lundi 28 août 2017

l'un et l'autre


Il,
avec ses ailes,
avait repris sa bicyclette,
au matin pisse trois gouttes rafraichissantes
et au goût de revenez-y larmes du ciel marin.

Il,
avait traversé la prairie,
pâturage nazairien.
Quelques hectares de résistance au béton si conventionnellement cubique,
qui rebique.

Il,
en trois nuits blanches inhérentes
à gérer tant bien que mâle,
si sénior,
une meute d'oisillons, sauvageons,
risque-tout  attachiants
comme on peut l'être, lorsque la vie semble incommensurable,
et  va comme je te pousse à la rage de  l'excessif,
tellement créatif...

Il,
avait tiré les rideaux
sur un nouveau jour
qu'il serait encore temps d'aborder
un peu plus tard;
forcément, toujours en décalé.

Il,
avait passé la main, le témoin , les consignes:
anecdotes ou transmissions dans un jargon
socio-éducatif,
aux collègues
de claire-voie.

Il
avait lu deux, trois, pages d'un roman 
islandais à l'auteur au nom bien sur imprononçable,
avant de larguer les amarres pour disparaitre dans l'éclipse
de l'anesthésie programmée. 




".../...
"Des années plus tôt-les mois où ils avaient vécu en l'absence de surVeillance- Aki et Lenita avaient essayé l'échangisme. Avec un homme le vendredi et une femme le samedi. un garçon et une fille. Parce que après tout, enfin, pourquoi pas?
ils avaient passé une annonce sur un site de rencontres et donné rendez-vous à leurs partenaires à Reykjavik dans une chambre d'hôtel aveugle-où il n'y avait aucune caméra. Aki avait trouvé ça plutôt sympa de regarder Lenita faite l'amour avec le gars, même s'il avait ressenti une certaine gêne et qu'il n'avait eu aucune envie d'y prendre part, craignant que le contact physique ne rende le fantasme trop réel. en fin de compte, il n'avait pas non plus eu envie de sauter la fille et avait dû se forcer- pour ne vexer personne;
J'avais un peu l'impression de baiser un morceau de viande, avait-il confié à Lenita quand sa partenaire était repartie.
Mais les gens sont aussi des morceaux de viande, tu ne crois pas?
Aki avait gardé le silence. Les yeux fixés sur le plafond, il avait peu à peu fermé les paupières.
Et qu-est-ce qu'on bise, sinon un morceau de viande? avait poursuivi Lenita.
Aki n'avait pas répondu.
On baise un autre être humain. Et on le fait en baisant le morceau de viande qui est son enveloppe corporelle. Les gens ne se réduisent pas à leur âme, ils sont aussi des objets-du reste, les frontières sont plutôt floues entre l'existence physique et spirituelle.
On croirait entendre parler un de tes livres, avait observé Aki.
Et toi, tu ressembles à tes personnages qui sont pétris de culpabilité. Sérieusement. On ne peut pas aimer une peau?
Aimer des os? Aimer des seins, une chatte, une semence?
J'aimais les yeux de cette fille. J'aimais les fesses de ce mec.
Cela ne signifie pas que je le respecte en tant qu'être humain- je n'ai pas besoin de me forger une opinion sur son âme ou sa personnalité pour reconnaître qu'il a un cul sublime.
Aki ne disait toujours rien.
Je suis amoureuse de toi, avait-elle continué en lui caressant la tête. J'aime ton âme et je n'ai pas envie d'en aimer d'autres. Et j'aime aussi tes yeux, tes fesses et tout le reste.
Elle lui avait caressé le torse et s'était soulevée du matelas en s'appuyant sur les coudes.
Aki, s'il te plaît, dis quelque chose.
Aki n'avait rien répondu.
.../..."
Eirikur Örn Norddahl extrait de: "Heimska La stupidité"
traduit de l'islandais par Eric Boury
Editions Métallié

On en parle

 



"Quand on se méfie de la pauvreté de sa vie intérieure, il faut emporter de bons livres."
Sylvain Tesson 


 "La bonté n'existe pas à l'extérieur de l'homme, aucun système politique n'instaurera le règne du Bien
et la seule manière de rendre le monde meilleur et de s'attacher à être bon en soi et autour de soi."
Sylvain Tesson 

 
        Photo festival photo de La Gacilly 2017



   L'un et l'autre  La Gacilly 2017

 

3 commentaires:

  1. Je n'aurai pas l'occasion d'aller à la Gacilly cette année, du moins pas pendant le Festival, dommage. Elle est sympa cette photo, toi et ce moine qui te regarde. :-)
    Demain, je pars quelques jours dans ma petite maison bleue, avec plein de bons bouquins à lire, je ne les lirai pas tous, mais j'adore avoir le choix. :-)
    Belle semaine à toi, Jean-Jacques.

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    Réponses
    1. Et oui, encore une histoire d'arroseur arrosé.
      Bon séjour dans la petite maison bleue.
      C'est important le plein de bouquins et même si on en lit plus ou moins, mieux vaut trop que pas assez. Ce serait dommage de manquer. Non?
      :-)
      "faire envie plutôt que faire pitié" j'ai souvent entendu cela dans mon enfance pour des sujets qui n'en valaient pas toujours la peine ou qui auraient porté à discussion...
      "avoir envie, plutôt qu'avoir pitié"
      je préfère revoir la "maxime" ainsi

      Qui c'est Maxime?

      Belle semaine Françoise

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    2. Belle semaine à toi aussi, Jean-Jacques. :-)

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