mardi 10 mars 2009

les poètes font le printemps?











Comme les hirondelles, la poésie serait-elle annonciatrice du printemps? Rien n'est moins sur, y'a pas de saison pour attraper les vers ou faire tourner sa rime en bourrique. Et les mots qui chantent ou dansent avec le précaire équilibre sortent par tous les temps; qu'il pleuve, qu'il vente et bien au contraire, l'insubordination est au rendez-vous. Car ne nous trompons pas, rien n'empêche les mots de s'envoler et ceux qui ont essayé ou veulent toujours et encore les mettre en cage ont la surprise de la retrouver vide au petit matin des condamnés. La pensée poétique échappe à la règle car si elle se prend des coups c'est elle qui se les donne et personne d'autre, et pour son plus grand bien encore puisque c'est dans la tripaille que vit la rose ou le lilas. Le verbe qui se tripote résiste parfaitement aux intempéries et aux branlées de l'âge, mieux il rajeunit quand on le secoue et il n'a pas son pareil pour dévaster les musées et autres encyclopédies de la vie sous perfusion. La poésie n'appartient à personne, ni aux codes, ni aux valeurs et encore moins au ministère de la culture en boite, elle se fout des médailles et de leurs bienfaiteurs qui pontifient les morts pour mieux les neutraliser. La poésie pue la pisse et patauge dans la révolution permanente, elle n'est jamais où on l'attend et comme un virus démultiplié, elle balaye tout sur son passage, la politesse et ses ptits doigts, le grand soir et son poing levé dans la toile d'araignée, la bourse et ses fossiles schizophrènes, la grande muraille de chine et son capitalisme bridé, les militants en trois huit, les curés en robe du soir, le préfet et ses pantoufles, les profs qui se croient tout compris, les couples qui se font la paire, le travail agonisant, la médecine hypocrite, les frontières barbelées, les salons mortuaires, le sport bêlant et la télé qui braille. La poésie n'a aucun plan de carrière, aucune prétention, aucun avenir, elle est hors du temps, hors des murs, hors circuit, d'ailleurs elle n'existe même pas là où il faudrait qu'elle se pavane, elle met ses doigts dans le nez, elle pète, elle rote et elle emmerde la bienséance avec des mots qu'elle s'invente rien que pour elle, rien que pour faire chier les bécasses instituées , les paravents livides, les botoxés de la politique et leurs humeurs dégoulinantes. La poésie n'a pas d'ordres à recevoir ni à donner d'ailleurs , elle ne rime jamais avec dieux ou pouvoirs, chapelles, écoles, académies, définitions, elle n'est d'aucune utilité pour caler les livres, d'aucun régime , d'aucune vertu et de la morale elle s'en fait des boules de geisha pour ses longues soirées d'hiver, ou des colliers de nouilles à la gueule enfarinée. La poésie c'est quoi? aucune idée mais surtout pas celle là!

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