samedi 15 janvier 2011

Je m'appelle Khalil...

 photo AFP-source Boukornine-



MA TUNISIE... JE TE PLEURE DE JOIE...

"Je m'appelle Khalil. J'ai 24 ans. Je suis apprenti médecin amoureux de son pays et bloggeur à ses heures perdues.
Depuis l'annonce du départ du despote Ben Ali, mon corps est en effervescence et mes larmes coulent.
Ce matin, j'ai déserté mon travail pour aller crier "Dégage !" devant le ministère de l'intérieur avec mes compatriotes avant d'être gentiment dispersés à coups de matraque de 1 mètre de long et de bombes lacrymogènes qui ne m'ont pas atteint.
Ma Tunisie, rien n'est aussi lacrymogène que la passion que je te voue.
Vingt-quatre ans d'existence. Vingt-quatre ans de lectures. Vingt-quatre ans d'aliénation.
Aujourd'hui, 14 janvier 2011, j'ai assisté et participé à la renaissance d'un peuple tunisien agonisant depuis que le système pourri et totalitaire du général Zinochet nous a interdit de penser.


Dans cinquante ans, si Dieu m'en laisse l'opportunité, je raconterai à mes enfants et à mes petits enfants l'épopée du peuple tunisien. Je leur conterai tous les soirs avant qu'ils ne s'endorment l'histoire de ce vendeur de clémentine à la sauvette portant le doux nom de Mohammed Bouazizi qui a immolé avec son corps un régime en béton armé fort de 23 ans de répression, de népotisme, d'abus et de despotisme....

Tous les martyrs sont mes prophètes... Votre sang béni a arrosé les terres sacrées de notre pays.
Le peuple tunisien est un exemple pour le monde entier.
Un jour il a décidé de destituer un dictateur au prix de sa vie, rien n'a pu le faire reculer.
Ni les balles réelles, ni les arrestations, ni les bombes lacrymogènes, ni les discours mensongers...
Peuple tunisien, il n'y a nul besoin de te déclarer ma flamme je sais déjà que tu en as conscience.
Combien il aura fallu de morts avant que le traitre Ben Ali ne se rende à l'évidence...
Peuple tunisien, tu as arraché ta liberté. Tu es grand, tu es fort, tu es beau, tu es intelligent, tu es mature, tu es courageux.
Ben Ali n'est plus.
Levez-la tête, on est libre ! Où que tu sois, où que tu ailles, clame ton appartenance à ce peuple on saura que pour peu que tu portes cette nationalité que le monde nous envie, tu es un Homme, un vrai, un homme libre et tenace.
Peuple tunisien, peuple opprimé, peuple matraqué, peuple trainé dans la boue, peuple volé et violé dans sa dignité, peuple terrorisé, peuple fiché, peuple épié, peuple torturé... Lève-toi et souris tu as gagné, on a gagné !
Peuple tunisien, mon peuple, ce soir je te pleure, ce soir je ne dors pas, ce soir je pleure les années de plomb, ce soir je pleure nos martyrs, ce soir je pleure notre dignité piétinée pendant tant d'années, ce soir je pleure la censure qu'on nous infligeait, ce soir je pleure les fouilles qu'on nous imposait, ce soir je pleure les tahhana qui t'ont vendu pour une poignée de dinars.
Ce soir, je crie ma joie, ce soir je pleure mon combat et celui de tous les tunisiens.
Ce soir, je vous dis que je vous aime. Ce soir, je vous dis que je n'ai pas peur de la mort ni de la tyrannie. Ce soir, mes larmes coulent.
Peuple tunisien, peuple libéré, peuple heureux, peuple téméraire, peuple unique, peuple courageux, peuple exemplaire, peuple émouvant.
Ce soir je ne veux pas rentrer. Ce soir je tiens un bâton pour protéger mon quartier des éventuels pillards qui profiterait d'un soir de chaos pour propager la haine et la peur et gâcher notre fête.
Demain tout ira mieux, l'armée sera partout mais nous serons libres.
Un bras d'honneur au passage à la France, au States, aux despotes du monde et à toutes les institutions. Notre liberté, on l'a eu touts seuls, on ne la doit à personne. Un mouvement pur et spontané né dans la rue des étincelles sur un corps sacré.

Ce soir, peuple tunisien, je t'embrasse. Peu importe si nous mourrons, j'aurai vécu le jour où je t'ai vue libre, fraîche et comblée.  Ne t'inquiète pas, on te remettra sur pieds au plus tôt, la main dans la main.

Tunisie, je t'aime..."
Khalil du blog  Boukornine

source: Boukornine

"À chaque fois que je dis " je suis arrivé " une fenêtre s'éteint
et une autre s'allume !
(est-ce le faisceau soyeux d'un éclair qui accouple la nuit à l'ombre
ou est-ce la rose dans la désolation du Sahara
qui se laisse guider par le silex des rois ? )...

A chaque fois que je dis " je suis arrivé ", une fenêtre veillant en pleine lumière,
s'éteint, et aucune chauve-souris n'entame ma nuit, par des ailes de velours.
" Puis-je entrer ? "
- Qui ?!..Personne n'habite cette maison!
- Et la voix que... ?!
- Aucune voix... celle-ci est un temps qui nous traverse comme une ombre...
et, même moi... je ne suis plus là... pour l'écouter.

Viendra-t-elle donc de la nuit qui n'est pas encore venue ?
Le songe me retire du sommeil.
Mon ciel est une pierre que bâtit l'encre de la nuit
Est-t-elle nuit ou lait noir dans ma paume?
Est-elle mer ivre d'eau ou ombre d'une aile à plumes blanches ?

Moi qui vis dans mes doigts,
chaque nuit je dis : " la nuit s'éclaire à la lumière des étoiles éteintes ".
Chaque nuit je descends dans ta nuit sans te croiser.
Chaque nuit je grave dans son mur, ton ombre, pour que je t'oublie.
Rien de ta nuit dans ma main, sauf une faute que j'ai nommée (la) mort
et une ombre endormie dans mes doigts.

Avec les doigts des palmiers, le Sahara nous accueille.
Que nous y entrons !
Toute ombre est aveugle.
Toute branche est source d'eau.
Nous verrons les choses qui saignent dans leurs noms :
ni la rose sait qu'elle est rose
ni le soleil qui cloche sur les dunes
sait qu'il est soleil
ni le Sahara où nous nous laissons guider, par des pas aveugles,
sait qu'il est Sahara
ni toi, sur le croisement de mes routes,
sais que tu es toi.
Cet amour est une cinquième saison entre deux automnes
ni moi, avec toi, sais que je suis moi.


Elle : - La nuit ?
Il : - Enfance du jour.
Elle : - L'ébène ?
Il : - Pin à raisins.
Elle : - L'aube ?
Il : - Ombre et cendre.
Elle : - L'île ?
Il : - Songe d'une mer enivrée d'eau.
Elle : - La mer donc ?
Il : - Le "r" est cloche d'eau qui coule comme ci ...comme ça.
Elle : - Le"m" ?
Il : - Tantôt coquillage éclos
Tantôt pierre close.
Elle : - Le "e" ?
Il : - Nuit de mer pliant sa nuit.
Elle : - La lettre ?
Il : - Ombre de son ou arc d'écho.
Elle : - Le nom ?
Il : - Songe d'une lettre.
Elle : - L'image ?
Il : - Songe d'un nom.
Elle : - Le Sahara ?
Il : - Eau.
Elle : - Qui s’y baigne ?
Il : - Ma soif.
Elle : - La rose de sable ?
Il: -Toi.
Elle: - Qu'est-ce que chuchote l'encre au blanc ?
Il : - La langue muette.
Elle : - La femme ?
Il : - Terre par-delà la nuit.
Elle : - L'ombre ?
Il : - Cendre de lumière.
Elle : - Alors qu'elle demeure pour l'ombre de l'ange qui pend dans la nuit ?
Il : - Ma chanson.
Elle : - Et l'arc-en-ciel qui s'endort chaque automne sur l'épaule de la mosquée...
A quoi songe-t-il ?
Il : - A ce que j'attache dans sa cloche l'ombre de ma chanson.
Elle : - Que demandes-tu à cette nuit ?
Il : - Une foudre… pour que je nourrisse la mémoire du Sahara dans une rose de sable ou dans une graine de sable.
Elle : - Encore ?
Il : - Une foudre... pour que je vois ces herbes blanches dans l'écume des cuisses.
Elle : - Encore ?
Il: - Une foudre… pour que je vois une graine noire de sel qui se rosit dans l'ombre des seins et une eau qui veille dans l'eau.
Elle : - La mort ?
Il : - Fenêtre décorative sur un mur aveugle.
Elle : - .......
Il : - .........

Je demande à la rose :
- Qu'est ce que la mort fait de nous ?
- Elle ouvre des portes sans les fermer
et elle ferme des portes sans les ouvrir.

La rose de sable est un tombeau
où le Sahara naît et meurt.
Serait-il possible donc de tromper
l'eau qui la lave,
le soleil qui l'éteint,
le vent qui en tire de l'or ou des feuilles ?
Serait-il possible d'habiter la mort qui habite la nuit de la rose close ?

La première chose que la nuit allume... c'est nos yeux
et nous veillons dans leurs ombres mêmes...
Les yeux sont la dernière chose que la mort éteint.
Alors tire sur moi - un par un -
tous les rideaux de l'oubli."



-Métaphysique de la rose de sable-Moncef Louhaibi-
découvert sur le blog: "Mémoire du silence"- Tunisie...Poésie...Poètes...amis

photo: mémoire du silence-


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