".../...Nous pouvons évidemment dissimuler des décennies durant un souvenir, un paysage, un carré de peau dans le secret de quelque recoin de la mémoire sans en laisser échapper le plus léger parfum, et ainsi nous protégeons-nous de la souffrance.
Mais nous ne pouvons pas cacher dans notre mémoire toutes nos trahisons au risque de provoquer un court-circuit. c'est pour cela que parfois sans crier gare, une trace revient, souillée de la tristesse de l'oubli, nous dessiner, nous découper de sa sombre lumière sur un fond de paysage africain où nous n'arrivons pas à savoir si nous étions de placides ruminants ou de sinistres hyènes.
oui, ce sont bien les bons profils, mais qu'étions-nous donc? Victimes ou bourreaux? Ou alors, si nous quittons l'horizon et que nous regardions vers le ciel: de brillantes comètes éphémères, ou bien des satellites sans vie propre?
Ni l'un ni l'autre, sans doute, mais un incessant va-et-vient de l'un à l'autre, de la verte placidité alimentaire à l'ivresse rouge du combat.../...
.../...Telles furent ces années qui virent la dictature triompher sans résistance. Personne n'élevait la voix, les plus habiles se faisaient une place au soleil, jusqu'aux pauvres, qui, pour comble de la dérision, s'enrichissaient.../..."
extrait de "L'heure du Choix" un roman de Félix De Azùa- traduit de l'espagnol par Eric Beaumatin- Editions Seuil-
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