Une autre fois
La pèche-rit au soleil.
Pieuvre articulée
bras
et filets.
Céphalopode galvanisé
Observateur clairvoyant de l'énergie côtière
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Lu chez: "Le retour du Tenancier"
« C’est pourquoi celui qui peut, de l’isolement des mots imprimés, froids, impersonnels, faire naître cet enthousiasme, celui-là participe de l’immortalité qu’il a fait naître. Un jour, il ne sera plus, ce qui n’a aucune importance, parce que, figé dans l’invulnérable isolement des mots imprimés, réside ce qui est capable de faire naître à nouveau les impérissables enthousiasmes d’antan dans les cœurs et les organes de ceux qui sont nés de l’air même qu’il a respiré et dans lequel il a vécu ses angoisses ; si la chose écrite en a été capable une fois, il sait qu’elle le sera de nouveau longtemps après ce qu’il ne restera plus de lui qu’un nom mort qu’efface peu à peu le temps. »
William Faulkner
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Sur la platine de :" L'ex homme-âne-yack":
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photo source: "La Méduse et le Renard"
- Pas regardante-
"Ne te sens
pas privilégié
ce matin
la lumière embrasserait
n'importe qui"
Guillaume Siaudeau
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Entre les deux mon corps balance
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Le film en entier chez KUB
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affleure de sel
à banc donné
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"Je
fuis le bruit et la fureur. On est vraiment soi-même quand on s’éloigne
des autres. J’avance très lentement. Je m’attarde des heures à
poursuivre un insecte. Je me perds et me trouve dans la vie d’un brin
d’herbe. La vitesse n’est que le temps qui se répète plus vite. La
lenteur, au contraire, est une métamorphose. Il faut traîner la patte
pour découvrir une porte invisible. Ceux qui passent trop vite se butent
au chambranle du réel. Il est difficile d’harmoniser tous les aspects
de l’homme. Le pire prend le pas sur le reste. Le poing parle plus fort
que la caresse. Il reste le refus d’obéir, la paresse, l’insoumission,
le partage, la soif d’absolu. Ce qui n’existe pas nous sauve de ce qui
est. Pour bien profiter du présent, il faut d’abord se débarrasser de
l’avenir, savoir marcher lentement, apprendre à goûter la paresse,
cajoler l’inutile, respirer sans raison, être à la fois ici et là.
L’avoir, le pouvoir et le valoir n’apportent rien à l’homme. Ils le
dispensent d’exister. D’un autre côté, la servitude et l’obéissance ne
font pas mieux. C’est ailleurs qu’il faut chercher la vie. Peut-être
dans la contemplation. Ce qui sidère aimante l’âme. Dans le théâtre de
la vie, l’acteur m’intéresse moins que le spectateur. Il n’a pas besoin
qu’on l’applaudisse. Il remercie les fleurs avec ses yeux, les choses
avec sa main, les mots avec sa bouche. Il y a si peu de nous dans les
images qu’on projette. Il y en a plus dans celles qu’on regarde.
Il
faut accueillir les fleurs, non les cueillir. On apprend tous à
compter, mais on ne sait plus dire bonjour. On écrit sans savoir épeler.
On mange sans avoir à goûter, à saliver, à mordre. Je rêve d’une
chandelle au milieu des néons, d’une simple parole éteignant les micros,
d’un pissenlit sur l’asphalte. À l’abondance du vide, je préfère la
qualité du peu. Certains regardent la pluie comme si c’était des larmes.
D’autres y voient l’arc-en-ciel. La vie n’est pas faite pour être subie
ou méritée. Elle est, tout simplement. Par inadvertance, j’ai échappé
mon cœur. J’en ramasse encore les débris. Je les assemble mot à mot
comme un immense puzzle. Dans l’église des athées, le partage a remplacé
la charité. Dans le troupeau des mots, les bergers sont en laine.
Combien de lèvres porte une pomme ? Combien de gestes pour un bras ?
Combien d’onces de soif dans un verre ? Il y a des questions servant
d’échine à tout ce qu’on ignore. Il faut se présenter vivant face à la
mort.
L’argent
laisse des cernes à chaque chose que le savon du cœur n’arrive pas à
laver. Comment peut-on préférer la médiocrité à l’admirable ?
L’habillement, le vêtement, le déguisement importent moins que la
manière d’être nu. J’aime le parfum du frêne ameutant les insectes, les
boules de buis tendues comme des seins, les vagues d’encre laissant du
sel sur la page, les avant-bras de l’herbe soulevant des odeurs, la
rosée qui résiste à la poussière d’usine, le frisson du tonnerre dans
les oreilles de l’air, les mots qui s’approchent des choses avec leurs
pattes de mouche, les roseaux infusés de soleil, les galeries de rats
d’eau déchaussant les racines, les loges de verdure encastrées dans la
pierre, le rayon vert dans le gris des routines, les papillons nichés
sur un filet de flûte, les champs de tournesols impatients de s’ouvrir.
Il m’arrive de flotter entre le conscient et l’inconscient, de pêcher à
la ligne sans passer à la ligne. Des fragments de musique s’agglutinent
pêle-mêle à mes visions d’enfance. En danger de vertige, j’ai le cœur
qui louche et l’âme qui tressaute. J’ai plaisir à cueillir des mots sur
le bord des fossés. Ils montent des orteils à la tête. Lorsque les
fleurs me transmettent leur pensée végétale, je pense par le nez. On m’a
privé de pays, mais sa langue m’accompagne. Ma maison n’est pas encore
bâtie. Elle est dans l’air des paroles, le froid d’hiver, l’été trop
court, les eaux du fleuve, la chair des enfants. J’écris avec mes yeux
comme des clefs qui tournent et ouvrent l’invisible.
Que
me reste-t-il de toutes ces années à faire le con ? Trop de choses nous
heurtent en cherchant l’absolu. On écrit sur le vide pour mieux le
traverser. Jamais droit dans ses bottes, serrant de près l’instant, on
écrit pour après, pour plus tard, contre le temps aux yeux méchants qui
brise les visages. Il n’y a pas d’oiseaux s’inventant une cage. J’écoute
la tempête comme un enfant comprend le chien. La moindre goutte de vide
cherche une goutte de plein. J’avance mot à mot dans ce qu’on ne sait
pas, dans l’entre tout et rien, dans l’infime infini. J’écris surtout la
nuit. Je tourne et me retourne dans un grand lit défait. Quand il ne
reste que les mots, je m’habille de leurs draps. Je ressuscite entre les
lignes d’un cahier, entre les linges du silence. Mes parents sont en
moi. Leurs doigts se touchent dans ma voix. Leurs mains témoignent dans
les miennes."
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