"Une phrase s'est mise en travers de mon chemin.
Des nuits entières j'ai dû lutter, lui chercher une possible cohérence, quêter pour elle un peu d'harmonie.
Qu'elle s'effondre je m'effondre avec.
D'elle dépend mon salut.
Ni les subjonctifs ni tous les autres raffinements ne m'ont manifesté la moindre compassion.
Quant à faire mine de collaborer avec moi...
Alors j'ai touché la vérité, la flagrante vérité de ma folie.
Désormais, je l'empoigne et la contemple: elle s'apaise, je m'apaise-elle se crispe et je me crispe moi aussi- je m'efforce de faire de mon mieux..."
"Lorsque vous vous asseyez dans une chambre, cherchant sur le mur un interlocuteur, une amie à travers le bouquet de fleurs fanées, ou un correspondant au bout d'un téléphone dont la ligne est coupée depuis longtemps;
Lorsque vous vous souvenez et lorsque vous prenez conscience de n'avoir rien fait d'autre votre vie durant que vous souvenir des choses et des souvenirs eux-mêmes, et que vous n'êtes qu'un être de souvenir,
Lorsque vous vous asseyez et devez penser à la façon de vous asseoir puisque dès que vous êtes assis une sorte de poigne d'ombre vient vous expulser de la place que vous croyiez enfin votre,
Lorsque les chambres, dans leur langue que seules comprennent les choses et les chambres, se chuchotent entre elles: "Attention! Voici un cobaye pour notre ironie..."
Lorsque les murs eux-mêmes conspirent contre vous, l'oreille aiguisée à vous écouter, moquant votre détresses et la devinant là où vous ne l'entendez pas, ou pas encore, puisque vous ne la reconnaissez qu'à ce hoquet perpétuel de l'âme,
.../..."
".../...Et vous allez reprendre votre enfance, épeler
L'être de soi le soi de l'être
..../..."
trois extraits de "Chants de la folie de l'être" de Kadhim Jihad- Editions Tarabuste
"J'ai des problèmes de conjugaison.
Le passé est tellement présent.
mercredi 11 décembre 2013
lundi 9 décembre 2013
passerelle
Pour essayer de comprendre mais encore, de combler le fossé
séparant, ennuyant, compliquant mystérieusement
deux branches d'une même vie,
on choisit de jouer les intermédiaires
de trouver un état de latence
qu'on finit par nommer -Adolescence-
comme ressource arborescente d'adultes en fuite irrationnelle de l'enfance.
MAIS
A quel moment tout cela commence?
Quel usage et quelles responsabilités?.
Comment interpréter ce qu'on porte en croyant le laisser, avec le regard de celui qui dû être grand,
un beau jour, sans même s'en apercevoir
ou "juste"
pour ne plus avoir à demander la permission d'exister;
histoire d'avancer avec le courant,
ou le sens de la marche
-pour les plus terre à terre-.
Du gué d'entre les rives,
il fallut un examen de passage
et faire semblant de répondre à la question
que l'Homme autoproclamé
se posait
laborieusement.
"Qui es-tu, toi qui n'est plus et pas encore ? "
Dans les saisons d'années élastiques repérées par la pensée
où toutes les tempêtes, les sécheresses, les peurs, les colères, et les voluptés
se croisaient, s'annihilaient, s'emmêlaient...
à la vitesse du grand vent de l'inconnu,
on posa tant bien que mal des passerelles,
des points de convergence et de friction
vers l'étrange
étranger devenu.
d'une jeune pousse d'Humanité en quête d'elle même.
Texte
à papy
"12
ans, 12 ans seulement pour comprendre ta mécanique compliquée,c'est
comme écrire son autobiographie en deux jours. J'aurais voulu savoir
pourquoi tu as déménagé loin de tout pour te réfugier, te donner
à une routine lourde et rurale. J'aurais voulu connaître qui tu
cachais derrière le petit vieux que tu cherchais à nous montrer.
J'aurais voulu te voir autrement qu’un gentil promeneur, qu'un
mangeur de saucisson que tu croyais être. Mais plus tu te prenais à
ton jeu, plus tu t'enfermais dans ton petit village, avec ton chat,
les vaches et les arbres, plus tu te révélais. Et quand tu criais,
quand tu te mettais en colère contre le monde que tu avais quitté,
moi je ne voyais qu'un homme qui craque, trop fier pour revenir en
arrière, et qui pourtant a peur d'avancer. Eh oui, homme d'acier, on
ne peut effacer le temps qu'il y a derrière nous. Tu te prenais pour
un cow-boy mais tu ne supportais pas la solitude qui te rongeait. Et
pourtant, tu aimais les chemins, ta maison, les prunes que tu ne
voulais pas quitter.
Mais
avant tout, j'aurais voulu que tu me connaisses, que tu me lises et
j'ai l'impression que je te ressemble, que je te suis presque
semblable. Et c'est aussi pour toi et grâce à toi que je changerai.
Merci et au revoir papy. Je ne te dirai pas « adieu » car
je n'ai qu'à regarder les mauvaises herbes qui percent le béton
pour te revoir. Les mauvaises herbes que j'aime parce que ce ne sont
pas nos larbins, parce qu'elles ne se transforment pas en tulipes
pour nous plaire. Elles se perdent sur le macadam. Tu vois, celles
qui te ressemblent, celles qui nous ressemblent.
Je
t'aime ô papy. Ce sont des mots que je ne t'ai jamais dits, mais
comme toi, j'ai toujours un train de retard."
M.
"Il y a des choses de l'enfance que seule l'enfance connaît"
-Colum McCann-
"Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours..."
-Marguerite Duras-
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