mercredi 16 juillet 2008

avec des si





































"Si les poètes étaient moins bêtes et s'ils étaient moins paresseux ils rendraient tout le monde heureux pour pouvoir s'occuper en paix. De leurs souffrances littéraires ils construiraient des maisons jaunes avec des grands jardins devant et des arbres pleins de zoizeaux de mirliflûtes et de lizeaux des mésongres et des feuvertes des plumuches des picassiettes et des petits corbeaux tout rouges qui diraient la bonne aventure. Il y aurait de grands jets d'eau avec des lumières dedans. Il y aurait deux cents poissons depuis le croûsque au ramusson de la libelle au pépamule de l'orphie au rara curule et de l'avoile au canisson. Il y aurait de l'air tout neuf parfumé de l'odeur des feuilles. On mangerait quand on voudrait et l'on travaillerait sans hâte à construire des escaliers des formes encor jamais vues avec des bois veinés de mauve lisses comme elle sous les doigts. Mais les poètes sont très bêtes. ils écrivent pour commencer au lieu de s'mettre à travailler et ça leur donne des remords qu'ils conservent jusqu'à la mort ravis d'avoir tellement souffert. on leur donne des grands discours et on les oublie en un jour mais s'il étaient moins paresseux on ne les oublierait qu'en deux." -si les poètes étaient moins bêtes-boris vian-
















"J'écrivais assis à mon bureau quand mon attention fut attirée par des bruits bizarres venant du téléphone. Quand le combiné est reposé on n'entend plus rien, normalement. Or là, j'entendais des chuchotements de voix joyeuses. Je mis timidement l'écouteur contre mon oreille et je fus saisi par des flots de voix heureuses: "Oh! je me pâme dans la douceur des caresses- Je me laisse aller à la satisfaction de tous mes désirs- il fait un temps merveilleux comme tous les jours, beau mais différent à chaque moment-Nous ne savons plus le sens du mot travail-Le bonheur est permanent-La variété des plaisirs a banni l'ennui- Tout nous est donné dans la beauté et la joie- Le concept problème n'existe plus..." Oui, mon téléphone est branché sur le Paradis. J'essayais d'entrer en communication mais personne ne répondait à mes appels. Alors je résolus à m'y rendre pensant qu'il suffisait de suivre le fil. J'arrivai ainsi au central général. Et là je dus faire face à mon impuissance: comment trouver la voie parmi les milliers de connexions.Alors je suis rentré chez moi. Le téléphone ne disait plus rien. Je sais maintenant que le Paradis existe puisqu'il a le téléphone. Mais pourquoi diable son numéro n'est-il pas dans l'annuaire?" -slogans-serge baudot-








"il était d'une tristesse chronique à vivre dans cette forêt de béton mal contraint. Un jour, n'y tenant plus, il décida de réagir, de retrouver la nature. Mais hélas! il n'en avait pas les moyens. Alors sur son balcon il organisa une pelouse en nylon vert frais, plus belle que l'herbe originelle. puis il installa de part et d'autre de la porte-fenêtre deux arbres en plastique d'essence exotique. Ce spectacle lui réchauffait le coeur dès qu'il ouvrait sa fenêtre. Mais à l'usage il trouvait que ce paysage manquait de vie. Alors il plaça dans l'un des arbres un petit magnétophone à cassette qui diffusait des chants d'oiseaux de tous les continents. C'étaient des migrations perpétuelles. Il était ravi et comblé. Il avait retrouvé le goût de vivre, et sa gaieté. Un matin, il entendit un chant étrange dans l'arbre, comme un cri de douleur, et qui n'avait pas été enregistré. Il alla voir. Le magnétophone venait de pondre un oeuf." -changer la vie-serge baudot-
















"Sur la dalle de la défense où l'avait conduit ses vacances petit toto l'éléphanteau regardait les écriteaux. Défense d'entrer, d'afficher, de stationner et de doubler, de faire pipi sur les pelouses. Tout cela lui donna le blues. Et lenfant éléphant se dit qu'il y avait dans ce pays plus de défenses assurément qu'au cimetière des éléphants." toto l'éléphanteau-pierre delanoë-
















"Assis devant sa niche, un gros chien, tristement, regardait dans la nuit disparaître son maître qui l'avait attaché (battu, même, peut-être ?) Et le gros chien pensait, en lissant sa moustache d'un geste négligent: "on s'attache, on s'attache". -désillusion- michel deville-
















"Et si maintenant on faisait quelque chose? " dit-il. En même temps, et d'un mouvement parfaitement synchronisé, se"s yeux prirent une teinte interrogative. " Et si maintenant on faisait quelque chose?"dirent-ils d'une seule voix, d'un seul ton, d'un seul souffle, d'un même coeur. Alors ils s'applaudirent, alors ils se levèrent, alors ils se congratulèrent, alors ils s'en allèrent, convaincus qu'ils n'avaient quand même pas perdu leur temps". -assemblée générale- guy foissy-
















"Si vous avez la vue double. Si vous voyez à travers les choses. Si vous pensez avec tout le corps. Si vous rêvez à volonté. Si vous déplacez des cathédrales. Si les murs vous réfléchissent. Si votre ombre de face a le sourire. Si vous êtes indou à volonté. Si vous peuplez tout seul la solitude du monde. Si vous criez des conseils à Dieu. Si vous criez adieu aux conseils. Alors vous êtes un humoriste" -si vous avez -andré frédérique-








ces différents textes sont extraits d'un livre de jean orizet- "les poètes et le rire" anthologie-le cherche midi éditeur-
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