lundi 26 février 2024

on est bien peu de choses


 Au jeu des sept couleurs
 arc-en-ciel: mot compte double
Au jeu des sept erreurs primaires
dans la grille du jour,
on se disperse, on se disperse,
sans rien comprendre aux règles
en kit, antiques ou moyenâgeuses
en trois, quatre ou cinq couleurs
Mais comme selon un adage bien connu
et sans âge: tout augmente 
En Bretagne, à la vôtre: "c'est du bon c'est du 12 "
du domaine classé: photométéore 
de quoi en voir de toutes les couleurs:
voyage-voyage
Bleu yin, bleu d'Istanbul, noir de vigne, orange coupable,
framboise,Momijigari (automne rouge du Japon),
jaune banane toi-même, turquoise, né nu phare, jaunac (à deux ocres)
rouille et pisser Ah!
 

 C'est la chute finale
groupons nous des deux mains...

 

 
 
".../...Il est un peu en avance, toujours aucune trace de ses amis. Il s'assoit sur un banc de jardin qui jouxte le musée de l'Homme et sort de sa poche La Chambre de Giovanni. Il l'a commencé dans le métro, les premières pages lui plaisent déjà. Il prend un crayon et son carnet puis, le livre en équilibre sur ses genoux note:"...on ne peut malheureusement pas inventer nos amarres, nos amants ni nos amis, pas plus qu'on ne peut inventer nos parents. La vie nous les donne et nous les reprend, et la grande difficulté est de dire oui à la vie." "La vie nous les donne et nous les reprend" répète-t-il. Etrange, comme les mots lus dans un livre, choisi au hasard sur la table d'une librairie, peuvent résonner en nous. Il arrête de lire et, les yeux dans le vide, se souvient de la mort de son père, de ces moments où, comme sa mère, il avait arrêté de dire oui à la vie. Il n'aime pas y repenser, pourtant les mots de Baldwin l'y obligent. Il entend le souffle court et rauque de son père, la toux et les crachats. Il redoutait ces bruits qui venaient la nuit de la chambre voisine et l'avaient amené à haïr son père. Comme il aurait préféré continuer à l'aimer! Il savait bien qu'il n'y pouvait rien., qu'il ne faisait pas semblant de mourir, qu'il ne faisait pas exprès de s'étouffer, mais il lui en voulait de le déranger dans son travail et dans son sommeil, il avait l'impression qu'il abandonnait sans combattre, sans se soucier du vide qu'il allait laisser. La mort et le vide. S'il ne s'était pas rendu compte sur le coup de l'effet que cette extinction progressive avait sur lui, s'il n'avait pas compris à quel point la tristesse et la conscience de la mort s'étaient emparées de lui, il avait bien ressenti la diminution du temps que sa mère pouvait lui consacrer: leurs sorties au cinéma s'étaient arrêtées et les moments qu'ils partageaient autour des devoirs et des livres qu'il lui lisait s'étaient réduits. Le souvenir des soirées qu'il passait seul, ou pire encore avec sa tante paternelle et ses cousins insupportables, quand sa mère était à l'hôpital pour veiller son père dans la phase terminale de son cancer, lui serre encore le coeur, cette sensation d'abandon dont il n'arrivait pas à se détacher, partagé entre acceptation et jalousie. Comment pouvait-il être jaloux d'un  mourant?  Lui le bon élève, sérieux et travailleur, avait avait perdu l'envie d'aller au lycée du jour où  il avait compris que la maladie se son père était incurable. Il se souvient-là sur son banc, un peu triste maintenant, sans même se rendre compte de l'agitation qui s'accentue autour de lui,  des mouvements des forces de l'ordre et des manifestants qui commencent à occuper les points stratégiques- des matins où il lui était  impossible de se lever, malgré les efforts de sa mère, et où il finissait comme son père, par rester couché et louper les cours. Il avait quatorze ans quand la maladie s'était déclarée, et il avait fallu que Georges meure, deux ans plus tard, pour qu'il sorte de sa déprime.
Et comme pour marquer ce retour dans le monde des vivants, il s'était mis à porter des tenues voyantes de dandy inspirée des muscadins, à parler comme un aristocrate, à se laisser  pousser les cheveux, à fumer et à boire, à écouter du rock anglais autant que du Wagner...
Bref à se faire remarquer.
Il avait un peu honte de le dire, mais la mort de son père avait été une libération.
.../..."
Charles Salles extrait de: Alain Pacadis Face B-Editions: La Table Ronde
 

                                         
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Made in Med #2

Nouvelles musiques de Méditerranée

Vendredi 22 et Samedi 23 mars 2024 | ONYX-St Herblain 
 

 

 

                                                
 
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