"Ça me rend dingue, cette manie que le monde a de rendre tout et tout le
monde interchangeable, de transmettre les choses sans les situer, sans
les expliquer, soi-disant pour aller plus vite, en réalité par paresse.
En déplaçant les choses et les êtres, en effaçant les traces, en ne
racontant rien que des faits désincarnés, comment peut-on trouver la
vérité? Comment peut-on comprendre et pardonner sans connaître
l'histoire et la géographie d'un fait? Il en est de même pour l'art.
Sans cadre, comment l'art pourrait-il s'exprimer? C'est sa limite dans
l'espace et dans le temps
qui le rend transgressif et vivant."
Guillaume Gallienne extrait de: "Le buveur de brume"
"Nous rêvons de voyager à travers l'univers; l'univers n'est-il donc pas en nous?
Novalis
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"Il y a toujours eu du vide. Il y a toujours eu des vagues, et des
terrains vagues. C’est là que je me cache pour contempler ce territoire
où tout s’est mélangé, et où la couleur vient redonner du sens à
l’espace et au temps qui passe. C’est là que je me cache, c’est là que
j’observe, géante souveraine de ce territoire ordinaire. Dans cette exposition, l’artiste Superlette vous invite à visiter une partie de son territoire imaginaire. Une
exposition qui sent bon les premiers jours de soleil, où la peinture,
le collage et les crayons racontent une histoire de la couleur, de
paysages qui se mélangent et de souvenirs d’enfance."
"Y'a les regards de ceux que l'on croise Et ceux que l'on habite Avant d'avoir eu le temps de voir J'ai fermé les yeux trop vite Tous les visages parlent d'eux mal Avant qu'on les connaisse Le mien t'as dit vas t'en cours au loin Je ne serais que tristesse
Y'a les sourires de ceux que l'on croisent Et ceux que l'on habite Avant d'avoir eu le temps de boire Tu as craché trop vite Tous les visages parlent d'eux mal Avant qu'on les connaisse Le tien m'a dit vas t'en cours au loin Je ne serais que tristesse
On s'est brisé la tête et le cœur Avec bien trop d'adresse On a noyé nos yeux dans les pleurs Prétextant notre ivresse Tous les visages parlent d'eux mal Avant qu'ils se connaissent Les nôtres on fait semblant jusqu'à la fin Aidés de fausses promesses"
"les hommes doivent être ou caressés ou écrasés: ils se vengent des injures légères; ils ne le peuvent quand elles sont trop grandes; d'où il suit que, quand il s'agit d'offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu'on ne puisse redouter sa vengeance."
Guliano Da Empoli citant Nicolas Machiavel -"Le Prince"
"Qui nescit dissimulare, nescit regnare"
"Le grand dilemme qui a structuré la politique au XXe siècle est le rapport entre l'Etat et le marché:
quelle part de notre vie et du fonctionnement de notre société doit ^tre sous le contrôle de l'Etat et quelle part doit ^tre laissée au marché et à la société civile?
Au XXIe siècle, le clivage décisif devient celui entre l'humain et la machine.
Dans quelle mesure nos vient doivent-elles être soumises à de puissants systèmes numériques- et à quelles conditions? En fin de compte, les individus et les sociétés devront décider quels aspects de la vie réserver à l'intelligence humaine et quels aspects confier à l'IA ou à la collaboration entre l'homme et l'IA.
Et chaque fois qu'ils choisiront de privilégier l'humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il y aura un prix à payer."
Guliano Da Empoli extrait de: "L'heure des prédateurs"
"La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière abandonné.../..."
Marguerite Yourcenar
"Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Mais j'entends leurs pas
Dans le désert
J'entends leurs pas
Dans la prairie
En ville
Sur une place
Dans l'allée des cimetières
Dans l'allée des grandes surfaces
A l'appel du printemps
Je les entends Se faire des promesses De hauteur, de souplesse, d'argent Je les entends faire Des prières Souvent pour eux-mêmes Parfois pour leurs congénères
Je n'ai pas connu en personne Les inconnus en question Ni après, ni avant Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a un Au bord d'une île Il y en a une Dans un cul de sac,
Un autre, accroupi dans la flaque
Le doigt dans une anémone
Le rire qui carillonne,
La face qui rayonne
Une autre au bout
De ses efforts
Emportée dans la mort
L'amour, le carbone
Je n'ai pas connu en personne
Les inconnus en question
Ni après, ni avant
Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam
Il y en a une
Au Quatre-vents, qui regarde l'horizon
Il y en a deux Sans solution Parmi les renoncements A l'âge de fer, ils frissonnent A l'ère du pétrole Lassés des belles paroles, ils frissonnent
Je n'ai pas connu en personne Les inconnus en question Ni après, ni avant Ni d'Eve, ni d'ailleurs d'Adam"
Bertrand Belin
CLOWN
"Un jour.
Un jour, bientôt peut-être.
Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec la sorte de courage qu'il faut pour être rien et rien que rien, je lâcherai ce qui paraissait m'^tre indispensablement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D'un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements "de fil en aiguille".
Vidé de l'abcès d'être quelqu'un, je boirai à nouveau l'espace nourricier.
A coup de ridicules, de déchéances (qu'est ce que la déchéance?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j'expulserai de moi la forme qu'on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m'avait fait déserter.
Anéanti quand à la hauteur, quand à l'estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN, abattant dans la risée, dans le grotesque, dans l'esclaffement, le sens que contre toute lumière je m'étais fait de mon importance.
Je plongerai.
Sans bourse dans l'infini-esprit sous-jacent ouvert à tous,
ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée à force d'^tre nul
où, comme une oeil sanglant qui palpite et qui bouge,
la lampe fait sur le jour une tache rouge;
où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
imite les combats de la lampe et du jour.
Comme un visage en pleurs que les brises essuient,
et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
.../..."
Charles Baudelaire extrait de: "Le crépuscule du matin"-"Les fleurs du mal"-
J''ai envie d'essayer de penser
par moi-même
avec la bienfaisance des autres
Qui suis-je?
mais...
c'est moi
qui dirige la recherche
infernale,
qui décide de fermer les guillemets;
ma part de dictature sur l'écriture.
ici
je n'ai pas d'âge, avant je fréquentais déjà, tenu en laisse par
ma mère; aujourd'hui j'vois plus la laisse, elle est si
transparente; pourtant elle n'a jamais disparu, l'attache racine qui
m'a ramené un jour au port, de mes rêves et de mes angoisses de
sable et d'eau.
"Des livres à moitié lus, c'est ce qu'on est les uns pour les autres, des livres
à moitié lus
Stephen Carrière
l'histoire fleurit dans les souvenirs et c'est
souvent, l'insouciance qui reste au chaud dans la mémoire, la
facilité avec laquelle on se mouvait dans un monde plutôt fait pour
soi alors qu'aujourd'hui confusément parfois on s'interroge sur ce
qui ne va plus-le monde ou soi?- les deux mon amiral?
"il existe deux types de dirigeants, ceux
qui pensent que leurs enfants sont capables de leur succéder et,
ceux qui n'ont pas d'enfants" -Yvon Gattaz ex président du CNPF)
«
L’humanisme, ce n’est pas dire : « Ce que j’ai fait, aucun
animal ne l’aurait fait », c’est dire : « Nous avons
refusé ce que voulait en nous la bête, et nous voulons retrouver
l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase ».
L'amertume, l'acte de contrition et autres boulets du coeur
vous encalminent pour le restant de vos nuits.
L'affaire donne du baume aux approchants
-peut-être-
un sens à leurs démarches, à leur cheminement...
C'est bon la honte des autres,
c'est avantageux pour replâtrer la sienne,
et partir en pets.
"Au commencement était donc le verbe;
Imprononçable.
Ce "BIG-BANG" dont on apprend toujours plus le comment
sinon le pourquoi:
Par rapport à cette créature initiale, les plus audacieuses créations humaines-
telle l'écriture ou l'avion, le kaléidoscope ou le violon-
ne sont que des pets de lapin.
.../..."
Rémi Begouen extrait de "apprendre"
"La mer m'émut, je me suis mis à pleurer. Ni fleuve ni plaine ni montagne
— pas même un arbre, pas même un nuage — rien ne donne autant l'idée de
la liberté que la mer. La liberté même ne donne pas autant l'idée de la
liberté que la mer."
Curzio Malaparte
Se la raconter en chemin
à tous les regards jetés
du côté de l'estacade.
l'arbre et le roupillon
Une méridienne en somme
."../...
Je comprends la joie devant chaque nouveau mot conquis,
rempli du sens qu'on a soi-même senti,
et qui accourt prêter sa force
à celui qui s'est tourné vers lui-
je comprends cela en ce temps où
l'on voit partout croître
l'aliéniation de soi-même
et la culture de masse."
Jean-Pierre Siméon-extrait de: "La poésie sauvera le monde"
"Ma grand-mère avait une expression pour la souffrance des autres: elle
parlait de leurs ténèbres. Elle disait qu'il fallait se plier à ses
ténèbres comme si c'était un enfant qui se réveille terrifié au beau
milieu de la nuit, et qu'il faut raccompagner à son lit. Personne ne
peut le faire à notre place, qu'elle disait. Il faut le faire pour les
gens qu'on aime. Il faut raccompagner ses ténèbres. Et tu es trop bonne
et trop gentille pour ne pas essayer de le faire."