dimanche 23 octobre 2016

c'que c'est tranquille, tu trouves pas?












Où est passée la clé ?
Où est passée la clé?
 la rengaine du bord des lèvres,
sans s'en rendre compte.

Quand la colère monte
 j'ai honte 


-ouvre un livre-
-ouvre un livre-
 répondit l'ego

et là,
Quand elle redescend
(la colère)
                      A la ramasse
je la récupère
et
la pose en douceur 
à la page 124
celle qui dit:

" Un jour.
Un jour, bientôt peut-être.
Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien,
Je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements « de fil en aiguille ».
Vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier.
A coup de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si  dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.
Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.

CLOWN, abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance.
Je plongerai.
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert
à tous,
ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à force d’être nul
et ras…
et risible…"





Nous reviendrons peut-être un peu plus tard (à la colère)
ou alors jamais
...
mais en attendant

grâce à
Michaux et sa tête de Clown
je l'ai perdue
(la colère)

  fonctionne aussi  avec plein d'autres livres tu sais...
Et avec la musique et...

                                      Quoi tu dis?

 la peinture également
et la cuisine
et....
l'océan
un paysage,
des pensées massage,
une intuition de coucher de soleil 
...
 vas-y essaye
C'est pas:


 
il vous en prie, servez-vous





 Léonard Cohen "Clothing Time"





"je suis une lumière qui passe/
C'est un au revoir/
Je suis en retard/
Ils ferment le bar"
Léonard Cohen extrait de "You Want It Darker"







    illustration source: Toile

samedi 22 octobre 2016

solidarité, amour,amitié tendresse...et autres variétés


Qué pasa de l'autre côté du fleuve:

Bienvenue chez nous, tu y seras chez toi


"Je ne sais pas qui tu es, ni d’où tu viens. Je ne sais pas ce que tu fuis : la guerre ? La faim ? La torture ? Le souci des tiens confrontés à l’extrême pauvreté ? Je sais que forcément ce fut pour toi un déchirement absolu de quitter ta famille, ta maison, ton métier. Pour venir chez nous, tu as affronté la cupidité des passeurs, les mers, le froid, la rue.

Le 25 août 2015, il pleuvait terriblement sur Calais. Je t’ai aperçu dans la «jungle». Instantanément tu es devenu, au creux de mon ventre, non plus «la crise migratoire» mais une personne. J’ai eu très mal de ta souffrance si visible, si honteuse.

Certains français chez nous trouvent que ta place est là-bas sur les champs de bataille ou dans les bidonvilles. Plus triste encore, des français ont oublié que certains des nôtres, comme toi, ont dû quitter notre pays pour échapper aux trains de la mort avant d’être accueillis par des Justes, dans des pays qui leur ont ouvert les bras.
 Sache que ces français-là ne reflètent pas l’âme de la France.

Ici sur notre Pays de Retz, terre de modération et d’humanité, des collectifs généreux sont nés pour t’accueillir, toi et les tiens. Dans nos communes, des élus se sont engagés depuis le premier jour et le représentant de l’Etat a pris sa juste part, avec le concours d’une association expérimentée, pour t’offrir à Saint Brévin les Pins, un lieu de repos et pour t’accompagner dans tes démarches et ta reconstruction personnelle.
Ces engagements divers sont cet autre visage de la France.

Pour répondre à la haine qui a pu se manifester, sans naïveté je veux te redire, à toi et aux tiens, que nous n’avons pas peur de vous. Vous êtes nos amis, nos frères, nos pères, des êtres humains, avec vos faiblesses et vos forces. Entendre que les migrants seraient forcément des criminels me fait horreur. Je voudrais au contraire vous aider à retrouver votre dignité bafouée sur les mers et dans les broussailles de Calais.
À toi, migrant inconnu, je souhaite la bienvenue. Je serai heureuse de te rencontrer, de t’entendre, de partager. La fraternité créée t’aidera, je l’espère, à surmonter les obstacles qui subsistent. Car bientôt tu recevras des papiers actant la régularité de ta présence parmi nous. A ce moment précis tu seras sans doute très heureux. Mais ton combat ne sera pas achevé : les tiens seront encore exposés à l’extrême pauvreté, à la mort peut-être. Tu voudras travailler dur pour les aider. Tu vivras alors douloureusement le manque de reconnaissance car tes diplômes n’auront aucune valeur aux yeux de ceux qui devront reconnaître tes compétences professionnelles. Il te faudra peut-être accepter des petits boulots pour survivre. Dans la fatigue et la solitude, tu perdras parfois ton esprit combatif. Tu liras alors dans les yeux, au pire l’ignorance et le mépris, au mieux la pitié.

Trop souvent ces questions sont abordées de manière unilatérale comme si seul l’étranger avait besoin de nous. Mais moi je veux que tu saches combien nous avons besoin de toi. La relation humaine, vraie, ne se construit que dans l’échange. Dans ce monde occidental, qui abandonne progressivement sa philosophie des droits de l’Homme au profit de biens plus matériels, et qui préfère la circulation des biens et des capitaux à celle des personnes étrangères, nous avons besoin de toi. Tu peux nous aider à un sursaut salutaire.

C’est par les actions que nous mènerons chacun de notre côté et c’est dans l’amour de l’être humain que nous retrouverons, toi et moi, toi et le peuple de France, notre dignité. Pour tout ce monde à renaître je te remercie."

Monique Rabin




UN ART SELON COCTEAU

"L'amitié  n'étant pas un instinct, mais un art, et un art qui réclame un contrôle continu, beaucoup d'incrédules lui cherchent des mobiles analogues à ceux qui les animent. Des intérêts sexuels ou des intérêts d'argent. 
L'amitié comporte la clairvoyance. Elle admet les défauts sur lesquels l'amour s'aveugle. C'est pourquoi l'amitié des bêtes n'est qu'amour. Elles nous divinisent et ne cherchent ni à nous cooriger de nos défauts par un courage à se corriger des leurs, ni à se corriger des leurs pour nous servir d'exemple, ce qui est le comble de l'art amical (...)
Seule l'amitié trouve le regard ou la phrase très simple qui panse nos blessures, blessures que nous aggravons et creusons avec l'acharnement de ceux qui, se cachent incurables, cherchent une issue dans l'extrémité de la douleur.
contre ces blessures, ne pourra rien une force équivalente à al nôtre sauf de nous fuir ou de nous suivre dans les extrêmes et s'y perdre avec nous.
L'amitié ne se veut pas inspiratrice. Elle ne se flatte pas d'alimenter notre feu, d'y verser du pétrole, de collaborer à quelque magnifique incendie, de jouer un rôle sur nos décombres.
Elle nous observe sans fièvre. Elle conserve son équilibre à seule fin d'assurer le nôtre. C'est, du moins, sous cet angle que je reconnais son bon visage sévère."
Jean Cocteau-"Journal d'un inconnu"-1953-

            photo Jacques Henri-Lartigue













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