Once upon a time, c'est comme ça qu'il disait le prof d'anglais en mettant sa bouche en cul de poule pour faire plus oxford ou cambridge ou... enfin un endroit chic où il était censé avoir suivi de brillantes études avant de devenir enseignant dans ce collège catho à deux pas de l'océan. Son curiculum vitae il le serinait aux nouveaux à chaque rentrée et , c'est vrai qu'il s'appliquait côté look à jouer aux anglo -saxons d'opérette- il débarquait sur son grand vélo avec le chapeau , la veste en tweed, les pantalons de golf-un style quoi! Pour le reste, sa pédagogie consistait à nous refiler des pages de vocabulaires à réécrire: 10 vocabulaires, 20 vocabulaires et 50 pour celui qui avait eu le courage ou l'inconscience de lui dégommer le chapeau qu'il accrochait bien en vue à une poignée de fenêtre. Ce type était un grand malade (1mètre 90) qui pouvait se mettre à hurler sans qu'on sache trop pour quoi, sauf les jours de paie et là fallait pas le déranger sous peine de terminer aux urgences.
"Once upon a time" j'ai pas retenu grand chose des "cours d'anglais" et pour cause mais cette phrase à force de l'entendre elle m'est restée dans mon pochon linguistique (bagage ça fait trop prétentieux à mon niveau) voilà pourquoi aujourd'hui je vous la traduit approximativement par il était une fois et même une tranche de fois dans l'ouest!...
"c'est dimanche et le laitier n'est pas venu......d'habitude il remplit le bidon d'un demi-litre posé sur le rebord de la fenêtre de la cuisine de mamie, tous les jours de l'année, entre neuf heures et neuf heures un quart, mamie qui forcément ce dimanche s'étonne, s'inquiète mêmealors, elle suppose,conjecture, extrapole, présume, invente,imagine.... bref de quoi remplir tout un dictionnaire des synonymes à la page du doute,et si c'était la pendule (achetée par Francis -son grand- pour une fête des mères) qui voulait plus dire la bonne heure, c'est qu'avec ces machins à pile, on ne sait jamais, avant il y avait un régulateur, celui du grand père Léon, qu'était horloger à Coutances, dans les années 20, et une fois par semaine on donnait un tour de clé pour les aiguilles, un autre pour le carillon, et voilà tout, ô bien sur ,elle retardait un peu, d'une minute ou deux par semaine, mais il suffisait alors de pousser légèrement du doigt la grande aiguille dorée pour que tout rentre dans l'ordre du temps qui passe....qui passe , bon-sang! 9 heures vingt, mais alors elle n'est pas cassée la pendule à... comment il dit Francis, à oui à quartz, mamie, elle aurait préféré garder l'autre, celle de sa jeunesse, de ses souvenirs, celle d'avant quoi ...mais son gars lui avait dit que ce serait plus sur d'avoir celle ci, plus pratique, pas besoin de la remonter, juste changer la pile une fois par an, et puis le régulateur, il parait qu'il était mieux ,dans le séjour breton, de la maison de campagne de Francis et Marie-Ange, à Pénestin sur l'estuaire de la Vilaine; Alors mamie elle avait pas voulu, fâcher son grand et surtout sa bru, c'était une idée à elle , dame elle avait un avis sur tout Marie-Ange, c'est elle par exemple qui avait fait installer la cuisine de mamie en formica à la place des meubles en pin que son homme avait fabriqué pour leur mariage, c'est qu'il était doué, son Joseph de mari, de marin aussi...et...-soupir- la mer avait été plus forte que lui, quelquepart du côté de Hoedic, mamie essuie avec son mouchoir à carreaux (toujours niché dans la manche de sa blouse, et qui agace tant Marie-Ange) une larme qui perle sur sa joue ridée comme une vieille pomme à cidre, il est parti y'a bien longtemps son Joseph, un jeudi, jour de marché la Turballe, c'est là que Vincent le gars de la criée était venu tout embarassé , la prévenir que la "Sainte-Anne" n'était pas rentrée pour la vente de six heures, mamie elle avait bien remarqué que son homme, avait pas posé ses bottes, dans l'entrée, comme il faisait d'habitude avant de filer dans son atelier, où il aimait travailler le bois après la pêche, mais elle s'était pas inquiété pour autant, Joseph des fois, trainait un peu avec les autres sur le môle, et surtout chez Ginette, à la Morgatte, où il était pas le dernier à lever le coude, qu'est ce que vous voulez, c'est dur la pêche, dangereux aussi...mamie récupère son carré de Cholet et se mouche bruyamment, ça aussi elle aime pas Marie-Ange, d'ailleurs elle aime rien de mamie ...même son farz, pourtant tout le monde l'aime le farz de mamie, et quand elle essaye d'en parler à Francis, il lui dit agacé qu'elle se fait des idées, qu'elle est jalouse et tout ça...pourtant c'est bien sa bru, qui a voulu que les enfants ne viennent plus le jeudi, déjeuner et passer l'après-midi avec elle, il parait que avec les devoirs, les cours de danse de Suzan, et le poney de Jason, ( tu parles de prénoms) ils n'avaient plus le temps, et puis Jason avec son asthme...l'atmosphère confinée de la maison du boug ne convenait pas, comme si, elle faisait pas le ménage mamie, où c'est qu'elle en voyait des poussières l'autre, c'est vrai que ça sentait moins la cire maintenant mais la cire sur le formica..alors maintenant elle voyait les petits de temps en temps, avec Francis quand sa bru partait aux isles ou je ne sais où, en congrès, c'est qu'elle était capable sa bru, un médecin, professeur même, elle écrivait dans des revues spécialisées, et en anglais en plus, en tout cas coté sourires elle a raté tous ses examens, se dit mamie en riant doucement.on cause, on cause, et il est dix-heures et demie et toujours pas de René le laitier, c'est pas dieu possible, il a dû lui arriver quelque chose, elle l'aime bien René, mamie, il reste toujours cinq minutes faire la causette, c'est un gentil garçon, et avec lui, elle apprend les nouvelles du monde, surtout depuis que son poste est cassé, Francis devait le faire réparer, mais il a pas trop le temps, dame avec son entreprise, et mamie elle a pas assez de sous pour s'en payer un autre, et puis de toutes façons c'est francis qui gère son compte, et puis les nouvelles sont en général tellement tristes que mamie elle préfère rester avec ses souvenirs. du temps où y'avait son Joseph, du temps où elle allait danser... du temps de la grande foire aux oignons de Saint-Nazaire, quand elle mettait sa jolie robe en velours avec les dentelles , et sa coiffe amidonnée, ah! son Joseph qu'il était beau dans son costume...mamie assise sur sa chaise de paille,se penche un peu, pose sa joue sur sa main et somnole , ce sont les médicaments de Marie-Ange qui lui font ça, des fois elle a des vertiges aussi, ou elle oublie...et quand elle veut en parler à Francis, quand elle arrive à le voir, il lui dit que sa femme c'est un grand médecin et que c'est pour son bien et ...mamie s'endort.
Midi sur loire océan les nouvelles de la mi-journée avec Jean-François La Daube:"bonjour! on vient tout juste de l'apprendre, et c'est une exclusivité loire-océan, un grave accident s'est produit ce matin vers neuf heures sur la départementale 18 à l'entrée de la Turballe, entre un véhicule de forte cylindrée appartenant à Madame Chabli-Le Guinec,chirurgien de renomée internationale et Monsieur René le Mauff, producteur de lait à Piriac sur Mer, les gendarmes de la presqu'isle se sont rendu immédiatement sur les lieux, pour l'instant ils réservent leurs pronostics sur le motif de l'accident, mais selon des témoins la bmw de madame Chabli- Le-Guinec roulait à vive allure, et n'aurait semble t'il pas respecté le stop du carrefour de Clis à l'entrée est de la Turballe, Monsieur Le Mauff est mort suite au choc terrible, les pompiers de Guérande ont eu beaucoup de mal pour le sortir de sa camionette, quand à madame Chabli-Le-Guinec elle a été conduite en hélicoptère au chu de Nantes, nous vous donnerons bien sur plus d'informations sur ce terrible accident dans notre prochaine édition.la foire aux oignons de Saint-Nazaire, comme chaque premier jeudi de Septembre..../...."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire