lundi 23 septembre 2013

la quête du Grall


"Terre dure de dunes et de pluies
c'est ici que je loge
cherchez, vous ne me trouverez pas
c'est ici, c'est ici que les lézards
réinventent les menhirs
c'est ici que je m'invente
j'ai l'âge des légendes
j'ai deux mille ans
vous ne pouvez pas me connaître
je demeure dans la voix des bardes
O rebelles, les frères
dans les mares les méduses assassinent les algues
on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles.../...


.../...Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas
dans mes racines je demeure
Allez dire à la ville qu'à Raguénuès et Kersidan
la mer conteste la rive
que les chardons accrochent la chair des enfants
que l'auroch bleu des marées
défonce le front des brandes

Allez dire à la ville
que c'est ici que je perdure
roulé aux temps anciens
des misaines et des haubans
Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas.../...




.../... Poètes et forbans ont même masure
les chaumes sont pleins de trésors et de rats
on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi
les amis des grands vents
et les oiseaux perdus
Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas

Terre dure de dunes et de pluies
pierres levées sur l'épiphanie des maïs
chemins tordus comme des croix
Cornouaille
tous les chemins vont à la mer
entre les songes des tamaris
les paradis gisent au large
Aven
Eden
ria des passereaux
on met le cap sur la lampe des auberges
les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
O pays du sel et du lait
Allez dire à la ville
Que c'en est fini
je ne reviendrai pas
Le Verbe s'est fait voile et varech
bruyère et chapelle
rivage des Gaëls
en toi, je demeure.




Allez dire à la ville
Je ne reviendrai pas."

 
-Xavier Grall- -"La sône des pluies et des tombes"-Editions Calligrammess-












"Je m'en reviendrais,
avec ma musette pleine de larmes, de livres et de rêves.
Et à mon tour je dévorerai l'Inconnu
dans une ineffable et éternelle étreinte.
Je m'en viendrai avec la souvenance des paysages et des peuples.
Chanteront les mers, danseront les galaxies, tressailliront les peuples.
Donner, se donner.
Nous sommes tous dans la main du Grand Amant
et les premiers balbutiements de notre adoration
sont les premiers moments de notre dignité.  "
- Xavier Grall-




"Viens
en cette Bretagne ancienne
je plaide pour l'homme nouveau
je chante la route, le cercle, la danse
je dis le retour fraternel des saisons
vous ne fermerez pas le monde avec vos lois
vous n'achèterez pas mon âme avec vos banques
Viens avec moi
nous dirons bonjour au revoir aux masures
nous prendrons les routes et les ramures
dans nos bras
le peuple naîtra de nos pas
dans la lumière des genêts
Viens
je te dirai l'incroyable frairie
en ma Cornouaille d'été
l'Aven roule sur les graviers
les sortilèges d'eau
et glapit de joie l'hydromel
au cabaret
Viens avec moi
je te dirai mon hameau gris
et mon seuil que fleurit l'épagneul" 
-Xavier Grall-




"Rêvons d'une poésie crépitée sur l'infâme béton des cités, rêvons d'une poésie coulée sur la ville comme une lave brûlante, rêvons d'une poésie trépidante, ardente, incandescente --- et qu'elle crève enfin l'ennui, la grande muraille de l'ennui et de la banalité.../..."

extrait de "Kerouac song"-Xavier Grall-










dimanche 22 septembre 2013

around midnight

illustration source: Toile


Lady C. est parisienne, ou plutôt  elle vit à Paris, ce qui ne veut pas pas forcément  dire la même chose, surtout pour quelqu'un qui aime  jouer avec les mots.
Lady C comme l'odyssée d'une rencontre inscrite dans les annales tumultueuses et romantiques des années soixante-dix
à repeindre le monde aux rouleaux des utopies,
 dans les brumes de la nuit.

Souvent
les nuits. 

Pour y voir
plus clair?

Paris by night
1-2-3
Around midnight
                           et Vues de son  balcon;
                                                                   quand les souvenirs accrochent la lumière.





illustration: Denise Nestor


"La nuit je mens…
Je mens énormément
Je joue avec les images 
et le temps…

La nuit, je m'ennuie
alors, je joue 
et je ris
Je mélange tout
et je m'enfuis
Sans âge, ni dommages
je me fous du bruit
Je monte le son

j'attends l'orage



Je choisis mes souvenirs

Je cause cynique et ironique
je ne veux pas m'endormir

La nuit je mens… à qui ? 
La nuit souvent, je ne dis 
que la vérité qui blesse 
je mal-adresse
C'est ainsi…

La nuit je tout-dis
et aussi je dédie…

La nuit, je m'attarde
je ne veux pas aller dormir
c'est la mort qui va m'assassiner
cette bâtarde
sans pitié
alors je fais durer…

La nuit je sue des drôles de rêves 
où je n'ai jamais mon âge 
ne suis pas tout à fait moi
et pourtant…
Drôle de passe-temps…
La nuit, j'ai souvent 
dix-sept ans
étonnant ?

La nuit pèse lourd 
dans mon lit
parfois…
entre mes draps
mon chat collé à moi
que je n'ose déranger 
Pathétique,
ou plutôt sympathique ?
c'est selon
l'angle de vision
un peu biaisé

La nuit je transpire
je pense à ma mère
mes frères 
et mes enfants
La nuit, j'ai peur de m'endormir
je côtoie des fantômes que je n'ai pas choisis
Je suis terrifiée 
et le lendemain matin, j'ai tout oublié…

La nuit peut-être que j'écris
ou bien je crie…"
-Lady C-






"La nuit n'est jamais noire, ici…
      La nuit est bleue-nuit
comme un tango, un cargo qui tangue,

un paquebot élégant qui pourrait s'appeler France ou Normandie…



La nuit se défie du noir total
de l'écran fatal, de la toile,
c'est une encre qui s'écrit 
une ancre aussi…
L'absolu contraire de la neige qui éblouit, réverbère et abrutit…

La nuit, à Paris, réfléchit
s'accroche aux vitres, aux lumières
pèse aux épaules des insomnies
et vampirise les songes des endormis.
Elle porte un manteau d'étoiles 
une couronne lunatique
et aime assez les hystériques…

La nuit est bleue-nuit
Ni noire, ni gris-souris…
Elle floute les visages, gomme les âges,
et aime toutes les folies 

Elle adoucit, elle swingue, l'été, la nuit
au mois d'août, à Paris
elle embrase tous les rêves de vacances 
de ceux qui ne sont pas partis…

Le bleu-nuit c'est aussi
ce vieux parfum
appelé Soir de Paris,
dans un flacon violet profond
qu'aimait ma grand-mère
tant aimée,
à peu près de la couleur
du rêveur
et de la douceur 
d'une nuit d'été
capable d'enrober 
le tout venant
d'une beauté à bon marché…"
-Lady C-



illustration: Francesco Romoli





Sur mon balcon 
Tout se télescope, sans l'instrument, pas besoin de lui… 
C'est souvenirs et compagnie, envahissant et euphorisant… Il y a toujours de la musique pour accompagner. Il me faut la bande son, évidemment un peu décalée.

Certainement pas celle des années 80, ni 90, ni même 2000. 

Les cassettes sont périmées, les bandes magnétiques se sont emmêlées…


Il reste peut-être quelque part un de mes journaux pour vérifier que j'ai bien été là, mais j'ai oublié les dates, ça s'est emmêlé comme les bandes et franchement c'est trop long à rembobiner. 
C'est un peu bordélique, psychédélique ou bien même… elliptique et épileptique. C'est le hic !

Sur mon balcon
C'est selon l'angle de vision. Cette époque-là, ces images-là ont vécues… Il n'est pas exclu cependant, que cela ne puisse se recycler, se récupérer, se numériser…
En ce qui me concerne, j'écoute en boucle la musique d'aujourd'hui… 

Et pour tout vous dire… De la nuit, rien n'a apparemment changé…
La nuit d'une ville, c'est beau… ça brille. Jamais vraiment noire, parfois rose, comateuse, ô-rageuse, nuageuse, lumineuse ou brumeuse. Jamais profondément noire, plutôt bleue… 
La nuit est féminine, c'est un fait qui ne se discute pas quand bien même elle serait assassine

Pas d'étoiles filantes à Paris mais peut-être l'hélicoptère d'un Président…
Un tout petit point qui s'agite lentement et s'abime, de droite à gauche, de gauche à droite il trace une ligne… Mais laquelle… C'est désespérant Monsieur le Président…
Ou est-ce l'un de vos ministres qui s'énerve et perturbe mon ciel de nuit, mon ciel de lit, mon baldaquin, c'est troublant, parfois il est plus simple d'être franchement dans l'opposition… Je l'ai toujours dit…
Et donc je vous pose la question, Monsieur le Président, en quoi était-ce une bonne idée pour moi d'avoir voté ?
Je regrette mon drapeau noir, noir comme la nuit qui jamais ne l'est à Paris, noir comme nos jours et nos nuits à venir… 
Je regrette d'être encartée, j'ai la nostalgie de ma jeunesse et de ma liberté…"

-Lady C-
"PS. Vérifié dans mes journaux du passé, j'ai bien été vivante…"






illustration source: toile





"Le cargo que je vois de mon balcon tangue un peu au large,
à 3 rues d'ici,
ce paquebot élégant que j'appelle France ou Normandie…



La Tour Eiffel et son dernier étage 

est devenue mon phare et son laser
le feu d'artifices de toutes mes nuits…

L'encre Bleue nuit
se laisse aller à divaguer, 
une autre ancre plonge au ralenti
trop profond…
Alors, je m'essaie au haïku ou à la poésie…
J'oublie de manger
sans rimes ni raison
c'est trop de réalité…
Et je ne voulais que du rêve, 
en couleur ou en noir et blanc
et de la chaleur qui prolongerait mon été.

Tard ce soir, à mi-nuit,
me voici à la poursuite du trésor enfoui, 
celui de Rackamm le rouge, 
des Vingt mille lieues sous les mers,
de la mer asséchée d'une l'Atlantide 
quelque part dans le désert,
et de ses amazones guerrières,
Mais lequel… Quand l'ai-je perdu de vue…
Dans l'eau bénite de Lourdes mise en bouteille
par cette gourde de Bernadette 
laquelle a rapporté des ponts d'or à l'Opus Dei
et engrangé des miracles d'innocence perdue…

Redonnez-moi mon désert et mon cœur de pierre…
Il me semble que c'est plus facile ainsi 
de s'alléger l'esprit et de dormir la nuit…"

-Lady C-








illustration: source Toile




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.../...
"Ecoute-moi bien, dit Jacques en haussant le ton, il faut que t'arrêtes de penser que tout ce qui se passe sur cette putain de planète va dépendre de toi. On est adultes et vaccinés, à chacun ses responsabilités mon pote! D'un côté, tu veux faire une croix sur le passé, les camarades et la politique, de l'autre tu te noies dans la culpabilité, comme si t'avais trahi tout le monde?
Claudio l'interrompit en levant les mains.
-Du calme! Tu vas pas faire dans la psychologie maintenant!
-Et ta soeur! Explique-moi pourquoi tu t'es mis à chercher Perico au lieu de laisser tomber tout ça et de te foutre royalement de ce qui pouvait arriver! C'est bien parce que ton grand cynisme, c'est de la frime et que t'es au contraire bourré de morale!
Claudio enleva ses coudes de la table et se redressa sur la chaise. il était plutôt stupéfait et ne trouvait rien à dire; il commanda deux autres bières, alluma une cigarette alors que la précédente se consumait encore dans le cendrier, quasiment intacte. il secoua la tête, avec un demi-sourire.
-Rien à faire, même les vrais durs ont appris à parler...
.../..."
extrait de: "Les habits d'ombre"- Cesare Battisti-Série noire- Editions -Gallimard


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