Sortir la tête de l'eau
Rejoindre la rive
en laissant
dans les profondeurs de l'oubli ce qui se dérobe,
nous échappe
et nous libère
vers l'essence-ciel.
"Le
matin était sec et craquant de froid. L'air glacé et contracté semblait
souffrir, comme portant en soi de l'oppression, une fêlure. Le silence
occupait les allées, s'y tenait mystérieusement : il n'était pas
l'absence de bruit, il était quelque chose lui-même."
Anna de Noailles extrait de: "La nouvelle espérance"
On en dit des mots
de tout le jour.
Des mots
croisés
avec d'autres
qui font des contingences
de mots,
des accidents de langages,
de parcours voyelles
de conjonctures consonnes
à la volée.
A la gloire du vent de l'espèce.
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lu chez: "The Binary Coffee"
« Tout me répugnait dans cette culture ; son côté pompeux et pompier,
son sens de l’honneur et de la dignité, son classicisme poussiéreux que
j’ai toujours assimilé au grotesque… Cette culture qui devait nous
apprendre à marcher au pas, à chanter en chœur avec les bœufs, à filer
doux, à nous mettre au garde-à-vous devant les valeurs consacrées, à
admirer le poncifiant et le pontifiant, en marge de toute trace
d’humour, de délire, de révolte, de rêve et d’imagination débridée…
Assené par des professeurs bornés et ruisselants de conformisme,
sentencieux et autoritaires, ce vaste programme en forme de matraque n’a
en réalité que des buts bien définis et peu avouable : apprendre aux
enfants indisciplinés de nature à devenir des bovidés conçus pour
brouter uniquement l’herbe qu’il faut ruminer, à s’intégrer sans
problèmes à cette majorité laborieuse et silencieuse qui compose le
grand troupeau que l’Etat exploite, trait à fond et tond à plaisir au
fil des décennies. Je ne pensais pas exactement à tout cela en subissant
l’école et son collier canin. Mais mes craintes de doux enfant qui ne
comprenait pas trop ce qu’on voulait de lui contenaient déjà en germe
mes haines, mes dégoûts, mes révoltes, mes refus. »
Jacques Sternberg Mémoires provisiores"
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"Et si je vous disais que même au milieu d'une foule
Chacun, par sa solitude, a le cur qui s'écroule
Que même inondé par les regards de ceux qui nous aiment
On ne récolte pas toujours les rêves que l'on sème
Déjà quand la vie vient pour habiter
Ces corps aussi petits qu'inanimés
Elle est là telle une déesse gardienne
Attroupant les solitudes par centaines
Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes
La main de l'autre emmêlée dans la nôtre
Le bleu du ciel plus bleu que celui des autres
On sait que même le plus fidèle des apôtres
Finira par mourir un jour ou l'autre
Et même amitié pour toujours trouver
Et même après une ou plusieurs portées
Elle est là qui accourt pour nous rappeler
Que si les hommes s'unissent
C'est pour mieux se séparer
Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes
Car, tel seul un homme, nous avançons
Vers la même lumière, vers la même frontière
Toujours elle viendra nous arracher la vie
Comme si chaque bonheur devait être puni
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes"
Pierre Lapointe
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Découvert chez:"Rêveuse de mots"
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"Tu vois sur les chemins, la foule désordonnée des hommes de notre temps. La course. La fuite. La quête. La noyade de toutes nages, inutiles brasses dans le courant contraire. Tu vois, les yeux ballants. Tu es d'un autre lieu et tu ne peux rien faire. Et l'agacement des arbres devant ce que tu vois, la masse inconsolée.
La faute est d'avant-hier. Le choix prompt de l'orgueil. Le constat à leur seuil.
Les larmes asséchées sous une croûte absurde. Cette ubuesque erreur que nous avons conclue. Devant foule anonyme à la gueule défaite, le dernier chant de l'eau. Nous sommes ici nos suspects désignés, nous nous coupons la tête.
Alors, le cri perdu à la fin de l'enfance nous revient tout soudain.
encore j'irai
avant dernières fanes
encore
avec mon corps
bouleverser mon désir
sur " Le Serpent d'Étoiles "
ne reste qu'à jouer
jouer "
Zakane "Des mots et des espaces"
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