"les hommes doivent être ou caressés ou écrasés: ils se vengent des injures légères; ils ne le peuvent quand elles sont trop grandes; d'où il suit que, quand il s'agit d'offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu'on ne puisse redouter sa vengeance."
Guliano Da Empoli citant Nicolas Machiavel -"Le Prince"
"Le grand dilemme qui a structuré la politique au XXe siècle est le rapport entre l'Etat et le marché:
quelle part de notre vie et du fonctionnement de notre société doit ^tre sous le contrôle de l'Etat et quelle part doit ^tre laissée au marché et à la société civile?
Au XXIe siècle, le clivage décisif devient celui entre l'humain et la machine.
Dans quelle mesure nos vient doivent-elles être soumises à de puissants systèmes numériques- et à quelles conditions? En fin de compte, les individus et les sociétés devront décider quels aspects de la vie réserver à l'intelligence humaine et quels aspects confier à l'IA ou à la collaboration entre l'homme et l'IA.
Et chaque fois qu'ils choisiront de privilégier l'humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il y aura un prix à payer."
Guliano Da Empoli extrait de: "L'heure des prédateurs"
Marguerite Yourcenar
"Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Mais j'entends leurs pas
Dans le désert
J'entends leurs pas
Dans la prairie
En ville
Sur une place
Dans l'allée des cimetières
Dans l'allée des grandes surfaces
A l'appel du printemps
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Mais j'entends leurs pas
Dans le désert
J'entends leurs pas
Dans la prairie
En ville
Sur une place
Dans l'allée des cimetières
Dans l'allée des grandes surfaces
A l'appel du printemps
Je les entends
Se faire des promesses
De hauteur, de souplesse, d'argent
Je les entends faire
Des prières
Souvent pour eux-mêmes
Parfois pour leurs congénères
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a un
Au bord d'une île
Il y en a une
Dans un cul de sac,
Se faire des promesses
De hauteur, de souplesse, d'argent
Je les entends faire
Des prières
Souvent pour eux-mêmes
Parfois pour leurs congénères
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a un
Au bord d'une île
Il y en a une
Dans un cul de sac,
Un autre, accroupi dans la flaque
Le doigt dans une anémone
Le rire qui carillonne,
La face qui rayonne
Une autre au bout
De ses efforts
Emportée dans la mort
L'amour, le carbone
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a une
Au Quatre-vents, qui regarde l'horizon
Le doigt dans une anémone
Le rire qui carillonne,
La face qui rayonne
Une autre au bout
De ses efforts
Emportée dans la mort
L'amour, le carbone
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a une
Au Quatre-vents, qui regarde l'horizon
Il y en a deux
Sans solution
Parmi les renoncements
A l'âge de fer, ils frissonnent
A l'ère du pétrole
Lassés des belles paroles, ils frissonnent
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam"
Sans solution
Parmi les renoncements
A l'âge de fer, ils frissonnent
A l'ère du pétrole
Lassés des belles paroles, ils frissonnent
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam"
Bertrand Belin
CLOWN
"Un jour.
Un jour, bientôt peut-être.
Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec la sorte de courage qu'il faut pour être rien et rien que rien, je lâcherai ce qui paraissait m'^tre indispensablement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D'un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements "de fil en aiguille".
Vidé de l'abcès d'être quelqu'un, je boirai à nouveau l'espace nourricier.
A coup de ridicules, de déchéances (qu'est ce que la déchéance?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j'expulserai de moi la forme qu'on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m'avait fait déserter.
Anéanti quand à la hauteur, quand à l'estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN, abattant dans la risée, dans le grotesque, dans l'esclaffement, le sens que contre toute lumière je m'étais fait de mon importance.
Je plongerai.
Sans bourse dans l'infini-esprit sous-jacent ouvert à tous,
ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée à force d'^tre nul
et ras...
et risible...
Henri Michaux

J'aime bien cette phrase de Yourcenar sur la mémoire.
RépondreSupprimerL'autre nuit, complètement torché, à trois grammes et demi du matin, j'ai fait ma star de pacotille et j'ai sorti le micro en mode Kara Okay.
J'ai alors enregistré deux-trois poèmes qui sentent l'éthanol et la folie furieuse. Le lendemain, encore brumeux, tel un jour de pluie sur la Volga, j'ai envoyé, ravi, comme un chien ramène son bâton à son maître, tout ça au Marquis. Sa réponse fut courtoise, amicale et surtout éminemment drôle : "Vous êtes honnête mais fatigant".
Bon.
Du coup, je me suis dit qu'il fallait lui laisser un peu de vacances et me faire un peu oublier. Mais alors ! me dis-je, qui envahir ? Qui embêter ? C'est à ce moment que j'ai pensé à vous !
Veinard ;-)
https://youtu.be/n74o1ipBU_4?si=THmNlc7bRb8oq9uJ
Max
bonjour du lundi
RépondreSupprimerJe n'ai pas trop aimé la "caricature" de Zaho de S. mais par contre en fouinant par chez vous, j'ai découvert Mathieu Rosaz et je vous remercie pour cette découverte;
La phrase de Marguerite Y. est légèrement tronquée, elle mettait l'accent sur le deuil régulier de nos connaissances et l'oubli peu à peu de ceux-ci. Outre le fait que je ne suis pas -encore- tout à fait sur de cela, en ce qui concerne les "gens", je pensais plutôt aux instants de la vie en général qui nous échappent peu à peu.
"Vous êtes honnête et fatiguant est une délicate phrase du Marquis
très à son honneur des relations humaines;
Je ne vous trouve pas encore fatiguant :-) alors vous ne m'embêtez pas, et puis vos propos et vos choix et oeuvres sont matière à réflexion alors...
Au plaisir!
Mathieu Rosaz, en voilà un que j'ai usé jusqu'à la corde. Il a pourtant, avec moi, déployé un trésor de patience...
SupprimerIl chante tellement bien. Je vous conseille sa reprise d'un "départ exemplaire" d'Alain Klingler. Un chef d'oeuvre aux intonations Houellebecquiennes cette chanson.
Il m'aimait bien fut un temps. Mais nous étions trop différents.
Quand j'aime beaucoup quelqu'un, j'ai la fâcheuse manie d'exiger, en parfait terroriste, qu'il ne brise pas, par ses choix, le rêve que j'ai de lui, ou d'elle.
"Mon désarroi est tel, écrivait René Crevel, que j'ai toujours demandé aux plus beaux yeux d'être intelligents. Et les êtres qui m'ont hanté m'ont hanté comme des pensées."
Tant pis s'il ne m'apprécie plus, j'ai rassemblé ses plus belles chansons en une Mixtape que j'écoute encore quelquefois les nuits d'insomnies et de mélancolie :
https://youtu.be/QOHIttE9M3E?si=W09szy7UP05dGJQy
C'est compliqué et fatigant parfois d'être aimé de moi, je suis un drôle de bonhomme :-)
A bientôt,
Max.