mercredi 23 mai 2012

déclaration préremplie





 Presque deux heures que j'étais posé sur cette chaise accordée aux autres par les liens de l'administration et je n'avais presque pas vu le temps passer.
D'habitude, enfin dans les transports en commun,  et surtout ceux  du genre ferroviaire, ce n'était guère de bonne augure d'envisager partager l'espace avec des enfants en bas âge qui demandent au bout de trois kilomètres si on est bientôt arrivé et ensuite laissent agir leur imagination débordante pour vous pourrir l'ambiance.
Et bien là - à moins que les Dieux du Fic me soient apparus en songe-  ces deux heures aimables à attendre que mon numéro soit tiré au sort, je les devais à une petite fille de trois ans accompagnée par sa jeune grand-mère qui en s'intéressant avec  naïveté et naturel  à ses voisins transforma une partie de la  salle d'attente du service local des impôts en plaisant papotage.
Peut-être étions-nous en présence d'une future artiste de la communication capable du tour de force de chambouler un public regroupé dans un espace optimisant la place et ne souhaitant pas y être. En aussi peu de temps qu'il n'en fallait pour faire un tour de magie, les sourires remplacèrent sur les visages m'entourant, les stigmates de la lassitude ou de l'énervement. 
Lorsque mes chiffres lumineux  apparurent, je quittais presque à regret ce rare moment de privilège;

Cependant, ce matin, avec toute la lucidité d'un mercredi ensoleillé et gazouillant je ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit:
Je ne veux pas y retourner

Dis Mamie, quand est-ce qu'on s'en va?


mardi 22 mai 2012

en tranche



 source: Toile





 Sur tranche

Au soleil des marches de la bibliothèque,
assise.

Quand je suis entré,
elle lisait.
En sortant,
elle n'avait bougé
que les pages.
Enfin je suppose.

J'aurais dit:
doucement
et 
dans l'affirmative:
"Vous aimez les livres"

Elle aurait répondu
sur la même tranche:
'J'aime lire".

ou 
peut-être:
"D'habitude je préfère les pâtes, mais c'est le jour de fermeture de l'épicerie où je les achète en général..."






Cabotage

"Ignorance de notre situation au monde.De l'île.
Notre situation matérielle;
Jamais l'exactitude.
Ignorance
qui se lève
et claque
comme le vent
sur un linge déjà sec.


Berceau
Gendarmerie des lèvres.
Bouée rouge.
Sans histoire. Rouge dans la baie bleue.
Mer assurée sans condition. Sans rapport.
Aux cahiers coloriés.
A la dentelle du ressac."

-Eugène Nicole-











Les Machines de l'île (de Nantes)


"Toute la nuit
Nous avons marché dans la rocaille
roche sur roche, l'un sur l'autre
a nous repenter.
Une lune s'était levée tard
qui nous avait tourmentés;
Il y avait là
un puits de lune
et des arbres qui suaient la lune
éclaboussés de clarté
vert sombre
et ombres chatoyantes.
Tendu vers -Trop escarpé?
Alerté
Insoutenable car

Vienne quelque chose enfin
qui doit sourdre."

extrait de: "Sosthène" de Monchoachi




source: Toile


"Ils ont exproprié le fonds de terre mienne
me repoussant
         Coeur saignant
dans la chair giroflée de l'exil
         Ô Titan
pour un retour au port natal
la démesure s'empare de mes rêves
déjà
     enfant
j'imaginais la mer
rêvant de malle incrustée de nacre
décorée d'oiseaux Rukh et d'éléphants blancs
mais aujourd'hui
sans artillerie ni artifice
la gorge serrée la tripe amarrée
je planterai un arbre de séjour
serait-ce le cactus-tortue
ou le ravenale aux ailes à l'aube déployées
ou bien le latanier bleu
dont les palmes me rafraîchiront le soir
            en l'allée
ô pourvu que j'y garde la force de vie
les yeux fertiles
            le coeur à l'arganeau
ô dock         dock        et kadok
bassins des jeux de mon enfance
quelle sirène donc
s'est penchée sur le ber de ma naissance
car de port en port
de Saint-Pierre jusqu'au Port
j'ai des algues marinées pour couche
et là
      dans ma mémoire
j'habite
une ville qui vient de la mer
de haute mer
         indienne."

"Retour au port natal" de Patrice Treuthardt







source: Toile






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