris, répétés, appliqués...

Je ne voulais pas t'interrompre 
cela semblait tellement important pour toi.

Vital?

Alors que
 je n'étais sur de rien
alors que
 ce "déballage" de certitudes  m'étouffait
un peu,
moi qui ne m'étais même pas posé la question  d'un message éventuel
à adresser à ma filiation
et pour qui la seule chose qui importait 
 c'était  d'avoir un regard bienveillant sur elle

et pour le reste...

Transmettre...
 forcément,
qu'on le veuille ou non,
puisque  nous sommes  ainsi faits
depuis l'aube des Hommes
mais,
je ne veux pas en négocier le contenu 
ni même en appréhender les contours.

Feront avec
pour le meilleur peut-être
et  le pire
aussi sans doute .

         photo Marc R.



"On croit transmettre de grandes choses à ses enfants et c'est parfois par des petits souvenirs de rien du tout qu'on reste dans leur mémoire."
Benoite Groult

"La vie, elle ne cesse de se transmettre. C'est pour cela que la mort et l'amour -comme le disent les romans à l'eau de rose- sont biologiquement associés.
Avant ma naissance, j'existais déjà dans les gamètes de mes parents.
après ma mort, je continuerai à exister dans mes enfants et peut-être même dans une ou deux idées." 
Boris Cyrulnik 

 


Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...