mercredi 19 septembre 2012

la veille d'hier



Sur l'autre rive, tu sais,  juste avant la pointe Saint-Mathieu quand tu viens du Conquet,  on a regardé le coucher de soleil  se perdre sur les iles, en pensant tout bas que demain, ce serait notre tour, là-bas, sur la falaise, que l'on semblait deviner, avant que le Stiff et ses congénères n'allument la nuit.

C'était la veille d'hier
et sans doute pas demain la veille.
Une parenthèse dans le vent. 

An Dro!






























mardi 18 septembre 2012

au jusant



Des murs en ptites coupures
qui protègent sans résistance.

Encore une affaire de subtilité sans doute...



Des murs en force
et respect
avec l'intention de durer.



21 décembre, 22h.
"Dans un peu d’eau, nous lavons du linge. Pour Noël nous serons propres. Nous nous raserons. Martin a une tête effrayante, la mienne est pire. Ma barbe est inégale, clairsemée. « Tu as l’air d’un juif chinois », dit Martin ce soir à table. Inspiré, il ajoute : « Si tu ne manges pas ta soupe, tu n’auras pas ton opium. »
« Tu as du courage ? dit Marin. On fait un grand ménage ? » C’est idiot. En plein hiver on passe quelques heures , chaque dizaine, à entretenir les cuivres, sans illusion, à la veille de la relève. Mais il n’y aura pas de relève.
L’humidité est si grande que tout nettoyage paraît vain. Il faut attendre un bel été pour que l’escalier soit sec.
Dans la plus haute chambre, Martin me montre l’armoire vitrée qui contient les pièces de rechange pour le feu. Elles n’ont pas été astiquées depuis trois ans au moins. Il me regarde du coin de l’oeil. « Puisque tu aimes faire les cuivres... »
J’ai passé toute la journée dans cette chambre, près du poste-émetteur désormais inutile. J’avais déployé de vieux journaux par terre, soigneusement choisi mes chiffons, les rugueux et les doux. Des heures ont passé. J’étais totalement absorbé par mon travail. L’odeur un peu âpre du décapant me piquait le nez. Le liquide laiteux, sur le cuivre, devenait rapidement noir. Les pièces étaient tachées de vert-de-gris ancien. Il fallait frotter longtemps pour le sentir céder sous les doigts, pour trouver tout à coup la surface lisse, en dessous, et voir surgir, entre les traînées de boue, venu de loin, le premier éclat du cuivre, presque blanc, ameutant aussitôt une foule de reflets. Cette lueur m’appartient.
Alors j’ai l’impression de vivre au bout de mes doigts. Je me précise. Pour chaque objet il faut inventer de nouveaux parcours, ruser pour atteindre les angles profonds des brûleurs et des joints. J’ai les doigts en feu, tout s’éclaire.
Il y a dans cette chambre un curieux oeil-de-boeuf, orienté au noroît. C’est la seule ouverture du phare de ce côté. De temps en temps j’y jetais un coup d’oeil rapide et je ne reconnaissais rien. Ce fragment e ciel et de mer ainsi isolé ne me semblait pas appartenir au paysage habituel. On sentait pourtant la présence du soleil derrière le ciel blanc.
J’ai découvert tout au fond de l’armoire de grandes plaques de cuivres que je n’avais jamais vues. Je ne comprenais pas leur rôle. Sans doute appartenaient-elles à un système de feu plus ancien ? Je les ai fait briller aussi. Je les ai mises en bonne place sur les étagères. Mais les roues dentées sont encore belles.
Je crois vraiment que la vie allait mieux d’heure en heure. Je respirais tranquillement. J’aimais ce travail d’usure lente au bout duquel jaillissait une lueur. Tout cela est illusoire, bien sûr. Aussitôt l’air attaque, secrètement, recommence à ternir ces objets trop provocants. Peut-être que le cuivre lui-même s’inquiète de sa fanfare et ordonne le repli. En quelques jours l’éclat va changer, s’assombrir, il prendra une sorte de profondeur – c’est le plus beau moment – puis s’endormira peu à peu. Est-ce que faire les cuivres c’est aussi un acte de foi !
Un calme étonnant s’est installé en moi, qui dure encore. J’ai abandonné à regret, à seize heures trente. Je me suis lavé longuement les mains et j’ai gagné la lanterne pour les cérémonies de l’allumage. Chaque geste était clair et chaque pensée tranquille. Elle est donc bien misérable, cette fameuse inquiétude, qui ne résiste pas à un simple travail, au va-et-vient dérisoire d’un chiffon sur un objet de cuivre ! Il ne faut pas faire le malin.
C’est aussi en regardant la mer aller et venir, aveuglément, que je me suis perdu.
Mais ici c’est moi qui commande, c’st moi qui ordonne le mouvement. Il n’y entre pas la moindre torpeur, je suis habité au contraire de sentiments aigus. C’est moi la méduse."


Extrait de: "Armen"- Jean-Pierre Abraham-Editions: Le Tout sur le Tout
source: Le Ters Livre





Des larmes de géant coulaient  à la morsure du bois
puis séchaient au soleil, sans que rien n'y paraisse.

A l'entracte, le bourg aurait des langueurs
de presque automne
ou
d'avant tempête
















Des murs comme s'ils favorisaient l'ouverture
sur l'indéfinissable et ses sirènes,
sur les errements du vivant
s'accrochant à une trop belle peine,
pour la brader à n'importe quoi.










"An douar a zo regoz da ober goab anezan"
-la terre est une trop vieille personne
pour qu'on lui joue des tours-






"Et si je pense à toi, c'est qu'il faut bien choisir entre avenir et souvenir."
-René- Guy Cadou-








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