dimanche 27 juillet 2008

ils ont des châteaux ronds





























Ils ont des châteaux ronds et des crevettes qui leur chatouillent les pieds quand ils remuent du bout de l'orteil, la vase qu'aime bien se marée. Ils ont des crèpes quand le ciel est en deuil et des galettes quand ils gagnent leur blé au noir. Ils regardent souvent l'océan qui brille quand il s'est bien lustré et qui s'évente quand il est énervé après les goélands qu'arrètent pas de chaluter , surtout quand ils ont la pêche. Ils portent des noms impossibles à prononcer ,avec des cheu qui se donnent des R. et des plou et d'équerre. Ils se font des pistes en fin de semaine et se mettent la pression jusqu'au parquet de la salle polyvalente où ils iront lever la jambe d'an-dro en gavotte et ainsi de suite armoricaine. Ils aiment bien quand le ciel est chiffon et que la pluie qui se mare leur dessine des rigoles, alors le nez en l'air ils aspirent la tempête et en redemandent de l'embrun salé comme d'autres se tartinent d'ambre solaire. Avec des instruments qui vous crèvent un tympan étranger ils vous jouent des mélodies à retourner le coeur, au bord du bastingage. Ils passent leur vie sur l'eau mais sans savoir nager car ils ont peur de prendre la tasse ,préférant la bolée. Ils ont un fichu caractère aussi changeant que leur ciel et de la tête de cochon ils en font du paté comme une spécialité.vIls piquent un phare quand ils sont ému. Ils ont des racines aux extrémités et des ailes dans le dos et partout où ils vont ils se reconnaissent comme Bretons. Dès qu'ils sont deux et contents, ils sortent de leur poche un drapeau gwen ha du qu'ils agitent frénétiquement pour voir d'où vient le vent. Ils plantent des calvaires aux intersections des routes départementales pour faire office de panneaux indicateurs. Ils se donnent des airs latins pour faire plaisir au recteur et se transforment en lutins quand la lune se fait rousse. On s'est souvent moqué d'eux et de leurs coutumes .On a mis des sabots autour du cou de leurs enfants à l'école de la raie publique pour qu'ils cessent de causer patois. On a mis un plumeau dans la main de leurs mères pour qu'elles aillent faire ménage chez les bourgeois de la ville et un porte jaretelle à leurs filles pour qu'elles aillent essorer la misère. On a fourré une matraque dans la pogne de leur gars pour qu'il fasse un rempart à son corps défendant. On les a humilié, on les a singé, on les a exploité , on a découpé leur territoire pour en faire un sinistre pays de loire -on a tout essayé dans l'imaginaire franssouillard, de guerres en famines, de mauvais vin en trahisons pour les faire plier, pour les éradiquer mais comme leurs frères occitans, basques, corses, tibétains ou ...ils résistent encore et toujours avec humour patience et l'intelligence de la raison.

2 commentaires:

  1. joliment dit l'ami
    un breton de l'intérieur

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  2. un breton de l'intérieur c'est donc un breton qui parle avec son coeur! merci à vous :-)

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