mercredi 30 mai 2018

la lumière du corps et des yeux.

"Je sais et tu sais, nous savions, nous ne savions pas, mais nous étions pourtant là et pas là-bas, et de temps en temps, quand seul le Rien se tenait entre nous, alors nous étions totalement l'un et l'autre."
Paul Celan



"L'être humain a besoin de croire en quelque chose de plus grand que lui. Le paysan qui courbe l'échine en peinant à nourrir ses enfants adressera ses prières à Dieu; le mineur dont les poumons s'mplissent de suie rêvera de collectivisme; l'adolescent privé de repères trouvera une guerre sainte pour que sa vie acquière un sens et l'enfant de la bourgeoisie adhèrera à n'importe quel fatras idéologique pour ne pas culpabiliser.
D'autres s'en remettront à de fantaisistes gourous ou, dénués de la naïveté suffisante pour croire, se livreront à la drogue, à l'alcool ou au suicide.
Ce besoin de croire est une des plus grandes forces de l'univers. Là est la source d'Eros quand cette énergie se transforme en symphonie. Là se cache Thanatos lorsque cette nécessité se mue en idéaux qui éradiquent le mécréant et asservissent les peuples, le plus souvent au nom du bien. 
La civilisation réside dans la nuance.
.../..."
Richard Malka extrait de: "Tyrannie"

 ".../...il en déduiait qu'une victime trouve toujours des excuses à son bourreau. il s'agissait d'une règle immuable qui valait autant pour les conflits conjugaux que géopolitiques. Les preneurs d'otages, les barbares, les terroristes, les pires tyrans bénéficient toujours d'excuses savantes, soit qu'ils aient été discriminés, humiliés ou déconsidérés et si ce n'était eux, leurs ancêtres ou les ancêtres de leurs ancêtres qui l'avaient été par les ancêtres des ancêtres de leurs victimes qui, ainsi, n'en étaient pas.
Ces théories étaient élaborées dans de confortables salons, par des penseurs révolutionnaires qui s'assuraient ainsi l'admiration de petits groupes dont ils profitaient abondamment.
Des années plus tard, en étudiant l'Histoire, Isidor constata que cette inclinaison humaine à excuser l'inacceptable se vérifiait sans exception.
.../..."
Richard Malka-extrait de: "Tyrannie"


"Nous les errants,
nos chemins nous les traînons derrière nous
comme des paquets
nous sommes vêtus
d'un lambeau de pays où nous faisons halte
Nous nous nourrissons de la langue,  
apprise sous les larmes...
Nelly Sachs "choeur des errants" 


   Photo: Marc Racineux-Ouessant-

"Moi qui suis l'exilé
prends-moi sous tes yeux
où que tu sois, prends moi
Rends-moi la couleur du visage et du corps
La lumière du corps et des yeux .
Marmoud Darwich "Rien qu'une année" 

 "Avec de grands gestes,
j'ai jeté pendant quatre ans mon âme dans toutes les langue,
j'ai cherché, libre et fou, tous les  endroits de vérité,
surtout j'ai cherché les dialectes où l'homme n'était pas dompté.
Le martyre de mon peuple, on m'interdisait
en français,
j'ai pris le croate, l'irlandais, le hongrois, l'arabe, le chinois
pour me sentir un homme délivré...
Armand Robin "Fragments, le Monde d'une voix"



             Photo Marc  Racineux

 "Où trouver mot juste
de la porte du silence
pour ouvrir la danse du conte."
Tanella Boni "Il n'y a pas de parole heureuse"




 "Nulle vérité n'est absolue ni finale. Ce qui compte, c'est l'action de penser, de sentir, et la liberté de réfléchir."
Donald Woods Winnicott 



"Un mur s'est éboulé
C'est comme des mots (mais tombés d'où?)
La douceur du ciel continue son bleu
on dirait qu'on peut rêver
à travers les choses défaites, les trous du poème."
James Sacré "La petite herbe des mots." 

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