jeudi 1 décembre 2022

dont la mienne

 

"La poésie est le cri que l’on pousserait en s’éveillant dans une forêt obscure au milieu du chemin de notre vie.
La poésie est le soleil qui ruisselle à travers les mailles du matin.
La poésie, ce sont des nuits blanches et des bouches de désir.
La poésie est l’argot des anges et des démons.
La poésie est un canapé où s’entassent des chanteurs aveugles qui ont posé leurs cannes blanches.
La poésie est le dérèglement des sens qui produit du sens.
La poésie est la voix de la quatrième personne du singulier.
La poésie ce sont toutes les choses nées avec des ailes et qui chantent.
La poésie est une voix dissidente qui s’insurge contre le gaspillage des mots et la surabondance insensée de l’imprimé.
La poésie est ce qui existe entre les lignes.
La poésie est faite des syllabes des rêves.
La poésie, ce sont des cris lointains, très lointains, sur une plage au soleil couchant.
La poésie est un phare qui fait tourner son mégaphone au-dessus de la mer.
Un poème peut être fait d’ingrédients ménagers courants. Il tient sur une seule page et peut cependant remplir un monde et se loger dans la poche d’un cœur.
La poésie, ce sont des pensées sur l’oreiller après l’amour.
La poésie est un chanteur des rues qui sauve les chats de gouttière de l’amour.
La poésie est le dialogue des statues.
La poésie est le bruit de l’été sous la pluie et la clameur de gens qui rient derrière des volets clos dans une rue étroite.
La poésie est une grande maison résonnant de toutes les voix qui ont jamais dit quelque chose de fou ou de merveilleux.
La poésie est la voix à l’intérieur de la voix de la tortue.
La poésie est un livre de lumière la nuit.
La poésie n’est pas que l’héroïne, les chevaux et Rimbaud. Elle est aussi le murmure des éléphants et les prières impuissantes des passagers aériens qui attachent leur ceinture pour la descente finale.
Tel un bol de roses, un poème n’a pas à être expliqué."
Lawrence Ferlinghetti 
 

"
Avant, je pensais
que les livres se faisaient comme ça :
un poète arrivait,
desserrait légèrement les lèvres,
et de suite le benêt inspiré se mettait à chanter.
Et ça y était !
En fait,
avant que le chant vous vienne,
il faut longtemps déambuler, couvrir ses pieds d'ampoules en
allées et venues,
tandis que dans la vase du cœur doucement barbote
la sotte sardine de l'imagination.
Pendant qu'on fait bouillir, en grinçant de la rime
une sorte de brouet d'amours et de rossignols,
la rue se tord, privée de langue :
elle n'a rien pour crier ni parler."
Vladimir Maïakovski
 
 
 "Nos poèmes, ce sont nos enfants. Ils sont plus âgés que nous parce qu'ils vivront plus longtemps que nous. Plus âgés que nous depuis l'avenir. Voilà pourquoi ils nous sont aussi parfois étrangers." 
Marina Tsvetaieva
                                                       
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"
Je n’ai pas envie de parler de moi, mais de tendre l’oreille pour écouter la germination et le bruit du   temps. "
 Ossip Mandelstam 
 

 

 

 
 
 

 
" Si je me retrouve à la dérive, c'est parce que se retrouver à la dérive, au sens propre, chose parfaitement naturelle ici, c'est la rançon de l'eau. Autrement dit ce qui va venir ne sera pas l'équivalent d'une histoire,mais d'un flot d'eau limoneuse " au mauvais moment de l'année". Par moments elle est bleue, par moments grise ou brune ; toujours elle est froide, et jamais potable. Si j'ai entrepris de la filtrer, c'est qu'elle contient bien des réflexions dont la mienne."
Joseph Brodsky
 

 

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