vendredi 18 janvier 2008

la nuit

La nuit n'est qu'une immense respiration, le souffle de la vie prend sa vitesse de croisière au ralenti pour engranger dans le temps qui lui est compté un maximum de rêves, d'histoires étranges, qui laisseront au mieux un léger goût de souvenir au matin levé. J'écoute chaque bruit qui s'apprivoise au fur et à mesure des rencontres renouvelées. Ici un plancher qui prend ses aises et craque au changement de température, plus loin un vieux frigo qui s'étonne encore de jeter un froid et prend ses glaçons pour une patinoire, et encore et toujours la pluie qui s'habitue à frôler nos côtes et vient jouer de la percu sur les vitres de la véranda. Bien au chaud sous les couvertures, il ne reste plus finalement que des enfants qui rebatissent le monde avec le sommeil comme fil conducteur de leur imaginaire. Un monde peut-être un peu plus juste à leur taille, un peu plus doux sous leur joue, même si parfois il se fait aussi menaçant et les oblige à tourner virer comme une barque déboussolée. La nuit n'est qu'une grande illusion et je suis son témoin pour le meilleur et pour la mire. Comme un mirage au milieu des sables, dans quelques heures il n'y paraîtra plus. Les fantômes auront rejoint leur tanière, les mondes parallèles leur encyclopédie, la terre aura tourné casaque et les ombres se seront évanouies. La nuit n'est qu'une magnifique supercherie mais au moins elle le sait et ne s'en cache pas. C'est même pourrait-on dire son fond de commerce, sa légitimité, son parfum capiteux. Malgré les apparences la nuit n'est pas à vendre; Au mieux elle ne fera que conjuguer des solitudes et révèlera peu à peu, derrière des fards grossiers et ses lumières tamisées les fragiles contours du théâtre des Hommes mais d'ici là, dormez bien braves gens il est presque trois heures.

mercredi 16 janvier 2008

la graine et le mulet






comme chacun sait, par chez-nous, le mercredi c'est... oui bien sur le jour des n'enfants mais aussi, le jour de sortie des nouveaux films en salle- et à ce propos vous trouverez dorénavant dans la marge de droite et tout en bas-attention devant ça descend-les sorties cinéma de la semaine. On est comme ça, chez nous autres on ne recule devant rien pour satisfaire le public ouai! enfin on se calme, ne comptez quand même pas sur la maison pour vous livrer en prime le menu des cantines scolaires , rien que d'y penser j'en ai des aigreurs d'estomac et oui c'est comme cela que l'on prépare les papilles de nos chers petits "à bouffer plus tard de la m..." comme dirait j.p. coffe; mais là je m'égare, mon propos du jour n'est pas de me lancer dans une croisade sur la malbouffe, mais plutôt pour revenir au sujet de départ de vous causer cinoche et plus particulièrement d'un film qui n'est pas sorti cette semaine mais qui grâce au bouche à oreille fait son ptit bonhomme de chemin et comme il est toujours à l'affiche dans le bourg, pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu , on mettra comme chez télérama du 5 étoiles. Il s'agit donc du film d'Abdellatif Kechiche -"la graine et le mulet" un monsieur qui avait reçu un césar il y a deux ans pour "l'esquive". En présentant dernièrement son film dans une salle parisienne (source: rue 89) le réalisateur expliquait au public: "Un paysan pauvre décide de retirer chaque jour une graine de la mangeoire de son âne, une bête fidèle et travailleuse. Le premier jour, il constate que l'âne travaille aussi dur qu'auparavant. Le deuxième également, et le troisième pareil...
Au bout de quelques semaines, la mangeoire est moitié moins remplie, mais l'âne travaille toujours aussi dur. Le paysan est satisfait. Mais un matin, il entre dans l'étable, et découvre son animal mort."
et le réalisateur de rajouter ensuite en rigolant : "je vous raconte cela mais ça n'a rien à voir avec le film" sauf que la ptite blague de kechiche est bien dans l'esprit de son film, c'est du clin d'oeil, du jubilatoire,de l'histoire à tiroirs, du poétique, de la tendresse à la louche et de l'émotion qui se joue dans le quotidien de personnages uniques qui ressemblent à tout le monde, enfin là je vous parle bien sur des vrais gens avec de vrais sentiments pas de la daube ray-ban pour la presse poubelle... et puisque l'on reparle de bouffe, heu! nous dirons plutôt dans ce cas précis de bien manger, de repas, de fête, la graine c'est celle du couscous et le mulet un poisson péché du côté de Sète là où se situe l'histoire. Il paraîtrait que les acteurs ne soient pas des professionnels, ben franchement vu leur façon de jouer si j'étais un pro j'aurais de quoi m'inquiéter... et pour la ptite histoire,L'autre soir des copains m'invitent à manger un couscous, la veille ils étaient allé au cinéma et ils avaient vu quoi d'après vous ? Ceux qui ont déjà vu le film m'auront compris quand aux autres courez- y et n'oubliez pas la semoule...

mardi 15 janvier 2008

accrochons les moumoutes, ça décoiffe sur l'estuaire






















Depuis la nuit, l'estuaire, comme un ado en pleine crise identitaire, s'agite, s'affole, court dans tous les sens et bref pique sa grosse colère avec de l'écume, le souffle rageur et l'envie d'en découdre avec la presqu'isle entière! et là dans ces conditions, gast! il n'y a qu'une seule chose à faire: attendre que les éléments tempétueux retrouvent leur esprit, inutile de lutter, sont trop forts les bougres! allez! un mug de thé bien chaud pour tenir compagnie et trinquer à la belle santé de la nature décomplexée.






"Sur nos territoires, sur nos savoir-faire, ancrer le nécessaire imaginaire" j'ai lu cela dernièrement sur un carton d'invitation et, comme -vous l'avez sans doutes remarqué- j'aime bien les mots qui laissent du goût dans la bouche et les phrases qui n'ont pas peur d'être lues à haute voix...






"le mépris de Mickael pour les journalistes économiques tenait à quelque chose d'aussi bête à ses yeux que la morale. Selon lui l'équation était simple. Un directeur de banque qui égare quelques centaines de millions dans des spéculations écervelées ne devrait pas pouvoir rester à son poste. Un chef d'entreprise qui monte des sociétés -écrans pour ses affaires personnelles devrait être mis au trou. Un propriétaire foncier qui oblige des jeunes à payer des dessous- de- table pour un studio avec wc dans la cour devrait être pendu par les pieds et mis au piloris. Mickael Blomkvist était d'avis que la mission du journaliste économique était d'enquêter et de démasquer les requins de la finance capables de monter des crises d'intérêts pour spéculer sur des start-up fantaisistes avec l'argent des petis porteurs. Il était d'avis que la vraie mission journalistique était d'examiner les chefs d'entreprise avec le même zèle impitoyable que les journalistes politiques surveillent le moindre faux pas chez les ministres et les parlementaires. Il ne viendrait jamais à l'idée d'un journaliste politique de donner à un chef politique un statut d'icône, et Mickael avait du mal à comprendre pourquoi tant de journalistes économiques au sein des médias les plus importants du pays étaient si prompts à élever de médiocres jeunes loups de la finance en vedettes du showbiz" extrait de "les hommes qui n'aimaient pas les femmes" le tome 1 de la trilogie "millenium" de stieg larsson- éditions actes sud- Et naturellement, comme on dit dans ces cas là ,toute ressemblance avec des personnages d'aujourd'hui ne serait que le fruit de votre imagination, fertile certes, mais oh! faut pas déconner , et puis les bouquins en question que je vous conseille vivement, fortement et expressément de lire ont été écrit par un suédois donc rien à voir avec les journalistes français qui tout le monde le sait- à commencer par leurs patrons- n'ont absolument aucun rapport avec la carpette élimée du salon. il suffit d'ailleurs de regarder la télé, d'écouter la radio et de lire la presse quotidienne pour s'en rendre compte, n'est ce pas?...












Les 9 et 16 mars prochain, cher(e)s za-mi(e)s z'électeurs et trices nous serons donc conviés à aller faire notre devoir citoyen pour élire le futur maire de la commune et là, désolé mais je ne peux m'empécher de livrer ici une devinette pas très fraiche mais bon...C'est une femme enceinte qui se regarde dans une glace et qui rigole savez-vous pourquoi? (bouh j'ai honte!) et bien: parce que la mère rit de son arrondissement...allez c'était juste un mauvais moment à passer! donc disais-je, comme nous autres présentement et ici même on aime bien ce qui pourrait ressembler à de la démocratie dans sa version originelle, à savoir donner véritablement en amont (et même à laval) la parole au peuple pour qu'il puisse exprimer ses critiques doutes ou encouragements et non l'inviter à venir admirer et applaudir béatement les résultats d'une politique inspirée sans-doutes- (des fois) mais heu! quelque peu...personnelle; Bref pour tout cela et aussi parce que souvenons-nous: "la démocratie ne s'use qui si l'on ne s'en sert pas" notre comité de rédaction vachement inspiré après quelques jours de vacances (payées par un ami industriel) dans le golfe (du morbihan) a donc décidé de soumettre à nos valeureux candidats un petit questionnaire, qui leur sera envoyé sur leur blog ou comités de soutien respectifs . Il va de soi que nous donnerons au fur et à mesure de leur retour les réponses de ceux qui voudront bien se prêter à notre petit jeu quand aux autres tous ensemble-tous ensemble nous leur ferons un grand "BOUUUHHHH!!!!"






voyons donc les questions:






-Qu'est ce qui vous plait dans le pouvoir?






-Trois bonnes raisons de voter pour vous?






-Vous pensez quoi de vos adversaires?






(suivant les diverses sensibilités) -Ca veut dire quoi être de gauche, de droite ou du centre?






-Si votre indemnité d'élu était équivalente au salaire minimum, vous vous présenteriez quand même?






Votre définition du clientélisme?






-Saint nazaire: bretagne ou pays de loire?






-Existe t'il une identité nazairienne?






-Le premier budget de la commune c'est celui de...?






-C'est quoi une politique culturelle?




-l'urbanisme à saint-nazaire c'est?






-qu'est ce que vous aimez le plus dans votre ville? ce que vous n'appréciez pas?






- votre devise?






-Si vous deviez "vendre" votre ville à un tour opérateur vous diriez quoi?






- Y at 'il une vie après la politique?




-avoir une grande plage en ville et ne pas pouvoir s'y baigner n'est ce pas dommage?






- vous avez d'autres questions?












et une ptite info pour finir: on me prie de vous signaler que le samedi 26 janvier à peillac dans le morbihan il y aura un concert plus un fest-noz de soutien aux faucheurs volontaires d'ogm






sur ce bonne soirée chez-vous






























vendredi 11 janvier 2008

dans mon fort intérieur





























"ah! ben dame" me dis-je, dans mon fort intérieur! j'aime beaucoup les expressions comme celle-là : "mon fort intérieur" on imagine tout de suite le truc, genre quartier de haute sécurité, avec miradors, chiens chiens au regard profond et intelligent (comme ceux qui lâchent des bouses devant la maison mais là ce sont leurs maîtres qui ont le regard profond et intelligent...) et super-gardiens croisés bovidés et habillés au dernier chic kaki. Mais forcément je plaisante, "dans mon fort intérieur" y'a rien de tout ça, et c'est même pas fermé à clé en plus, pas besoin, vu que je suis le seul (et encore pas toujours) à comprendre ce qui s'y joue- mais comme j'ai vu la pièce un paquet de fois, au bout d'un moment on finit par piger la "subtilité" de l'histoire- "Dans mon fort intérieur" y'a une ptite brise style alizés des caraïbes, pas un vent qui décoiffe non, juste un léger souffle pour ne pas trop sentir le renfermé ou la classe d'ados à la fin des cours (ah je vois qu'il y a des connaisseurs ) Dans mon fort intérieur il y a aussi une immense bibliothèque en bois massif, qui contient tous les bouquins que j'ai pu lire depuis que je suis en âge... de lire certes, mais aussi de fréquenter tout seul la bibliothèque-paroissiale au début et au choix forcément limité... j'aimais bien la collection" signe de piste" et puis municipale dès que j'ai pu m'affranchir des obligations pastorales...et là forcément on découvre bien vite tout seul comme un grand, les auteurs qu'on ne doit pas lire... et ça vous change drôlement des quelques ringards très à droite (voir plus...) et au style ampoulé que les frères de ploermel nous imposaient du haut de leurs certitudes bénites et crasses dans les classes de collège de l'école saint louis- version années 70- je me souviens d'un en particulier, repérable alors à sa fleur de lys qu'il portait fièrement à la boutonnière, lui son truc c'était radio vatican et aussi les émissions en français de radio madrid, j'vous parle de cela bien sur à l'époque de franco -c'est dire la délicatesse du personnage- mais revenons bien vite à "mon fort intérieur" où il n'y a plus de haine depuis longtemps, ni pitié non plus; des colères sans doutes pour ne pas m'endormir, et une certaine propension à la révolte pour ne pas finir conserve en tête de gondole. Et puis il ya aussi de la musique et des mots en pagaille et dans tous les sens comme dans le scrable mais ce ne sont pas forcément les plus compliqués qui comptent le plus. Dans mon fort intérieur j'y ai rangé tous les rêves en couleur, les sourires croisés, les parfums d'inconnu, les idées généreuses qui poussaient près du feu, les repas solidaires et leurs bouteilles à s'en mettre plein de bulles dans la tête..."Dans mon fort intérieur" on trouve aussi en cherchant un peu, un jardin des souvenirs, sans croix, ni indices particuliers, non juste une grande prairie au printemps avec ses coquelicots et autres fleurs des champs, on peut s'y allonger et regarder les nuages ou les étoiles selon les humeurs et la température; "dans mon fort intérieur" il ya aussi des doutes que je trimballe depuis que j'en ai -presque- fini avec les croyances du prêt à porter; ils me tiennent les yeux ouverts et la mémoire fertile pour ne pas oublier que l'essentiel est toujours ailleurs et surtout jamais à la place toute désignée par les penseurs pour les autres, les arrangeurs du grand bazard planétaire et autres donneurs de leçons collectives. "Dans mon fort intérieur", je suis seul à me tromper, à rêver, à sentir, à me faire du cinéma, à connaitre la musique, je suis "l'unique et sa propriété" je suis perdu et rassuré, minuscule et géant, si proche de la terre et des vagues qui m'emporteront un jour dans leur étreinte conjuguée, j'en serais ptêt coquillage ou crustacé, comme une rengaine pour l'été que fredonnent des enfants amoureux qui s'essayent à l'éternité. "Dans mon fort intérieur" rien n'est vraiment sérieux et le rire fait pirouette, les peurs apprivoisées, jusqu'à la prochaine marée.

mardi 8 janvier 2008

complètement jetée
























































- Henri Michaux, "La Jetée"










"Depuis un mois que j’habitais Honfleur, je n’avais pas encore vu la mer, car le médecin me faisait garder la chambre. Mais hier soir, lassé d’un tel isolement, je construisis, profitant du brouillard, une jetée jusqu’à la mer. Puis, tout au bout, laissant pendre mes jambes, je regardais la mer, sous moi, qui respirait profondément. Un murmure vint de droite. C’était un homme assis comme moi, les jambes ballantes, et qui regardait la mer. "A présent, dit-il, que je suis vieux, je vais en retirer tout ce que j’y ai mis depuis des années." Il se mit à tirer en se servant de poulies. Et il sortit des richesses en abondance. Il en tirait des capitaines d’autres âges en grand uniforme, des caisses cloutées de toutes sortes de choses précieuses et des femmes habillées richement mais comme elles ne s’habillent plus. Et chaque être ou chaque chose qu’il amenait à la surface, il le regardait attentivement avec grand espoir, puis sans mot dire, tandis que son regard s’éteignait, il poussait ça derrière lui. Nous remplîmes ainsi toute l’estacade. Ce qu’il y avait, je ne m’en souviens pas au juste, car je n’ai pas de mémoire mais visiblement ce n’était pas satisfaisant, quelque chose en tout était perdu, qu’il espérait retrouver et qui s’était fané. Alors, il se mit à rejeter tout à la mer. Un long ruban ce qui tomba et qui, vous mouillant, vous glaçait. Un dernier débris qu’il poussait l’entraîna lui-même. Quant à moi, grelottant de fièvre, comment je pus regagner mon lit, je me le demande."


















arthur rimbaud

"Les chars d'argent et de cuivre. Les proues d'acier et d'argent battent l'écume, soulèvent les souches des ronces. Les courants de la lande, et les ornières immenses du reflux, filent circulairement vers l'est, vers les piliers de la forêt, vers les fûts de la jetée, dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière."
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