"Il me devient urgent d'écrire sur la beauté des choses.
Ne pas laisser à la tristesse le dernier mot, ne pas parler des êtres pour n'en dire que la peine et le déclin!
Ramener la langue du côté de la beauté, telle qu'elle fleurit encore, enracinée dans la terre noire.
La langue vient de la nudité. De la nuit profonde de notre ignorance. C'est en elles qu'elle se creuse.
Qu'elle s'approche de la vérité, en se désaffublant, en jetant ses déguisements aux orties.
De plus en plus seule et tremblante dans l'obscurité, Cendrillon affolée rentre du bal en claudiquant.
Et c'est aussi bien le poème qui avance dans l'inexorable extinction de ses feux, renonçant à sa gloire, oubliant ses pas de danse, apprenant à marcher à cloche-pied, puis à se taire.
Non,voyez-vous, je ne me souviens pas d'autre chose, un ciel ou une enfance, que je m'efforcerais en vain de rejoindre. il n'y a pas en moi de réminiscence, mais un désir et un savoir qui passent par l'attachement à ce monde et à nul autre.
Je ne crois pas aux terres promises.
Et si je souffre, c'est d'aimer ce qui est.
[...}
[...]
La terre est vivante, et lorsqu'elle se craquèle sous le soleil il suffit d'un peu d'eau pour la réveiller.
Mais ce n'est pas assez, et je voudrais pouvoir la dire sensible afin que tous ceux qui ont disparu et se sont fondu en elle depuis tant de siècles continuent de garder accès à la lumière du jour, au souffle de l'air, au chant des oiseaux, comme à tout ce qui fait le monde.
Qu'ils ne soient pas poussière inerte, substance morte, mais qu'ils écoutent à travers la poussée de l'herbe, qu'il voient et qu'ils se désaltèrent avec le soleil et la pluie.
Que suis-je après-tout, moi vivant et tenant la plume, sinon le produit chanceux de la croissance obstinée de quelques kilogrammes de substance vivante, un rien coagulé furtivement dans une goutte de sperme, fragment infime porté jusqu'à l'état d'homme?
Je dois retourner d'où je viens, ne serait-ce pour que tout recommence ; à nouveau poussière afin de naître encore, peut-être dans un millier ou un milliard d'années...
[...]
[...]
La terre souffre et se réjouit, ainsi qu'en témoignent les animaux et les fleurs qui lui sont de si près attachés.
Doutons-nous que du silence ils soient la parure et la voix?
et pourquoi ne seraient-ils davantage : une modalité de la présence, une forme d'évidence que le poème seul est à même d'exprimer dès lors qu'aucune science ne peut expliquer la raison d'être de la beauté?
Vous me direz que cette histoire n'est pas la vraie. Risible même, puisque les humains naissent par reproduction selon une chaîne qui ne s'interrompt pas...
Et pourtant, avant la giclée de semence de leur trisaïeul, avant même l'australopithèque ou le grand singe, ne furent-ils pas goutte d'eau dans la mer, plancton puis cousin par alliance du mérou et de la mésange, du ver de terre et de la tulipe?
tiens-toi tout près d'un brin de paille, du chant d'oiseau et de la fleur qui tremble au vent...
Car ce sont choses sûres. et c'est par là que s'ouvrent les portes qui te mènent au coeur de la nuit.
C'est par là qu'il faudra passer le jour venu en courbant légèrement le dos."
Jean-Michel Maulpoix "Notes sur la beauté des choses."
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découvert chez: "Rêveuse de mots"
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découvert chez: "La Freniere& poésie"
CALENDRIER DU VENT
Sélection fine d'arnaques sur l'étiquette 2019
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C'est
TICI
ça vient de sortir
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La caisse des dépôts doit cesser de soutenir les énergies fossiles
ça pétitionne
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ça mord?
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ça c'est dit:
"Le problème avec la « crème de la crème », c'est qu'elle tourne deux fois plus vite."
source: "Mélancolie misanthropique"
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Il faut tourner la page
Changer de paysage
Le pied sur une berge
Vierge
Il faut tourner la page
Toucher l'autre rivage
Littoral inconnu
Nu
Et là, enlacer l'arbre
La colonne de marbre
Qui fuse dans le ciel
Tel
Que tu quittes la terre
Vers un point solitaire
Constellé de pluriel
Il faut tourner la page...
Redevenir tout simple
Comme ces âmes saintes
Qui disent dans leurs yeux
Mieux
Que toutes les facondes
Des redresseurs de monde
Des faussaires de Dieu
Il faut tourner la page
Jeter le vieux cahier
Le vieux cahier des charges
Oh yeah
Il faut faire silence
Traversé d'une lance
Qui fait saigner un sang
Blanc
Il faut tourner la page
Aborder le rivage
Où rien ne fait semblant
Saluer le mystère
Sourire
Et puis se taire."
Claude Nougaro
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